| André-Marie-J.-J. Dupin, dit Dupin Aîné, est un jurisconsulte et magistrat français, né à Varzy (Nièvre) en 1783, mort en 1865; se distingua de bonne heure par son ardeur au travail, et se fit promptement au barreau une réputation par son savoir, par sa lucidité d'exposition, par la vivacité originale de sa parole; les causes politiques qu'il plaida sous la Restauration (défense du maréchal Ney, de Béranger de Jay et Jouy, etc.) le rendirent populaire, et le firent élire en 1827 membre de la Chambre des députés, où il siégea au centre gauche. Mêlé dès lors d'une manière continue aux maires publiques, sans abandonner le barreau, il fit une vive opposition au ministère Polignac, prit une part active à l'élection de Louis-Philippe comme roi des Français et fut le principal rédacteur de la nouvelle Charte; devint procureur général à la Cour de cassation; fut, de 1832 à 1840, président de la Chambre des députés, où il soutint constamment le nouveau pouvoir avec fidélité et indépendance; essaya vainement, aux journées de février 1848, de faire voter par la Chambre la régence de la duchesse d'Orléans; fut élu représentant à la Constituante, participa aux travaux du comité de législation et de la commission de Constitution, appuya toutes les mesures propres à ramener l'ordre dans le pays, et soutint quelque temps la politique du prince-président ; mais protesta, comme président de la Législative, contre le coup d'Etat du 2 décembre 1851, et donna sa démission de procureur général de la Cour de cassation à la suite du décret qui confisquait les biens de la famille d'Orléans. Après une retraite de six années, qu'il consacra à l'agriculture et à la publication de ses Mémoires (4 vol. in-8, 1855-63), il fut renommé procureur général de la Cour de cassation, et fut appelé au Sénat; dans ce double poste, malgré sa vieillesse, il fit encore preuve d'activité et de talent oratoire, et sur les questions religieuses défendit avec ardeur les opinions gallicanes qu'il avait professées dès sa jeunesse. Il était membre de l'Académie française (1831) et de l'Académie des sciences morales et politiques (1832). Il a été publié de Dupin, outre ses Mémoires, quelques-uns de ses Plaidoyers (1823), de ses Réquisitoires (1852), ses Mercuriales (1846), ses Travaux académiques (1862), et un grand nombre d'ouvrages de jurisprudence dont les principaux sont : Traité des successions ab intestat (1804); Lois commerciales (1820); Lois de procédure, Lois criminelles (1821, 2 vol.); Lois forestières (1822); Lois des communes (1823); Manuel des étudiants en droit (1824); les Libertés de l'Église gallicane (1824); Traité des apanages (1835); Manuel du droit public ecclésiastique français (4e édit. 1845); le Procès de Jésus-Christ 1828) ou Jésus devant Caïphe et Pilate (1855) De ses deux frères, l'un (Philippe), né en 1795, mort en 1846, a été un des avocats les plus brillants du barreau de Paris, et deux fois bâtonnier de l'ordre; l'autre Charles Dupin), né en 1784 mort en 1873, a été fait baron par Louis-Philippe, sénateur par Napoléon IlI. Ancien élève de l'École polytechnique, il est devenu membre de l'Académie des sciences morales et politiques, et s'est fait un nom comme économiste et statisticien, par ses travaux, dont les principaux sont : Voyages dans la Grande-Bretagne, 6 vol. in-4°, 1816-21; Forces productives et commerciales de la France (1827); Harmonie des intérêts sociaux (1833), etc. | |
| Louis Ellies Dupin est un docteur de Sorbonne, né en 1657, d'une famille noble de Normandie, mort en 1719, était professeur de philosophie au Collège de France. Il consacra la plus grande partie de sa vie à rédiger la Bibliothèque universelle des auteurs ecclésiastiques, ouvrage immense, dans lequel il donne la vie de ces écrivains, le catalogue et la chronologie de leurs ouvrages, un jugement sur leur style et leur doctrine et le dénombrement avec l'examen critique des différentes éditions de leurs oeuvres. Les jugements qu'il portait dans cet ouvrage sur plusieurs Pères le firent condamner à Rome; il fut aussi vivement critiqué par de savants théologiens français, notamment par Bossuet. S'étant déclaré, avec les Jansénistes, contre la bulle Unigenitus, il fut exilé à Châtellerault et privé de sa chaire. Il fut encore inquiété à la fin de sa vie pour avoir entretenu une correspondance avec l'archevêque de Canterbury dans le but de rapprocher les catholiques et les anglicans. La Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, publiée en 1686 et années suivantes, forme, avec les suppléments. 61 vol. in-8. Dupin a en outre donné des éditions de Saint Optat, 1700, de Gerson, 1703, la Bibliothèque universelle des historiens, 1701, une Histoire abrégée de l'Église, 1712, des Traités de la Puissance temporelle, 1707, des Excommunications, 1715, etc. |
