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La constellation du Cocher |
La constellation
du Cocher
(Auriga) est l'une des plus anciennes de la sphère grecque; les
cartes célestes nous montrent là depuis un temps immémorial
un cocher sans voiture; néanmoins il tient de la main droite un
fouet et des rênes On lui a mis sur le bras gauche une Chèvre
et même deux petits chevreaux nouvellement nés. Il est probable
que son étoile la plus brillante (Alpha Aurigae = Capella) a été
associée anciennement aux faits et gestes de la vie des champs et
particulièrement au retour du printemps, comme les Hyades
et les Pléiades, dont elle
n'est pas fort éloignée. Quant au rapport qui peut exister
entre un cocher et une chèvre. Ce cocher avait reçu des Grecs
le nom d'Erichton, roi d'Athènes et
inventeur des chars, et la Chèvre celui d'Amalthée,
nourrice de Zeus.
Dans l'Almageste
de Ptolémée, cette figure est
appelée Héniochus (le cocher); dans celui de Sûfi
: Mumsik al-ainna (celui qui tient les rênes); dans Ulugh
Beg : Tenens habenas, ce qui a la même signification.
Elle a subi, comme ses compagnes, de singulières métamorphoses
; chez les Arabes, l'automédon
céleste n'a pas de chèvre sur le bras; au XVe
et au XVIe siècle, il apparaît
coiffé d'un bonnet phrygien; dans l'atlas
de Bayer, on le voit dessiné sous une forme
analogue à celle de l'atlas de Bode. Il suffira
de comparer à ce dessin celui d'un Aratus de 1559 et
celui, plus bas, de l'atlas d'Hévélius
(1690) pour se rendre compte des différences considérables
que la fantaisie des dessinateurs et le goût des siècles ont
apportées dans la configuration de ce groupe d'étoiles comme
dans celle de tous les autres.
Représentation des Gémeaux et du Cocher sur une carte gravée sur bois de 1559. Cette constellation se compose essentiellement
d'une étoile de première grandeur (Alpha du Cocher), une
de seconde (Bêta = Menkalinan), de deux de troisième
La constellation totale du Cocher s'appelait, chez les Grecs, Hêniochos, le Cocher; Hippêlatès, Elasippos, Armêlatés,Diphrêlatè (Hyginus). Les Latins le nomment Auriga, Aurigator, Agitator, Currûs, Habenifer, Custos Caprarum, Habens Hircum, Capellas, Haedos, Heniochus. Les Arabes appellent le Cocher , Memassich al Hanam, celui qui tient les rênes; ou Mumsik al-Ainna, ou, comme le nomme Blaeü, Memassich al-Haran. C'est, suivant Kirker, le berger qui tient un frein, El Samak. Les Arabes ont appelé le Cocher Maforte (Riccioli). Les Musulmans y peignent un mulet avec son bât (Caesius). Le Tétrabiblos le nomme Hora, nom peut-être corrompu de Roh ou Rhoa. Le Cocher dans la mythologieL'Antiquité a placé dans cette constellation le fameux Erichtonios, fils d'Héphaistos et de Gaïa, suivant les uns (Pausanias, Eratosthène), ou d'Athéna, selon d'autres (Germanicus). Zeus admira le génie inventif d'Erichtonios, quii le premier imagina, sur la terre. le Char à quatre chevaux, comme Apollon l' avait inventé aux cieux. II imagina en effet un attelage de quatre chevaux blancs; à l'imitation de ceux du Soleil. Pour perpétuer le souvenir et l'admiration de sa découverte, Zeus le plaça aux cieux (Germanicus, Hyginus, Eratosthène, Isidore de Séville). Il institua aussi le premier les sacrifices d'Athéna, les fêtes Panathénées, et