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Fechner
(Gustav Theodor), physicien et philosophe né à Cross-Särchen,
près de Niederlausitz, le 19 avril 1801, mort à Leipzig le
18 novembre 1887. Il fit ses premières études à Sarau,
à Dresde, puis à l'université de Leipzig où
il se livra spécialement à des recherches d'histoire
naturelle, et devint, dès 1834, professeur de physique.
Ses premières leçons portèrent sur le galvanisme et
sur les courants électro-chimiques. Une maladie le força
à suspendre ses travaux (1839-43); à partir cette époque,
il se consacra de préférence à des études de
philosophie naturelle et d'anthropologie
sans cesser d'ailleurs d'occuper la chaire de physique de Leipzig où
il enseigna jusqu'à un âge avancé. On aurait tort de
ne voir dans Fechner qu'un physicien et un psychologue.
Il se donnait pour un disciple de Schelling
et développa dans un grand nombre d'ouvrages tout un système
de métaphysique, système bizarre
qui rappelait à plus d'un égard les conceptions
à demi scientifiques, à demi mystiques
des théosophes
de la Renaissance.
Gustav Fechner considérait
le monde comme une hiérarchie d'unités
de conscience réparties en groupes
de plus en plus vastes et compréhensifs. Au sommet de l'échelle
est l'unité consciente de l'esprit-divin
qui relie entre elles toutes les consciences inférieures; au-dessous
viennent les corps célestes
et la Terre
même qui ont une conscience propre dans laquelle s'unissent les consciences
de toutes les créatures qui vivent à leur surface. L'âme
humaine est elle-même composée d'atomes
inétendus et imperceptibles; elle n'est pas d'ailleurs substantiellement
distincte du corps : âme et corps sont deux
aspects irréductibles d'une même réalité,
comme le sont le côté concave et le côté convexe
d'une même circonférence. On peut concevoir, dès lors,
«
une théorie exacte des rapports
entre l'âme et le corps, et, d'une manière générale,
entre le monde physique et le monde psychique ».
Cette théorie,
Gustav Fechner la détacha de bonne heure de la métaphysique,
et il en fit une science spéciale dont
il est l'inventeur original et qui demeure son véritable titre de
gloire, la psychophysique.
Le but de Fechner
est de donner à la science de l'esprit un caractère scientifique,
en y introduisant, comme en physique, le calcul
et la mesure. Dans ce dessein, il s'est attaché
à l'étude du seul problème des rapports de l'excitation
et de la sensation. L'expérience
la plus simple nous apprend que nos sensations ne diffèrent pas
seulement en qualité, mais en intensité,
et que, d'une manière générale, l'intensité
de la sensation croît et décroît avec l'intensité
de l'excitation qui en est la cause. Déjà E.-H. Weber, dans
des articles célèbres du Handwörterb. der Physiol.
(III, 2e partie, pp. 559 et suiv.),
avait établi d'une manière scientifique que la plus petite
différence perceptible entre deux excitations de même nature
est toujours due à une différence réelle qui croît
proportionnellement avec ces excitations mêmes. Mais quelle est la
mesure de ce rapport entre l'excitation et la sensation? Ce rapport n'est
pas simple, car l'expérience montre qu'une même excitation
ne produit pas la même sensation selon qu'elle ébranle seule
l'organisme ou qu'elle s'ajoute à d'autres excitations déjà
fortes; on entend dans le silence de la nuit le tic-tac d'une pendule dont
on ne s'aperçoit pas pendant le jour.
En thèse générale,
on constate que l'intensité de la sensation croît non pas
exactement comme l'intensité de l'excitation qui la provoque, mais
plus lentement qu'elle. Dès lors se pose cette question : De quelle
quantité l'accroissement de la sensation est-il inférieur
à l'accroissement de l'excitation? Des expériences précises
ont permis à Gustav Fechner d'établir que, toutes les fois
que les sensations de poids, de lumière, de température,
de son et d'effort musculaire croissent d'une manière continue,
en deçà de certaines limites, par l'addition des plus petites
différences perceptibles à la conscience, il y a dans l'excitation
correspondante un accroissement qui est une quantité aliquote, toujours
la même, de l'excitation totale. D'autres expériences l'ont
conduit à déterminer, en chiffres, pour chacun de ces sens,
les plus petites différences perceptibles de sensations. D'autre
part, la valeur quantitative de l'excitation et de ses accroissements peut
être déterminée. On obtient ainsi deux séries
quantitatives, et il devient possible de déterminer le rapport existant
entre les différences d'excitation qui croissent progressivement
et les différences de sensation qui croissent uniformément,
et d'exprimer ainsi la sensation en fonction de l'excitation. En s'appuyant
sur le raisonnement mathématique, Fechner est arrivé à
cette formule fameuse qui porte le nom de loi psychophysique ou de loi
de Fechner :
La
sensation croît comme le logarithme de l'excitation.
Cette loi fut très
vivement contestée du vivant même de Gustav Fechner par Von
Helmholtz, Hering, Langer, etc. Des polémiques s'engagèrent
dans lesquelles Fechner ne cessa de soutenir sa théorie avec la
plus grande énergie. (Th. Ruyssen).
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En
bibliothèque -
Parmi les nombreux ouvrages de Fechner, nous citerons : Massbestitnmungen
üb. die galvanische Kette (1834); Repertorium der Neuesten Entdeckungen
(1830-34, 5 vol. in-8). - Das Büchlein vont Leben nach d. Tod
(Leipzig, 1836; 3e éd., 1887). - Ueb. das höchste Gut (id.,
1846). - Nanna, od. üb. das Seelenleben der Pfanzen (id., 1848).
- Zend-Avesta, od. üb. die Dinge des Himmels u. des Jenseits (id.,
1851). - Ueb. die physikal. u. philos. Atomenlehre (id., 1855; 2°
éd., 1864). - Elemente der Psychophysik, l'ouvrage capital
de Fechner (id., 1860, 2 part.). - Ueb. die Seelenfrage, ein Gang durch
die sichtbare Welt, um die unsichtbare zu finden (id., 1861). - Die
drei Motive u. Gründe des Glaubens (id., 1863). - Zur experimentalen
Aesthetik (id., 1871). - Einige Ideen zur Schöpfungs und Entwickelungsgesch.
der Organismen (id., 1873). - Vorschule der . Aesthetik (id.,
1876, 2 part.). - In Sachen der Psychophysik, ouvrage de polémique
(id., 1877). - Die Tagesansicht gegenüb. der Nachtansicht (id.,
1879). - Revision der Hauptpunkte der Psychophysik (id., 1882).
- Ueber die psychischen Massprincipien und das webersche Gesetz, dans
les Philos. Stud. (1887, t. IV, 2e fasc.).
Fechner
avait encore écrit, sous le pseudonyme de Dr Mises, un certain nombre
d'ouvrages humoristiques qui furent longtemps goûtés en Allemagne
: Beweis dass der Mond aus lodine besteht (1821; 2° éd.,
1832). - Panegyricus der jetz. Medicin (1822). - Stapelia mixta
(1824). - Vergleichende Anatomie der Engel (1825); ces opuscules
furent réunis et réédités sous le titre de
Kleine Schriften (Leipzig, 1875). - Räthselbüchlein
(id., 1878). |
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