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Les barons Dudley sont une famille anglaise. John de Sutton, mort en décembre 1321, possédait la seigneurie de Dudley (Staffordshire), depuis qu'un de ses ancêtres avait épousé, sous le règne de Henri II, l'héritière d'un certain Gervais Paganel. Il devint baron Dudley, en vertu des convocations au Parlement qui lui furent régulièrement adressées sous ce titre depuis 1308. Le sixième membre de cette lignée, John Sutton de Dudley, mort en 1487, joua un rôle dans la guerre des Deux Roses, du côté de Lancaster. Le dernier baron Dudley de cette famille mourut en 1643, laissant une petite-fille qui épousa le fondateur de la maison nouvelle des lords Dudley et Ward. | ||
Edmond Dudley est un homme d'Etat et juriste anglais, né vers 1462, mort en 1510. Il attira de bonne heure l'attention de Henri VII, fut dès 1492 l'un des négociateurs de la paix de Boulogne et resta l'un des agents secrets du prince en matière financière et administrative. En 1504, il fut speaker de la Chambre des communes. Un des premiers actes de Henri VIII à son avènement fut de l'envoyer à la Tour sous l'inculpation d'irrégularités commises sous le règne précédent. Il s'était attiré une extrême impopularité parmi les nobles, comme ministre des volontés secrètes du premier Tudor, et fut décapité. | ||
John Dudley, duc de Northumberland, né vers 1502, mort le 22 août 1553, fils du précédent. D'une extrême habileté dans les exercices militaires, rentré en grâce dès 1513 auprès du roi, il était gouverneur de Calais en 1538, maître des écuries d'Anne de Clèves en 1540, warden de la marche écossaise en 1542, pair sous le nom de vicomte Lisle et grand amiral. L'un des quinze exécuteurs du testament de Henri VIII, il adhéra au protectorat de Somerset et fut créé en récompense comte de Warwick. Vainqueur des Ecossais à Pinkie (10 septembre 1547), des rebelles du Norfolk à Dussindale (1549), il fut assez fort le 13 octobre 1549 pour renverser Somerset, et s'empara du pouvoir suprême avec le titre de duc de Northumberland. II essaya alors de rattacher sa généalogie à celle de l'ancienne maison baroniale de Sutton, et songea à substituer sa maison à celle des Tudor sur le trône d'Angleterre, lors de la maladie d'Edouard VI en 1553. La couronne devait revenir, an détriment des princesses Marie Tudor et Elisabeth, à lady Jane Grey, cousine du roi, à qui Northumberland maria son fils Guildford Dudley le 24 mai 1553. A la mort du roi (6 juillet 1553), Jane fut proclamée reine; mais, abandonné par ses partisans, Northumberland fut pris et exécuté à Tower Hill. Il s'avoua catholique sur l'échafaud, et cet aveu détruisit brusquement sa popularité parmi les puritains. Il avait protégé Hooper Knox, et cela lui avait attiré la haine des catholiques, d'autant qu'il avait pris une large part des dépouilles des monastères, notamment dans le diocèse de Durham. Sa mémoire a été en conséquence attaquée par les écrivains des deux partis. . | ||
Robert Dudley, comte de Leicester, favori de la reine Elisabeth d'Angleterre, né vers 1532, mort le 4 septembre 1588, cinquième fils de John Dudley, duc de Northumberland. Il fut, dès son enfance, camarade du jeune roi Edouard VI et de sa soeur Elisabeth. Le 4 juin 1550, il épousa Amy, fille de sir John Robsart. Il embrassa en 1553 le parti de lady Jane Grey, et fut, après la défaite, envoyé à la Tour, condamné à mort, mais il fut relâché et pardonné en 1354. Pendant le règne de Marie Tudor, il servit dans les guerres contre la France. L'avènement d'Elisabeth accrut notablement son importance. La nouvelle reine l'aimait depuis longtemps et caressait, au su de tous, un projet de mariage avec lui. Amy, femme légitime du favori, vivait à la campagne, séparée de fait de son mari : le 8 septembre 1560, elle fut trouvée morte dans sa maison. On crut généralement à un meurtre commis par Dudley pour se débarrasser d'un obstacle à son ambition, et ses ennemis ne manquèrent pas de répandre ce bruit; mais il n'est pas certain que cette version, popularisée par Walter Scott dans son roman de Kenikworth, ait été fondée en fait. Les historiens modernes croient que la mort d'Amy Robsart fut due au suicide plutôt qu'à l'assassinat. Quoi qu'il en soit, les relations de la reine et du favori se resserrèrent encore après cette catastrophe. Leicester était tout-puissant, accablé d'honneurs et de cadeaux; la reine pourvoyait, et au delà, aux frais de ses immenses prodigalités. Il n'était pas fidèle, cependant, et lady Sheffield eut de lui un fils en 1571; il avait aussi des relations avec lady Francis Howard. En juillet 1575, Leicester reçut la reine à Kenilworth avec une somptuosité folle; on croit que Shakespeare assista à ces fêtes fameuses et qu'il y a fait allusion dans le Songe d'une nuit d'été. Il courtisait déjà à cette date une nouvelle maîtresse, Lettice, comtesse d'Essex. Il l'épousa secrètement en 1578, ayant enfin renoncé à tout espoir d'union publique avec la reine; celle-ci n'apprit la nouvelle de son mariage qu'au mois d'août 1579; elle en fut exaspérée, et Leicester dut s'éloigner quelque temps de sa présence; mais elle retomba bientôt sous le charme. Le favori songeait alors à se