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Les
Aztèques
La culture matérielle des Aztèques |
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La société aztèque |
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La vie urbaine, la ville et les monumentsLa civilisation mexicaine est une civilisation urbaine. Mexico, comme Rome, avait soumis à ses lois des peuples divers, et, comme à Rome, les citoyens mexicains avaient seuls un status social bien établi : la plèbe des villes et des bourgades environnantes ne comptait pas, tout au moins dans les documents que l'histoire nous a apportés.Cortez nous donne une description de la capitale, coeur de l'Empire aztèque. « Cette ville de Mexico, dit-il, est fondée dans la lagune d'eau salée (lagune de Tetzcoco), de manière que, de n'importe quelle part le de ses bords au coeur de la ville, il y a deux lieues de distance. Elle a quatre entrées auxquelles on accède par des chaussées artificielles, d'une largeur de deux lances de cavalerie. Son étendue égale celle de Séville et de Cordoue. Ses rues principales sont fort larges et très droites. Quelques-unes sont partagées, de manière qu'une moitié de la rue est faite de terre tandis que l'autre est un canal dans lequel circulent les embarcations. Çà et là, des terre-pleins sont coupés par des tranchées qui font communiquer les uns avec les autres, les canaux des différentes rues; ces tranchées, dont certaines sont très larges, sont traversées par des ponts, faits d'épaisses poutres, bien jointes et artistement travaillées. Sur certaines de ces passerelle, dix cavaliers pourraient cheminer de front. »Les anciens auteurs nous disent que les rues de Mexico étaient, étroites, très nombreuses et coupées de places, ombragées par de vieux arbres, où se tenaient les marchés. Ils nous disent aussi que chaque corporation occupait un quartier spécial : ici, celle des orfèvres; là, celle des tailleurs de pierre dure; plus loin, celle des jongleurs, etc., mais on sait avec quelle défiance on doit accueillir leurs affirmations. Les « palais des princes », c'est-à-dire les édifices municipaux, s'élevaient au centre de la ville, et occupaient une vaste superficie. Le grand teocalli, temple de Huitzilopochtli, dont le site continue d'être fouillé, était encore plus vaste. Enfin la place du grand tianquiztli, ou marché, établie sur l'emplacement de Tlaltelolco, était, au dire des chroniqueurs, une des parties les plus intéressantes de Mexico. Le chiffre de la population de Mexico a été l'objet d'appréciations diverses. Torquemada dit que la capitale aztèque comptait un million d'habitants : Cortez, Pierre Martyr prétendent qu'elle renfermait soixante mille maisons, ce qui aurait donné, d'après Jourdanet, un chiffre de 300.000 habitants; les auteurs modernes tendent à réduire considérablement ce nombre et à attribuer à Mexico une population de 50 à 60.000 habitants. Plusieurs particularités de l'histoire de la conquête paraissent indiquer que la population de Mexico n'excéda jamais ce nombre. Les alliés tlascaltèques et chololtèques de l'armée de Cortez étaient au nombre de 75.000; les soldats espagnols qu'ils accompagnaient étaient au plus quelques centaines. Or Mexico, ville située au milieu d'un lac et accessible seulement par des chaussées faciles à barricader, fut emportée avec peine, il est vrai, par les assaillants, la plupart armés à l'indienne. Si Mexico avait eu 100.000 habitants elle eût été imprenable pour l'armée du conquistador. Les Espagnols, lors de leur entrée à Mexico, furent frappés du nombre et de la variété des édifices. Les maisons étaient de deux espèces : le teopantzintli et le tezcalli. • Le teopantzintli était construit en pierres d'appareil. C'était une construction d'une seule pièce, rectangulaire; le soi était fait de terre battue, les murs blanchis à la chaux. Le toit de ces maisons était plat ou incliné sur un ou deux versants et couvert d'herbes.Les maisons étaient toujours accompagnées de deux dépendances le cencalli ou grenier et le temnazcalli ou sudatorium. • Le cencalli existe encore aujourd'hui dans tout le Mexique. C'est une construction d'adobes ou de terre cuite, ayant la forme d'un vase, qui s'élève à des hauteurs variant de 2,50 m à 3 mètres. On y emmagasine le maïs en épis.Les grandes constructions de Mexico ont été détruites, mais il reste dans l'Anahuac des ruines qui nous en donnent une idée. Xochicalco.
