| Collins (John), mathématicien né à Woodraton en mars 1624, mort le 10 novembre 1683. Après avoir servi comme subrécargue dans la marine marchande, il se mit à donner des leçons de calcul et d'écriture; la réputation qu'il acquit comme calculateur lui fit obtenir une place dans les bureaux des contributions, et diverses publications d'arithmétique et de géométrie appliquée Introduction to merchant's accompts (1652, réédité, 1665); the Lector on a quadrant (1658); the Geometrical dialling (1659); Mariner's plain scale new plained (1659), lui suffirent pour être choisi comme membre de la Société royale de Londres, dès 1667. Il justifia ce choix par plusieurs mémoires d'une certaine importance, publiés dans les Philosophical Transactions, mais surtout il profita de ses relations avec les principaux mathématiciens anglais pour recueillir, en outre des lettres à lui adressées personnellement, des copies des pièces et correspondances intéressant les progrès de la science, et notamment l'invention du calcul infinitésimal. Ces papiers, recueillis par William Jones, servirent vingt-cinq ans après sa mort à la publication du Commercium epistolicum qui a immortalisé son nom et l'a fait surnommer le Mersenne anglais. (T.). | |
| Collins (Anthony), philosophe né à Heston, en Middlesex, le 21 juin 1676, mort à Londres le 13 décembre 1729. Élevé à Eton, il avait terminé à King's College (Cambridge) ses études classiques et, au sortir de l'Université, était entré à Middle Temple. Mais ce n'était pas à l'étude ni à la pratique du droit qu'il devait consacrer sa vie : il se sentait impérieusement attiré vers la théologie et les spéculations philosophiques. Sa théologie, comme nous le verrons, sera singulièrement différente de celle qui a cours dans les Églises et causera, ainsi que sa philosophie elle-même, un long scandale parmi tous les orthodoxes de son siècle. Ce n'est pas en pure perte qu'il avait subi l'influence de Locke, avec lequel nous apprenons, par la correspondance de l'auteur de l'Essai, qu'il fut uni par les liens d'une intime amitié. Mais le philosophe sensualiste ne vécut pas assez pour voir à quelle exégèse intrépide et à quelles vues doctrinales inquiétantes serait conduit le disciple et l'ami qui tenait de lui le culte de la sagesse indépendante. En 1745, une fois apaisé le plus fort de la tempête soulevée par ses livres, Collins se fixa en Essex; il y remplit même des charges officielles : celles de juge de paix et de député-lieutenant. Ce n'est pas que quelques âmes scrupuleuses ne se fussent émues de savoir en ces postes publics un tel hérétique. Une pétition fut même lancée par Whiston pour tenir sa révocation; fort heureusement pour l'honneur de la libre spéculation, ce fut en pure perte, et le sincère écrivain put terminer paisiblement sa vie sans avoir vraiment connu la persécution. Avant de publier l'ouvrage qui devait surtout faire sa réputation, Collins avait, en 1707, donné à l'impression un Essai concernant l'emploi de la Raison dans les propositions dont l'évidence dépend du témoignage humain. C'est un écrit où déjà perçait son rationalisme en matière religieuse; la révélation y était attaquée de biais, du moins la révélation aux termes de laquelle le Dieu manifesté et enseigné serait inconnaissable à l'entendement humain. Mais ce n'était là qu'une escarmouche avant le véritable combat. Quelques années plus tard, en 1743, à l'âge de trente-sept ans, il donnait son maître traité Discours sur la Libre pensée, occasionné par le progrès et la croissance d'une secte appelée Libres Penseurs, titre à dessein ambigu, sans doute, et dicté par une arrière-pensée ironique. A ne juger que par l'apparence, le but poursuvi dans l'ouvrage était parfaitement inoffensif. Que disons-nous? Collins se mettait adroitement à couvert sous la tradition elle-même et se donnait pour le strict imitateur de l'orthodoxie à sa naissance. Car enfin, se demandait-il, qu'avait été le christianisme, à son origine, que furent, que sont encore les conversions à la foi de l'Évangile, sinon, à un certain point de vue, autant de victoires remportées sur l'intolérance, l'aveuglement et le fanatisme par la liberté de juger et de croire? Argument spécieux, par trop diplomatique, et qui ne put être un suffisant laissez-passer aux doctrines critiques qu'il essayait par avance de pallier. Les orthodoxes ne s'y laissèrent pas tromper. Et ce fut dans toute l'Angleterre dogmatique et dévote, en France même, un terrible tapage. La tâche serait longue de citer toutes les répliques opposées à l'auteur par les croyants de tous bords. On en composerait toute une bibliothèque. Collins aura été assurément, en compagnie de Hobbes et de Hume, l'un des écrivains les plus réfutés. Loin d'intimider notre philosophe, tout ce bruit ne fit, ce semble, que l'enhardir davantage. C'est ainsi qu'en 1724 parut son Discours sur les fondements et raisons de la Religion. chrétienne et son Apologie en faveur de la libre dispute et de la liberté décrire, où son exégèse sceptique se donnait librement carrière. Il y soutenait que les passages prétendus prophétiques du Nouveau Testament où l'on a cru voir annoncée la carrière du Christ n'ont qu'une portée allégorique, et il s'en faut de peu qu'il n'accuse saint Paul de corrompre, au profit de ses thèses, les textes sacrés. A cette nouvelle attaque, les théologiens répondirent par une nuée de réfutations. Collins riposta à sa tour, en 1727, par sa Considération d'un système de prophétie littérale. Notre énumération des oeuvres composées par ce hardi penseur ne serait pas complète si nous ne mentionnions sa Recherche sur la liberté humaine (1715), où il développe avec une précision difficile à dépasser tous les arguments sur lesquels s'appuie la thèse du déterminisme absolu. En 1729, il revenait à la charge avec son opuscule Liberté et nécessité, en réponse à Clarke. Signalons aussi dans l'ordre purement philosophique sa Lettre à M. Dodwell où il plaide indirectement la possibilité d'une âme matérielle, par conséquent mortelle, ainsi que sa Défense des attributs divins, où il maintenait contre l'archevêque King le pouvoir que possède la raison humaine d'inférer les attributs de Dieu sur le modèle des nôtres propres. (G. Lyon). |
| Collins (Williams), poète, né en 1720, à Chichester débuta par des poésies qui ne reçurent pas d'abord du public l'accueil qu'elles méritaient, vécut dans un état voisin de la misère, perdit la raison dans ses dernières années et mourut en 1756, dans une maison d'aliénés. On a de lui des Églogues orientales, 1742, et des Odes descriptives et allégoriques, le placent au rang des premiers poètes lyriques de l'Angleterre; on estime surtout l'Ode sur les passions. Une bonne édition de ses oeuvres a été donnée par Alexander Dyce, avec notes, Londres, 1827. | |