| Sainte Hildegrade ou Hildegarde de Bingen a été une religieuse née au château de Baeckelheim, (près de Creuznach) en 1098 (ou 1099), morte à Rupertsberg (près de Bingen) en 1179. Élevée au couvent bénédictin de Disibodenberg, elle en fut nommée abbesse en 1136. Elle était animée d'une ardente piété, recherchait les extases et eut des visions et finit canonisée (fête le 17 septembre). - Hildegarde de Bingen recevant la lumière céleste. (Manuscrit du XIIe s.) Elle commença en 1141 à faire noter ce que « la lumière intérieure » lui révélait. Ces révélations sont les premiers documents du mysticisme allemand; de plus, l'état religieux et ecclésiastique du temps se reflète en eux. Hildegarde entretenait, d'ailleurs, une correspondance étendue avec les principaux personnages contemporains, y compris les empereurs et les papes. Ce que saint Bernard voulait être pour l'Église occidentale, le correcteur des moeurs du clergé et le restaurateur de l'ordre, Hildegarde le fut pour une grande partie de l'Allemagne. Le plus caractéristique de ses écrits est Scivias seu visionum et revelationum, I. III, réimprimé dans la Patrologie de Migne (Series latina, t. CXCVII), avec beaucoup d'autres traités, parmi lesquels celui intitulé De physica est intéressant pour l'histoire de la botanique. Les lettres se trouvent dans la Biblioth. max. vet. Patrum (Lyon, 1677, pp. 536-600) et dans Martène et Durand (Vet. Script. ampl. Collectio; Paris, 1724, t. Il, p. 1012-1138). Quelques traités négligés par Migne ont été édités par le cardinal Pitra dans ses Analecta sacra (Paris, 1882). (FHK).
| En librairie. - Arnaud de La Croix, Hildegarde de Bingen, la langue inconnue, Alphée, 2008 - Premières lignes de l'ouvrage : « Hildegarde de Bingen a vécu en un siècle charnière de l'histoire occidentale. Elle est à la fois pleinement une femme de son temps et une personnalité hors normes, un météore qui ne laisse pas de postérité véritable. Pour qualifier son époque, les historiens parlent de la renaissance du XIIe siècle, d'une relance de la civilisation européenne après la renaissance carolingienne du IXe siècle et avant la grande Renaissance du XVIe. Le climat connaît une embellie, il se radoucit et la croissance céréalière s'en trouve favorisée. La croissance démographique également. De grands travaux de défrichage et d'essartage sont entrepris, notamment sous l'impulsion des moines. Le mouvement monastique est alors en plein développement : les fondations clunisiennes essaiment, puis celles de Cîteaux, sous l'impulsion décisive de Bernard de Clairvaux, qui prône la vie au « désert », installant ses moines dans des zones éloignées des centres urbains, valorisant le travail manuel, l'austérité en matière architecturale, le rejet de toute ornementation inutile, la force de la prière contre les fioritures de l'intellect. Cet homme figure par excellence le miles Dei, le guerrier de Dieu. Il combat Abélard, le clerc qui prétend soumettre les Écritures à la critique rationnelle, il soutient les Templiers, qui mènent en Terre sainte la lutte contre les infidèles. Il prêche la croisade. En 1099, l'année qui suit la naissance d'Hildegarde, les premiers croisés ont pris Jérusalem et fondé les États latins d'Orient. Mais les musulmans se sont ressaisis depuis : l'atabeg Zengi puis son successeur Nour-ad-Dîn ont repris Alep, Mossoul, le comté d'Edesse. En 1146, Bernard harangue la foule à Vézelay, se rend en Flandre, puis en Allemagne pour soutenir une nouvelle et grande expédition en Terre sainte, que conduiront le roi de France' Louis VII et l'empereur germanique Conrad III. En 1147, c'est pour cette raison que l'abbé de Clairvaux, la grande voix de la chrétienté, se trouve en Allemagne. Hildegarde saisit l'occasion pour lui écrire, requérir son soutien : Tu entraînes les hommes à livrer bataille au sein des armées chrétiennes contre les féroces païens. » | | |