Plan des ruines de Xochicalco, d'après Mariano Tirado Osorio, 1927. Xochicalco, centre
de la tribu nahuatlaque des Tlalhuicas, était fortifié. A
l'est, on voit encore les restes de deux puissants bastions; à gauche,
existe une arête très aiguë, au pied de laquelle on avait
pratiqué une tranchée profonde. D'autres tranchées
se rencontrent du côté nord. L'éminence sur laquelle
se dressent les ruines nommées «-Temple
de Xochicalco » est défendue par un fossé large et
profond, qui en fait le tour. Au sommet se dressent les ruines, protégées
sur le flanc de la colline par des levées de terre. Le temple de
Xochicalco, comme tous ceux du Mexique et de l'Amérique centrale,
était élevé sur une pyramide quadrangulaire, orientée
suivant les points cardinaux. La base mesure 21 m sur les côtés
Nord et Sud et 20,93 m sur les côtés Est et Ouest. La pyramide
a deux terrasses. La première est à 3,89 m du sol; les murs
qui la supportent sont inclinés de 73°, recouverts de sculptures
et coupés par une corniche de 0,47 m de haut et saillante de 0,23
m. Sur le côté ouest de la pyramide, existe un escalier, dont
les marches ont une largeur de 9,53 m, une hauteur de 40 cm et une épaisseur
de 0,30 m; des pierres qui existent encore au bas de l'escalier font supposer
qu'il était autrefois divisé en deux parties. Toute la première
terrasse est couverte de décombres, mais on y voit encore des murs
faits de plaques d'andésite. Ces murs circonscrivent une vaste chambre
qui était probablement couverte autrefois de poutres de bois ou
de dalles de pierre légère. Cette couverture formait un toit
qui supportait la seconde terrasse.
La pyramide de Xochicalco. Fouilles des années 1920. Les murs, ainsi que les frises qui ornent les blocs de soutènement de la première plate-forme sont couverts de sculptures. Sur trois des faces de la pyramide (la quatrième étant occupée par le grand escalier) court un bas-relief, qui représente un serpent au corps décoré (de plumes de quetzal. Au-dessus du serpent est sculpté un personnage assis, les jambes croisées « à la turque », et au-dessous on lit une date : 9 quiahuitl. La corniche et la partie conservée des murs d'andésite sont aussi couvertes de sculptures, plus ou moins défruites et qui représentent des personnages, des animaux et des dates du calendrier. Tepoztlan.
