| John Dollond naquit à Spitalfields, le 10 juin 1706 et mourut en 1761. Son père était un ouvrier en soie, lequel, à la suite de la révocation de l'édit de Nantes (1885), crut devoir quitter la Normandie, son pays, et se réfugier en Angleterre. John Dollond passa ses premières années à pousser la navette d'un métier de tisserand. Le goût de l'étude s'empara de lui de bonne heure. II dévora les traités de géométrie, d'algèbre et de mathématiques appliquées qui lui tombèrent sous la main, et s'initia même assez complètement à la connaissance du latin et du grec. Dollond se maria fort jeune, et dirigea avec une attention toute particulière l'éducation de ses enfants. Le fils aîné, Pierre, ayant montré de rares dispositions pour les travaux de précision, John Dollond l'engagea à quitter la fabrique de soierie, et lui créa un petit atelier d'opticien. Cet établissement prospéra. En 1752, John Dollond abandonna lui-même sa première profession, et prit la direction des ateliers de son fils. C'est donc à l'âge de quarante-six ans qu'il entra pour la première fois dans la science militante. Le premier Mémoire de John Dollond est de 1753. L'auteur y développe les propriétés, les avantages des oculaires multiples (vol. XLVIIIe des Transactions philosophiques). Bientôt après, il propose de substituer, dans la construction de l'héliomètre de Bouguer (de Savery, disent les Anglais), les deux moitiés d'un même objectif, aux deux objectifs différents et de même foyer qu'employaient les inventeurs de cet ingénieux instrument (XLVIIIe vol. des Transactions philosophiques). John Dollond prit part, en 1757, à la polémique qu'Euler avait soulevée touchant la possibilité d'exécuter des lunettes sans couleur, des lunettes achromatiques, comme on a dit plus tard. II soutenait que cette possibilité n'existait pas, si la dispersion des couleurs était proportionnelle à la réfraction des rayons moyens, ainsi que cela résultait d'une expérience de Newton. En 1758, Dollond constata que l'expérience de Newton, sur laquelle roulait le débat, était entachée d'erreur. En opposant un prisme à angle variable et rempli d'eau à un prisme de verre ordinaire, le célèbre opticien montra que le rayon qui sortait sans coloration de l'ensemble des deux prismes s'était réfracté, et, d'autre part, que ce même rayon, quand il n'éprouvait pas de réfraction, quand il sortait de l'appareil parallèlement à sa distance initiale, formait un spectre coloré sensible, offrait, à ses deux bords surtout, des iris manifestes. Dès qu'il fut établi ainsi, que certaines combinaisons de prismes déviaient la lumière sans opérer la séparation des rayons de différentes couleurs, la possibilité de construire des lentilles, des objectifs achromatiques, ne pouvait plus soulever un doute. II restait seulement à chercher des matières solides qui produisissent, aussi bien ou mieux., les effets obtenus par la combinaison de prismes de verre ordinaire et d'eau. Dollond ayant trouvé que les deux verres flint-glass et crown-glass satisfaisaient aux conditions désirées, exécuta aussitôt d'excellentes lunettes achromatiques. Le Mémoire où Dollond consigna sa première découverte, fait partie du Lème volume des Transactions Philosophiques. L'illustre opticien reçut, à cette occasion, la médaille de Copley. Le 30 novembre 1761, Dollond fut frappé d'apoplexie pendant qu'il étudiait un savant Mémoire de Clairaut sur la théorie de la Lune, et mourut peu d'heures après. Dollond, fils de Français réfugié en Angleterre, doit-il être considéré comme Français. La question peut être controversée. Je ferai seulement remarquer que si l'on se règle pour établir la nationalité de Dollond sur le lieu de la naissance, il faudra, en appliquant le même principe, considérer Black comme Français. Black naquit, en effet, à Bordeaux, en 1728, d'un père Irlandais, établi dans cette ville comme négociant en vins. Sa mère était Ecossaise. Black passa les douze premières années de sa vie. à Bordeaux. Il n'alla suivre les cours des écoles anglaises qu'en 1740. II est permis de croire que Dollond se considérait lui-même comme Français. Je lis, en effet, dans une biographie anglaise, que "l'artiste et sa famille assistaient régulièrement au service public qui se faisait à l'église protestante française." (Philosophical magazine de Tilloch, vol. XVIIIe, page 48.). (Arago, c. 1850). | |