| Ferreira (Antonio), poète et auteur dramatique né à Lisbonne en 1528, mort à Lisbonne en 1569. Issu de parents nobles, il fut destiné à la magistrature et fit ses études à l'université de Coimbra où il cultiva avec passion la langue et la littérature grecques sous la direction de l'éminent Diogo de Teives. Reçu docteur en droit, il fut pourvu d'une chaire, à laquelle il renonça bientôt, pour aller exercer à Lisbonne les fonctions de juge à la cour suprême. Protégé par le roi Jean III, estimé des plus grands personnages, il fut enlevé prématurément par la peste et sa mort fut regardée comme une calamité publique. Un des plus illustres représentants de l'humanisme au Portugal, Ferreira s'est formé comme poète sur les modèles de l'antiquité grecque et latine. Ses odes, ses épîtres, d'une grande élégance de langage, le firent surnommer l'Horaceportugais; certaines de ses églogues rappellent la grâce virgilienne; ses épigrammes sont coulées dans le moule hellénique. Par contre, dans ses nombreux sonnets, il montre une inspiration personnelle, tout en étant disciple de Pétrarque au point de vue de la forme. Ses poésies, qui circulaient en manuscrits de son vivant, ne furent publiées que près de trente ans après sa mort, par les soins de son fils (Poemas lusitanos; Lisbonne, 1598, in-4 ; rééd. en 1771, 2 vol. in-8, et en 1829, 2 vol. in-16). Plus grande est son importance comme poète dramatique. Encore étudiant, il composa, pour une fête universitaire, une comédie en prose, en cinq actes De Bristo, imitée des Italiens. Son autre pièce, O Cioso (le Jaloux), également en prose, est la première comédie de caractère qu'on ait vu représenter en Europe à l'époque de la Renaissance. Ces comédies ont été publiées avec celles de Sà de Miranda en 1622. Son oeuvre la plus méritoire est une tragédie avec choeurs, dont le sujet est Inez de Castro. Dérivée directement du théâtre grec, c'est la seconde tragédie qui ait paru dans les littératures modernes, et son influence fut considérable, en raison des grandes beautés qu'elle renferme (trad. en français, avec la pièce précédente, par F. Denis, dans le Théâtre européen, 1835). La meilleure édition ancienne de ses oeuvres est celle donnée par Fernandes Pinheiro (Obras completas; Rio de Janeiro et Paris, 1865, 2 vol. in-48). Ferreira fut aussi un grand caractère et un esprit libéral; il le prouva en plaidant chaleureusement pour la liberté de penser, dans une épître adressée en 1564 au cardinal-infant D. Henrique, régent du royaume, épître motivée par l'institution de la commission de l'Index. (G. Pawlowski). | |
| Ferreira (Sylvestre Pinheiro), diplomate et philosophe né à Lisbonne le 31 décembre 1769, mort à Lisbonne le 1er juillet 1846. Après être entré chez les oratoriens avec l'intention d'embrasser l'état ecclésiastique, il quitta cette congrégation et obtint au concours, en 1793, la suppléance d'une chaire de philosophie à l'Université de Coïmbra. Son attachement aux doctrines de Condillac lui valut des persécutions : il s'exila volontairement (1797), séjourna quelque temps en Angleterre et en Hollande, et devint secrétaire de la légation portugaise à Paris. Envoyé, en 1802, à Berlin comme chargé d'affaires, il fut destitué en 1807, sur la demande de Napoléon Ier, irrité de ce qu'il avait informé le prince régent de ses projets contre la Péninsule ibérique. Il rejoignit alors la famille royale qui s'était réfugiée au Brésil, gagna la bienveillance de Jean VI et fut le premier qui, en 1814, lui conseilla d'établir le gouvernement représentatif dans ses Etats d'Europe et d'Amérique comme le seul moyen d'éviter une séparation qui lui semblait prochaine. A la suite de la révolution de Porto (février 1821), il fut chargé du ministère des affaires étrangères; mais la faiblesse du roi rendit vaines toutes les mesures qu'il proposa ; il suivit son souverain en Portugal (1822) où il conserva son portefeuille jusqu'à l'abolition du régime constitutionnel (avril 1824). Il se retira alors à Paris où il se livra exclusivement à des travaux philosophiques et littéraires. Il ne rentra dans sa patrie qu'après l'expulsion de dom Miguel (1834). Il était membre correspondant de l'Institut de France. Ferreira avait beaucoup écrit en portugais et en français sur des sujets très divers de philosophie, de philologie, de législation ou de droit. En philosophie, il préconisait Locke et Condillac, tout en rejetant leurs conclusions en matière religieuse. Ses idées morales et politiques étaient dominées par un optimisme emprunté à l'école allemande. Il se suppose à l'âge d'or et imagine un système duodécimal d'organisation sociale dans lequel le principe de l'élection est absolu. Il réclame l'élection des magistrats, l'abolition de la peine de mort, la création de colonies pénitentiaires et l'application du système de la nation armée. En économie politique, il ne reconnaît que la propriété du travail; l'Etat seul est maître du sol. Parmi les ouvrages de Ferreira, citons : Synopse do codigo do processo civil conforme as leis e estilos actuaes do fôro portuguez (Paris, 1825, in-8); Essai de pychologie (id., 1826, in-8); Précis d'un cours de droit public interne et externe (id., 1830, in-8); Projectos de ordenasoes para o Reino de Portugal (id., 1831 et 1832, 3 vol. in-8); Observaçoes sobre a carta constitucional do reino de Portugal et a constituição do imperio do Brazil (id., 1831, in-8); Essai sur les rudiments de la langue allemande (id., 1832, in-8); Manual do citadão em uns governo representativo ou principios de direito constitucional, administrativo e das gentes (id., 1834, 2 vol. in-8), ouvrage remanié et agrandi en français sous ce titre Principes du droit public constitutionnel, administratif et des gens, ou Manuel du citoyen dans un gouvernement représentatif (id., 1834, 3 vol. in-8); Noções elementares de ontologia (id., 1834, in-8); Noções elementares de philosophia geral (id., 1839, in-8), remanié en français sous le titre de Précis d'un cours de philosophie élémentaire (id., 1841); Précis d'un cours d'économie politique (id., 1840, in-12), enfin de nombreux articles dans le Panorama. (Th. Ruyssen). | |