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La Première Guerre mondiale Campagne de 1915 |
Aperçu | Les origines | 1914 | 1915 | 1916 | 1917 | 1918 | La paix |
Les tranchées.A la fin de 1914, les immenses armées étaient terrées, depuis la mer du Nord jusqu'en Alsace, dans plusieurs zones continues de tranchées parallèles, entourées de réseaux inextricables de fils de fer barbelés. La guerre de position succéda, pendant toute l'année 1915, à la guerre de mouvement. Le « poilu » apprit l'endurance.La consommation des munitions avait dépassé
toutes les prévisions; les tubes d'artillerie étaient usés.
Il fallut reconstituer des stocks de beaucoup plus abondants que par le
passé, multiplier les canons, surtout les pièces lourdes.
Par l'invasion de ses départements du Nord et de l'Est, la France
avait perdu de 50% à 60% de ses ressources en coke, charbon, minerai
de fer, les deux tiers de ses hauts fourneaux. Un méthodique effort
d'improvisation refit une autre France industrielle.
Les ministres de la Guerre et des Munitions,
la Commission de l'armée du Sénat, présidée
par Freycinet, celle de la Chambre, activèrent le travail; jour
et nuit, ouvriers et ouvrières besognèrent dans les usines.
Forger les instruments de la guerre, c'est faire la guerre. Tant que le
matériel ne fut pas renouvelé et porté à une
plus haute puissance,
Cependant les fronts ne restèrent
pas immobiles, non point que Joffre s'émût du reproche d'être,
lui aussi, un temporisateur et de laisser trop longtemps « les Allemands
à Noyon »; mais tantôt il
jugea utile de pousser à des positions plus solides ou dominantes,
tantôt il eut l'espoir de faire reculer sur une large zone les lignes
allemandes, et tantôt il fallait retenir des divisions que les Allemands
s'apprêtaient à envoyer contre les Russes, où ils semblaient
vouloir porter leur principal effort.
Artois et Champagne.
L'une, menée par Foch, au printemps, fit tomber toutes les défenses allemandes à l'ouest de la route d'Arras à Lens, au massif de Lorette et à Carency, devant la plaine des Flandres; l'autre, conduite par Castelnau, à l'automne, creva la première ligne allemande sur 25 kilomètres entre Suippe et Aisne. Ce furent seulement des victoires tactiques, mais pleines d'enseignements qui ne furent pas perdus. « La guerre apprend la guerre. ». Spahis (cavalerie légère d'Afrique du Nord). Les fronts orientaux.
Le
front russe.
Les Austro-Allemands étaient pourvus d'une puissante artillerie; telle était l'incurie de la bureaucratie russe que, dans beaucoup de divisions, un soldat sur trois était armé de fusil; les munitions faisaient défaut. L'impératrice, le mauvais génie
de l'Empire, fit envoyer au Caucase le grand-duc
qui avait la confiance du soldat; le faible empereur assuma le commandement
en chef des armées.
Les Autrichiens à Lviv (L'vov, Lemberg), en Ukraine. La ville prise par les forces russes l'année précédente a été reprise par les Austro-Hongrois en juin 1915. La
guerre contre les Turcs.
La flotte anglo-française échoua,
faute de persévérance, devant les Dardanelles.
Quand elle renonça à la lutte après la perte de quelques
vaisseaux, dont le sacrifice avait pourtant été prévu,
les forts turcs étaient vides de munitions et Constantinople
hors d'état de résister. Pour les Alliés, l'expédition
de Gallipoli fut une cruelle faillite.
Soldats turcs à Gallipoli. Ci-dessous : les troupes alliées aux Dardanelles.
Chute
de la Serbie.
La Grèce était liée par un traité formel avec la Serbie; les Bulgares ne lui pardonnaient pas de les avoir frustrés de la Macédoine maritime. Le premier ministre, Venizelos, patriote ardent et le Richelieu de l'hellénisme, voulut se porter au secours des Serbes. Il fut congédié par le roi Constantin, beau-frère du kaiser, mais pas avant qu'il eût autorisé les Franco-Anglais à débarquer à Salonique. Expédition
de Salonique.
Il fallut toute la souplesse et toute la persévérance de Briand, et l'autorité de Joffre, pour convertir les Anglais, surtout le ministre de la Guerre Kitchener, à l'entreprise, Clémenceau, dans son journal (l'Homme enchaîné) et au Sénat, s'en déclara l'adversaire. Le petit corps expéditionnaire du général Sarrail arriva trop tard pour secourir les Serbes qui firent une tragique retraite à travers l'Albanie. L'amiral Lacaze, ministre de la Marine, recueillit ces braves, décimés et épuisés, aux bords de l'Adriatique et les transporta à Corfou. Reconstitués sous le prince Alexandre, ils furent ensuite amenés à Salonique. Sur le conseil de Joffre, un vaste camp retranché, puissamment fortifié, « le Torrès-Védras macédonien », mit Salonique à l'abri d'un coup de main des Bulgares et des Allemands. C'est de l'armée de Macédoine que les Empires centraux recevront, en 1918, le coup de grâce. Les Allemands à Salonique, le sort de la guerre eût peut-être changé. Les colonies allemandes.
