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On appelle massif
du Djurjura toute la région montagneuse
de l'Algérie comprise entre la mer
Méditerranée au Nord, l'oued Isser à l'Ouest, l'oued Sahel au Sud
et à l'Est, mais on peut aussi y distinguer deux massifs montagneux distincts,
un voisin du littoral et qu'on appelle quelquefois massif du Tamgout, l'autre
plus au Sud et séparé du précédent par la vallée du Sebaou et qu'on
nomme proprement le Djurjura (ou Djerdjera); les deux massifs se confondent
d'ailleurs dans leur partie orientale et leurs crêtes forment une sorte
d'enceinte de forme ovale, au milieu de laquelle se trouve Tizi-Ouzou.
Le second, que seul nous étudions ici, était nommé par les Romains'
Mons Ferratus (carte de Peutinger), sans doute à cause de ses cimes
aiguës. De la mer et d'Alger,
on l'aperçoit dressant par-dessus les petites montagnes du littoral son
arête dentelée, aux cimes couvertes de neige pendant neuf mois de l'année;
même quand la neige a disparu de ses flancs, le Djurjura est encore d'un
gris presque blanc et la sierra se dessine fièrement à l'horizon. Vue
du sud, la montagne ne produit pas un moins grand effet, ses flancs sont
abrupts au-dessus de l'oued Sahel qui lui sert de fossé et ses cimes atteignent
d'un élan près de 2000 m. On dirait une haute et épaisse muraille avec
quelques cols, en forme de créneaux, ouverts çà et là .
Le Djurjura commence à l'Ouest par le
massif des Beni-Khalfoun, aux flancs boisés et dont les points culminants
sont le Tegrimount ou le mont de Lella Messaouda (1028 m), le djebel Ouled-ben-Saad
(949 m) et le Matoussa (893 m). Après une dépression se trouve un autre
massif à peu près semblable, celui des Nezlioua, qui a son point culminant
au Roudiat-el-Maroun (922 m) et est traversé par la route de Dellys Ã
Drâ-el-Mizan; il se relève à l'Est vers le djebel Galos (1286 m). C'est
un peu à l'Est et au Sud que se dresse l'arête centrale du Djurjura se
maintenant presque partout à une hauteur de 1600 m sur une longueur de
plus de 70 km et envoyant d'importants contreforts. Son extrémité occidentale
s'élève brusquement, par un seul gradin de 1250 m (Agouni Amrous, 1286
m), à plus de 2000 m (Tamgout Heïdzer, 2164 m); elle s'abaisse un peu
au col de Tizi-Goulmin (1712 m); la crête au delà est découpée fortement
en une série de masses rocheuses que domine le massif imposant de l'Akouker
(2300 m), se prolonge par les rochers d'El-Kalaa (2200 m), du Taletat et
le Ras Timedouïne (2305), puis s'abaisse profondément au Tizi-n'Nouila
(1578 m).
Au delà , un peu au Sud, une deuxième
arête, orientée dans le même sens, commence par la pyramide gigantesque
du Tamgout de Lella Khedidja (2308 m, point culminant du Djurjjura); au
Nord-Est se profile une crête étroite de plus de 2000 m de hauteur et
l'ensemble de cette chaîne se termine par l'Azerou-n'Tirourda (1962 m),
qui domine le col du même nom, et l'Azerou-n'Tohon (1884 m) qui se trouve
un peu au Nord de la ligne de partage des eaux. Plus à l'Est, le Djurjura
change d'aspect; il n'est plus constitué que par des ondulations adoucies,
à pentes gazonnées, de 1700 à 1800 m, au milieu desquelles s'ouvre le
col de Chellata (1465 m). Au delà , la crête redevient rocheuse et reproduit
l'image d'un tronçon de la grande chaîne dans le Tizibert (1754 m) et
I'Azerou des Beni-Zikki (1703 m); l'arête centrale du Djurjura est comme
terminée au col de Tizi-n'Cheria (1231 m). Toutefois, on y rattache le
plus souvent la massif de l'Akfadou, qui va du Sud au Nord et dont les
sommets ne le cèdent guère en altitude à ceux de la chaîne précédente;
ses flancs sont couverts de belles forêts. On
y remarque le djebel Zée (1645 m), le col d'Akfadou (1385 m), le djebel
Akfadou (1621 m) et l'Azerou-n'Taharat (1545 m).
Le Djurjura envoie dans tous les sens de
nombreux contreforts; les plus importants sont vers le Nord, et constituent
un océan de monts et de vallées pittoresques que couronnent de nombreux
villages; c'est le pays qu'on appelle la Grande-Kabylie
ou Kabylie du Djurjura.
En réunissant les
parties supérieures de ces contreforts, abstraction faite des ravins qui
ne sont que des entailles dans le massif, le pays donné l'aspect d'un
plateau irrégulier incliné de l'Est à l'Ouest avec un léger bombement
dans l'axe longitudinal. L'arête culminante à l'Est, formée par le contrefort
des Ithourar, atteint 1395 m; chez les Maatka, Ã l'Ouest elle n'est que
de 700 Ã 800 m elle s'abaisse encore chez les Flissa M'quira, Ã 500 m.
pour se relever à l'extrémité Ouest dans l'arête culminante de Timezerit,
qui se maintient à près de 900 m.
Nous n'entrerons pas dans le détail compliqué
de ces massifs qu'on appelle massif des Zouaoua, massif des Beni-Attaf,
massif des Maà tka, massif des Flissa, etc.
L'arête du Djurjura, que nous avons décrite
plus haut, est traversée par d'assez nombreux passages; ce sont, en allant
de l'Ouest à l'Est : Teniet-el-Begass (720 m), entre les massifs des Beni-Khalfoun
et des Nezlioua, Tizi-el-Arba (615 m), où passe la route qui va de la
station de chemin de fer à Dra-el-Mizan; Tizi-Djahoub (1265 m); Tizi-Goulmin
(1712 m); Aït Irguen, où la tribu de ce nom percevait jadis un droit
sur les voyageurs, passage difficile à cause de son altitude (1800 m)
et de la neige; Tizi-n'Azzoula, Tizi-Thigoumnin (1772 m), composé de deux
passages, Thahourth tamellelt ou la Porte blanche (1638 m), et Thabourth
bouzegueur ou la Porte des boeufs, ce dernier moins facile et Ã
presque 2 km du précédent; Tizi-n'Kouila (1578 m) à la jonction de deux
chaînes du Djurjura, gigantesque et profond ravin alimenté par plusieurs
sources et rempli de bons pâturages; Tizi-Takerrat, très voisin du précédent;
Tizi-n'Ait-Ouaban (1650 m); Tizi-Tirourda (1740 m), vaste plateau, d'un
accès facile; col de Chellata (1465 m); Tizi-n'Cheria (1231 m) et Tizi-n'Barbar,
reliés par un chemin de crêtes; le dernier est d'un accès difficile
mais la neige n'y séjourne pas; le col d'Akfadou (1385 m), large et facile,
par où passait la voie romaine de Bejaia à Dellys (Saldae à Rusucurru).
(E.
Cat.). |
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