construisit le temple et la citadelle d'Athènes. Voici ce qu'on raconte de sa naissance.Héphaistos, épris des charmes d'Athéna, déesse, qui a son siège au Bélier, avec lequel se lève le Cocher, et ou les Anciens plaçaient l'élément du feu, auquel préside Héphaistos, lequel a lui-même son son siège dans la Balance, opposée au Bélier et au Cocher, que la Balance, par son coucher, fait lever, voulut obtenir les faveurs de la déesse; mais ce fut inutilement, Athéna se cacha dans un lieu apellé Vulcanien, à cause des amours d'Héphaïstos / Vulcain pour elle. Héphaïstos l'y poursuivit et essaya. de lui faire violence. La déesse le frappa de sa lance et l'obligea à lâcher prise (Eratosthène); mais dans les les transports de sa passion, des germes de fécondité tombèrent sur la terre, et Athéna, en rougissant les couvrit de poussière. De ces germes naquit Erichtonios (Fulgence), dont le nom retraçait leur dispute. C'était un jeune enfant qui avait la partie inférieure de son corps terminée en serpent, ou terminée par les formes de la constellation du Serpentaire (Ophiuchus), qui se lève a son coucher. On dit, qu'Athéna l'enferma dans une corbeille bien couverte, qu'elle confia à la garde des filles d'Erechthée, avec défense de l'ouvrir. Mais ces filles cédant à la curiosité, irritées encore par la délense, ouvrirent la corbeille et n'y trouvèrent qu'un Serpent. C'est celui d'automnne, consacré dans less mystères de Dionysos. Cette vue les effraya au point, que, dans leur folie, elles se précipitèrent du haut de la citadelle d'Athènes (Pausanias, Apollodore). Le Serpent fut se cacher sous le bouclier d'Athéna, et la déesse l'éleva (Hyginus). D'autres traditions portent qu'Erichtonios n'avait de serpent que les jambes; que dans sa jeunesse il institua les Panathénées, en honneur d'Athéna; qu'il y courut monté sur un char, qu'il avait inventé; et que ce sont là les traits des sa vie, qui lui ont mérité l'honneur d'être placé aux cieux. Il avait dans ses courses, pour compagnon Heniochus, ou le Cocher assis à côté de lui, tenant dans sa main un bouclier et ayant sur sa tête un casque à triple aigrette (Eratosthène). Quelques auteurs prétendent, qu'Héphaïstos ayant forgé la foudre de Zeus, ce dieu lui promit de lui accorder ce qu'il lui demanderait; et qu'Héphaïstos lui demanda la main de sa fille Athéna. Le dieu la lui accorda; mais en même temps il enjoignit à Athéna de défendre sa virginité. C'est dans cette lutte, que les germes féconds du dieu du feu tombèrent sur la terre; allusion manifeste à l'équinoxe de printemps, annoncé par le lever du Cocher. De cette semence naquit Erichtonios. Athéna en confia le soin à trois soeurs, dont les noms expriment la rosée et les vents doux du printemps. Ces trois filles ayant ouvert la corbeille (Hyginus), leur indiscrétion fut trahie par une Corneille, qui les dénonça à Athéna; et le Serpent, qui parut sortir de la corbeille, leur inspira la fureur des Ménades. On retrouve ici le Serpent d'automne, qui se lève peu de temps après le Corbeau, placé sous l'Isis (Eratosthène) ou sous la Vierge céleste, dans lequel Athéna avait aussi son siège (Servius). On dit qu'Erichtonius fut le premier, qui
introduisit à Athènes l'usage de la monnaie d'argent (Hyginus,
Fabricius).