Entrée
en guerre de l'Italie.
En Italie, depuis le début de la guerre, le parti nationaliste, fidèle aux aspirations des soldats de 1818, de 1859 et de 1870, demandait que les provinces italiennes irredente, Trieste et le Trentin, revinssent à leur nationalité légitime. Les petits-fils de Garibaldi, continuant la tradition de leur illustre aïeul, étaient venus dans les rangs de l'armée française, pour combattre l'impérialisme allemand, et y avaient trouvé une mort glorieuse. Chaque jour le parti nationaliste devenait plus vivace dans les masses populaires. Vainement von Bülow, qui représentait à Rome l'Allemagne, essaya de faire comprendre à l'Autriche qu'elle devait transiger. L'Autriche, fière des faciles victoires qu'elle remportait sur la petite armée serbe, et comptant sur l'Allemagne pour l'aider à refouler l'invasion russe, refusait obstinément de consentir ce qu'elle croyait être une mutilation et un déshonneur. Il y eut des semblants de négociations et de marchandages. Le poète Gabriel d'Annunzio, en paroles enflammées, excita ses compatriotes à combattre pour la liberté; il fut écouté, applaudi et suivi. Le roi Victor Emmanuel, s'appuyant sur tous les partis populaires, malgré l'opposition de nombreux députés dévoués à Giolitti, se décida en mai 1915 à se joindre à la France et à l'Angleterre, alliées, contre l'Allemagne et surtout l'Autriche, ennemie héréditaire. Le 23 mai 1915
l'Italie déclara la guerre à l'Autriche pour la reprise de
ses provinces irredente, le Trentin et Trieste. Un très bon
chef de guerre, le général Cadorna, passa tout de suite a
l'offensive. Il y eut un un premier front dans le Trentin et un autre
à l'est de Venise. Des combats acharnés
se livrèrent tantôt dans le Trentin, tantôt au Nord
de la Vénétie; avec des alternatives de succès et
de revers qui, malgré la violence des combats, n'exercèrent,
ni dans un sens, ni dans un autre, sauf aux derniers jours d'octobre 1918,
d'influence décisive sur l'issue de la guerre. L'Italie ne déclara
la guerre à l'Allemagne qu'à l'automne de 1916.
Le canon français de "75". Technologies nouvelles. La
guerre chimique.
D'abord ce furent de grandes vagues de chlore. Ils ouvraient des bonbonnes où du chlore comprimé était contenu. Le chlore, mélangé à du protochlorure d'étain, s'étendait en nappes lourdes, que le vent chassait vers la tranchée ennemie et qui y apportaient la suffocation et la mort. Les Canadiens en 1915 furent surpris par une de ces vagues de chlore qui les trouva sans défense. Plus tard on réussit à en
paralyser les effets par des masques contenant des substances qui neutralisent
le chlore.
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Plus tard encore, les nappes de gaz furent remplacées par des obus chargés de gaz toxiques, asphyxiants (bromures de benzoïle, arsines, oxychlorure de carbone, sulfure d'éthyle chloré), tous composés extrêmement nocifs qui sont projetés par l'éclatement de l'obus, et contribuent, plus peut-être que les morceaux de fonte, à rendre intenable une région battue par les feux de l'artillerie. Contre ces gaz délétères se dégageant de l'obus qui explose, des masques spéciaux étaient indispensables. Le port du masque devint nécessaire
et obligatoire. On apprit aussi à construire des casques, qui, s'ils
n'arrêtaient pas les balles, arrêtaient les petits éclats
de fonte ou d'acier.
L'aviation militaire, dans le cours de ces quatre années, se perfectionna singulièrement. Au début les états-majors alliés, rebelles aux idées neuves, n'avaient pas compris que cette nouvelle arme allait exercer une influence prépondérante sur le sort des batailles. On le reconnut enfin, bien tardivement d'ailleurs, car pendant trois ans, l'aviation allemande fut nettement supérieure, mais dès le début de la quatrième année, les Alliés, par le nombre de leurs avions, conquirent une réelle supériorité, et cette maîtrise de l'air contribua activement à la victoire finale. La vitesse de quelques avions est double, en 1918, de celle que les plus rapides avaient en 1912. Il en est qui peuvent faire 250 kilomètres à l'heure, et transporter 1000 kilos de bombes. Il y a des avions de chasse, les plus rapides, qui servent d'organes de liaison, armés de mitrailleuses pour combattre l'aviation ennemie, et pour protéger les avions d'observation et de bombardement. Les avions d'observation surveillent les mouvements de l'ennemi; prennent des clichés photographiques; sont reliés par le télégraphe sans fil aux postes d'artillerie, et donnent des indications précieuses et précises sur les points que l'artillerie, doit frapper. Les avions de bombardement vont lancer des bombes sur les rassemblements ennemis, bouleverser les voies ferrées, les gares, les hangars, les campements et harceler les convois de munitions et d'approvisionnement.
