| Howard. - Grande famille anglaise qui remonte à Leofric, père de Howard, qui vivait dans le comté de Norfolk vers 950. Elle a donné naissance aux ducs de Norfolk au XIVe siècle; aux comtes de Suffolk au XVIe siècle; aux comtes de Northampton ; aux vicomtes Stafford; aux comtes d'Arundel; aux comtes de Surrey; aux comtes de Carlisle; aux comtes de Carnarvon. En attendant de publier un article plus complet, on se contentera ici de donner quelques indications sur la branche des ducs de Norfolk. John Howard, duc de Norfolk, était petit-fils, par sa mère Marguerite, de Thomas de Mowbray, duc de Norfolk, arrière-petit-fils par les femmes de Thomas Plantagenet de Brotherton, comte de Norfolk, fils d'Edouard Ier, roi d'Angleterre, et de Marguerite de France. Il s'était distingué dans les armées de Henri VI. Ennemi prononcé de la maison de Lancastre, il devint, sous Edouard IV, capitaine général des forces de terre et de mer, et fut chargé de plusieurs négociations. Son grand-père maternel étant mort sans postérité mâle, il fut fait en 1483 duc de Norfolk par Richard III, qu'il avait aidé à usurper le trône. C'est ainsi que le titre de comte, puis duc de Norfolk, s'est transmis par des alliances de la famille de Bigod, à laquelle appartenait Roger Bigod, comte de Norfolk, maréchal d'Angleterre, un des seigneurs qui forcèrent Henri III à confirmer la Grande Charte, aux familles de Brotherton, de Mowbray et de Howard. Cette dernière en est encore en possession aujourd'hui. Elle a le premier rang, après les princes du sang, dans la hiérarchie nobiliaire de la Grande-Bretagne, et l'office de grand maréchal ou comte maréchal (earl marshal) lui appartient héréditairement. Le premier duc de Norfolk de la maison de Howard fut tué, avec Richard III, à la bataille de Bosworth en 1485. Th. Howard, fils du précédent, fait prisonnier à la même bataille, fut d'abord enfermé à la Tour de Londres par ordre de Henri VII, qui, au bout de trois ans, lui rendit la liberté et le titre de comte de Surrey, appartenant à sa maison. Il fit preuve de grands talents militaires contre les Ecossais en 1495, devint lord trésorier en 1501, et se signala aussi comme négociateur. Vainqueur des Ecossais en 1513, à la bataille de Flodden, il fut réintégré par Henri VIII dans le titre de duc de Nord. Il mourut en 1524, laissant huit fils et deux filles. Son troisième fils, Edmond Howard, fut père de Catherine Howard (ci-dessous), que Henri VIII épousa en 1540, et qu'il envoya à l'échafaud en 1542, sous prétexte d'inconduite, et une de ses filles fut mère d'Anne Boleyn. Son fils aîné, Th. Howard, troisième duc de Norfolk, né vers 1474, fut fait lord amiral en 1510 et se distingua, sous son père, à la bataille de Flodden. Il comprima avec une sage énergie une insurrection en Irlande, où il avait été envoyé comme lord lieutenant. Investi en 1522 du commandement d'une expédition contre la France, il ravagea la Bretagne, la Normandie et la Picardie, et il n'était plus qu'à onze lieues de Paris lorsque le duc de Vendôme le força à la retraite. Il remplaça son père comme lord trésorier. Catholique sincère, il fit tous ses efforts pour empêcher Henri VIII de rompre avec le Saint-siège, et se prononça contre sa nièce, Anne Boleyn, devenue reine, lorsqu'il la vit favoriser le schisme. Chargé de réprimer un soulèvement des catholiques, il détermina Henri VIII à leur accorder une amnistie. Il demeura fidèlement attaché au service de son roi, malgré la douleur que lui causa l'exécution de sa nièce, Catherine Howard, à laquelle ce tyran fit trancher la tête deux ans après l'avoir épousée. Il dirigea une expédition contre l'Ecosse en 1542, et accompagna Henri VIII dans celle de France en 1544. Mais plusieurs seigneurs, inspirés par la jalousie, parvinrent à le rendre suspect au roi, qui, sans considération pour son inébranlable dévouement, le fit enfermer dans la Tour de Londres, en 1546, avec son fils aîné, le comte de Surrey, sous prétexte qu'ils projetaient de renverser la dynastie après sa mort. Cette mort sauva la vie au duc; mais son fils, le comte de Surrey, un des créateurs de la poésie anglaise, et dont les oeuvres ont été recueillies, avait déjà péri sur l'échafaud. Le duc resta prisonnier pendant tout le règne d'Edouard VI. L'avénement au trône de Marie lui rendit la liberté, ses biens et ses dignités. Il eut une grande part au rétablissement du catholicisme par cette reine, à son mariage avec Philippe II, et à la répression de la révolte de Wiat. Il termina sa longue carrière en 1554. Th. Howard, quatrième duc de Norfolk, petit-fils du précédent, et fils de l'infortuné comte de Surrey, né vers 1536, jouit d'abord d'une grande faveur auprès d'Elisabeth; mais, touché des malheurs et de la beauté de Marie Stuart, qu'il avait en mission d'interroger dans sa prison, il eut l'idée de l'épouser. Elisabeth irritée le fit enfermer à la Tour en 1569. Rendu bientôt à la liberté sous la condition