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René Louis, marquis de Girardin est un maréchal de camp, né à Paris en 1735, mort en 1808, était issu de la famille noble des Gherardini de Florence. Il est un des premiers en France qui aient su embellir les jardins et leur donner des formes pittoresques il disposa dans ce goût sa terre d'Ermenonville, y offrit une retraite à Jean-Jacques Rousseau, et fit élever au philosophe après sa mort un tombeau dans l'île des Peupliers. On lui doit un traité De la Composition des paysages, 1777. | ||
Stanislas Xavier,
comte de Girardin, fils du précédent, né en
1762 à Lunéville, mort en
1827, eut un instant pour maître Jean-Jacques
Rousseau. Il entra au service à 17 ans, embrassa les principes
de la Révolution, fut député du bailliage de Senlis
aux États généraux présida en 1790 le directoire
de l'Oise, et plus tard l'Assemblée législative; fut incarcéré
pendant la Terreur et ne recouvra la liberté qu'au 9 thermidor.
En 1802, il présida le tribunal; il accompagna en 1806 le roi Joseph
à Naples,
servit au siège de Gaète comme
colonel, et en Espagne
comme général, devint en 1812 préfet de la Seine-Inférieure
(Seine-Maritime), où il se fit apprécier de ses administrés;
et n'en fut pas moins destitué à la Restauration. Cependant,
en 1819, il fut appelé à la préfecture de la Côte-d'Or,
mais il fut révoqué dès 1820. La même année
il était élu député de la Seine-Inférieure.
A la Chambre il se fit remarquer par sa constance à soutenir les
doctrines constitutionnelles. On a publié en 1828 : Discours
et Opinions, Journal et Souvenirs de Stanislas Girardin.
L'aîné de ses fils, le comte Ernest Stanislas de Girardin, plusieurs fois député, sénateur sous le second empire, est mort en 1874. Son frère cadet, le comte Alexandre de Girardin né en 1776, mort en 1855, fit avec distinction les campagnes de l'Empire, se distingua surtout à Austerlitz, où, avec 10 hommes, il fit 400 prisonniers et prit 4 pièces de canon, à Ostrowno, où, avec 2 bataillons, il repoussa 6000 Russes, à Champaubert et à Montmirail, où sa brillante conduite lui valut le grade de général de division. Il se rallia aux Bourbons en 1815 et fut premier veneur de Louis XVIII et de Charles X. On a de lui un grand nombre d'écrits de circonstance, parmi lesquels on remarque : Projet de législation sur les chasses, 1817; la Question chevaline simplifiée, 1843. Il fut père d'Émile de Girardin, le célèbre publiciste. |
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Emile de Girardin
est un journaliste et écrivain
français, né à Paris (et non en Suisse,
comme l'ont dit plusieurs biographes) le 22 juin 1806 (et non en 1803 ou
1802), mort à Paris le 27 avril 1881. Inscrit à l'état
civil sous le nom d'Emile Delamothe et comme né de parents inconnus,
il était en réalité fils adultérin du comte
Alexandre de Girardin (qui maintes fois a reconnu sa paternité)
et de Mme Dupuy, femme d'un conseiller à la cour impériale
de Paris.
