| Maximin Isnard est un homme politique français, né à Grasse le 18 février 1758, mort à Grasse le 12 mars 1825. Fils d'un négociant en parfumerie, il exerçait, à Draguignan, la profession de son père, quand il fut élu député du Var à l'Assemblée législative. Il y débuta, le 31 octobre 1794, par un discours retentissant sur les émigrés, où il menaçait les princes et les nobles du « niveau de l'égalité ». Il fut l'interprète éloquent des plus ardentes passions populaires. Sa rhétorique était irrésistible. Quand il parlait, dit justement Michelet, une sombre ivresse de colère remplissait l'Assemblée, les tribunes. Réélu à la Convention nationale, il y siégea parmi les Girondins et combattit la politique de la Montagne, presque avec la même véhémence qu'il avait combattu celle de la cour. Le 25 mai 1793, il présidait la Convention quand la Commune vint, par une pétition menaçante, réclamer la mise en liberté d'Hébert. C'est alors qu'il lança contre Paris une sorte d'anathème qui exaspéra les passions : « Si, dit-il, par ces insurrections toujours renaissantes, il arrivait qu'on portât atteinte à la représentation nationale, je vous le déclare au nom de la France entière, bientôt on chercherait sur les bords de la Seine si Paris a existé. » Cette phrase, coupée par les interruptions, souleva une telle émotion qu'alors la salle de la Convention, dit Beaulieu, « ressembla moins au sanctuaire des lois qu'à une arène de gladiateurs ». Isnard n'était pas cependant, parmi les Girondins, un des plus modérés : il avait voté la mort de Louis XVI et fait partie du comité de Défense générale. C'est même sur son rapport que le comité de Salut public avait été créé. Mais il devint violemment impopulaire à la suite de son anathème contre Paris. Le 2 juin, il se suspendit lui-même de ses fonctions et ne fut pas compris parmi les députes décrétés d'arrestation. Arrêté le 28 septembre suivant, puis relâché, il fut décrété d'accusation le 3 octobre 1793, se cacha, fut mis hors la loi, puis rappelé dans la Convention le 4 décembre 1794. Dès lors il fut au rang des plus fougueux réacteurs. En mission dans les Bouches-du-Rhône, il y ameuta le peuple contre les républicains. Député du Var au conseil des Cinq-Cents, il en sortit en 1797. Après le 18-Brumaire, il se retira dans le Var, et son dernier acte politique, qui passa inaperçu, fut la publication d'une brochure intitulée Réflexions relatives au sénatus-consulte du 28 floréal an XII (élevant Bonaparte à l'Empire) (Draguignan, 1804); c'est une apologie enthousiaste du régime impérial. Sous la Restauration, Isnard fit paraître de tels sentiments monarchiques qu'il échappa à la loi de 1816 qui proscrivait les conventionnels régicides. Il avait depuis longtemps renoncé aux sentiments philosophiques dont s'était inspirée son éloquence tribunitienne de 1791 et, en 1802, il avait publié un opuscule, De l'Immortalité de l'âme (Paris, an X), ou il faisait l'éloge du catholicisme. On a encore de lui un pamphlet contre les Montagnards, Proscription d'Isnard (Paris, 1795). (F.-A. A.). | |