On a ménagé dans la colline sur laquelle est élevée la construction, des escaliers, en partie artificiels, en partie taillés dans le roc; çà et là, on rencontre des inscriptions faites sur des blocs de roche dure. Le sommet du « Cerro de los Tepoztecos », comme il est appelé dans le pays, porte deux plates-formes. La plate-forme occidentale est occupée par les ruines du temple; sur celle de l'orient sont des constructions d'espèces et de dimensions diverses, que Seler pensait avoir été les habitations des prêtres et autres annexes. Le temple est construit sur un soubassement grossier, au-dessus vient la pyramide à trois étages. Du côté oriental un escalier mène à la première plate-forme, élevée de 9,50 m au-dessus du roc. On y accède aussi par un escalier ménagé du côté sud. Il reste un vaste espace libre devant les degrés qui conduisent à la terrasse supérieure. Au milieu de cet espace, il existe une petite dépression quadrangulaire, dans laquelle on devait descendre autrefois, des quatre côtés, par quelques marches. Cette dépression répondrait au quauhxicalli, lieu où l'on mettait les coeurs des victimes du sacrifice, et dont les anciens auteurs nous décrivent la structure à propos du grand temple de Mexico. L'escalier qui se trouve derrière conduit à la seconde terrasse, sur laquelle est construit le temple qui forme le troisième étage de la pyramide. Du temple, il ne reste que des murs faits de tetzontli (pierre poreuse, d'origine volcanique) rouge et noir, d'une épaisseur de 1,90 m et d'une hauteur 2,50 m. Le toit est complètement détruit. Le mur de face est remplacé par deux gros piliers quadrangulaires, qui laissaient une large porte centrale et deux petites latérales. L'espace antérieur est divisé en deux chambres par un mur de 0,90 m d'épaisseur, dans lequel était ménagé une large ouverture. La chambre de devant a une longueur de 3,73 m, celle de derrière 5,20 m, sur une largeur uniforme de 6 mètres. Au milieu de la chambre intérieure, on a trouvé un enfoncement quadrangulaire qui contenait encore du charbon et des fragments de copal bien conservés : c'était un foyer où l'on faisait brûler le copal (copalli) qui servait d'encens aux anciens Mexicains. Tout à fait au fond de la seconde chambre, dans l'axe de la porte centrale d'entrée se trouvait la place de l'effigie d'une divinité, déjà disparue avant les fouilles. Près de l'endroit où elle se dressait, on a trouvé une sorte de piédestal, sur lequel étaient fixés deux bas-reliefs. Tout autour de la chambre postérieure, court un banc de pierre dont la partie retombante est sculptée. Seler a supposé que le temple de Tepoztlan était consacré à Tepoztecatl, divinité locale du pulque ou octli, dont nous parlent les auteurs anciens. Quant à la date de la construction du temple, deux tables de pierre trouvées sur la première terrasse nous la donnent avec beaucoup d'exactitude. L'une porte la date 10 Tochtli, l'autre l'hiéroglyphe bien connu du tlacatecuhtli Ahuitzotl : le teocalli de Tepoztlan fut donc construit en 1502. Autres vestiges.
L'aspect général des villes aztèques semble avoir été le suivant au centre, une vaste place, autour de laquelle étaient disposés les bâtiments municipaux, et le teocalli. Pour le reste, un amas de maisons basses, parfois en pierre, mais plus souvent en roseaux, séparées par des rues étroites et rectilignes. Le vêtement et la parureLe vêtement des hommes comprenait un pagne, ou maxtlatl, et une couverture, qu'ils plaçaient sur les épaules et qui descendait, jusqu'aux genoux (tilmatli).Les femmes portaient
une sorte de longue chemise de tissu grossier, huipilli, et un jupon,
cueitl.