Elevé par des étrangers et sans beaucoup de soin, il entra, dès 1823, dans les bureaux du ministère de la maison du roi, passa bientôt après chez un agent de change, où se développa en lui le goût inné des spéculations financières qui ne l'abandonna jamais, perdit en jeux de bourse la plus grande partie du petit capital qui lui avait été assuré par son père et, tout en poursuivant les études les plus variées, publia coup sur coup deux romans qui n'étaient, en somme, que sa propre histoire : Emile (1827) et Au Hasard (1828). Il prit à cette époque publiquement le nom de Girardin, qu'il ne cessa plus de porter. Pourvu, sous le ministère Martignac, d'une inspection des beaux-arts qui était une sorte de sinécure, il se tourna bientôt vers la presse périodique, qu'il allait révolutionner, fonda le Voleur, journal de reproduction (1828) et la Mode, organe mondain qui parut d'abord sous le patronage de la duchesse de Berry (1829) et obtint dans cette double entreprise un succès aussi rapide qu'éclatant. Son mariage (1er juin 1831) avec Delphine Gay ne fut pas sans augmenter son influence et ses moyens d'action. Pénétré, dès ce temps-là, de l'idée que le journalisme ne deviendrait vraiment productif qu'à la condition de s'offrir au public au meilleur marché possible, il proposa, sans succès, du reste, à Casimir Périer, d'abaisser le prix du Moniteur à un sou le numéro. Peu découragé, on le vit créer coup sur coup le Journal des connaissances utiles (1831), qui, vendu 4 F par an, eut bientôt jusqu'à cent trente mille abonnés; le Journal des Instituteurs primaires, à 1,50 F par an; le Musée des familles (1833) qui rivalisa avec le Magasin pittoresque d'Edouard Charton, et l'Almanach de France (1834), dont le tirage dépassa un million d'exemplaires. Peu après, il publiait aussi des Atlas de géographie à très bas prix et entreprenait, sous le patronage du ministre Guizot, la grande collection du Panthéon littéraire. On le voyait dans le même temps travailler avec ardeur à la multiplication des caisses d'épargne et se mêler de certaines affaires industrielles ou commerciales, dont le dénouement fâcheux ne fut pas sans lui attirer de malveillantes imputations. Hardi, cassant et paradoxal, enfantant sans cesse des idées neuves et s'embarrassant peu des contradictions dans lesquelles il se mettait trop souvent avec lui-même, il s'était fait de bonne heure beaucoup d'ennemis. Il en grossit le nombre en fondant (1er juillet 1836) le journal politique la Presse, dont le prix fut fixé à 40 F, alors que celui des feuilles similaires était encore de 80 F. Il pensait fort justement que, plus il aurait d'abonnés, plus il recevrait d'annonces publicitaires et que le revenu des annonces le dédommagerait amplement des pertes que pourrait entraîner la diminution du prix de l'abonnement. Violemment attaqué par ses confrères qui lui reprochaient d'avilir ainsi le journalisme, il eut avec Armand Carrel (le 22 juillet 1836) une rencontre dans laquelle il fut blessé, mais eut le malheur de tuer son adversaire. C'était son quatrième duel. Il prit l'engagement public de n'en avoir jamais d'autres. Député de Bourganeuf en 1834, réélu en 1837 et en 1839, il vit, à cette dernière époque, son élection annulée, mais reparut au Palais-Bourbon en 1842 et obtint encore le renouvellement de son mandat en 1846. Du reste, il n'eut jamais que peu d'action sur la Chambre, où il s'efforça d'abord, mais sans succès, de créer un groupe conservateur progressiste et où il ne tarda pas à s'isoler, votant sans méthode apparente dans les sens les plus opposés, déconcertant ses amis et ses ennemis par l'extraordinaire mobilité de ses opinions, par ses volte-faces continuelles, comme par l'audace toute simpliste, mais peu pratique, avec laquelle il abordait les questions les plus ardues et en improvisait théoriquement la solution. Ajoutons que, n'étant pas orateur, il ne pouvait tirer de son éloquence l'autorité que l'on ne reconnaissait ni à son caractère ni à son esprit politique. Mais si son influence était faible à la Chambre, elle était considérable dans l'opinion publique, grâce au rare talent de polémiste dont il faisait preuve chaque jour la plume à la main. Son journal la Presse fut longtemps une puissance avec laquelle les ministères se croyaient obligés de compter. Tout d'abord c'était