| Gallait (Louis), peintre né à Tournai (Belgique) le 10 mai 1840, mort à Bruxelles le 20 novembre 1887. Il se forma dans l'Académie de sa ville natale, sous la direction de Hennequin, l'un des bons élèves de David. Dès 1831, il obtint la première médaille avec un tableau dans le style classique : Rendez à César ce qui est à César. Son Christ guérissant les aveugles, exposé à Bruxelles en 1833 et acheté aussitôt pour la cathédrale de Tournai, le fit connaître du grand public. Enfin, la ville de Tournai fournit au jeune peintre les moyens d'aller travailler en France. Il en revint tout imbu des leçons de Paul Delaroche; dès lors était trouvée la voie qu'il n'allait pas cesser de suivre. A côté des deux écoles classique et romantique, représentées alors en Belgique par François Navet et Gustave Wappers, suivis chacun d'une lignée d'artistes distingués, Gallait créa une école de peinture historique, qui s'attacha surtout à la vérité de la couleur locale et à l'intérêt dramatique des scènes. Dès 1834, il avait envoyé de Paris un épisode de l'histoire des Pays-Bas : le duc d'Albe et les Musiciens. Il peignit ensuite : la Visite de Montaigne au Tasse dans sa prison (1836), pour le roi des Belges; la Mort du maréchal de Biron (1835); la Bataille du mont Cassel (1837); la Conquête d'Antioche par Godefroy de Bouillon (1840) pour le musée de Versailles. Enfin, il donna son premier chef-d'oeuvre à l'exposition de Bruxelles en 1841. C'est l'Abdication de Charles-Quint, aujourd'hui conservée au musée de Bruxelles et dont il existe une réplique au musée Staedel, de Francfort. Ce tableau obtint un succès presque sans exemple. Le peintre fut aussitôt décoré de l'ordre de Léopold et de la Légion d'honneur; la ville de Bruxelles frappa une médaille en son honneur; enfin, le tableau lui-même, promené d'abord en Allemagne, puis dans l'Europe entière, reçut partout un accueil triomphal. Cette oeuvre savante et dramatique fut bientôt suivie de deux autres d'égale importance : les Honneurs funèbres rendus aux comtes d'Egmont et de Horn (1854, musée de Tournai) et les Derniers Moments du comte d'Egmont (1858, galerie de Berlin). On peut encore citer parmi les oeuvres postérieures du même genre François Ier dans l'atelier de Léonard de Vinci (1857, galerie de Berlin); Jeanne la Folle (1859, musée de Bruxelles); le Duc d'Albe signant des arrêts de mort (Neue Pinacothek de Munich), et la Peste de Tournai, qui a obtenu, en 1882, un grand succès à l'exposition de Vienne (musée de Bruxelles). Gallait a exécuté quelques tableaux de genre, assez froids et maniérés : le Violon brisé (1850); un Jeune Musicien slave et sa soeur (1854). Il y a peu d'expression et de caractère dans ses portraits, tels que ceux du Ministre Dumortier, du Pape Pie IX (1861), du Cardinal Antonelli (1862). Sa seule oeuvre décorative est le plafond de la salle élevée en 1850 pour la grande fête artistique donnée à Bruxelles. (E. Bertaux). | |