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Gasparin

Gasparin (Adrien Étienne Pierre, comte de), agronome et homme politique français, né à Orange le 29 juin 1783, mort à Orange le 7 septembre 1862. Obligé de quitter le service militaire par suite d'une blessure reçue à la bataille d'Eylau (1807), il s'attacha pendant de longues années à des études agronomiques et économiques où il porta un esprit d'initiative. et une rigueur scientifique qui étaient plutôt rares en France à cette époque. Après la révolution de Juillet, il fut envoyé par les électeurs de Carpentras à la Chambre des députés (6 novembre 1830), devint préfet de la Loire, de l'Isère, puis (novembre 1834) du Rhône. Il fut nommé pair de France le 19 avril 1834, un an plus tard sous-secrétaire d'État au ministère de l'intérieur (4 avril 1835), enfin ministre de l'intérieur dans le cabinet Molé (6 septembre 1836); il dut résigner son portefeuille le 15 mai 1837 et ne le reprit que pour un instant dans le cabinet transitoire du 31 mars 1839. II poursuivit alors avec succès ses études personnelles, fut admis à l'Académie des sciences le 29 juin 1840 et, après la révolution de 1848, accepta (1851) la direction de l'Institut national agronomique de Versailles, qui fut supprimé le 29 septembre 1852. Il a écrit de nombreux ouvrages d'agronomie et d'économie rurale. (A. Deridour).
Gasparin (Auguste de), agronome et homme politique français, frère du précédent, né à Orange le 8 décembre  1787, mort à Orange, le 2 novembre 1857. Maire de sa ville natale sous la Restauration, il siégea plus tard au Palais-Bourbon comme député de la Drôme, et dans les rangs du parti conservateur, de 1837 à 1842. On lui doit les ouvrages suivants : Considérations sur les machines (Lyon, 1834, in-8); Plan incliné, comme grande machine agricole (Paris, 1835 in-8); etc. (A. D.).
Gasparin (Agénor, comte de), né à Orange le 12 juillet 1810, mort au Rivage (Genève) le 14 mai 1871. D'abord chef de cabinet (1836) de son père, le comte Adrien, qui était ministre de l'intérieur , il fut nommé maître requêtes au conseil d'État en 1837. En 1842, Bastia (sa famille était corse d'origine) l'envoya à la Chambre des députés, ou il mit son ardente éloquence au service de toutes les causes généreuses. Il n'en fut pas pour autant réélu en 1846. En septembre 1847, il alla voyager en Orient. Du Caire, il protesta contre la révolution de Février. Dès lors, il ne s'occupa plus de politique; il mit toute l'énergie intense de son caractère au service du protestantisme. Il avait publié dès 1843 les Intérêts généraux du protestantisme français (Paris, in-8); peu après, il avait arboré la bannière de l'indépendance ecclésiastique, dans Christianisme et Paganisme (Genève, 1846, 2 vol. in-8). II mit en pratique la doctrine de la séparation de l'Église d'avec l'État, en août 1848, quand il soutint au synode réformé de France la nécessité d'une foi définie, et contribua ensuite à fonder l'union des Églises évangéliques de France séparées de l'État. 

Sa manière de ramener tout aux principes le rendait singulièrement absolu, rigide et intransigeant (les Écoles du doute et l'École de la foi; Genève, 1854, in-8 ; 3e éd., Paris, 1874, in-18). Parmi les autres questions qui l'occupèrent et où il se fit écouter, il faut mentionner surtout l'abolition de l'esclavage (Esclavage et Traite; Paris, 1838, in-8; Un Grand Peuple qui se relève; Paris, 1861 et six éd. successives; l'Amérique devant l'Europe; Paris, 1862) et le développement d'une saine vie de famille (la Famille; Paris, 1865, 2 vol.; la Liberté morale; Paris, 1863, 2 vol.; la Conscience; Paris, 1872; l'Ennemi de la famille; Paris, 1874). 

Ses succès comme conférencier à Genève (il s'était fixé sur les bords du Léman en 1849) furent extraordinaires; sa générosité était proverbiale. Les émotions et les fatigues de la guerre franco-allemande hâtèrent sa fin. Il avait tenté inutilement de soulever l'opinion publique en France contre la guerre (la Déclaration de guerre; Paris, 1870); puis, tout aussi vainement, de calmer les esprits (la République neutre d'Alsace; Genève, 1870; Appel au patriotisme et au bon sens; Genève, 1871); après cela il s'efforça de travailler au relèvement de son pays, dans la France (Paris, 1872, 2 vol.). (F.-H. K.).

Gasparin (Paul Joseph de), agronome, frère du précédent, né à Orange le 12 février 1842, mort à Tarascon (Bouches-du-Rhône) le 9 mai 1893. A sa sortie de l'École polytechnique, il entra dans le corps des ponts et chaussées et fut promu assez rapidement ingénieur en chef. En 1852, il résigna ses fonctions et se consacra dès lors exclusivement à l'exploitation de ses grands domaines d'Orange, de Pomeyrol (commune de Tarascon) et du Bordelet (com. de Saint-Just, dans l'Ardèche). il devint bientôt l'un des agronomes les plus reconnus et fut élu en 1881 correspondant de l'Académie des sciences de Paris. De 1846 à 1848, il avait représenté le département des Bouches-du-Rhône à la Chambre des députés, où il siégea parmi les conservateurs, et il avait été maire d'Orange de 1878 à 1881.

Ses travaux ont plus particulièrement porté sur la constitution chimique des terres arables et leur amendement. Outre une vingtaine de mémoires insérés dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences (années 1869-73, 1881 et suiv.) et quelques brochures d'économie politique, il a publié: Traité de la détermination des terres arables dans le laboratoire (Paris, 1872, in-8; 3e édit., 1876). (L. S.).

Gasparin (Catherine Valérie Boissier, comtesse de), née à Genève le 15 septembre 1843. Élevée au sein d'une riche famille patricienne, elle épousa, en mars 1837, le comte Agénor de Gasparin. Sa carrière littéraire fut aussi féconde que celle de son mari. Dès l'âge de vingt ans, elle publia, sous le pseudonyme d'Ant. Goru, trois Nouvelles (1833; 2e éd., 1845). Plus tard, elle traita des questions de morale, dans le Mariage au point de vue chrétien (1842, 3 vol.; trois éd.) qui obtint la médaille d'or de l'Académie française; elle s'attaqua à la prostitution légale dans la Lèpre sociale (1870); à l'ivrognerie, dans Sept Hommes (1871). 

Le ressort de sa morale est un christianisme enthousiaste et conquérant. On le sent vibrer dans les Horizons prochains (1838, huit éd.); les Horizons célestes (1859, neuf éd.); les Tristesses humaines (1863. cinq éd.). Plusieurs de ces volumes ont été traduits en anglais, en allemand et en italien. Catherine de Gasparin a souvent abordé les questions du jour, soit dans des brochures toujours pleines de verve, soit dans des articles adressés à l'Illustration ou aux Archives du christianisme. Elle a décrit avec entrain de nombreux voyages faits avec son mari (Voyage au Levant, 1848, 3 vol.; quatre éd.; la Bande du Jura, 1865-1866,4 vol.; A Constantinople, 1867; A Travers les Espagnes, 1868). Enfin elle a transcrit en français un grand nombre de volumes américains et anglais. (F.-H. K.).

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Dictionnaire biographique
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