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Ganymède
(Jupiter III) est l'un des quatre satellites galiléens
de Jupiter.
C'est, avec un diamètre de 5262 km (supérieur à celui
de Mercure), la plus grosse lune du Système
solaire. Ganymède circule sur une orbite dont le rayon moyen
est de 1,07 million de kilomètres. Sa période de rotation
est égale à sa période de révolution, ce qui
signifie que Ganymède montre toujours la même
face à Jupiter. La température à la surface de Ganymède
varie d'environ -160°C dans les régions sans soleil à
environ -130°C près de l'équateur pendant la journée.
Ganymède
a été observé pour la première fois par Galilée
en janvier 1610, en même temps que trois autres lunes galiléennes
de Jupiter : Io, Europa et Callisto. Elle doit son nom au personnage mythologique
Ganymède, prince troyen emmené sur le mont Olympe par Zeus
pour lui servir d'échanson. Les sondes Pioneer 10 (1973) et
Pioneer 11 (1974), l'ont approché, puis les sondes Voyager 1 et
2 (1979), Galileo (1995) et Juno (2019). La future mission JUICE (Jupiter
Icy Moons Explorer) de l'Agence spatiale européenne a été
lancée le 14 avril 2023, et devrait atteindre le système
jovien en 2031, se mettre en orbite autour de Ganymède l'année
suivante, pour ensuite s'y écraser, quand elle aura épuisé
son carburant.
Ganymède est
le seul satellite du Système solaire à avoir son propre champ
magnétique (celui-ci est environ dix fois plus faible que celui
de la Terre). L'atmosphère de Ganymède
est excessivement ténue et se compose essentiellement d'oxygène.
On pense qu'elle est générée par la sublimation de
la glace d'eau à la surface.
L'intérieur
de Ganymède.
La structure interne
de Ganymède est hypothétique. On pense toutefois que sa structure
interne est différenciée, ce qui signifie qu'il possède
des couches distinctes de compositions et de densités différentes.
Un modèle sommaire peut déjà en être élaboré
à partir de quelques observations. Ainsi la densité de l'objet
est faible et laisse supposer qu'il est composé à parts à
peu près égales de roches et d'eau. Les roches et les éléments
lourds dans des couches profondes, l'eau, sous forme
de glace et peut-être aussi à l'état liquide, dans
les couches supérieures.
Un modèle
à quatre couches principales de l'intérieur de Ganymède
pourrait alors intégrer les éléments suivants
: un noyau métallique, un manteau rocheux, une couche d'eau liquide
et une couche superficielle de glace.
• Le
noyau métallique. - Composé de fer
et de nickel ou de fer et de soufre, le noyau
de Ganymède aurait entre 500 et 800 km de rayon. Solide en son centre,
il pourrait être liquide en périphérie et expliquer
ainsi le champ magnétique de Ganymède.
• Le manteau rocheux.
- On pourrait attribuer au manteau rocheux, composé de silicates
et d'autres minéraux, une épaisseur se situant entre 500
et 1000 kilomètres. Soumis à des conditions de pression et
de température élevées, ce manteau pourrait être
partiellement fondu, et contribuer lui aussi à la génération
du champ magnétique.
• L'océan
liquide. - La présence d'une couche d'eau à l'état
liquide enveloppant entièrement le manteau rocheux de Ganymède
est sans doute l'élément le plus spéculatif du modèle,
mais aussi le plus stimulant. Cet océan souterrain, salé,
serait maintenu à l'état liquide par la chaleur générée
par les forces de marée engendrées
par les interactions gravitationnelles de Ganymède et de Jupiter.
S'il existe bien, l'océan souterrain de Ganymède doit contenir
plus d'eau que tous les océans de la Terre
réunis.
• La couche de
glace. - Au-dessus de la couche d'eau liquide (ou, à défaut,
au-dessus du manteau rocheux) se trouve une couche de glace d'eau, dont
la surface est directement accessible à l'observation, et
qui doit avoir plusieurs kilomètres d'épaisseur, peut-être
une centaine. Cette couche de glace peut être composée d'une
combinaison d'eau, de dioxyde de carbone et d'autres
composés volatils. Elle pourrait être séparée
elle-même en deux régions différentes :
+ une couche
supérieure de glace d'eau relativement pure;
+ une couche inférieure
de glace pouvant contenir des sels ou d'autres impuretés.
