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François Xavier
(saint), a été surnommé l'Apôtre des Indes, né au château
de Xavier, près de Pampelune, le 7 avril
1506 (ou 1497?), mort à Sancian (baie de Canton, Chine)
le 2 décembre 1552. La légende s'est très tôt emparée de ce saint,
canonisé dès 1623 par Grégoire XV et proclamé protecteur des Indes
par Benoît XIV. On doit donc s'en tenir aux lettres de François-Xavier
pour retracer sa vie; la meilleure édition de ces documents est toujours
celle de R[oeh) M[anchiaca] (Bologne, 1795, in-8); mais elle ne donne que
la traduction latine.
En 1534, François était à Paris;
il enseignait la philosophie aristotélicienne, comme maître ès arts.
Ignace de Loyola l'attira, et il fut parmi
les sept qui jurèrent à Montmartre, le
15 août 1534, de se dévouer entièrement aux intérêts de l'Église
et du Saint-siège ( les Jésuites).
En 1537, il rejoignit Ignace à Venise, alla
avec lui à Rome, puis il passa trois ans à essayer de réveiller la religion
catholique à l'université de Bologne. Le roi Jean III de Portugal demandait
alors au pape des missionnaires pour les Indes orientales; François fut
désigné pour remplacer deux frères qui étaient tombés malades au moment
de partir et quitta Rome le 16 mars 1540. Le
7 avril 1541, il s'embarqua à Lisbonne
avec le vice-roi Alfonso de Sousa, muni de brefs du pape qui le nommaient
nonce apostolique du Nouveau-Monde avec les pouvoirs les plus étendus;
le roi du Portugal se chargeait de
tous les frais que nécessiterait la mission de François.
A partir de l'arrivée à Goa (6 mai 1542),
la vie de François-Xavier se divise en quatre missions. Durant la première
(octobre 1542 - décembre 1544), il s'occupe d'abord de l'instruction des
parava ou pêcheurs du cap Comorin; ces gens s'étaient laissé
baptiser par milliers en 1538 pour obtenir la protection des Portugais
contre les musulmans; puis il s'adresse au radjah de Travancor et baptise
en un mois 10,000 autres pêcheurs (le chiffre a tout l'air d'être une
glose), mais il baptisait surtout des enfants partout où il en rencontrait;
il appelle cela facere christianos (faire des chrétiens). Voilà ce que
disent ses lettres annuelles et officielles.
Dans sa correspondance privée, on trouve
l'écho d'un profond découragement. Les Portugais sont la lie (foeces)
de l'humanité; vu l'exemple qu'ils donnent aux naturels, il faut désespérer
de christianiser ceux-ci; il soupire après de nouveaux horizons « où
l'Europe ne renversera pas ce que nous élevons
»; en Inde, ajoute-t-il, l'Inquisition seule
peut faire régner quelque ordre. Pendant ces deux années, François-Xavier
n'avait pas appris un mot de tamil. Sa deuxième mission (octobre 1545
- janvier 1548) le conduisit, loin de l'Inde dont il était fatigué, par
Malacca à Amboine
et aux Moluques .
En moyenne, il passait trois mois au même endroit; c'était plutôt une
exploration qu'il faisait. Au retour il écrit une longue lettre (20 janvier
1548; éd. de Bologne, liv. II, n° 18) au roi Jean
III; on peut la résumer en ces mots qui s'y trouvent textuellement
:
« Tant
que les vice-rois et les gouverneurs ne seront pas obligés sous peine
de disgrà ce et d'amende de faire beaucoup de chrétiens, il ne faut pas
que Votre Majesté espère que la prédication de l'Évangile ait beaucoup
de succès en Inde. »
Un an plus tard, il écrit à Ignace
de Loyola :
« J'ai
appris qu'au Japon les habitants n'ont pas eu encore de contact avec les
mahométans et les juifs [...] j'ai donc décidé d'y aller. »
C'est l'origine de la troisième mission (avril
1549 - janvier 1552). Accompagné d'un jeune Japonais, Andjiro, qu'il avait
fait instruire à Goa et emportant plus de 1000 doublons d'or que Jean
III lui avait fait tenir, il visita Kagoshima (en île Kyushu, Firando
(Hirado) et Miaco (Kyoto). Comme résultat, il ne fit guère que montrer
le chemin du Japon, connu depuis 1542, Ã
d'autres missionnaires. Il se sentit de plus en plus appelé à être un
pionnier. Il avait constaté, au Japon, le crédit que l'on y accordait
à la Chine : la Chine christianisée, se dit-il, convertirait le Japon,
et il partit de Goa pour sa quatrième mission, en avril 1552. Il avait
pensé aller auprès de l'empereur de Chine comme représentant du roi
de Portugal, mais le gouverneur de Malacca arrêta le bateau et l'entreprise.
François-Xavier l'excommunia et partit sur un simple navire marchand.
Sur l'îlot de Sancian, où se faisait
alors le marché entre Européens et Chinois, François eut un accès de
fièvre dont il mourut trois semaines après. Le corps de François-Xavier
fut ramené à Goa en 1551 et devint immédiatement l'objet de la vénération
des fidèles. François-Xavier est le grand initiateur des missions jésuites
: elles déployèrent le même zèle et employèrent les mêmes méthodes.
(P.-Herm. Krüger). |
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