| Cornelius Jansenius est le septième évêque d'Ypres, né à Aquoi, près de Leerdam (Hollande méridionale), eu 1585, mort à Ypres en 1638. II suivit les cours de philosophie et de théologie à Louvain, sous la direction de Jacques Janson d'Amsterdam, qui avait été formé lui-même à l'école de Baius. Jansenius paraît avoir subi dès ce moment l'influence du baïanisme. II se lia, semble-t-il, à Louvain, avec Du Vergier de Hauranne, célèbre plus tard sous le nom d'abbé de Saint-Cyran. Les deux condisciples se retrouvèrent à Paris aux leçons de la Sorbonne et y commencèrent ensemble l'étude approfondie des doctrines de saint Augustin sur la grâce et la prédestination. Jansenius suivit son ami à son castel de Campiprat, près de Bayonne; ils y poursuivirent ensemble leurs travaux durant plusieurs années, et le jeune théologien belge devint principal du collège de Sainte-Pulchérie à Louvain; il prit cette même année le grade de docteur en théologie; quelques mois plus tard, il fut nommé professeur à la faculté de théologie, et, en 1635, il revêtit l'hermine rectorale. Il avait été envoyé en 1624 auprès du roi d'Espagne pour protester contre la fondation du collège des jésuites à Louvain, contraire aux privilèges de l'université. Il n'avait encore écrit que des opuscules théologiques quand, en 1635, il publia un livre qui fit grand bruit : Mars Gallicus seu de justitia armorum et faederum regis Galliae; c'était une attaque véhémente contre la politique du cardinal de Richelieu et ses alliances avec les luthériens d'Allemagne. Le retentissement en fut considérable, et, d'après le P. Rapin (dans son Histoire du Jansénisme), Philippe IV en aurait été si satisfait qu'il éleva l'auteur à la dignité d'évêque d'Ypres. La vérité est que l'archevêque de Malines, J. Boonen, métropolitain des Pays-Bas, présenta Jansenius comme candidat au siège vacant, et obtint l'adhésion du conseil d'État. Le nouvel évêque dirigea son diocèse pendant dix-huit mois à peine et mourut' de la peste le 6 mai 1638. Il fut enterré dans sa cathédrale, la nuit qui suivit son décès, sans cérémonie, conformément aux ordonnances du magistrat. Jansenius avait consacré les vingt-deux dernières années de sa vie à la composition de son Augustinus, oeuvre capitale, destinée, sans que l'auteur s'en doutât, le troubler l'Eglise et à remuer le monde (Jansénisme). L'Augustinus, tentative de résurrection du baïanisme et attaque directe contre la doctrine des scolastiques et des jésuites sur la grâce et la prédestination, parut en 1640. Dès 1642, le pape Urbain VIII en défendit la lecture parce qu'il avait été publié sans l'autorisation de Rome et renouvelait des propositions déjà condamnées par le saint siège. En 1655, sur l'ordre formel du pape et du roi d'Espagne, on enleva l'épitaphe élogieuse qui ornait la tombe de l'hérésiarque; les chanoines yprois résistèrent et firent rétablir l'inscription en 1671, mais le gouvernement la fit de nouveau disparaître, et aujourd'hui, au milieu des mausolées splendides qui remplissent le choeur de la cathédrale, une simple pierre sans inscription, ne portant qu'une croix et dans chaque angle un chiffre 1-6-3-8 recouvre la sépulture du célèbre prélat. (E. Hubert).
| En bibliothèque - A. Van den Peereboom, Cornelius Jansenius, Bruges, 1882, in-8. - A. Le Roy, Biographie de Jansenius, dans la Biographie nationale de Belgique. - Callewaert, Jansenius, évêque d'Ypres, ses derniers moments, sa soumission au saint-siège; Louvain, 1893, in-8. | | |