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Cratès,
poète comique athénien, un des prédécesseurs
d'Aristophane. Il règne sur sa vie
une grande obscurité. Tout ce que nous savons, c'est qu'il joua
comme acteur dans les comédies de Cratinus
et qu'en 424 av. J.-C., époque de la représentation des Chevaliers
d'Aristophane, il était mort.
Le théâtre
de Cratès est aujourd'hui perdu. Il parait s'être distingué
des poètes comiques ses contemporains par le choix des sujets :
au lieu de faire de la satire politique et personnelle, il mit sur la scène
des critiques plus générales; il s'en prit aux moeurs, plutôt
qu'aux individus, suivant en cela l'exemple d'Epicharme.
Nous connaissons
les titres de quelques-unes de ses comédies, les Voisins, les
Bêtes, Lamia (sorte de croquemitaine), les Jeux, etc.
Aristophane, qui parle de lui dans la parabase de ses Chevaliers
(v. 537 et suiv.), fait allusion à de nombreux échecs qu'il
aurait subis dans les concours, en même temps qu'à une grande
persévérance et à de louables efforts pour satisfaire
le public d'Athènes.
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En
bibliothèque -
Les fragments de Cratès dans Kok, Fragm. comic. graecor.,
I, pp. 130 et suiv; Bergk, Griech. Literaturgeschichte, IV,
p. 58. |
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Cratès
de Thèbes, philosophe cynique,
qui florissait, d'après Diogène
Laërce (liv. VI, ch. v), vers la 113e
Olympiade (328-324 av. J.-C.). Il fut le plus important disciple de Diogène
le Cynique et le dernier grand représentant de son école.
Issu d'une opulente famille, il reçut une brillante éducation;
mais il abandonna tous les honneurs auxquels il était en droit de
prétendre pour venir pratiquer à Athènes les maximes
des cyniques. On assure que dans son enthousiasme il vendit son patrimoine
et en distribua le prix, ou, suivant Philostrate, qu'il jeta l'argent à
l'eau. D'autre part, il se pourrait que sa pauvreté soit venue de
causes plus ordinaires; qu'il ait tout perdu lors de l'invasion macédonienne,
et qu'il se soit réfugié à Athènes pour fuir
le vainqueur. Quoi qu'il en soit, Diogène n'eut pas de plus ardent
disciple, de plus enthousiaste imitateur. Convaincu que le plaisir, loin
d'être un bien, est le plus pernicieux des maux, et que tout est
indifférent pour nous, hors le vice et la vertu, il s'attacha à
mettre ses actions en conformité avec ses principes. Difforme et
repoussant, il se plaisait à se dépouiller en public pour
exciter les railleries, menant d'ailleurs la vie la plus austère,
et, selon la tradition cynique, cherchant à instruire et à
éclairer les fous, c.-à-d. les autres humains. L'habitude
qu'il avait d'entrer à l'improviste dans les maisons pour adresser
aux gens ses exhortations ou ses réprimandes, l'avait fait surnommer
Thurepanoiktès.
Une jeune Thrace
de riche maison, Hipparchia, de Maronée,
séduite par les allures du philosophe, s'attacha à lui, et
Cratès impuissant à la rebuter finit par l'épouser
lorsqu'il la vit disposée à adopter son genre de vie. Les
deux époux consommèrent, paraît-il, le mariage devant
de nombreux spectateurs; d'autre part, il faut lire dans Diogène
la façon plus que singulière dont il maria plus tard ses
fils. En dépit de ses singularités, il avait gardé
de son éducation première une certaine délicatesse
native qui le préservait de la rudesse choquante et des exagérations
d'Antisthène. Chez lui le cynisme s'est
en quelque sorte humanisé; de là son importance dans l'histoire
: de lui part le mouvement d'où sortira plus tard le stoïcisme;
à travers Stilpon, il rejoint Zénon.
On ne sait pas la date exacte de sa mort, toutefois, il est probable qu'il
vécut jusqu'au nie siècle. Il a très peu écrit
: comme ses maîtres, il refusait toute valeur aux recherches et aux
spéculations dont le but immédiat n'est pas de contribuer
à l'amélioration morale
de l'humain. (L. Bélugou).
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En
bibliothèque - Quatorze lettres
attribuées à Cratès ont été publiées
dans la collection aldine des lettres grecques (1449, in-4), et Boissonnade
en a édité trente-huit dans Notices et extraits de manuscrits
de la Bibliothèque du roi (Paris, 182 7); mais elles ne sont pas
authentiques. Il avait composé un petit poème dont nous avons
seulement le titre, Paignia, et quelques tragédies philosophiques,
s'il faut en croire Diogène Laërce. Plutarque
avait écrit de Cratès une longue biographie dont il ne reste
rien.
Postumus, De Crat.; Groning., 1823. - Delaunay, De Cynismo;
Paris, 1831. |
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Cratès
de Mallos, grammairien grec, contemporain et adversaire du grand critique
alexandrinAristarque.
Il vivait au IIe siècle av. J.-C.
et enseignait à Pergame,
ville alors renommée pour ses professeurs et où les Attales
avaient réuni une bibliothèque presque aussi riche que celle
des Ptolémées à Alexandrie.
Cratès était célèbre dans l'antiquité
par différents ouvrages de grammaire.
Il avait fait, entre autres, un livre sur le dialecte attique. Mais il
est surtout connu comme exégète d'Homère.
Les Anciens avaient de lui un commentaire de l'Iliade
et de l'Odyssée
en neuf livres. Parmi tous les critiques d'Homère, il est pour nous
le principal représentant de l'exégèse allégorique.
Il croyait qu'Homère avait exprimé sous la forme d'images
des vérités scientifiques ou philosophiques; il en faisait
un savant qui avait caché sa science sous les dehors aimables de
la poésie. Ce système, évidemment faux, n'était,
au fond, que la conséquence naturelle de la façon dont les
Grecs envisageaient la littérature, principalement les oeuvres des
poètes, où ils étaient toujours portés à
apercevoir un enseignement et des règles de conduite.
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En
bibliothèque - C. Waschmuth,
De Cralete Mallota; Leipzig, 1860. |
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