| Joseph Marie, baron de Gérando est un philosophe né à Lyon en 1772, mort en 1842, fut élevé par les Oratoriens et destiné à l'Eglise, prit part en 1793 à la défense de Lyon contre les troupes de la Convention, ce qui le contraignit à s'exiler; rentra en 1796, s'enrôla et assista à la bataille de Zurich (1799). Cultivant la philosophie au milieu des camps, il fut à la même époque couronné par l'institut pour un remarquable mémoire sur l'influence du langage (Des Signes et de l'Art de penser dans leurs rapports mutuels, 1800), et par l'Académie de Berlin pour un mémoire sur la Génération des connaissances humaines (Berlin, 1802), mémoire qui devint plus tard l'histoire comparée des systèmes de philosophie. Attaché par Lucien Bonaparte au ministère de l'intérieur, il fut nommé en 1804 secrétaire général de ce ministère, accompagna en 1805 Napoléon en Italie, et introduisit l'administration française en Toscane (1808), dans les États romains (1809), puis en Catalogne (1812). Membre du conseil d'État dès 1811, il en fut écarté à la Restauration, mais il y rentra bientôt. Il fut appelé en 1819 à la chaire de droit administratif nouvellement créée, et élevé à la pairie en 1837. Il était de l'Académie des sciences morales depuis 1804. Zélé philanthrope, De Gérando fut un des fondateurs de la Société de la morale chrétienne, de la Société pour l'instruction élémentaire, de la Société d'encouragement pour l'industrie, des salles d'asile; il créa lui-même à Paris en 1839 un ouvroir qui porta son nom. Outre les mémoires déjà cités, on a de lui : Histoire comparée des systèmes de philosophie, publiée d'abord en 1804, en 3 vol, in-8; refondue dans une 2e édition, dont les 4 premiers vol. parurent en 1822 et années suivantes, et dont les 4 derniers n'ont paru qu'en 1847, d'après ses manuscrits; Du perfectionnement moral, 1824, 2 vol in-8; De l'éducation des sourds-muets, 1827; Cours normal des instituteurs primaires, 1832; Institutes de droit administratif, 1829 et 1845, 4 vol. in-8. On lui doit aussi le Visiteur du pauvre (1820); De la bienfaisance publique (1839). Il a laissé en manuscrit des traités Des Méthodes et De l'Existence de Dieu, et un Examen de Condillac, de Descartes, de Malebranche, de Locke. D'abord disciple pur de Condillac, De Gérando se garantit bientôt de l'exagération de cette école, et donna un des premiers l'exemple d'un éclectisme impartial : son Histoire comparée des systèmes est longtemps resté la meilleure histoire de la philosophie qui ait paru en France. Son style, correct et même orné, est un peu diffus. Un de ses fils, Jean de Gérando, qui fut procureur général, a lui-même publié plusieurs écrits philanthropiques et religieux : Tableau des Sociétés religieuses et charitables de Londres, 1824; Divines prières et méditations, 1839; le Démocrate chrétien, 1848. | |