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Eubulide
est un philosophe grec, de l'école
de Mégare. Nous ne connaissons
presque rien de sa vie; nous ne savons même pas s'il fut directement
le disciple d'Euclide, ni s'il enseigna comme
chef de l'école. Il naquit probablement à Milet,
écrivit un livre contre Aristote, et
fut peut-être le maître de Démosthène.
Eubulide est célèbre par
les sophismes qu'il défendit; c'est lui
qui conquit à l'école de Mégare le surnom d'éristique.
Ces sophismes, très connus dans toute l'Antiquité, et que
de sérieux philosophes, tels que Théophraste
et Chrysippe, s'appliquèrent, vainement
peut-être, à résoudre, sont, d'après Diogène
Laërce, au nombre de sept : le menteur,
le caché, le voilé, l'électre, le cornu, le sorite,
le chauve :
Un homme ment et il dit qu'il
ment; ment-il ou ne ment-il pas? Ce sophisme comme on le voit dans les
Académiques
de Cicéron, a défié la sagacité
des dialecticiens de l'Antiquité.
Le caché, le voilé, l'électre
reviennent à peu près au même. Une personne que l'on
connaît est voilée; la connaît-on? ainsi Electre
lorsqu'elle rencontre son frère avant qu'il se soit nommé,
le connaît sans le connaître.
Le cornu se formule ainsi : Avez-vous
perdu vos cornes? Si vous répondez oui, on réplique : Vous
en aviez donc? Si vous répondez non, on réplique que vous
avez encore ce que vous n'avez pas perdu.
Le sorite consiste à dire
: Combien faut-il de grains de blé pour faire un tas? et le chauve
n'est qu'une autre forme du même sophisme. Combien faut-il avoir
perdu de cheveux pour être chauve?
Parmi ces sophismes, les uns avaient une portée
philosophique; ils étaient destinés à montrer l'incertitude
des notions tirées des sens et la difficulté d'expliquer
la nature des choses matérielles. Les autres étaient de simples
jeux et n'avaient d'autre but que d'embarrasser l'adversaire. (V.
Br). |
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