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Le
Dar-Four,
Dar-for,
Darfour,
ou encore Four (le mot dâr qui signifie contrée n'appartenant
pas au nom du pays) est une province située à l'Ouest du Soudan
actuel bornée au Nord par le désert de Lybie![]() ![]() ![]() Un énorme massif
montagneux, appelé monts Marra (point culminant à 3088 m), couvre
presque en entier la partie septentrionale du Darfour et semble se prolonger
du Nord au Sud en une chaîne moins élevée qui forme la ligne de partage
des eaux entre le bassin du Nil et celui du lac Tchad.
La partie orientale, dont le sol très accidenté s'élève à une assez
grande hauteur, est extrêmement sèche, les eaux ne pouvant s'y frayer
un passage et étant obligés de s'écouler vers le Sud, tandis que le
versant occidental où les eaux ont un écoulement régulier est arrosé
par de nombreuses rivières; aussi cette partie
du Darfour est-elle la plus fertile et la plus peuplée. Grâce à la hauteur
générale du sol, le climat est salubre dans tout le Nord, mais les marécages
formés par les pluies torrentielles qui tombent de mi-juin à septembre
font de la partie méridionale une contrée très malsaine pendant plus
de la moitié de l'année. Durant la saison sèche, la température est
toujours fort élevée, sauf dans les montagnes où elle est presque toujours
supportable.
Les animaux domestiques sont nombreux et de belle race; on y trouve le boeuf, le mouton, la chèvre, le chameau et aussi quelques chevaux robustes et de petite taille. L'éléphant a disparu; l'autruche, en revanche, est encore présente. Histoire du Darfour.
Au XIXe siècle, le Darfour attire l'attention des puissances étrangères, notamment l'Empire ottoman et ses vassaux en Égypte. En 1874, le sultanat est conquis par les forces égyptiennes dirigées par Zubeir Rahma, un chef militaire et commerçant d'esclaves. Cette période marque une tentative d'intégration du Darfour dans l'administration égyptienne, mais elle suscite des révoltes locales. A partir de 1885, le Darfour est intégré au mouvement mahdiste soudanais, dirigé par Muhammad Ahmad, qui se proclame le Mahdi (« le Guide attendu »). Ce mouvement, caractérisé par une idéologie islamique messianique, rejette la domination égyptienne et ottomane. Après la chute du régime mahdiste en 1898, le Darfour connaît une période d'instabilité. Pendant la Première Guerre mondiale, le Darfour est annexé par les Britanniques, qui administrent le Soudan en condominium avec l'Égypte. Cette annexion marque la fin du sultanat indépendant de Darfour. Les Britanniques marginalisent politiquement et économiquement la région, favorisant les zones orientales du Soudan (comme Khartoum). Après l'indépendance du Soudan en 1956, le Darfour reste une région économiquement délaissée et politiquement marginalisée. Plusieurs facteurs contribuent à cette marginalisation : l'absence de développement infrastructurel; les tensions croissantes entre groupes ethniques, exacerbées par des politiques discriminatoires du gouvernement central de Khartoum; les sécheresses des années 1970, qui aggravent les conflits pour les ressources. Les tensions ethniques entre agriculteurs sédentaires (principalement les Fur) et pasteurs nomades (souvent d'origine arabe) commencent à s'intensifier à cette époque, posant les bases des conflits futurs. Dans les années 1980, l'histoire du Darfour est marquée par des tensions croissantes et des conflits violents. La région continue de souffrir de marginalisation économique et politique, exacerbant les tensions historiques entre les communautés agricoles sédentaires, principalement non-arabes, et les populations nomades, souvent arabes. Ces conflits sont aggravés par les sécheresses récurrentes qui réduisent les terres cultivables et les pâturages, provoquant des rivalités pour l'accès aux ressources naturelles. Des milices armées commencent à se former, parfois soutenues par des acteurs étatiques ou extérieurs, augmentant l'instabilité régionale. Les années 1990 voient une radicalisation progressive des tensions, notamment sous l'influence de la politique centralisatrice du gouvernement de Khartoum. Ce dernier privilégie certaines élites arabes, alimentant un sentiment de discrimination chez les groupes non-arabes, tels que les Fur, les Masalit et les Zaghawa. Les rivalités locales prennent de plus en plus une dimension ethnique et politique. Les années 2000 marquent un tournant dramatique avec l'éclatement d'un conflit à grande échelle. En 2003, deux groupes rebelles principaux, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) et l'Armée de libération du Soudan (SLA), prennent les armes contre le gouvernement soudanais, accusé de marginaliser le Darfour. En réponse, Khartoum soutient des milices locales connues sous le nom