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Peter Kolbe
est un voyageur né le 10 octobre 1675 à Wuusiedel, dans le
pays de Bayreuth, de parents très
pauvres. Il s'adonna particulièrement à l'étude des
mathématiques et de l'astronomie; s'aida, pour terminer ses cours,
du produit des leçons qu'il donnait lui-même, et après
avoir pris ses degrés, suivit à Berlin,
comme secrétaire, un conseiller du roi de Prusse.
Celui-ci, ayant formé le dessein d'envoyer à ses frais une
personne intelligente au cap de Bonne-Espérance, pour y faire des
observations astronomiques, jeta les yeux sur Kolbe, qui partit d'Amsterdam
le 8 janvier 1706. La traversée lui fut singulièrement pénible;
il perdit tous ses cheveux. Le 12 juin il débarqua au Cap : il ne
négligea rien pour bien remplir les vues de son patron, lui écrivit
assidûment, et entretint aussi des correspondances avec des savants
en Europe et des missionnaires dans les
Indes.
Il avait, depuis son arrivée, habité
l'intérieur des terres pour être moins distrait. La mort du
conseiller dérangea sa position; il quitta les lieux où il
vivait, et accepta l'emploi de secrétaire de deux districts de la
colonie. Une ophthalmie , qui le priva presque entièrement de la
vue en 1712, le força de donner sa démission , et de revenir
en Europe; ce fut à Amsterdam, où il arriva le 22 août
1713, qu'il éprouva quelque adoucissement a son mal. Un de ses amis,
médecin à Rastadt, le mit en état de lire et d'écrire
avec une loupe. Kolbe alla vivre ensuite près de sa mère.
Sa tendresse pour elle lui fit refuser des places lucratives qui l'auraient
contraint à sen éloigner. Il accepta celle de recteur du
gymnase de Neustadt sur Aisch, ville voisine., se fit estimer par son exactitude
à remplir ses fonctions , et par le savoir dont il donnait des preuyes
et mourut pauvre le 31 décembre 1736. On a de lui : 1° Dissertatio
inauguralis, de natura cometarum, etc. Halle, 1701; 2° (en allemand)
Voyage au Cap de Bonne-Espérance, Nuremberg , 1719, 3 volumes,
fig., cartes et plans.
Ce livre
fut le premier qui fit connaître en détail la colonie dont
il traite. On y trouve d'abord l'histoire de la découverte du pays
et de l'établissement des Hollandais; une très ample description
des moeurs, usages, origine, langage et caractère des Hottentots;
l'état du gouvernement hollandais, enfin la description topographique
et l'histoire naturelle. On ne peut douter que Kolbe n'ait mis la plus
grande attention à ne dire que des choses vraies : néanmoins
des voyageurs qui ont visité le Cap après lui ont relevé
plusieurs inexactitudes qui lui sont échappées. Il avait
corrigé les erreurs ou les faussetés des écrivains
qui l'avaient précédé, et il alléguait, à
l'appui de ces assertions, son long séjour dans l'intérieur
du pays, qui l'avait mis à même d'observer avec plus de facilité
et de maturité que ses devanciers. En auteur instruit et recommandable
l'a pourtant accusé de n'avoir recueilli ses renseignement! que
dans les tabagies du Cap , dont il ne sortait pas, et où des matelots
ivres faisaient son unique société. Ce jugement amer ne peut
qu'être taxé d'injustice,quand on se rappelle la vie entière
de Kolbe. On doit, au reste, convenir que son ouvrage renferme des récits
réellement extraordinaires : il fournit néanmoins des détails
intéressants encore et même curieux, après le nombreuses
relations qui ont paru dans le cou rant de ce siècle. Il montre
peu de prétentions car il parle rarement de lui; son extrême
bonhomie lui aura fait ajouter foi aux rapports de colons, ou menteurs
ou crédules.
Son livre fut bien accueilli, malgré
les longueurs que l'on remarqua : il fut traduit en hollandais, Amsterdam,
1727, 4 vol. in-fol., ornés de figures qui valent mieux que celles
de l'original ; et en anglais, mais réduit , Londres , 1731, 2 vol.
in-8° Jean Bertrand en donna un extrait en français intitulé
Description du Cap de Bonne-Espérance où l'on trouve tout
ce qui concerne l'histoire naturelle du pays, la religion, les moeurs,
les usages des Hotentots, et l'établissement des Hollandais,
Amsterdam, 1741, 3 vol. in-14, fig. Cet extrait fut traduit en allemand,
Francfort, 1745, in-4°, fig. et la même version a ensuite été
réimprimé avec des extraits de l'abbé de La Caille,
et tra duite en diverses langues. 3° Observatio de equis capitis
Bona Spei, dans les Acta acad. Lips., t. suppl., 1716; quelques
autres écrits, et des manuscrits conservés à la bibliothèque
de Neustadt. (E-s). |
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