Ni les un ni les autres, quand ils sont à plus de 2500 mètres de hauteur, n'ont rien à craindre de l'infanterie ennemie; peu à craindre de l'artillerie, dès qu'ils s'élèvent à 3500 ou 4000 mètres. En réalité, l'avion ne redoute que l'avion, de sorte que la maîtrise de l'air est acquise à l'armée qui possède les avions les plus nombreux, comme la maîtrise de la mer à la marine qui possède le plus de vaisseaux et de canons. A partir du mois de juin 1918, les Alliés ont eu la maîtrise de l'air; ce qui a été une des grandes causes de leur victoire. Quant aux grands ballons dirigeables, munis d'ingénieuses machines qui n'ont été nuisibles qu'aux soldats qui les ont montés, aux Zeppelins, nommés ainsi d'après le nom de l'officier allemand qui les a perfectionnés, ils ont fait une faillite retentissante; car ce n'est pas un utile et brillant triomphe militaire que d'avoir lancé de gros obus explosifs au-dessus d'une ville paisible. En fait d'aérostation, il n'y a à mentionner que les ballons captifs d'observation (les soldats, dans leur parler imaginatif, les appelaient des saucisses). Un officier monté dans ce ballon pouvait voir au loin les mouvements et le tir de l'ennemi et téléphoner au poste de commandement les résultats de ses observations. Les
sous-marins.
Le torpillage du Lusitania, le 7 mai 1915, a fait 1200 victimes civiles. Un drame, qui a servi d'argument (isi sur des affiches) pour appeler à l'enrôlement des soldats en Irlande et aux Etats-Unis. Cette guerre sous-marine à outrance fit beaucoup de mal aux AIliés; mais n'atteignit pas et ne pouvait pas atteindre le but que les Allemands lui assignaient. « Nous avons perdu 2 millions et demi de tonnes sur 40 millions, disait LLoyd George. Ce n'est pas cela qui nous empêchera de vivre. »Quelques membres influents du Reichstag, notamment Erzberger, partageaient cette opinion et conseillaient de restreindre au moins les torpillages qui exaspéraient les neutres et les forçaient à se rapprocher de l'Entente. Tout ce qu'ils obtinrent fut le remplacement de von Tirpitz par von Capell qui suivit exactement le même programme. Les sous-marins redoublèrent d'activité. L'amirauté allemande se vanta d'avoir «-coulé-» en février 1917 780,000 tonnes, plus d'un million en mai. Les Alliés disaient 510,000 et 830,000. - Un sous-marin allemand de type U10.Ci-dessous, un sous-marin de la flotte anglaise. Ces chiffres inquiétants ne se maintinrent pas dans les mois qui suivirent; malgré quelques oscillations, la diminution fut sensible. Les pertes de l'Entente furent en partie compensées par le développement et la rapidité inouïe des constructions navales en Angleterre et surtout aux États-Unis (7 millions de tonnes en 18 mois). Les Alliés d'autre part étaient de mieux en mieux armés pour se défendre; ils le furent bientôt assez pour attaquer. A partir de 1917, les marines américaine et japonaise allaient venir leur prêter main forte. On ne se contenta plus, comme au début de la guerre, de protéger la coque des navires, de barrer les détroits et l'entrée des rades par des filets d'acier. On organisa « la chasse aux sous-marins signalés dans le voisinage des côtes ou en pleine mer par les ballons captifs (les saucisses), les hydravions, les dirigeables, les « cerfs-volants Sacconnay », la télégraphie sans fil qui interceptait leurs messages. Des flottilles de
bâtiments légers, torpilleurs, contre-torpilleurs, remorqueurs
ou chalutiers armés en guerre furent lancés à leur
poursuite et en détruisirent un grand nombre (2000, selon l'amirauté
anglaise). On arma de canons les navires de commerce qui se défendirent
bravement et forcèrent plus d'une fois leur adversaire à
prendre la fuite. Les raids audacieux de l'amiral Keyes et du commodore
Lynes contre les ports d'Ostende et de Zeebrugge,
23 avril-8 mai 1917,
obstruèrent en partie le premier et embouteillèrent dans
le second une quarantaine de sous-marins. Les pirates avaient toutefois
d'autres bases et, sur les côtes neutres, des magasins de ravitaillement
que les patrouilleurs alliés découvraient sans pouvoir les
détruire. En 1918 le commencement
de la grande offensive allemande marquera une recrudescence dans la guerre
sous-marine : dix grands paquebots seront coulés; des navires alliés
sauteront dans les ports. (J. Reinach / Ch. Richet
/ E. Darsy).
Le char d'assaut 18 HP de Renault. Longueur totale sans la queue : 4,10 m; Largeur totale : 1,74 m; Poids du char équipé avec une mitrailleuse : environ 6500 kg; Vitesse du char : 1 km/h à 7,78 km/h. |
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