| Deux familles ont porté le nom de maison de Coucy : la 1re, qui tire son origine d'un comte de Chartres, en 965, s'est divisée en deux branches, dont l'une s'éteignit en 1213, et dont l'autre, qui prit le nom de Coucy-Vervins, subsiste encore. La 2e famille, issue en 1213 d'Enguerrand de Guines, neveu du dernier sire de Coucy, s'est éteinte en 1400 dans la personne de Marie de Coucy, femme du comte de Bar. Raoul, châtelain de Coucy, partit en 1191 pour la Palestine (troisième croisade); il fit ensuite partie de la quatrième, et périt en 1203 au siège d'Acre. - Avant de partir à la croisade [Dans la chanson qui suit le châtelain de Coucy exprime la douleur et ses craintes qu'il éprouve au moment de quitter sa dame pour aller en Palestine. C'est en partant pour la troisième croisade (1191) qu'il la composa.] A vous, Amour, plus qu'à personne d'autre, Il est bien juste que je me plaigne de ma douleur Car il me faut absolument partir Et me séparer de ma loyale compagne, Et quand je la perds, il ne me reste plus rien. Sachez bien, Amour, Que si jamais quelqu'un mourut pour avoir le coeur triste, Il ne partira plus de moi ni couplet ni lai. Beau sire Dieu, qu'en sera-t-il donc? comment ferai je? Faudra-t-il que je prenne enfin congé d'elle? Oui, hélas ! il n'en peut être autrement. Il me faut aller sans elle en terre étrangère. Je ne crois pas qu'à l'avenir de grandes douleurs me manquent, Puisque je n'aurai d'elle ni consolation ni soulagement, Et que je n'attends de joie d'aucun autre amour Que du sien; j'ignore si je l'aurai jamais. Beau sire Dieu, comment pourrai-je me résigner A me passer du grand bonheur, des entretiens Et des plaisirs que m'accordait Celle qui était pour moi dame, compagne et amie? Quand je me rappelle sa franche courtoisie, Les douces paroles qu'elle me répétait, Comment mon coeur peut-il durer dans mon corps? S'il ne le quitte, sûrement il ne vaut rien. Dieu ne veut pas m'avoir donné Pour rien tous les plaisirs que j'ai eus en ma vie, Il me les fait au contraire chèrement payer, Et j'ai grand peur que le prix ne me tue. Grâce, Amour, car si jamais un dieu peut agir en vilain, C'est vilenie que rompre des amours loyales. Je ne puis pas ôter de mon coeur l'amour, Et il faut que je quitte ma dame! Maintenant ils seront joyeux les faux traîtres Qu'importunait tant le bonheur dont je jouissais. Mais jamais je ne serai si parfait pèlerin Que je leur veuille du bien : Et j'en pourrai perdre tout le fruit de mon voyage. Car les traîtres m'ont fait tant de mal Que si Dieu m'obligeait à les aimer, Il ne pourrait me charger d'un plus pesant fardeau. Je m'en vais, dame; à Dieu le créateur Je vous recommande, en quelque lieu que je sois; Je ne sais si jamais vous. » (Le Châtelain de Coucy). | On dit qu'avant de rendre le dernier soupir, il chargea son écuyer de porter, après sa mort, son coeur à la dame qu'il aimait (que les uns nomment la Dame de Fayel, les autres Gabrielle de Vergy). L'écuyer fut surpris par l'époux au moment où il s'acquittait de sa mission. Celui-ci prit le coeur et le fit manger à sa femme, qui instruite trop tard de son malheur, jura de ne plus prendre de nourriture et se laissa mourir de faim. Cette aventure a fourni à Belloy le sujet de sa tragédie de Gabrielle de Vergy. G. A. Crapelet a publié l'Histoire de Coucy et de la dame de Fayel, 1829. On a sous le nom de Renaud de Coucy 24 chansons (Roman du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel), qui ont été publiées en 1830 par Francisque Michel. Enguerrand III de Coucy, dit le Grand, fut le chef le la ligue formée, pendant la minorité de Louis IX, contre Blanche, mère du jeune roi : c'est lui qui fit bâtir le château de Coucy. On lui attribue cette singulière devise : Roi ne suis, ne prince, ne duc, ne comte aussi; je suis le sire de Coucy. | |