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Ctésias

Ctésias, médecin et historien grec du Ve siècle av. J.-C. Il appartenait à la famille des Asclépiades et était fils de Ctésiarchos ou Ctésiochos; il naquit à Cnide, ville carienne où la médecine était fort en honneur, et il mourut probablement dans sa ville natale à une date qui nous est aussi inconnue que celle de sa naissance. Il vécut un certain nombre d'années, dix-sept suivant Diodore (II, 62), à la cour du roi de Perse, Artaxersès Memnon, auprès duquel il remplissait les fonctions de médecin (Strabon, XIV, p. 656). D'après Diodore, Ctésias aurait été fait prisonnier par les Perses et, à cause de sa qualité de médecin, il aurait été amené à la cour et y aurait été bien traité. Ctésias se trouvait à la bataille de Cunaxa (401 av. J.-C.) aux côtés d'Artaxersès (Xénophon, Anabase, I, VIII, 27); en 398, chargé d'une mission diplomatique auprès de Conon, il quitta la cour perse et revint dans son pays d'origine pour n'en plus sortir. 

Pendant son séjour en Perse, Ctésias avait réuni de nombreux matériaux historiques puisés aux archives royales (Diodore, II, 32), complétés par ses souvenirs personnels, par les récits qui lui avaient été faits. De retour à Cnide, il mit en oeuvre les documents de tout genre qu'il avait rassemblés et publia en vingt-trois livres, sous le titre de Persika, une histoire de l'Assyrie et de la Perse. Les six premiers livres comprenaient l'histoire des Assyriens et des Mèdes jusqu'à la fondation de l'empire perse; les sept suivants exposaient l'histoire de la Perse jusqu'à la mort de Xerxès et les dix derniers l'histoire de la Perse jusqu'au moment où Ctésias revint chez lui, c.-à-d. jusqu'en 398 av. J.-C. Cet ouvrage est perdu; Pamphila, une contemporaine de Néron, l'avait abrégé en trois livres (Suidas, s. v., Pamphila); cet abrégé a également disparu; nous avons en revanche un abrégé des livres VIIXXIII fait par Photius; nous pouvons, de plus, nous faire une idée des six premiers livres d'après Diodore, qui semble les avoir largement mis à contribution dans le deuxième livre de sa Bibliothèque historique; Plutarque, dans sa Vie d'Artaxersès, Athénée et quelques autres nous ont aussi conservé un certain nombre de fragments appartenant à divers livres. Ctésias avait aussi écrit sur l'Inde un ouvrage en un livre, 'Indika, dont Photius (Cod., 72) nous a aussi donné un abrégé. Cet ouvrage qui traitait surtout de la partie nord-ouest de l'Inde, avait pour objet principal la description du sol, de ses productions, des humains et des animaux.

Outre ces deux ouvrages que nous connaissons dans une certaine mesure, Ctésias en avait écrit plusieurs autres dont il ne nous reste que le nom ou tout au plus un ou deux courts fragments. Ces ouvrages sont : un Périple de l'Asie en trois livres (Étienne de Byzance, au mot Siguno; un ouvrage sur les montagnes, Peri Orôn, dont Plutarque (De Flum., XXI, 5) cite le second livre; un ouvrage sur les fleuves (Plut. De Flum., XIX, 2), et peut être un ouvrage sur la médecine (Galien, t. V, p. 652, 1. 51, éd. de Bâle).

Ctésias avait écrit en dialecte ionien; il fut célèbre dans toute l'Antiquité et jouit de l'estime toute particulière des Alexandrins. Toutefois, les critiques ne s'accordent que sur la valeur de son style; Denys d'Halicarnasse (De Compos. verb.,10), Démétrius de Phalère (De Eloc., par. 218, 221) le louent, Photius (Bibl., p. 45, éd. Bekker) en vante la clarté, la simplicité et l'agrément. Les appréciations sur sa véracité varient beaucoup plus, elles lui sont même en majorité défavorables. Chez les anciens, Plutarque (Artax., 1 et passim), Strabon (XI, p. 508), Aristote (Hist. anim., VIII, 28, p. 606) et d'autres ont vivement critiqué ses Persiques et ses Indiques; les modernes n'ont été guère moins sévères, et l'éditeur de Ctésias, Gilmore, s'est tout particulièrement montré acerbe (Ctésias, the Fragments edited with Introduction and notes by J.-E. Gilmore; Londres, 1888). 

La sévérité des jugements portés contre Ctésias s'explique par ce fait que le médecin d'Artaxersès suit une tradition toute différente de celle qu'ont suivie les autres historiens anciens, et en particulier Hérodote, contre lequel est, écrit l'ouvrage sur la Perse (Photius, Bibl., p. 35); cette sévérité est peut-être excessive. Ctésias représente en effet une tradition qui nous serait tout à fait inconnue sans lui : Bérose écrit d'après des sources sacerdotales, Ctésias d'après des sources officielles; Hérodote puise à des sources grecques, Ctésias à des sources orientales; par conséquent, de ce seul fait qu'il rapporte des événements, des traditions que ne connaissent pas les autres historiens ou que les autres historiens contestent, il n'en faut pas conclure que Ctésias a méconnu, ignoré ou falsifié la vérité, il faut seulement voir dans cette divergence une raison d'examiner plus attentivement les deux traditions; diverses recherches ont montré que pour l'Inde, par exemple, Ctésias avait été trop facilement calomnié par les anciens et par les modernes ( C. Müller, Ctesiae... Fragmenta, à la suite de l'édition d'Hérodote; Paris, 1858, p. 9).  (S. Dosson).



En bibliothèqueFabricius, Bibtiotheca Graeca, t. Il, p. 740; F. Baehr, Ctesiae Cnidii operum reliquiae, Francfort, 1822; P.-H. Larcher, trad, franç. t, VI de sa trad. d'Hérodote; Paris, 1785; Berger de Xivrey, Traditions tératologiques; Paris, 1836; C. Jacoby, Rhein. Museum, 1875, t. XXX, pp. 555 et suiv; P. Krumbholz, Quaestiones Clesianae, dans les Commentationes quibus O. Ribbeckio congratulantur discipuli; Leipzig, 1888, p. 192.
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