| L'égoïsme (terme de psychologie et de morale) est une habitude de la volonté individuelle qui dans toutes ses démarches ne se propose plus d'autre fin que ses propres intérêts. L'égoïsme ne doit pas se confondre avec l'amour-propre. L'amour-propre, très bien analysé par Jouffroy (Premiers Mélanges), n'est autre chose que l'inclination par laquelle l'homme est porté à s'aimer lui-même. En soi une telle inclination n'a rien de blâmable, pourvu qu'elle soit contenue dans de justes bornes. Chaque individu, en effet, a sa raison d'existence, et il n'y a rien que de raisonnable à ce que l'individu lui-même adhère à la raison qui légitime son être. Mais l'amour-propre est subtil et envahissant de sa nature. La Rochefoucauld (Maximes) et la plupart des moralistes ont très bien montré comment il poussait l'homme à sortir de la raison, à se voir en toutes choses et à se chercher partout, c.-à-d. à devenir égoïste. Ainsi l'amour-propre est la tendance naturelle dont l'égoïsme est une exagération. L'amour-propre peut être contenu dans des limites raisonnables; l'égoïsme est toujours déraisonnable et vicieux. Et comment pourrait-il en être autrement puisque la raison consiste à agir conformément à la loi, c. -à-d. selon des fins impersonnelles et universelles, et que l'égoïste au contraire n'agit qu'en vue de ses fins personnelles et singulières ? Il ne serait pas juste de confondre l'égoïsme avec ce que quelques philosophes ont appellé l'égotisme (Maurice Barrès, Un Homme libre; Paris, 1889, in-18) et qui consiste dans la culture attentive des diverses facultés du moi et dans la jouissance des sentiments raffinés qui résultent de cette culture. La première partie ou la culture du moi, loin d'être égoïste, est au contraire le résultat d'un noble souci de la perfection; mais la seconde partie, qui n'est qu'une sorte de dilettantisme psychologique et moral, ne peut guère se défendre du reproche d'égoïsme. (G. Fonsegrive). | |