Vêtements aztèques. Codex Mendoza. Le vêtement différait suivant la situation sociale des individus. Les guerriers, par exemple, avaient des costumes particuliers. Les anciens manuscrits, et spécialement le Codex Mendoza, nous ont transmis les images des couvertures (timlatli) que portaient les guerriers des villes du plateau de l'Anahuac. Elles étaient les unes très simples, les autres très travaillées, suivant le clan, la réputation, le grade militaire de ceux qui les portaient. Elles montraient, outre les insignes particuliers du clan, quelques particularités individuelles. On ne pourrait mieux comparer le recueil de ces dessins, publié par Seler, qu'à un « armorial ». Les divers grades étaient distingués par des insignes spéciaux certains chefs portaient des tuniques garnies de plumes (xiuheuatl, «-la chemise de plumes de cotinga bleues »; tozeuatl, « la chemise de plumes de perroquet jaunes »; aztaeuatl, « la chemise de plumes de héron blanches », etc.). Certains soldats portaient des justaucorps, surmontés de têtes artificielles d'animaux aigle, jaguar). D'autres fois, le maillot se terminait au cou et le guerrier se donnait un aspect imposant par une coiffure de longues plumes. Décrivons deux de ces vêtements. L'un, le quetzalpatzactli, « la double rangée de plumes de quetzal », a été emprunté aux Zapotèques par les Aztèques, sous Ahuitzotl, et les tlacatecuhtin seuls le portaient. L'autre, le cuezalpatlzactli, « la décoration de plumes de héron en forme de peigne », est extraite du même manuscrit ; elle était portée par les chefs subalternes, probablement les achcacauhtin. Les guerriers portaient des boucliers ornés de la même « devise » que leurs couvertures. Les chefs civils avaient, eux aussi, des costumes particuliers Sahagun, dans le cinquième paragraphe de son « Histoire » en langue nahuatl, énumère les vêtements que revêtaient les « princes » ou tecuhtin. Dans ce même chapitre, il décrit les pièces du costume des « femmes nobles ». La seule différence entre le costume des chefs et ceux des gens du peuple est l'ornementation, qui varie pour chaque espèce de chef ou chaque « princesse », tandis qu'elle n'existe pas pour la plèbe, les macehualtin. Chefs et simples
citoyens portaient le même costume, c'est-à-dire, pour le
sexe masculin, le maxtlatl et le tilmatli; pour le sexe féminin,
le huipilli et le cueitl.
Guerriers aigle et jaguar armés de leur massue d'obsidienne (maquahuitl). Codex de Florence. Les parures. La parure prenait mille formes. Nous avons parlé plus haut des coiffures et des boucliers que portaient les guerriers. Mais chaque individu, suivant son clan, sa situation sociale, sa valeur personnelle, et aussi suivant le rang qu'il occupait dans les cérémonies religieuses, avait droit à des ornements spéciaux. Les Aztèques étaient de très habiles orfèvres ; ils travaillaient les pierres dures : cristal de roche, jaspe, jadéite. La plupart des bijoux qu'on a retrouvés sur le sol du Mexique sont d'une facture excellente, mais de formes peu variées. Il faut en accuser moins l'imagination des artistes mexicains que la tradition qui paraît avoir imposé un nombre restreint de modèles. Comme les premiers conquérants réunirent tout l'or qu'ils purent trouver au Mexique pour l'envoyer en Europe ou le faire fondre sur place, il ne reste plus que quelques bijoux d'or et de cuivre : clochettes, petits animaux en feuilles d'or recouverts de fils d'or, etc. Nous possédons aussi des pendentifs en pierre dure jaspe, cristal de roche, qui paraissent, pour la plupart, dater d'après la conquête. On a trouvé en abondance des ornements de nez ou de lèvres en métaux précieux ou en pierres dures. Le plus répandu était le tentetl ou « labret ». Comme beaucoup d'autres peuples américains, les Aztèques portaient à la lèvre inférieure un objet, le plus souvent en pierre, parfois en métal, analogue aux « botoques » des indigènes du Brésil oriental. Le tentetl avait généralement la forme d'un petit cylindre, s'élargissant à la base. Les ornements de nez portaient le nom générique de yacametztli, « lune du nez »; ils étaient faits en forme de croissant, d'où leur nom. Lors des fêtes, les Mexicains se peignaient le corps; les dessins changeaient avec les fêtes, leurs formes étaient, fixées par la tradition, mais chaque individu avait le sien; aussi employait-on des sortes de timbres, faits de terre cuite et que l'on s'appliquait sur diverses parties du corps après les avoir enduits de couleurs. L'alimentation et la cuisineLes Mexicains étaient des agriculteurs, et la base de leur alimentation était le maïs.Le grain était broyé sur une plaque de pierre (metlatl), à l'aide d'un rouleau, également en pierre (metlapilli). La pâte qui servait à faire des sortes d'oublies était préparée sur la même pierre. La pâte de maïs était aromatisée avec du piment, et parfois avec de la vanille (tlilxochitl). On faisait aussi des sortes de crêpes de maïs, dans lesquelles on étendait une pâte faite de haricots et de piments écrasés. Les Mexicains faisaient une grande consommation de chocolat (chocolatl). Ils tiraient le cacao (cacahuatl) des provinces du Sud, et principalement du Soconusco; c'était un objet important de commerce, et les grains de cacao servaient de monnaie. Pour faire le chocolat, les Aztèques pulvérisaient, en quantité égale, des grains de cacao torréfiés et des grains de l'arbre pochotl (Bombax ceïba); cette poudre était jetée dans l'eau et remuée avec un « fouet », ou moulinet; la partie grasse du cacao montait à la surface, et elle était séparée du reste du liquide. On jetait dans l'eau une poignée de maïs rôti et pulvérisé et l'on cuisait à feu doux; le vase était ensuite retiré du feu, puis le beurre de cacao retiré auparavant était ajouté, le tout mélangé et l'on buvait tiède. Souvent le chocolat était aromatisé avec de la vanille. Outre ces plantes, ils cultivaient dans leurs champs la citrouille, la patate et l'igname (camotl), le haricot (etl), le piment (chilli), la sapotille (chicotzapotl), etc. Les Aztèques
consommaient une certaine proportion de viande outre la venaison, dont
les marchés étaient toujours abondamment fournis, ils mangeaient
de petits chiens (techichi) qu'ils engraissaient, des dindons (huexolotl)
et des faisans (coxcoxtli).
Les Mexicains possédaient diverses boissons fermentées. La plus connue est l'octli ou pulque, faite du jus fermenté de l'agave americana. • Le pulque est obtenu de la façon suivante : lorsque l'agave a atteint sa maturité, on coupe sa hampe et les feuilles tendres qui entourent celle-ci, et on laisse au coeur de la plante une assez grande cavité. La surface des grosses feuilles de la périphérie est ensuite grattée; il s'en échappe un jus clair qui se déverse dans la cavité centrale; on extrait ce liquide avec un chalumeau et on le place dans des vases où il fermente.Les Mexicains employaient d'autres intoxicants que le pulque; ils s'en servaient dans les cérémonies chamaniques pour produire des hallucinations. Les principaux étaient le tabac (yetl), le peyotl (Anhalonium Lewinii), le toloache (datura sp.) et l'olotiuhqui (convolvulacée du genre Ipomaea). • Le tabac était fumé soit dans la pipe, soit mélangé à du liquidambar, sous forme de cigare. Son emploi était plus ou moins lié à des rites religieux. Les arts industriels (tissage, teinture, poterie, travail des métaux, taille des pierres dures)L'art textile.Le tissage. Les Aztèques étaient d'adroits artisans. Les étoffes dont ils faisaient leurs vêtements, étaient tissées avec des matières variées. Bien qu'ils ne connussent pas la laine, la soie et le chanvre, les Mexicains possédaient cependant un nombre suffisant de matières textiles pour leur permettre de produire des tissus divers. Ces matières textiles étaient le coton - le plus important des textiles américains - le fil d'agave, le fil d'icxotl (un palmier nain) et le poil de lapin ou de lièvre. Des fils du maguey, ou agave, les habitants de l'ancien Mexique faisaient des toiles très fines; le palmier icxotl fournissait les gros fils, employés comme chaîne dans la fabrication des étoffes de coton; le poil de lapin ou de lièvre était réservé pour les étoffes fines et remplaçait, pour les Mexicains, la soie; le colon, enfin, servait à tous les usages auxquels les Européens d'alors employaient la laine. Le métier était de l'espèce la plus rudimentaire. Sa largeur correspondait à celle de la pièce d'étoffe à faire. Aux deux extrémités,. deux traverses maintenaient la chaîne, dont les fils étaient séparés, de deux en deux, au moyen d'une réglette plate, en bois, qui pouvait glisser d'une extrémité à l'autre du métier. Les fils qui formaient la trame étaient enroulés sur des navettes, formées de petits morceaux de bois pointus aux deux extrémités. Les ouvrages textiles étaient très variés de forme et de couleur, et, malgré la grossièreté de l'appareil de tissage, ils étaient, presque toujours, d'un fini admirable. Il suffit, pour se rendre compte de la variété d'aspect des tissus mexicains, de jeter un coup d'oeil sur les « devises » que portaient les divers chefs et guerriers mexicains. La
teinture.
