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François Ier d'Autriche (François II d'Allemagne)

Joseph-Charles François Ier est un empereur d'Autriche, né à Florence le 14 février 1768, et mort à Vienne le 2 mars 1835. Fils du frère de Marie-Antoinette, Léopold II, qui régnait en Toscane, il fut envoyé de bonne heure à Vienne, où son oncle Joseph II ne parvint pas à lui communiquer son goût des innovations. Coeur froid, esprit borné, caractère indécis et timide, il montra dans sa jeunesse, comme dans son âge mûr, une aversion profonde pour tout ce qui s'écartait des traditions et des institutions anciennes. Il fit, en 1788, une campagne contre les Turcs, mais ne manifesta aucun goût pour l'art militaire. Marié la même année avec une princesse de Wurttemberg, il devint veuf en janvier 1790 et épousa peu de temps après, en secondes noces, sa cousine Marie-Thérèse des Deux-Siciles, dont il devait avoir treize enfants. Son père étant devenu empereur (1790), il prit part avec lui à la célèbre entrevue de Pilnitz (25 août 1791), lui succéda dans les Etats héréditaires de la maison d'Autriche le 1er mars 1792 et fut élu empereur d'Allemagne sous le nom de François II le 7 juin suivant. 
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L'empereur d'Allemagne François II.
François Ier d'Autriche (François II d'Allemagne) (1768-1835).
Tableau de F. von Amerling (1832, détail).

Presque aussitôt, il commençait sa longue croisade contre la Révolution française, voyait ses troupes battues à Jemmapes (6 novembre) et la Belgique conquise, mais reprenait l'avantage pendant la campagne de 1793 (Les guerres de la Révolution). La prodigieuse impulsion que la Convention sut donner à la défense nationale de la France et les dissentiments qui s'élevaient entre les puissances coalisées (surtout entre la Prusse et l'Autriche) ne tardèrent pas à lui faire perdre tout le terrain qu'il avait regagné. Dès la fin de 1793, l'Alsace était dégagée. Après Fleurus (26 juin 1794) la Belgique fut occupée de nouveau par les Français. La Prusse fit sa paix séparée à Bâle (1er avril 1795). L'Autriche, dont l'attention était, du reste, détournée à cette époque par le troisième démembrement de la Pologne, ne poursuivit la guerre que faiblement du côté du Rhin. Bientôt elle fut, à son tour, attaquée en Allemagne par Jourdan et Moreau, qu'elle força à reculer (1796), en Italie par Bonaparte qui, après une série de victoires sans précédent (1796-1797), arriva vainqueur jusqu'à peu de distance de Vienne et, au moment où Hoche commençait à le seconder du côté du Main, dicta à la cour de Vienne les préliminaires de Leoben (10 avril 1797), bientôt suivis du traité de Campo-Formio (17 octobre). 

Quoique ce pacte, qui donnait à l'Autriche, en échange de la Belgique et du Milanais, la Vénétie, l'Istrie, la Dalmatie et les îles illyriennes, fût pour elle honorable et même avantageux, François Il n'attendit guère plus d'une année pour former contre la France une seconde coalition. Ses armées eurent d'abord de grands succès (1799) en Allemagne et surtout en Italie d'où, unies aux troupes russes, elles expulsèrent presque complètement les Français. Mais la mésintelligence qui se produisit entre les cours de Vienne et de Saint-Pétersbourg au sujet du Piémont ayant mis un grand désarroi dans leurs opérations, Masséna put arrêter à Zurich (septembre 1799) la fortune de la ligue. Peu après, Bonaparte devenait premier consul. L'Autriche n'éprouva plus que des désastres. Marengo (14 juin 1800) et Hohenlinden la réduisirent au traité de Lunéville, qui lui faisait perdre la Toscane (9 février 1801). Le gouvernement français, en présidant aux remaniements territoriaux qui eurent lieu en Allemagne de 1802 à 1803, anéantit de fait l'autorité impériale. 

