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Hatshepsout
ou Hatshopsouîtou (la forme Hatasou, qu'on rencontre encore
parfois, résulte d'une fausse lecture) est une reine
de la XVIIle dynastie égyptienne.
Elle était la fille du roi Thoutmôsis Ier
et de la reine Ahmès (Ahmôsi). Son statut royal était incontestable,
ce qui était crucial dans une société pharaonique où la légitimité
dynastique était primordiale. Elle épousa son demi-frère,
Thoutmôsis
II, conformément à la tradition royale égyptienne visant à maintenir
la pureté de la lignée. Cependant, le règne de Thoutmôsis II fut court
et il ne laissa qu'un héritier mâle, Thoutmôsis III, né d'une épouse
secondaire.
À la mort de Thoutmôsis
II, Thoutmôsis III était encore un enfant. Hatshepsout assuma alors la
régence, gouvernant en tant que régente pour le jeune roi. Cependant,
au lieu de simplement gouverner en son nom jusqu'à sa majorité, Hatshepsout
franchit une étape audacieuse et sans précédent : elle se proclama pharaon.
Elle adopta tous les titres et les attributs royaux traditionnels, se faisant
représenter avec la barbe postiche et le costume masculin des pharaons.
Cette ascension au trône était une rupture radicale avec les conventions
égyptiennes, où la royauté était traditionnellement masculine.
Le règne d'Hatshepsout,
qui dura environ vingt ans, fut une période de paix et de prospérité
pour l'Égypte. Contrairement à de nombreux pharaons qui mettaient l'accent
sur les conquêtes militaires, Hatshepsout se concentra sur le commerce,
la construction et la consolidation du pouvoir. Elle organisa une célèbre
expédition commerciale vers le pays de Pount, une région riche en encens,
en myrrhe, en ébène et en ivoire, renforçant ainsi les liens commerciaux
de l'Égypte et rapportant des richesses considérables.
Hatshepsout entreprit
également d'ambitieux projets de construction, laissant derrière elle
des monuments impressionnants qui témoignent de sa grandeur. Son oeuvre
la plus célèbre est sans doute son temple funéraire à Deir el-Bahari,
à Thèbes, un chef-d'œuvre architectural
intégré harmonieusement au paysage rocheux. Ce temple, dédié à Amon-Rê
et à Hatshepsout elle-même, était conçu avec des terrasses superposées,
des colonnades élégantes et des sculptures raffinées, reflétant la
puissance et le raffinement de son règne. Elle restaura également des
monuments qui avaient été endommagés pendant l'occupation Hyksos et
commanda de nombreux obélisques et statues, affirmant ainsi sa légitimité
et sa puissance divine.
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Djeser-Djeserou
(le saint des saints) est le temple funéraire d'Hatshepsout, à Deir el-Bahari.
Malgré le succès
et la prospérité de son règne, la légitimité d'Hatshepsout en tant
que femme pharaon resta probablement une source de tension. Après sa mort,
et sous le règne de Thoutmôsis III devenu
adulte, une campagne systématique fut entreprise pour effacer son nom
de l'histoire. Ses statues furent détruites ou mutilées, ses cartouches
royaux effacés des monuments et son nom fut omis des listes royales. Il
est encore débattu si cette campagne était motivée par la vengeance,
par la volonté de rétablir une succession masculine incontestée ou par
d'autres raisons politiques.
Pendant des siècles,
Hatshepsout fut largement oubliée. Son histoire fut redécouverte au XIXe
siècle grâce au déchiffrement des hiéroglyphes et aux fouilles archéologiques.
Aujourd'hui, Hatshepsout est reconnue comme une figure majeure de l'histoire
égyptienne, une femme pharaon audacieuse et accomplie qui a défié les
conventions et laissé une empreinte durable sur son pays. |
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