Les principales couleurs
de teinture étaient le bleu sombre, produit par l'indigo; le vert
clair, tiré des carbonates et des acétates
de cuivre; l'orange, extrait de diverses plantes,
et le rouge, des graines de l'achiotl (Bixa orellana) et surtout de la
cochenille. Cette dernière teinture, qui fut plus tard employée
en Europe, était originaire de l'Oaxaca et plus spécialement
de la Basse Mixtèque. Lorsque les Mexicains s'emparèrent
de la ville mixtèque de Nochiztlan,
ils exigèrent que cette cité leur livrât comme tribut
annuel une quantité déterminée de cochenille. Cet
insecte vit sur certaines variétés d'Opuntia dont les Aztèques
cherchèrent à étendre la culture dans les parties
du Mexique qui environnaient Mexico. Lors de la conquête, il existait
des élevages de cochenille dans la république de Tlaxcallan,
à Cholollan et à Huexotzinco. Mais, même à cette
époque, le centre le plus actif de production était la province
Etoffes
de plumes.
L'art de la mosaïque de plumes était des plus délicats : non seulement les artisans devaient assortir les plumes de couleurs différentes, mais encore ils obtenaient, par transparence, des demi-teintes et choisissaient leurs matériaux en conséquence. Les plus grosses plumes, qui formaient le fond, étaient attachées sur l'étoffe de base avec des fils; les plumes plus légères, qui figuraient les demi-teinte, étaient collées sur les précédentes. Un bon exemple de cette mosaïque de plumes est conservé au Musée de Vienne. Le tissu est monté sur une carcasse de fines baguettes de bambou, unies par un filet sur lequel sont liées les grandes plumes; certains ornements sont faits de bandes de papier de maguey sur lequel on a collé les plumes fines. Un tablier de plumes, conservé au Musée de Berlin, est fait d'un tissu grossier sur lequel sont collées des bandes de papier découpé qui servent de support aux plumes. L'art de la broderie de plumes s'est perpétué jusqu'au XIXe siècle, pour la confection d'ornements d'église. Sculpture du bois.
Poterie.
La céramique plus fine comprend trois types principaux : le premier est celui des vases en terre claire, d'un jaune rougeâtre, montés sur pieds; le second comprend les objets faits de terre cuite non polie, sur lesquels on a fait des ornements en relief, par pastillage; le troisième renferme les vases de formes diverses, représentant des humains ou des animaux, très finement modelés. Les principales formes sont : l'assiette, plus ou moins profonde, montée ou non sur trois pieds; le bol, à fond plat et à parois arrondies; le panier de céramique, cylindrique, muni d'une anse, des vases globuleux, à col plus ou moins large, avec des pauses de galbes divers; des vases cylindriques, à pied bas, creux, munis de grandes anses latérales; des vases tronconiques doubles; des amphores d'un très beau profil et à fond plat, etc. Un grand nombre d'objets d'usage commun étaient faits de terre cuite : les cuillers à encens, dont ou se servait dans le culte, les braseros (qui atteignaient jusqu'à 0,75 m de hauteur), les poncifs avec lesquelles on s'imprimait des dessins sur le corps, etc. La décoration était parfois en relief, et obtenue en appliquant sur le vase, avant qu'il ne soit cuit, de petites parcelles de terre modelée; parfois, les vases eux-mêmes étaient modelés en forme de tête humaine, de fruit, etc.; le plus souvent, le décor était peint. La variété des motifs d'ornementation est très grande : souvent, pour les vases destinés à des usages domestiques, la décoration était géométrique : lignes, cercles, losanges, suite de points; pour les objets ayant une utilisation rituelle, on employait des symboles religieux : tête de mort (insigne de Mictlantecuhtli), tête de jaguar, etc. Le coloris était parfois très riche: sur un vase trouvé à Mexico, on relève les couleurs suivantes: jaune, blanc, rose, rouge sombre, noir. Cette polychromie paraît être due à une influence méridionale, ainsi que le style de certaines figures. Travail de la
pierre.