constituer une principauté protestante dans les Pays-Bas; en 1583, Élisabeth lui confia le commandement d'une armée destinée. à appuyer les Etats-Généraux de Hollande contre l'Espagne; il entra en triomphe à Utrecht, à Leyde, à La Haye. Le 14 janvier 1586, une députation des Etats-Généraux lui offrit le gouvernement absolu des Provinces-Unies. Il l'accepta; et la colère de la reine, qui n'avait pas été consultée, il trouva encore moyen de l'apaiser. Cependant son arrogance ne tarda pas à fatiguer les Hollandais; elle n'avait d'égale que son incapacité, bientôt attestée par les succès répétés de l'armée espagnole. Il dut résigner le gouvernement des Pays-Bas le 12 avril 1588. A son retour, il fut reçu par la reine comme à l'ordinaire; il venait de la déterminer à faire tomber la tête de Marie Stuart; il reçut d'elle la mission d'organiser la résistance à l'Invincible Armada de Philippe II. Il se rendait à son château de Kenilworth quand il fut saisi en route d'une « fièvre » dont il mourut subibitement, à l'âge de cinquante-six ans. Sa veuve épousa sir Christopher Blount peu de temps après, ce qui parut suspect. Leicester fut un mécène : Roger Ascham, Gabriel Harvey, Horne et un grand nombre de pamphlétaires puritains éprouvèrent ses bienfaits; il entretenait une troupe de comédiens sous la direction de James Burbage. Ce personnage somptueux, glouton, cruellement dédaigneux des femmes qui firent sa fortune, soupçonné de quantités de meurtres, plein de morgue, ne semble avoir eu d'autre mérite que la beauté; encore, sur ses vieux jours, devint-il « trop coloré et rougeaud ». Il n'eut pas d'action sérieuse sur la politique du gouvernement d'Elisabeth. (Ch.-V. L.). | ||
Jane Dudley (communément appelée Lady Jane Grey), née en 1537, était l'arrière-petite-fille du roi d'Angleterre Henri VII par sa mère, la marquise de Dorset. D'une beauté remarquable, très instruite et zélée luthérienne, elle fut l'instrument et la victime de l'ambition de John Dudley, duc de Northumberland, qui, resté maître du pouvoir après la chute du duc de Somerset, arracha au faible Édouard VI un testament en faveur de cette jeune princesse, à laquelle il avait marié son quatrième fils Guilford. Proclamée par lui à la mort du roi, 1553, elle n'accepta qu'à regret une couronne que lui disputèrent aussitôt les partisans de Marie Tudor. Celle-ci triompha; Dudley et Guilford périrent sur I'échafaud, 1554, et, après la révolte de Wyatt, à laquelle elle fut étrangère, Jane Grey fut décapitée à la Tour de Londres : elle n'avait que 17 ans. | ||
Sir Robert Dudley, duc de Northumberland, navigateur anglais, né à Sheen (Surrey) en 1573, mort en 1639, fils illégitime de Robert Dudley, comte de Leicester (V. ci-dessus) et de lady Sheffield. A dix-neuf ans, il épousa une soeur de Thomas Cavendish, le navigateur, dont les exploits excitèrent son émulation. En 1594, il partit pour les Indes occidentales et la Guyane. En 1605, il quitta pour toujours l'Angleterre et se convertit au catholicisme. Ses biens furent vendus. Etabli à Florence, il consacra ses loisirs à rédiger quantité de mémoires sur diverses questions d'art naval. Le duc de Toscane, Ferdinand II, l'employa en qualité d'ingénieur pour améliorer le port de Pise. On lui doit Dell' Arcano del mare (Florence, 1630, 1646-1647, 1661, 6 part. in-fol.). | ||
Thomas Dudley est un graveur, né en Angleterre en 1634, mort à la fin du XVIIe siècle. Il passa pour un des meilleurs élèves de Hollar, dont il demeura toujours l'imitateur; il a gravé entre autres portraits celui de l'Evêque Russel, et les planches de l'édition d'Esope de Barlow. (F. Courboin). | ||
Sir Henry Bate Dudley est un journaliste anglais, né à Fenny Compton (Warwickshire) la 25 août 1745, mort à Cheltenham le 1er février 1824. Fils du révérend Henry Bate, il lui succéda dans la cure de North Fambridge (Essex), devint curé de Bradwell en 1797, de Kilscoran en 1804 et fut encore pourvu de plusieurs autres bénéfices. Un des premiers rédacteurs en chef du Morning post (1772), il y écrivit, en dépit de son caractère sacré, des articles d'une telle vivacité qu'il s'attira force querelles et plusieurs duels. Il quitta ce journal en 1780 pour prendre la direction du Morning Herald, fonda le Courrier de l'Europe (rédigé en français) et l'English Chronicle. Le 17 avril 1813, il fut créé baronnet; il avait pris en 1784 le nom de Dudley à la suite d'un héritage. Il jouissait à Londres d'une grande célébrité, tant à cause de ses duels que de sa vie fastueuse et désordonnée. Il a écrit un certain nombre de pièces de théâtre, parmi lesquelles nous citerons : The Rival candidates (Londres, 1775, in-8); The Flitch of Bacon (1779, in-8); The Woodman (1791, in-8); The Travellers in Switzerland (1794, in-8); opéras-comiques joués à Covent Garden; une satire : Passages selected by distinguished personages on the great literary Trial of Vortigern and Rowena (Londres, 1795-1807, 4 vol. in 8) ; des Lettres, des brochures politiques : Remarks on Gilbert's last Bill for the relief of the poor (Londres, 1788, in-8); A Few Observations respecting the present state of the Poor (1802, in-8) et même des Sermons. (R. S). |
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