de Janjawids, qui commettent des atrocités contre les populations civiles. Ces attaques entraînent des massacres, des viols et des déplacements massifs, qualifiés de génocide par certains observateurs internationaux. Le conflit du Darfour attire l'attention mondiale. Les Nations Unies, l'Union africaine et plusieurs ONG s'engagent dans des efforts humanitaires et diplomatiques pour atténuer la crise. Malgré ces interventions, les violences persistent, alimentées par des luttes pour le pouvoir local, des dynamiques régionales complexes et l'absence de volonté politique à Khartoum pour résoudre le problème de manière durable. La signature de divers accords de paix, dont celui d'Abuja en 2006, échoue à apporter une stabilité durable, souvent en raison de la fragmentation des groupes rebelles et du manque d'engagement du gouvernement soudanais. Au cours des années 2010, bien que l'intensité des combats diminue, les problèmes structurels restent non résolus. L'année 2010 elle-même a été caractérisée par la préparation des élections nationales soudanaises, les premières élections multipartites depuis des décennies. Au Darfour, ces élections se sont déroulées dans un climat de tension et de méfiance, avec des préoccupations majeures concernant la sécurité et la participation des populations déplacées. Malgré la présence de la Mission hybride Union africaine-Nations unies au Darfour (MINUAD), la violence n'a jamais complètement cessé. Des affrontements intermittents entre les forces gouvernementales et divers groupes rebelles, ainsi que des conflits intercommunautaires exacerbés par des tensions ethniques et des problèmes d'accès aux ressources, ont continué de se produire. La criminalité et les activités des milices, y compris celles issues des anciens Janjawids, sont restées un problème majeur, contribuant à l'insécurité généralisée. Les années suivantes ont vu des tentatives de négociation de paix, notamment le Document de Doha pour la paix au Darfour (DDPD) signé en 2011. Cependant, ce document n'a pas réussi à rallier tous les groupes rebelles et n'a pas mis fin à la violence. Certains mouvements rebelles ont continué la lutte armée, et de nouvelles factions ont émergé, fragmentant davantage le paysage politique et sécuritaire. La situation humanitaire est restée critique tout au long de cette période. Des millions de personnes sont restées déplacées, vivant dans des camps surpeuplés et dépendantes de l'aide humanitaire. L'accès à l'aide humanitaire a souvent été limité par l'insécurité et les restrictions imposées par le gouvernement. Les conditions de vie dans les camps de déplacés étaient précaires, avec des problèmes d'accès à l'eau potable, à la nourriture, aux soins de santé et à l'éducation. Le retrait progressif de la MINUAD, amorcé à partir de 2017 et achevé en 2020, a suscité des inquiétudes quant à un possible vide sécuritaire. Le gouvernement soudanais a affirmé être en mesure d'assurer la sécurité, mais la réalité sur le terrain a montré une détérioration de la situation sécuritaire dans de nombreuses régions après le départ des forces de maintien de la paix. La révolution soudanaise de 2019, qui a conduit à la chute du régime d'Omar el-Béchir, a suscité des espoirs de changement au Darfour. Le nouveau gouvernement de transition a exprimé sa volonté de résoudre le conflit au Darfour et d'améliorer la situation humanitaire. Des pourparlers de paix ont été relancés à Juba, au Soudan du Sud, aboutissant à l'accord de Juba pour la paix au Soudan en 2020. Cet accord visait à intégrer les groupes armés dans le processus politique et à aborder les causes profondes du conflit au Darfour. Cependant, malgré ces efforts de paix, la violence a persisté et a même augmenté dans certaines régions du Darfour. Les conflits intercommunautaires, souvent liés à la terre et aux ressources, ont connu une recrudescence, en particulier au Darfour occidental et au Darfour méridional. Ces conflits ont opposé diverses communautés ethniques, avec des conséquences dévastatrices pour les populations civiles. Les milices, notamment les Forces de soutien rapide (FSR), qui ont émergé des Janjawids et ont été intégrées aux forces de sécurité soudanaises, ont joué un rôle controversé dans ces conflits. Des accusations de violations des droits humains et d'implication dans des violences intercommunautaires ont été portées contre les FSR. L'histoire récente du Darfour continue aisni de refléter l'intersection de défis locaux, nationaux et internationaux, où les rivalités pour le pouvoir, les injustices économiques et les pressions environnementales, aggravées par le dérèglement climatique, se mêlent dans un contexte de souffrance humaine prolongée.
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