Quand Napoléon se fut mis sur la tête une couronne, François Il, dont l'esprit étroit attachait aux titres une importance extraordinaire, se donna celui d'empereur héréditaire d'Autriche (11 août 1804) et, en cette qualité, se fit appeler François ler. Peu découragé par ses premiers malheurs, on le vit en 1805 s'unir à l'Angleterre et à la Russie et tenter de nouveau le sort des armes contre la France. Mais le concours de la Prusse, sur lequel il avait compté, lui fit défaut. Les désastres d'Ulm (octobre) et d'Austerlitz (2 décembre) le contraignirent à signer la paix de Presbourg (auj. Bratislava, en Slovaquie) (26 décembre 1805), par laquelle il cédait la Vénétie, une partie des provinces illyriennes, le Tyrol, les possessions autrichiennes de Souabe, etc. Il voyait ensuite, sans pouvoir l'empêcher, Napoléon créer de toutes parts de nouveaux Etats feudataires de l'Empire français et, après l'organisation de la Confédération du Rhin (juillet 1806), il reconnaissait piteusement la dissolution de l'ancien Empire germanique (6 août). Un peu plus tard, Napoléon étant en guerre avec la Prusse, il n'eut pas le bon esprit de profiter de cette conjoncture pour prendre une revanche qui lui eût été facile. Il se contenta offrir une médiation qui fut refusée (avril 1807) et laissa s'accomplir le traité de Tilsit

Mais peu après, effrayé par l'alliance franco-russe, encouragé par les difficultés que Napoléon rencontrait en Espagne (1808-1809), il osa reprendre les armes (27 mars 1809). Mal lui en prit; la Prusse, à son tour, le laissa dans l'embarras. Après Abensberg et Eckmülh, l'archiduc Charles, frère de François, put bien balancer à Essling (21-22 mai) la fortune du conquérant, mais les journées de Raab (14 juin) et de Wagram (6 juillet) mirent aux pieds de ce dernier la monarchie autrichienne, qui dut une fois de plus s'humilier en demandant la paix (paix de Schoenbrunn). Le traité de Vienne (14 octobre 1809) la diminua encore de la Galicie et de vastes territoires du côté de l'lllyrie. Enfin sur les conseils de l'astucieux Metternich, qui était depuis peu son premier ministre, François Ier s'abaissa jusqu'à donner en mariage à son vainqueur sa fille Marie-Louise (2 avril 1810).

L'Autriche semblait n'être plus que l'humble vassale de la France. En mai 1812, Napoléon, partant pour la Russie, reçut à Dresde les hommages d'une foule de souverains, parmi lesquels son beau-père ne fut pas le moins empressé. Il exigea de la cour de Vienne un corps de 30,000 hommes qui, sous Schwartzenberg, forma l'extrême droite de son armée. Mais François Ier et son chancelier n'en avaient pas moins au coeur le désir de la revanche et la préparaient avec persévérance. Pendant la campagne de Russie, Schwartzenberg se tint constamment dans une inaction significative. Après la désastreuse retraite de Moscou, l'empereur d'Autriche déclara qu'il rentrait dans la neutralité (mars 1813); puis, ayant réuni 200,000 hommes en Bohème, il prit l'attitude de la médiation armée, s'unit à la coalition après les illusoires conférences de Prague (août), et en prit même la direction militaire par le traité de Teplitz, qui donnait à Schwartzenberg le commandement en chef des forces alliées (9 septembre). Le résultat de cette entente, ce fut Leipzig, ce fut l'invasion de la France, ce fut le traité de Chaumont (1er mars 1814). Ce fut enfin le renversement de l'Empire français, auquel François Ier contribua froidement, sans égards pour sa fille ni pour son petit-fils. 

Ce souverain passa deux mois à Paris (avril-juin 1814) qu'il visita en détail, signa le traité du 3 mai, qui réduisait la France à ses limites du 1er janvier 1792, et retourna bientôt dans ses Etats où il tint le congrès de Viennee (septembre 1814-juin 1815) qui, comme on sait, reconstitua l'Europe entière sur de nouvelles bases. Un conflit aigu qui s'y produisit entre la Prusse et l'Autriche l'amena, le 3 janvier 1815, à conclure avec les cabinets de Londres et de Paris, contre ceux de Berlin et de Saint-Pétersbourg, un traité secret qui demeura sans effet. Le retour de Napoléon en France (mars 1815) troubla profondément les travaux du congrès. L'Autriche dut mettre sur pied des forces considérables, qu'elle employa d'abord à détrôner Murat et à rétablir les Bourbons à Naples (mai 1815). L'acte final de Vienne (9 juin) lui rendit à peu près tout ce qu'elle avait perdu pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire et mit l'Italie entière, directement ou indirectement, à sa discrétion. Après Waterloo, François Ier concourut encore avec ses alliés à imposer à la France les onéreux et humiliants traités du 20 novembre 1815. Napoléon était à Sainte-Hélène, Marie-Louise était à Parme. Il put enfin respirer et goûter un peu de repos.