Cette glace n'est pas
complètement solide : elle s'écoule lentement, se déforme.
Ce qui peut alors expliquer le réseau de rainures observable à
la surface de Ganymède.-
Cratères
et sillons à la surface de Ganymède.
La
surface de Ganymède.
Cette surface présente des cratères
d'impact, des terrains rainurés et des régions sombres. Les
terrains rainurés correspondent à de longs sillons et bandes
claires qui pourraient être les traces de grands épanchements
passés. On suppose que ces derniers sont dus à la remontée
d'eau par des fissures que des impacts avec de gros météorites
auraient occasionné sur la surface de glace relativement fine du
corps, ou aux effets des tensions engendrées par les forces agissant
dans les régions profondes.
• Les
cratères : Un grand nombre de cratères
d'impact criblent la surface de Ganymède. Leur taille varie de celle
de petits cratères simples à celle de grands bassins à
anneaux multiples. Certains cratères de Ganymède ont un fond
sombre et des rayons brillants qui s'étendent vers l'extérieur,
ce qui indique qu'ils sont relativement jeunes. Certains des plus grands
bassins, comme celui de Galileo Regio, d'un diamètre de 4800
km, ont probablement été formés par des impacts suffisamment
puissants pour faire fondre la croûte glacée et créer
des perturbations à grande échelle à l'intérieur
de de Ganymède.
• Terrains rainurés
: Ganymède présente également un riche système
de rainures et de crêtes qui se seraient formées à
la suite d'une activité tectonique. On pense que ces formation géologiques
pourraient être liées à l'océan souterrain.
L'océan pourrait interagir avec la coquille glacée, la fissurant
et la déplaçant, ce qui produirait les éléments
tectoniques observées à la surface.
• Terrains sombres.
- Outre les cratères d'impact et les sillons, Ganymède présente
un certain nombre de régions sombres (d'ailleurs fortement cratérisées),
qui seraient constituées d'un mélange de glace et de composés
organiques sombres. La nature exacte de ces composés n'est pas encore
connue, mais il est possible qu'ils se soient formés de molécules
organiques issues de matériaux riches en matières volatiles
éjéctés par des éruptions depuis de l'intérieur
de Ganymède et décomposées sous l'effet du bombardement
de particules impulsé par le champ magnétique intense de
Jupiter.
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En
bibliothèque. - David
A. Rothery, Ganymede: A New Understanding
of the Most Intriguing Moon, John
Wiley & Sons, 2015. - Patrice
Beauchamp, Alyssa Rosemartin,The Surface
of Ganymede, Annual Review of Earth and
Planetary Sciences, vol. 46, 2018.
- Steve Vance, Mark P. Panning,Ganymede's
Subsurface Oceans and Their Interaction with the Surface,
Space
Science Reviews, vol. 214, no. 1, 2018.
Krishan
Khurana, Chris Russell, et Margaret Kivelson,
Ganymede's
internal magnetic field and its coupling to the plasma environment,
Journal
of Geophysical Research: Space Physics, vol. 123, no. 4, 2018.
- Xin Ren, Roger J. Phillips et Paul M. Schenk,
Global
tectonic patterns of Ganymede as revealed by stereo-derived digital elevation
models, Icarus, vol. 307, 2018.
- Akio Makishima, Shogo Tachibana,
Ganymede:
Origin and Evolution, Geochemical
Journal, vol. 51, no. 5, 2017.
Joachim
Saur, Krishan Khurana, Ganymede's atmosphere
and its interactions with the plasma environment, Journal
of Geophysical Research: Space Physics, vol. 119, no. 6, 2014.
- Robert T. Pappalardo, William B. McKinnon,
et Krishan Khurana, Ganymede: Geology,
Geophysics, and Interior, Cambridge
University Press, 2014. |
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