une feuille conservatrice, mais à laquelle il ne tarda pas à donner de singulières allures d'indépendance. Emile de Girardin professait une indifférence presque parfaite pour les formes de gouvernement. Il s'accommodait toujours aisément du régime existant, à condition qu'il voulût s'améliorer et se reformer suivant ses vues à lui, se retournant contre lui s'il n'était pas écouté et se laissant, du reste, volontiers entraîner au courant de ses sympathies ou de ses rancunes personnelles. Longtemps attaché au ministère Molé, puis au ministère Guizot, il se montra, vers la fin du règne de Louis-Philippe, fort dur pour ce dernier, qui s'efforça vainement d'affaiblir la Presse en subventionnant deux feuilles nouvelles, l'Époque et le Globe, et qui, à la suite d'accusations qu'il déclarait injurieuses, fit traduire l'intraitable polémiste devant la Chambre des pairs, où il fut acquitté (22 juin 1847). Peu de mois après, Emile de Girardin, sentant venir la Révolution, donnait bruyamment, dès le 14 février 1848, sa démission de député. Le 24, il pénétrait aux Tuileries et dictait, pour ainsi dire, à Louis-Philippe son abdication. Dès le lendemain, il se ralliait à la République. Il n'en poursuivit pas moins des plus vives attaques le gouvernement provisoire, puis la commission exécutive, ne voulant voir en eux que le parti du National, journal qu'il n'avait cessé de combattre depuis 1836. Le général Cavaignac, pris par lui violemment à partie, le fit arrêter pendant les journées de juin et suspendit la Presse, qui ne put reprendre sa publication que le 7 août suivant. Rendu à la liberté après onze jours de détention, Emile de Girardin ne se vengea pas seulement en publiant son Journal d'un journaliste au secret; il combattit avec une extrême animosité la candidature de Cavaignac à la présidence de la République et contribua de toutes ses forces à l'élection du prince Louis-Napoléon (10 décembre 1848). Il avait espéré, dit-on, que ce dernier lui confierait un ministère. Trouvant ses offres insuffisantes, il ne tarda pas à l'attaquer à son tour. Après plusieurs candidatures malheureuses (1848, 1849), il entra à l'Assemblée nationale (9 juin 1850), comme représentant du Bas-Rhin, siégea sur les bancs de la Montagne et se rapprocha même du parti socialiste. Expulsé de France à la suite du coup d'État du 2 décembre, il obtint bientôt d'y rentrer et reprit la direction de la Presse, qu'il dut vendre, en 1856, au financier Millaud, parce que, sans faire au gouvernement impérial une opposition systématique, il gardait encore vis-à-vis de lui une attitude trop indépendante. Il n'en reparut pas moins, en 1862, dans son ancien journal, qu'il dirigea, toujours avec le même succès, jusqu'en juin 1866, époque où il le quitta définitivement pour se mettre à la tête de la Liberté. Cette feuille, jusque-là presque ignorée et qu'il mit tout d'abord en vente à 10 centimes (c.-à-d. au-dessous du prix de revient), atteignit en quelques semaines, sous sa direction, un tirage de soixante mille exemplaires. Ses attaques très vives contre le ministère Rouher, qui lui valurent en 1867, coup sur coup, deux condamnations à 5000 F d'amende, ne firent qu'en accroître la popularité. Emile de Girardin n'était pourtant pas inféodé à l'opposition. Il combattit en 1868 la souscription Baudin, applaudit en 1869 et 1870 à l'Empire libéral et soutint de toutes ses forces le ministère du 2 janvier, dirigé par Emile Ollivier. Lors du conflit franco-prussien, il demanda à grands cris la guerre et la conquête de la rive gauche du Rhin. Un décret du 27 juillet (que l'Empire, du reste, n'eut pas le temps de publier) le récompensa de son zèle en l'appelant au Sénat. Mais, cinq semaines après, une révolution nouvelle éclatait. E. de Girardin transporta à Tours, puis à Bordeaux, son journal où, pendant toute la guerre, il malmena fort vivement le gouvernement de la Défense nationale. Après les préliminaires de paix, nous le retrouvons à Paris où, sous le nom d'Union française, il fonde une autre feuille, que la Commune ne tarde pas à supprimer (15 mai 1871) et où il préconise l'idée bizarre de transformer la France en une fédération de quinze Etats indépendants. Puis, en 1872, il achète le Petit Journal dont il porte rapidement le tirage à cinq cent mille exemplaires et qui, rallié à la politique