Essentiellement conservateur, il n'eut plus dès lors qu'un seul but : gouverner paternellement, c.-à-d. sans contrôle, ses vastes Etats, en les préservant avec soin des principes de la Révolution. Admirablement secondé par Metternich, prévenant toute entente entre ses peuples, surveillant avec un soin jaloux la presse et l'enseignement, arrêtant toute initiative locale ou individuelle, il fit de la monarchie autrichienne une vaste machine bureaucratique, qui fonctionnait avec une certaine régularité apparente, mais d'où la pensée était exclue. Au dehors, il représentait aussi, naturellement, le principe d'autorité dans ce qu'il avait de moins conciliant et de plus étroit. 

L'Autriche fut, grâce à lui et à Metternich, l'âme de la Sainte Alliance, que son mystique auteur, Alexandre Ier, n'avait pas imaginée pour être ce qu'elle fut en réalité, un instrument d'oppression. Elle pesa de tout son poids, à partir de 1815, sur l'Allemagne organisée en confédération. Elle la terrorisa par les décisions prises à Karlsbad et à Vienne en 1819 et 1820. Elle se fit charger par les puissances absolutistes, à Troppau (auj. Ostrava en République Tchèque) et à Laybach, du soin de réprimer par les armes les révolutions de Naples et de Turin et replaça facilement sous le joug l'Italie frémissante (mars-avril 1821). Elle concourut aussi indirectement, par sa participation au cour de Vérone (octobre-décembre 1822) aux mesures par lesquelles l'absolutisme fut peu après rétabli en Espagne (1823).

La Sainte Alliance, il est vrai, ne tarda pas à se relâcher, les grandes puissances ayant des intérêts opposés qui finirent par les brouiller. L'Angleterre l'ébranla la première en facilitant aux colonies espagnoles leur émancipation. La Russie, en favorisant manifestement la révolution grecque (1821 et années suivantes), inspira des inquiétudes sérieuses à l'Autriche qui, surtout après la mort du tsar Alexandre (1er décembre 1823), la contrecarra sournoisement - et sans succès, du reste - par ses menées diplomatiques. François Ier et Metternich ne purent empêcher ni la Triple alliance de Londres (6 juillet 1827), ni la bataille de Navarin (20 octobre), ni le traité d'Andrinople (14 septembre 1829) (La Question d'Orient).

La révolution de 1830, qui sembla un moment menacer tous les trônes, rapprocha la cour de Vienne de celle de Saint-Pétersbourg. L'Autriche, de concert avec la Prusse, donna de nouvelles lois répressives et préventives à l'Allemagne (1833-1834). En Italie, elle intervint deux fois (1831-1832) à main armée dans les Etats du pape pour y rétablir l'autorité absolue (ce qui fournit au nouveau gouvernement français un prétexte pour occuper Ancône). Enfin François Ier s'efforça de reconstituer, à München-Graetz (septembre 1833), une Sainte Alliance contre la Monarchie de juillet. Il mourut persuadé, comme Metternich, que cette politique de statu quo, d'immobilité, qu'il aimait tant, était assurée d'un long avenir, et elle ne devait lui survivre que treize années. 

François Ier, qui avait perdu sa seconde femme le 13 avril 1807, avait depuis contracté deux autres mariages qui furent stériles : l'un (le 6 juin 1808) avec Marie-Louise-Béatrice d'Este, princesse de Modène, qui mourut le 7 avril 1816; l'autre (le 29 octobre 1816) avec Caroline-Auguste de Bavière, fille du roi Maximilien. Six de ses enfants lui survécurent : 1° Marie-Louise, impératrice des Français en 1810, duchesse de Parme en 1814 ; 2° Ferdinand-Charles-Joseph-François-Marcellin, empereur d'Autriche en 1835; 3° Marie-Léopoldine, mariée en 1819 à D. Pedro, ensuite empereur du Brésil; 4° Marie-Clémentine, mariée au prince de Salerne; 5° François-Charles, général-major autrichien; 6° Marie-Anne, abbesse du chapitre des dames nobles de Prague. (A. Debidour).

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