| Claude Dupin est un fermier général, né à Châteauroux vers 1700, mort en 1769, a écrit sous le voile de l'anonyme plusieurs ouvrages utiles : Oeconomiques, 1745; Mémoires sur les blés, 1748; Observations sur l'Esprit des Lois, 1757-1758. |
| Mme Dupin, née Fontaine est l'pouse du précédent, fille naturelle de Samuel Bernard, a été célèbre par sa beauté et son esprit. Elle confia quelque temps l'éducation de son fils à J. J. Rousseau, et l'employa à transcrire ses manuscrits; ce dernier la mentionne très souvent dans ses Confessions. On lui attribue quelque part dans les écrits de son mari. Elle mourut en 1800, à près de 100 ans. |
| Marie Aurore, dame Dupin de Francueil, est la fille naturelle du maréchal de Saxe, née en 1750, morte en 1821, épousa le comte de Horn, resta veuve fort jeune, et s'unit au fermier général Dupin de Francueil, fils de Claude Dupin. De ce mariage naquit Maurice Dupin, officier distingué, qui servit sous la République, et dont la fille est célèbre sous le pseudonyme de George Sand; c'est Mme Dudevant. |
| Pierre Charles François Dupin, connu sous le nom de baron Charles Dupin, mathématicien et économiste français né à Varzy (Nièvre) le 6 octobre 1784, mort à Paris le 18 janv. 1873. Entré à l'Ecole polytechnique en 1801, il en sortit dans le génie maritime, dont il devint plus tard inspecteur général, quoiqu'il n'ait guère rempli les fonctions d'ingénieur que jusqu'en 1816. Son volume, Développement de géométrie pour faire suite à la géométrie pratique de Monge (Paris, 1813), qui contient notamment la brillante théorie de l'indicatrice de courbure des surfaces, lui valut d'être admis dès 1818 à l'Académie des sciences et semblait promettre d'autres travaux importants du même ordre, lorsque Charles Dupin s'engagea dans une tout autre voie. Les Voyages en Grande-Bretagne de 1816 à 1819 (1820-1824, 6 vol.) donnèrent les résultats d'une vaste enquête personnelle qu'il entreprit sur le commerce et l'industrie de l'Angleterre et le placèrent au premier rang des statisticiens. Si, d'autre part, nommé en 1819 professeur au Conservatoire des arts et métiers, il consacra une importante partie de son temps à l'enseignement industriel (Applications de géométrie et de mécanique à la marine (1822); Diverses Leçons sur l'industrie, le commerce, la marine (1825); Géométrie et mécanique des arts et métiers et des beaux-arts (1825-1827, 3 vol.), son activité se porta de plus en plus sur l'étude et la publication des documents intéressant l'homme politique : Trois Forces productives et commerciales de la France (1825); De la Grande-Bretagne (1826); le Petit Producteur français (1827-1828, 5 vol.), etc. Sa Carte de la France éclairée et de la France obscure, dans laquelle il eut le premier l'idée de figurer par des teintes la proportion des illettrés de chaque département, lui acquit dès lors une célébrité légitime. Charles X le fit baron en 1824. Dès 1815, il avait pris une attitude politique libérale. Envoyé à la Chambre des députés par les électeurs du Tarn en 1828, il appartint dès lors aux assemblées délibérantes, où il ne joua d'ailleurs jamais qu'un rôle secondaire. Fidèle à la gauche sous la Restauration, il se trouva au centre sous le gouvernement de Juillet. Ministre de la marine pendant quelques jours en 1834, il passa à la Chambre des pairs en 1837, figura à la droite dans les assemblées de la République de 1848, et, en 1853, fut d'emblée nommé sénateur. Il était membre de l'Académie des sciences morales et politiques depuis 1832. En dehors des ouvrages énumérés plus haut, il a laissé de nombreux écrits de circonstance. Sa fécondité même lui a nui. Il donna l'exemple d'un homme qui, avec une facilité de travail surprenante et d'incontestables traits de génie, eut dû atteindre la gloire, mais n'a conquis qu'une célébrité passagère, parce qu'il a éparpillé ses forces et s'est inutilement usé dans la politique, pour laquelle il n'était pas fait. Son adhésion au Second Empire a finalement compromis un caractère qui s'était généreusement montré, à l'âge de la jeunesse, alors que sous la Restauration il défendait chaudement Carnot et Monge, quand il était périlleux de le faire. (Paul Tannery). |