| Jeanne-Julie-Eléonore de Lespinasse (ou de L'Espinasse) est une femme de lettres française, née à Lyon le 9 novembre 1732, morte à Paris le 23 mai 1776. Fille naturelle de Claude Lespinasse, bourgeois de Lyon, et de la comtesse d'Albon, qui mourut en 1748, elle entra en 1752 dans un couvent de Lyon pour échapper aux persécutions de sa famille qui ne lui pardonnait pas l'irrégularité de sa naissance; elle en fut tirée en 1754 par Mme du Deffand qui se l'attacha comme demoiselle de compagnie. Très lettrée, très intelligente, elle eut bientôt conquis l'amitié de d'Alembert, de Turgot, de Loménie de Brienne, de Marmontel. Elle fit des passions. Mme du Deffand, vieillie et fort jalouse, crut s'apercevoir « qu'elle nourrissait un serpent dans son sein ». Une séparation s'ensuivit (1764), et Mlle de Lespinasse ouvrait bientôt rue Saint-Dominique ce qu'on appela « le salon philosophique » d'ou sortirent la plupart des futurs académiciens. D'Alembert y régnait (Texte en ligne : Aux mânes de mademoiselle de Lespinasse, 1776). Après sa grave maladie de 1765 pendant laquelle Mlle de Lespinasse le soigna avec tant de dévouement, il vint s'établir tout à fait dans la maison de son amie. Des bruits de mariage secret coururent. Elle eut d'autres amis très intimes : Condorcet, Turgot, Suard, le comte de Crillon, le marquis Caraccioli, le marquis de Mora, le comte de Guitort. Elle les aima, surtout Mora, avec un excès de passion qui dessécha son corps débile. II est probable qu'elle s'empoisonna avec de l'opium pour se soustraire aux souffrances intolérables qu'elle endurait. Elle a laissé des lettres qui sont des chefs-d'oeuvre de style passionné et qui lui ont assuré une place à côté de Sapho, de sainte Thérèse, d'Héloïse. (R. S.). | |