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Glanville

Ranulph de Glanville est un baron anglais du XIIe siècle, célèbre à la fois comme jurisconsulte et comme guerrier, descendait d'une famille normande. Il était justiciaire du royaume sous Henri Il : chargé en 1166 de rédiger un corps de lois anglaises, il écrivit dans ce but un livre curieux, Tractatus de legibus, qui a été publié en 1554, et traduit du latin en anglais par J. Beames à Londres, en 1812, avec une Vie de l'auteur. Comme guerrier, il repoussa avec courage le roi d'Écosse, qui avait fait une invasion en Angleterre. Il prit la croix avec le roi Richard, et périt au siège de Saint-Jean-d'Acre, en 1190.
Joseph Glanville, Glanvill ou Glanwille est un philosophe anglais et pasteur anglican, né à Plymouth en 1636, mort à Bath en 1680. Il fut d'abord curé à Bath puis prébendier de l'église de Worcester et chapelain de Charles II. Il défendit la philosophie de Bacon et la Société royale de Londres, dont il était membre, contre leurs détracteurs.

Il est le premier qui en Angleterre, ait donné au scepticisme une forme systématique, et doit être regardé à certains égards comme le prédécesseur de Hume. Cependant il ne cherche pas, comme ce dernier, à convaincre la raison d'une impuissance absolue il veut seulement qu'elle se fasse une idée plus juste, c'est-à-dire plus modeste, de ses forces; qu'elle poursuive la vérité sans espérer la connaître tout entière, et surtout qu'elle ne la croie pas déjà trouvée, qu'elle ne s'attende pas à la rencontrer dans un des systèmes qui se partagent l'empire des écoles. Il désire, en un mot, éviter également les deux excès contraires : le scepticisme et le dogmatisme; une philosophie orgueilleuse qui croit tout savoir et un doute désespéré, qui est la négation même de la science. 

Pour arriver à son but, il montre à la fois la vanité des systèmes qui ont obtenu jusqu'à lui le plus d'autorité sur les esprits, et la faiblesse de la raison par rapport aux principaux objets de la connaissance humaine. Les systèmes qu'il passe ainsi en revue et qu'il soumet à une critique souvent profonde sont ceux d'Aristote, de Descartes et de Hobbes; mais c'est à ce dernier que s'adressent ses objections les plus fréquentes et les plus justes. Au nombre des arguments par lesquels Glanvill s'efforce de nous convaincre de la faiblesse irrémédiable de nos facultés se trouve le dogme du péché originel : singulier argument pour un philosophe qui fait du doute la condition de la sagesse! Les autres sont empruntés, pour la plupart, de Charron et de Montaigne, dont le philosophe avait certainement lu les oeuvres. Mais il y en a un aussi qui lui appartient en propre et que Hume a développé plus tard avec un immense succès : c'est la manière dont il explique le rapport de causalité. Dans l'opinion de Glanvill, ainsi que dans celle de Hume nous ne connaissons aucune cause en elle-même et d'une manière immédiate ou intuitive; nous ne connaissons les causes que par leurs effets

De ce que l'expérience nous montre deux objets dont l'un est sans cesse accompagné de l'autre, nous en concluons que celui-ci est l'effet, et celui-là la cause; mais cette conclusion n'est pas légitime, car un simple rapport de connaissance ne doit pas être converti en un rapport de causalité (Scepsis scientifica, édit. de 1665, p. 142). De plus, tous les phénomènes dont la nature nous offre le spectacle sont si étroitement unis entre eux, qu'il est très difficile d'assigner à aucun d'eux une cause déterminée; et comme les causes aussi, d'après l'idée même que nous avons de la causalité, dépendent nécessairement les unes des autres et forment entre elles une chaîne non interrompue, il nous est impossible d'en connaître une sans les connaître en même temps toutes; ce qui n'a pas été accordé à notre faible intelligence. Avec une pareille théorie, c'en est fait évidemment du dogmatisme, car l'idée même de l'être se trouve anéantie avec l'idée de cause; mais comment alors, ainsi que Glanville le prétendait, ne pas prendre au sérieux le scepticisme, et le considérer seulement comme le remède de l'erreur, comme la liberté de l'intelligence, comme un moyen de secouer les chaînes de l'opinion? Glanville, heureusement pour lui, n'était pas un esprit conséquent. 

Le même homme qui ne voulait rien affirmer sur la foi de l'autorité et de l'habitude, et qui attaquait la raison humaine jusque dans ses fondements, croyait aux revenants et aux sorciers. Il a écrit des Considérations philosophiques touchant l'existence des sorciers et de la sorcellerie (in-4, Londres, 1666), où il ne se montre pas au-dessus des plus grossières superstitions de la populace; et, à voir la gravité qui règne dans cette bizarre composition, il est difficile de supposer avec Degérando (Biographie universelle, art. Glanvill) que l'auteur a voulu seulement se railler de la crédulité de ses contemporains. D'ailleurs il revient sur le même sujet et avec un ton non moins convaincu, dans un autre écrit qui a pour titre Sadducismus triumphans (in-8, Londres, 1681 et 1682).

Les deux principaux ouvrages de Glanvill, ceux qui ont fait sa réputation et qui lui ont attiré les plus vives attaques, soit de la part des théologiens, soit de la part des philosophes de son temps, sont les suivants tous deux écrits en anglais : La vanité du dogmatisme, ou de la confiance dans nos opinions, rendue manifeste dans un traité sur les bornes étroites et l'incertitude de nos connaissances et de leurs principes, avec des réflexions sur le péripatétisme et une apologie de la philosophie, in-8, Londres, 1661; - Scepsis scientifica, ou l'Ignorance avouée, le chemin de la science : essai sur la vanité du dogmatisme et de la confiance dans nos opinions, suivi d'une réponse à Thomas Albius, in-4, Londres, 1665.

Dans un autre écrit, qui a pour titre Plus ultra, ou Progrès et avancement de la science depuis Aristote (in-12, Londres, 1658), Glanville défend la science moderne contre un ecclésiastique de son temps, qui avait prétendu qu'Aristote réunissait à lui seul plus de connaissances que la Société royale de Londres et que le XVIIe siècle tout entier.

Enfin Glanville a encore laissé d'autres écrits parmi lesquels deux seulement méritent d'être cités ici : Philosophia pia, ou Discours sur le caractère religieux et la tendance de la philosophie expérimentale, in-8, Londres, 1671; - Essais sur différents sujets de philosophie et de religion, in-4, ib., 1676. (DSP).

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