| Jean Ignace Isidore Gérard, dit Grandville est un dessinateur et caricaturiste français, né à Nancy le 13 septembre 1803, mort à la maison de santé de Vanves, près de Paris, le 17 mars 1847. Son père, peintre de miniatures, lui donna les premières notions de dessin. Grandville vint chercher fortune à Paris en 1820; ses débuts furent très pénibles. Après avoir dessiné des costumes pour un industriel qui ne le paya pas, il entreprit une suite de dessins lithographiques qui représentaient le Dimanche d'un bon bourgeois ou les Tribulations de la petite propriété. L'éditeur fut saisi, et le malheureux dessinateur eut beaucoup de peine à obtenir une faible rémunération de son travail. D'autres dessins continuèrent à apprendre son nom aux éditeurs, tels que les Plaisirs de tout âge; la Sibylle des salons, etc. Cependant il ne fut tout à fait sorti de pair qu'en 1828 par les premières planches d'une amusante série de critiques de moeurs intitulées les Métamorphoses du jour; près de soixante-dix scènes parurent sous ce nom : les principaux personnages politiques de la Restauration sont représentés avec des têtes d'animaux dans des attitudes d'un effet très comique. Le succès de cet album n'enrichit cependant pas son auteur, qui s'était marié et avait vu ses charges de famille s'augmenter. Après la Révolution de 1830, la verve de Grandville trouva à s'exercer sur les d'Orléans et leur entourage. Il devint collaborateur régulier de la Silhouette, l'Artiste, le Charivari, la Caricature dont il était l'âme avec Decamps. Chaque jour il y donnait des caricatures politiques et satiriques. Cette série plaisante, qui le rendit très populaire, a une valeur historique : le Convoi de la Liberté, la Basse-Cour, le Mât de Cocagne, sont restés célèbres. Les lois de septembre, qui rétablirent la censure préalable pour le dessin, vinrent interrompre la verve du caricaturiste. Grandville dut reprendre ses travaux d'art et se mit à composer des illustrations où la verve de sa philosophie familière s'est donné libre carrière. Il illustra successivement les Fables de La Fontaine, les Chansons de Béranger, Gulliver, Robinson, Jérôme Paturot, etc. Il produisit dans cette voie un nombre prodigieux de dessins, véritables modèles du genre. Avec une verve et une originalité singulières, Grandville illustra aussi de nombreux livres d'images tels que les Cent Proverbes, les Petites Misères de la vie humaine, les Fleurs animées; il faut citer surtout ses charmantes Scènes de la vie privée et publique des animaux, son ouvrage le plus célèbre dont le texte est dû à la collaboration des principaux écrivains de son temps, Balzac, George Sand, Nodier, Paul et Alfred de Musset, etc. On a reproché quelquefois à Grandville sa forme correcte et positive; peut-être aussi finit-il par exagérer son genre en donnant non seulement aux animaux et aux plantes, mais même aux objets inanimés la physionomie, les passions et les ridicules de l'humain. Sa fin fut malheureuse et prématurée; malgré son travail infatigable, il n'était pas parvenu à l'aisance; il s'était remarié et eut le malheur de perdre trois enfants qu'il adorait; la mort du dernier, qui s'étouffa en avalant de travers, causa un tel chagrin à Grandville, qu'il perdit la raison et mourut de douleur. (GE). | |