Les bas-reliefs du temple de Xochicalco, certaines statues, telles que celle de Xochipilli, et un jaguar, trouvées à Mexico, nous montrent ce qu'était leur sculpture. Ils réussissaient des travaux fort exacts et faisaient des boîtes en pierre fermant hermétiquement. De très nombreuses statues et bas-reliefs nous permettent de suivre l'évolution du travail de la sculpture au Mexique : tout d'abord, les statues sont très imparfaites, taillées dans des pierres poreuses (lave) et remplies de trous; peu à peu la technique s'améliore, les figures perdent de leur raideur et on aborde la sculpture des pierres siliceuses. Mais c'est surtout dans la taille des pierres dures qu'ils excellaient. Les lapidaires aztèques taillaient et sculptaient la jadéite (chalchihuitl), le cristal de roche, (iztactehuilotl), l'améthyste (tlapal tehuilotl); le jaspe et la calcédoine. Ils montaient les pierres qu'ils voulaient tailler dans un morceau de bois et les travaillaient avec de l'émeri et un instrument de cuivre durci. Lorsque la pierre avait reçu la forme désirée, elle était polie avec un fragment de bambou et du sable humide. On a conservé quelques objets en mosaïque, tel est surtout le poignard en silex, avec un manche représentant un homme accroupi qui fait partie de la collection Uhde, au musée de Berlin. Travail des métaux.
Les métaux étaient travaillés par martelage et par fusion. Le cuivre, ou ses alliages, surtout employés pour les armes et pour les besoins de l'économie domestique, étaient fondus de façon grossière. Mais les métaux précieux considérés comme doués d'une puissance mystérieuse et auxquels on attachait un respect quasi-religieux étaient travaillés par des artistes qui formaient un corps privilégié : les teocuitlahuaquê. Ceux-ci travaillaient l'or et l'argent par martelage, à l'aide de marteaux de pierre et au repoussé, en bosselant le métal avec des pointes également en pierre. Les fondeurs (teocuitlapitzquê) fabriquaient les objets les plus délicats, destinés au culte. Ces objets étaient fourrés et exécutés à cire perdue : l'orfèvre faisait d'abord un mélange d'argile et de charbon de bois finement pulvérisé, qu'il laissait sécher et durcir au soleil; lorsque le mélange était sec, il était sculpté suivant la forme voulue, puis on trempait la sculpture dans un bain de cire fondue, de façon que toute sa surface fût couverte d'une couche de cire mince et égale. Autour de l'objet, on faisait un moule, également de terre et de charbon. L'or, ou l'argent, fondus dans un creuset, étaient versés dans le moule avec une cuiller de terre; la cire fondait et le noyau se recouvrait d'une couche de métal précieux; il suffisait de casser le moule pour retirer le bijou, composé d'un noyau d'argile et de charbon recouvert d'une couche d'or. Ainsi que nous l'avons déjà dit, les spécimens de l'orfèvrerie mexicaine sont très rares. Les conquistadores ont fondu la plupart des bijoux qui tombèrent entre leurs mains. Toutefois, il existe quelques-uns de ces objets dans les musées d'Europe et du Mexique. Aujourd'hui encore, les Mexicains sont d'habiles orfèvres, et l'on conserve en France une grande plaque d'or et d'argent, exécutée par des artistes indigènes, qui fut envoyée par la république du Mexique à l'exposition universelle de Paris, en 1880. (H. Beuchat). |
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