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Frans de Vriendt, dit Frans Floris (Franc-Flore) est un peintre flamand, né à Anvers vers 1517, mort à Anvers en 1570. Sous la direction de son père, Cornélis, qui était tailleur d'images, il apprit d'abord la sculpture; puis il partit pour Liège, où il travailla dans l'atelier de Lambert Lombard, cet admirateur fanatique de l'Italie et de l'Antiquité, philologue et numismate autant que peintre. Après s'être assimilé avec une habileté surprenante la manière classique et théâtrale que trahissent les très rares peintures de ce maître et les gravures que Cock a données de quelques autres, Frans Floris fit un voyage en Italie, où il copia des antiques et beaucoup de figures dans les fresques de Michel-Ange. Il s'y lia avec Vasari, qui le comble d'éloges et en fait le Raphaël des Pays-Bas. Sa renommée le suivit à Anvers, où il revint avant 1540, et fut admis aussitôt dans la gilde des peintres. Il ouvrit une école, où il forma plus de 120 élèves, dont les meilleurs furent Martin de Vos et les Francken. Le prince d'Orange, les comtes d'Egmont et de Horn, toute la noblesse des Pays-Bas lui rendait visite. Le luxe de sa table était célèbre, et sa réputation de grand buveur lui attira de toutes les Flandres des défis dont il sortit toujours victorieux. - Athéna et les Muses, par Frans Floris (ca. 1560).. Dans une rue d'Anvers qui prit son nom (Florisstrasse, aujourd'hui par corruption, rue aux Fleurs), il se fit bâtir une maison très riche, sur la façade de laquelle il peignit sept figures allégoriques des arts libéraux. Sa facilité merveilleuse lui permit de suffire jusqu'au bout à ces prodigalités de grand seigneur. Il fut enterré dans l'église des Récollets, où l'on pouvait lire autrefois l'épitaphe flamande de toute la famille Floris. Ses oeuvres les plus curieuses et les plus personnelles sont de grandes scènes violentes et tourmentées, telles que le triptyque du Jugement dernier (1566), au musée de Bruxelles, et surtout la Chute des Anges rebelles (1554), au musée d'Anvers. On y trouve des détails monstrueux et grotesques qui sont bien flamands, à côté d'attitudes compliquées, de raccourcis savants, d'enchevêtrements inextricables, qui trahissent l'imitation directe de Michel-Ange; le dessin est énergique, mais dur, et la couleur assez crue. Dans le Jugement dernier, Floris s'est représenté lui-même surgissant d'un sépulcre dont le Temps lève la pierre. Avec ce que l'on sait de ses débauches, on ne peut s'étonner que Floris, à l'exemple de tant d'Italiens de son temps, ait aimé les sujets licencieux, qu'il choisit indistinctement dans la mythologie gréco-romaine ou la Bible; tels sont : Mars et Vénus surpris par Vulcain (Brunswick et Berlin); Vénus et Cupidon (Brunswick et Berlin); Loth et ses filles (Dresde et Berlin), etc. Les têtes sont insignifiantes, mais les chairs ont parfois un beau coloris. La famille van Berchem, par Frans Floris (1561). Quant aux autres peintures de Floris, et surtout aux tableaux religieux, ce sont en général des oeuvres habiles et froides : Adoration des Bergers (Anvers); les Neuf Muses, le Christ et les Enfants (Rjiksmuseum d'Amsterdam); l'Adoration des Mages, terminée en 1571 par l'élève de F. Floris, Hieronymus Francken (Bruxelles); Caïn et Abel (Copenhague); un Portrait de femme (à la Pinacothèque de Munich); Adam et Eve devant l'Arbre, Adam et Eve chassés du Paradis, une Sainte Famille (Vienne); un Déluge et deux portraits (Madrid). Les tableaux les plus intéressants de cette série sont le Saint Luc peignant la Vierge (Anvers), où l'artiste a donné au saint les traits du peintre Rykaert Aertsz, et s'est peint lui-même broyant les couleurs; un Christ au jardin des Oliviers (Kassel), de très petites dimensions, mais d'une lumière saisissante et d'une noblesse rare chez ce peintre facile et vulgaire. Les frères de Frans Floris se firent tous un nom dans les arts : l'aîné, Cornélis, architecte renommé, construisit à Anvers, entre autres monuments, l'hôtel de ville, qui, terminé en 1560, fut brûlé en 1570, et reconstruit en 1581 dans le même style, mais par un autre architecte, tel qu'on le voit aujourd'hui. Le second, Jakob, fut un des meilleurs peintres verriers de la Flandre (ci-dessous). Enfin, le troisième, Jean, fut si connu comme modeleur que Philippe Il l'appela en Espagne où il mourut. Les deux fils de Frans Floris, Jean-Baptiste et Frans furent également peintres tous les deux. Le premier fut tué fort jeune à Bruxelles, dans une rixe avec des Espagnols; le second travailla à Rome, où il produisit des tableaux de genre et des gravures à l'eau-forte. (E. Bertaux). | ||
Jakob de Vriendt, dit Jakob Floris, frère de Frans Floris (ci-dessus), est un peintre verrier, mort à Anvers en 1581. Les douze vitraux de la cathédrale de Tournai, avec des sujets tirés de l'histoire des rois mérovingiens, lui ont été longtemps attribués, mais doivent être restitués à L. Adrians. Deux verrières de sa main, placées autrefois, l'une au-dessus du portail de Sainte-Gudule à Bruxelles, l'autre (une Adoration des bergers) dans la chapelle dite des Pauvres à Notre-Dame d'Anvers, ont aujourd'hui disparu. On ne sait s'il faut l'identifier avec l'artiste du même nom qui a dessiné des compositions décoratives gravées par Hieronymus Cocks en 1567 et par Liefrinck en 1564. D'après les dates, il est certain qu'il ne faut pas le confondre avec un autre Jakob Floris, qui a peint les vitraux du monastère des carmélites, à Anvers, de 1592 à 1645 : les sujets en sont empruntés à l'histoire du prophète Elie. |
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