| Édouard VI Tudor est un roi d'Angleterre, né le 12 octobre 1537, mort le 6 juillet 1553, fils de Henri VIII et de sa troisième femme, Jane Seymour. Holbein fit son portrait à l'âge d'un an ainsi que celui de sa nourrice, « mother Jak ». Il fut élevé par des femmes jusqu'à l'âge de six ans, et passa ensuite aux mains du Dr Richard Cox, d'Ascham, de sir John Cheke et de sir Anthony Cooke. A l'âge de huit ans, il écrivait déjà en latin à son parrain l'archevêque Cranmer. Le British Museum et la bibliothèque Bodléienne d'Oxford conservent trois de ses cahiers d'exercices scolaires datés de 1548-1550. - Édouard VI (1537-1553, fils de Henri VIII et de Jane Seymour, par Hans Holbein. (Galerie royale de Windsor). A l'âge de treize ans, Édouard avait lu toute l'Éthique d'Aristote et traduisait en grec des opuscules de Cicéron. Il parlait français et jouait du luth; il s'intéressait à l'astronomie, et, en 1531, écrivit pour la défense de cette science. Il était d'un naturel très studieux; on le considérait unanimement comme un petit prodige de science. Son camarade le plus cher était Barnaby Fitzpatrick, héritier de Barnaby, lord of Upper Ossory, avec qui il a entretenu plus tard une correspondance imprimée par Horace Walpole en 1772. A son avènement, il avait neuf ans (21 janvier 1547). Son oncle maternel, Hertford, fut protecteur du royaume et se fit attribuer le duché de Somerset; le frère d'Hertford, sir Thomas Seymour, devint amiral et lord Seymour of Sudeley. Ces personnages étaient fort attachés au parti de la réforme religieuse (Anglicanisme); le jeune Édouard VI partageait leurs sympathies à cet égard; dès juin 1548, il s'abstint de faire aucune offrande suivant le rite catholique à l'offertoire des dimanches. Ridley et surtout Hugh Latimer étaient ses prédicateurs favoris; mais il entendait avec plaisir jusqu'à des prédicants puritains comme Hooper et John Knox. Édouard VI promettait à l'Angleterre un roi puritain; les réformés de toute l'Europe étaient enthousiasmés de sa piété précoce. Le 15 mai 1550, Martin Bucer écrivait : « Il n y a pas d'étude qui passionne autant le roi que celles des saintes écritures. Il en lit dix chapitres par jour avec la plus grande attention. » En avril 1551, Calvin lui envoya une longue lettre de louange et d'exhortation. C'était le nouveau Josias. Mais la dévotion savante et fervente n'allait pas de pair chez Édouard avec la simple bonté naturelle. Sauf Fitzpatrick, il paraît n'avoir aimé personne. ll avait dès son enfance quelque chose de la sécheresse et de la dureté d'Henri VIII. Il n'avait que de l'indifférence pour son oncle, le protecteur Somerset. Tandis que Somerset dirigeait en 1547 une expédition contre l'Ecosse, son frère, lord Seymour, essaya traîtreusement de le perdre dans l'esprit du roi. II lui représenta un jour que le protecteur se faisait vieux. « Sans doute, repartit Édouard, il vaudrait mieux qu'il fût mort. » Mais lord Seymour ayant été décrété de haute trahison au retour de Somerset, Édouard donna avec une égale froideur son consentement à l'exécution du coupable. En octobre 1549, le conseil, à l'instigation de Dudley, duc de Northumberland, se révolta contre le protecteur qui s'empressa de transporter le roi d'Hampton Court, où l'on aurait pu le lui enlever, à Windsor. Là-dessus, il fut accusé d'avoir inquiété Édouard sans raison, et d'avoir compromis sa santé par un voyage précipité. Celui-ci, qui avait en effet souffert d'un rhume, consentit à l'éloignement de Somerset, et nota, en ces termes, sur le journal personnel qu'il tenait depuis son avènement, les fautes qui avaient mérité à son oncle cette disgràce : « Ambition, vanité, avidité...; il a voulu tout faire de sa propre autorité. » Le pouvoir passa aux mains du comte de Warwick, qui ne changea rien du reste à la politique religieuse de son prédécesseur. Somerset, à la vérité, fut rappelé à la cour en février 1550, mais il n'y eut plus de prestige, et, dès le 16 octobre 1551, Warwick, devenu duc de Northumberland, trouva moyen de le faire envoyer à la Tour, puis à l'échafaud : « Le duc de Somerset, note tranquillement le roi dans son journal, a eu la tête coupée le 22 janvier à Tower Hill. » Cependant le jeune roi se raidissait de plus en plus dans un protestantisme intransigeant. Il n'était pas d'avis de laisser sa soeur Marie (Tudor) avoir une chapelle catholique. Sa santé, du reste, fut profondément atteinte en 1552 par une attaque de petite vérole; son journal s'arrête au mois de novembre de cette année. L'un de ses derniers actes fut de donner le palais royal de Bridewel à la « corporation » de la ville de Londres pour y établir un « workhouse ». En juin 1553, son état parut désespéré; Northumberland, qui dominait entièrement son esprit, résolut de lui faire signer un testament politique en faveur de sa belle-fille, lady Jane Grey, au détriment de Marie Tudor et d'Elisabeth. Il y réussit. Le roi s'éteignit le 6 juillet en répétant une prière de sa composition. Il fut enterré dans la chapelle d'Henri VII, à Whitehall. Jane Grey, âgée de 16 ans, lui succéda et régna pendant neuf jours; Elle dut cependant céder ensuite le trône à Marie Tudor. Au physique, Édouard Vl était un enfant malingre, pâle, avec des yeux gris, faibles et un air calme. On a de lui d'innombrables portraits qui le représentent à tous les âges; beaucoup ont été gravés. Son « Journal » autographe est conservé à Londres, au British Museum. (Ch. V. L.). | |