de renoncer à ses projets, il continua de correspondre avec Marie Stuart, fut trahi par le régent d'Ecosse Murray, et condamné à mort en 1572. Elisabeth, après quelque hésitation, consentit à son exécution. II avait épousé la fille et unique héritière de H. Fitz-Alan, comte d'Arundel, titre qui passa ainsi dans là maison de Howard. Philippe Howard, comte d'Arundel, fils du quatrième duc de Norfolk, fut d'abord un des courtisans d'Elisabeth; mais la pensée que son bisaïeul n'avait échappé à une condamnation capitale que par la mort de Henri VIII, et que son aïeul et son père avaient péri sur l'échafaud, le ramenèrent aux traditions catholiques de sa famille. II s'exilait volontairement lorsqu'il fut arrêté et enfermé à la Tour. Elisabeth le fit condamner à mort sur l'accusation d'avoir prié pour le succès des armes espagnoles, accusation , dit très bien son biographe, Rio, "qui n'était encore venue à l'esprit d'aucun despote, soit ancien, soit moderne". Au lieu de l'envoyer à l'échafaud, on le fit mourir lentement, dans les tortures d'un cachot, qu'il endura avec résignation. L'année 1595 fut le terme de son martyre, après onze ans d'emprison nement et six ans après sa condamnation à mort. Thomas Howard et Guillaume Howard, nés du second mariage du quatrième duc de Norfolk, furent les chefs le premier de la branche des comtes de Suffolk, et le second de celle des comtes de Carlisle. Lord Howard, qui défit l'Invincible Armada de Philippe II en 1588, prit Cadix en 1596, fut fait comte de Nottinghatn en 1597 et mourut en 1624, était petit-fils du deuxième duc de Norfolk. Th. Howard, comte d'Arundel et duc de Norfolk, mort à Pavie en 1646, est célèbre comme protecteur des lettres et des arts, qu'il cultiva aussi lui-même. Son deuxième fils, Guillaume Howard, fut créé comte de Stafford en 1640, après avoir épousé l'héritière de la maison de Stafford, qui remontait à un des chefs normands venu en Angleterre avec Guillaume le Conquérant. Il était catholique, et il fut impliqué dans la conspiration imaginée par l'imposteur Oates. Il fut condamné à mort par le Parlement, et Charles II, quoique convaincu de son innocence, n'ayant pas osé lui faire grâce, il eut la tête tranchée en 1681. A l'extinction de la ligne directe des descendants du premier duc de Norfolk de la famille de Howard en 1777, le titre et les honneurs de duc de Norfolk passèrent à un héritier collatéral, qui mourut en 1786, et dont le fils, mort sans postérité en 1815, laissa ce titre et ces honneurs à un parent éloigné, Bernard-Edouard Howard. Ce dernier fut le premier pair catholique qui siégea dans la chambre des lords, après l'adoption du bill d'émancipation. Il mourut en 1842, et eut pour successeur son fils, Henri-Charles Howard, mort en 1856, réconcilié avec l'Eglise catholique, dont il avait eu le malheur de déserter la foi, et qui laissa pour héritier de son titre et de ses fonctions son fils, le comte d'Arundel, « le plus noble, le plus humble et le plus pieux des laïques de notre temps, » a très bien dit le comte de Montalembert. Digne héritier de la première famille de l'aristocratie anglaise, le quatorzième duc de Norfolk succomba à une mort prématurée en 1860. | |
| Howard (Catherine). - Reine d'Angleterre, morte le 13 février 1542. Fille de lord Edmond Howard, elle fut mal élevée par un père besogneux, puis par sa grand-mère paternelle, la vieille duchesse Agnès de Norfolk. Son maître de musique, un certain Henry Mannock, lui fit la cour de bonne heure; puis elle s'engagea secrètement à un certain Francis Dereham. C'est dans la maison de l'évêque Gardiner que Henri VIII, après son mariage avec Anne de Clèves, fit sa connaissance; il divorça pour l'épouser (28 juillet). Les deux époux voyagèrent dans le Yorkshire; pendant le voyage, la reine eut, paraît-il, l'imprudence de recevoir quelques-uns de ses anciens amoureux. - Catherine Howard (1522-1542), cinquième femme de Henri VIII. Miniature de Hans Holbein (Galerie royale de Windsor). Durant les fêtes de la Toussaint 1541, à Hampton Court, l'archevêque Cranmer, hostile à Catherine Howard dont l'élévavation avait été considérée par les catholiques comme un événement heureux, dénonça au roi les anciennes relations suspectes de la reine avec Dereham, Mannock, et son cousin Culpepper. Ceux-ci, mis à la question, avouèrent, sauf Culpepper. Catherine, terrifiée, avoua aussi les légèretés de sa jeunesse. Elle fut enfermée à Sion House, et les prisons furent remplies de ses parents et de ses amis. Henri VIII feignit de se laisser forcer la main par le Parlement et donna l'ordre de procéder à son exécution. Elle fut décapitée à la Tour de Londres, au même endroit que Anne Boleyn, en même temps que lady Rochford, condamnée comme entremetteuse. On a d'elle un portrait par Holbein, qui semble justifier l'opinion de l'ambassadeur Marillac sur sa beauté. « Elle était, dit Marillac, médiocrement belle, avec un air séduisant. » (L.). |