de Thiers, contribue puissamment à répandre l'idée républicaine dans toute la France. Sa dernière grande campagne fut celle qu'il mena, pendant la période du 16 mai, contre le ministère de Broglie-Fourtou, à la tête du journal la France, qu'il avait acheté à la fin de 1874 et qui acquit, grâce à lui, pendant cette crise, une immense notoriété. Tous les efforts du cabinet pour le réduire au silence furent infructueux. On ne put même pas lui enlever par surprise (ce qui fut tenté) la direction du Petit Journal. Emile de Girardin contribua pour une bonne part au triomphe de la cause républicaine lors des élections du 14 octobre 1877. Les électeurs du IXe arrondissement de Paris l'en récompensèrent en l'envoyant, le 16 décembre suivant, à la Chambre des députés, où il demeura jusqu'à sa mort et où il ne se donna guère d'autre tâche que de défendre le principe de la liberté illimitée de la presse. Emile de Girardin, non content de la gloire du publiciste, nourrissait, vers la fin de son existence, une passion, du reste assez malheureuse, pour le théâtre. Le drame qu'il donna, en 1865, à la Comédie-Française sous ce titre le Supplice d'une femme, ne réussit que grâce aux retouches qu'il avait reçues d'Alexandre Dumas fils. Sa pièce des Deux Soeurs, jouée la même année au Vaudeville, échoua complètement. Parmi ses autres essais, qui, pour la plupart, n'ont pas été représentés, nous citerons : la Fille du millionnaire (1858); le Mariage d'honneur (1866); le Malheur d'être belle (1866); les Hommes sont ce que les femmes les font (1866); les Trois Amants (1872); Une Heure d'oubli (1873). Devenu veuf, Emile de Girardin s'était remarié le 30 octobre 1856 avec Guillemette-Joséphine Brunold, comtesse de Tieffenbach, veuve du prince Frédéric de Nassau. Cette union ne fut pas heureuse. Une fille, qui en était née, mourut à Biarritz en 1865, et, en 1872, le célèbre publiciste, à la suite d'un procès en désaveu de paternité, obtint contre sa femme un jugement de séparation de corps. Parmi les innombrables publications dues à sa plume, nous indiquerons les suivantes : Moyens législatifs de régénérer la presse périodique, etc. (Paris, 1835); De le Presse périodique au XIXe siècle (Paris, 1837); De l'Instruction publique (Paris, 1838); Vues nouvelles sur l'application de l'armée, aux grands travaux d'utilité publique (1838); De l'Instruction publique en France, guide des familles (1840); De la Liberté de la presse et du journalisme (1842); Moyens d'exécution des grandes lignes de chemins de fer (1842); De la Liberté du commerce et de la protection de l'industrie (1847); Bon sens, bonne foi (1848); Avant la constitution (Paris, 1848); les Cinquante-deux (Paris, 1849 et suiv., 11 voumes); Etudes politiques (1849); Questions administratives et financières (1849); le Droit au travail au Luxembourg et à l'Assemblée nationale (1849, 2 volumes); la République est-elle au-dessus du suffrage universel? (1830); le Socialisme et l'Impôt (1850); l'Abolition de la misère par l'élévation des salaires (1850); l'Abolition de l'autorité par la simplification du gouvernement (1851); la Révolution légale par la présidence d'un ouvrier (1852); l'Impôt (1854); Solutions de la question d'Orient (1853); le Droit (1854); la Politique universelle (1854); la Liberté (1857); Napoléon III et la France (1859); l'Empereur Napoléon III et l'Europe (1859); l'Empire et la Liberté (1859); Questions de mon temps (1858-1862, 12 volumes); l'Apaisement de la Pologne (1863); Paix et Liberté (1864); le Spectre noir (1864); les Droits de la pensée (1864); Force ou Richesse (1864); Pouvoir et Impuissance (1865); le Succès (1866); le Condamné du 6 mars (1867); la Voix dans le désert (1870); l'Ornière (1871); le Gouffre (1874); les Lettres d'un logicien (1873-1874, 2 volumes), l'Egale de son fils (1872); Grandeur ou Déclin de la France (1876); le Dossier de la guerre (1877); l'Élu du IXe arrondissement (1878); l'Impuissance de la presse (1879); l'Egale de l'homme (1884), etc. (A. Debidour). |
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Delphine de Girardin est une écrivaine née en 1805, morte en 1855. Elle fille de la célèbre Sophie Gay, et fut d'abord connue sous le nom de Delphine Gay. Elle fut l'épouse d'Emile de Girardin (ci-dessus). |
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