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Henriette-Marie de France est une reine d'Angleterre, née à Paris le 25 novembre 1605, morte à Bois-Colombes le 12 septembre 1669, fille de Henri IV et de Marie de Médicis, Dès 1616, il fut question de son mariage avec le prince de Galles; l'influence de Buckingham décida celui-ci à rechercher d'abord l'infante d'Espagne; le prince vit Henriette à son passage à Paris en 1622, mais c'est seulement deux ans plus tard que le projet d'union entre les maisons de France et d'Angleterre prit corps. Le vicomte de Kensington vint entamer des pourparlers à Paris; le comte de Carlisle fit la demande officielle qui fut agréée; le contrat fut signé le 22 décembre et le mariage fut célébré à Paris le 11 mars 1625. Le duc de Chevreuse y représenta le prince qui, seize jours plus tard, devenait roi d'Angleterre sous le nom de Charles Ier . Ce mariage fut impopulaire en Angleterre en raison de la religion professée par la jeune reine. Charles ne tint pas l'engagement qu'il avait pris d'abolir les dispositions légales portées contre les catholiques, et la reine s'entoura exclusivement de catholiques français. Des scènes de violence eurent lieu entre les deux époux, dont Buckingham entretenait la mésintelligence. A la suite d'une visite faite par Henriette à Tyburn, sorte de pèlerinage au lieu où avaient été exécutés tant d'Anglais, victimes de leur fidélité au catholicisme, le roi, après une scène brutale, renvoya en France toute la suite de sa femme (9 août 1626). La reine paraît, pendant cette période de sa vie, s'être peu préoccupée des affaires politiques. Elle recherchait avec ardeur les plaisirs. s'entourant des courtisans les plus raffinés, de poètes, d'artistes et de femmes qui avaient moins de droits qu'elle au respect. On ne lui prêta cependant aucune intrigue. Très attentive aux affaires de France, elle prit part au complot formé, en 1633, par Mme de Chevreuse contre Richelieu, et recueillit sa mère à sa cour pendant quelques mois. Lorsque commença la lutte de Charles contre le Parlement, Henriette se révéla une autre femme. Elle soutint les prétentions de son mari avec une rare énergie et se montra capable de diriger les plus importantes affaires politiques. Depuis la mort de Buckingham, un rapprochement s'était fait entre les deux époux, et Henriette avait acquis sur le roi une grande influence, dont elle usa pour le décider à accueillir un nonce du pape (1634). Elle soutint le comte de Strafford, mais ne put empêcher le roi de sanctionner le jugement inique qui condamnait à mort ce ministre dévoué. Quand la guerre civile commença, la reine déploya une extraordinaire activité, s'efforçant de gagner des alliances étrangères. Elle se rendit en Hollande (février 1642) pour obtenir le secours de son gendre, le prince d'orange, et pour négocier un emprunt; elle offrit au roi de Danemark de lui céder, en échange de son alliance, les Orcades et les Shetland. Elle entretint aussi des intelligences avec la France et s'efforça de gagner les catholiques irlandais par l'entremise de la cour de Rome. Elle leva enfin une petite armée qu'elle conduisit à son mari. Elle entama des négociations avec les rebelles en même temps qu'elle suivait les opérations militaires; mais ses efforts furent inutiles à prévaloir contre l'incapacité du roi, toujours indécis. En octobre 1644, quelques jours seulement après la naissance de sa fille Henriette, à Exeter, elle crut utile au succès de la cause royale, compromise par la défaite de Marston Moor, de se rendre en France et réussit à gagner Douvres. Elle ne rencontra qu'indifférence auprès du cardinal Mazarin; le duc de Lorraine, qui devait conduire une armée au secours du roi, ne donna que de bonnes paroles, et Charles, après bien des tergiversations, préféra s'entendre avec les Ecossais (1646), qui, las de sa duplicité, le livrèrent au Parlement d'Angleterre moyennant une forte indemnité. Pendant ce temps, la reine continuait ses inutiles démarches sur le continent, mais elle ne put obtenir de son mari qu'il s'arrêtât à une résolution : il continua son double jeu; le résultat fatal en fut le procès qui se termina par sa condamnation (janvier 1649). La reine était à Paris, logée au Louvre, mais assez abandonnée pour manquer même du nécessaire, au milieu des troubles de la Fronde. Elle n'avait rien pu pour délivrer son mari. Sa douleur fut cruelle. Elle manifesta dès lors les plus vifs sentiments de piété et se retira chez les carmélites de la rue Saint-Jacques. Elle n'était pas cependant assez détachée du monde pour ne pas songer aux intérêts de ses enfants. Elle ne put convertir ses fils au catholicisme, mais elle avait élevé dans cette religion sa fille Henriette qu'elle chercha vainement à marier à Louis XIV. Elle rentra en Angleterre (novembre 1660) après la Restauration et eut la douleur de perdre en deux mois deux enfants, le duc de Gloucester et la princesse d'Orange. Revenue en France en janvier 1669, elle retourna à Londres en janvier 1662. En juin 1665, elle vint s'établir au couvent de Chaillot; elle partagea son temps entre cette retraite et le château de Colombes. (L. Del). Bossuet prononça son Oraison funèbre. Le grand orateur y loua dignement le mérite de cette princesse infortunée. « Que, dans cette effroyable confusion de toutes choses, il est beau de considérer ce que la grande Henriette a entrepris pour le salut de ce royaume, ses voyages, ses négociations, ses traités, tout ce que sa prudence et son courage opposaient à la fortune de l'Etat, et enfin sa constance par laquelle, n'avant pu vaincre la violence de la destinée, elle en a si noblement soutenu l'effort. » |
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