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Antoine Furetière,
né à Paris en 1620, mort en 1688, s'attacha
d'abord à l'étude du droit et fut pendant quelques années procureur
fiscal de Saint-Germain-des-Prés ;
il reçut ensuite les ordres et fut nommé abbé de Chalivoy. Il avait
été admis en 1662 à l'Académie française;
mais cette compagnie l'exclut de son sein 23 ans après, l'accusant d'avoir
profité du travail commun pour composer le dictionnaire
qui porte son nom. Il se vengea en écrivant contre l'Académie des factums
et des libelles en vers et en prose, et lui intenta même un procès.
Il n'a paru du vivant de Furetière qu'un
spécimen de son dictionnaire, sous le titre d'Essai d'un Dictionnaire
universel, 1684; ce n'est qu'en 1690 qu'il fut publié en entier.
La première édition parut à Rotterdam; la dernière a été publiée
par Brutel de La Rivière et Basnege de Beauval, Amsterdam, 1725, 4 vol.
in-fol. Réimprimé plus tard à Trévoux, le Dictionnaire de Furetière
cessa de porter son nom, et ne fut plus désigné que sous le titre de
Dictionnaire de Trévoux. Furetière est encore auteur du Roman
bourgeois, 1666 (réimprimé, en 1855 par Ed. Fournier et C. Asselineau);
de Fables et de quelques autres écrits en prose et en vers. Il
avait été avant son procès lié avec Boileau,
Racine et La Fontaine
il eut quelque part à la parodie de Chapelain
décoiffé (qui se trouve dans les Oeuvres du satirique) et
à la comédie des Plaideurs de Racine.
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Alain
Rey, Antoine Furetière, un pércurseur des Lumières, sous
Louis XIV, Fayard, 2006. - Homme de Loi par
intérêt, homme d'Eglise par conviction, mais aussi pour vivre mieux,
amoureux cynique, écrivain par plaisir, Antoine Furetière est l'un des
premiers, en France, Ã avoir voulu faire
de la littérature une profession. Son ambition le conduisit à l'" immortalité
" académique; sa passion des mots le mena au scandale et, par son exclusion,
au retour douloureux vers le sort des mortels. Mais les beautés curieuses
de son dictionnaire lui valurent post
mortem une immortalité plus réelle. Poète satirique et burlesque oublié,
créateur négligé de l'Antiroman, il fut le premier encyclopédiste de
la langue française, préparant l'esprit des Lumières et le regard critique
de Pierre Bayle, qui sut reconnaître sa valeur. |
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