Oenomaüs (Hyginus), fils d'Arès, qui a son siège au Bélier, et d'Astérope, une des Pléiades ou Atlantides (Pausanias), fut de sa femme. Enaretê, fille d'Acrisius et soeur de Persée, une fille célèbre par sa beauté; c'etait la Pléiade Hippodamie. Beaucoup de personnes la recherchaient en mariage, et son père ne voulait pas la marier, parce que l'oracle lui avait prédit, qu'il serait tué par son gendre. En conséquence il proposait une condition à tous les amants, qui se présentaient; c'était de se mesurer avec lui dans une course de chars, dont sa fille serait le prix, s'ils étaient vainqueurs; et dont la mort serait la peine, s'ils étaient vaincus. Il ne proposait ce défi, que parce qu'il était sûr de la supériorité de ses chevaux, qui étaient plus légers à la course que le vent. Après qu'il eut ainsi fait périr beaucoup d'aspirants à la main de sa fille, vint enfin Pélops, fils de Tantale ou du Serpentaire (Théon), constellation opposée au Cocher, et qui le fait coucher par son lever. Pélops ayant apperçu, sur les portes du palais de ce prince féroce, les têtes des amants malheureux, qu'il y avait fait clouer, se repentit de sa démarche imprudente. Craignant de succomber auussi, il mit dans ses intérêts le Cocher d'Oenornaüs, Myrtile, à qui il promit la moitié de ses états, s'il le servait dans son entreprise. Le traité se conclut; et Myrtile, attelant le char, eut soin d'ôter les chevilles qui maintenaient les roues. En conséquence, à peine les chevaux, se furent-ils élancés dans la carrière; que le char se sépara en plusieurs pièces, et les coursiers fougueux en dispersèrent cà et la les débris. Pélops, vainqueur par cette ruse, retourna chez lui avec Hippodamie et Myrtile; mais il ne tint pas parole à ce dernier; au contraire, il le précipita dans les flots, afin d'ensevelir avec lui le secret de son artifice. Hippodamie, établie avec lui dans cette partie de la Grèce, qu'on appelle île de Pélops, ou Péloponnèse, lui donna plusieurs enfants; entre autres Atrée et Thyeste. C'est ce dernier, qui était possesseur du fameux Bélier à Toison d'Or, qui est aux cieux (Lucien), et dont l'image était en Grèce sur son tombeau (Pausanias). On voit, par ce tableau abrégé, que tous les acteurs de ce mythe et leurs parents sont groupés autour de l'équinoxe de printemps, et dans la partie du ciel opposée, où sont les paranatellons (= autres astres se levant en même temps) du signe équinoxial. On ne peut méconnaître, à ces caractères, une fiction astronomique. Myrtile précipité dans la mer, éprouve le sort de Phaéton, précipité dans l'Eridan; et il est aussi Phaëton dans un autre mythe. Myrtile avait son tombeau en Grèce, que Pélops lui avait fait construire pour apaiser ses mânes après sa mort. C'est sur ce tombeau qu'il lui sacrifia, et lui donna le surnom de Taraxippus, nom qui rappelait la ruse qu'il avait employée pour effaroucher les chevaux d'Oenomaüs. Les Phénéotes, qui prétendaient avoir rerouvé le cadavre de Myrtile, que les flots avaient rejeté sur le rivage, et l'avoir enterré chez, eux, sacrifiaient tous les ans pendant la nuit à Myrtile. On sait, que les Phénéotes honoraient surtout Hermès, et que Myrtile passoit pour être le fils de ce dieu. On prétend, que c'est lui qui donna son nom à la mer Myrtéenne, dans laquelle il fut précipité. Cette aventure mythologique de Pélops, d'OEnomaüs et de Myrtile, était représentée dans le temple d'Olympie. Les noms du CocherQuelques auteurs appellent ce Cocher Orsilochus l'Argien, qui le premier inventa les chars, lequel fut, à ce titre, transporte aux cieux (Hyginus). On fait Orsilochus ou Ortilochus fils de Dioclès, fils lui-même de l'Alphée, qui coule en Elide (Pausanias).D'autres le nomment Cillas, Cocher de Pélops lui-même; ceux-ci Sphaereus, Cocher du même Pélops. C'était la tradition des habitans de Trézène. Il avait son tombeau dans l'île Spherée, ou Sacrée, vis-à-vis de Trézène. Il est des traditions, qui en font Trochilus (Théon), fils de Callithée, prêtresse d'Argos, lequel avait le premier attelé les chars à quatre chevaux. On disait que Trochilus était un Hiérophante, qui s'était sauvé d'Argos, pour se soustraire à la haine d'Agénor, et qui était passé en Attique, ou il avoit épousé une femme d'Eleusis, dont il avait eu Triptolème, un des deux Gémeaux, qui se lèvent à la suite du Cocher (Hyginus). Selon Dupuis, il pourrait être le Trochilus, ou Troïlus, qui fut traîné par ses chevaux, étant mort sur son char (Virgile, Enéide). Plusieurs y ont vu le fameux vainqueur de la Chimère, Bellérophon (Théon), et c'est par lui que l'on pourra éclairer le mythe de Bellérophon, monté sur le cheval Pégase, qui précède le lever du Cocher, Bellérophon. Ce dernier tient en sa main la Chèvre, qui entre dans la composition de la Chimère, monstre astronomique, formé du Lion solsticial, et des deux paranatellons des équinoxes, le Cocher et la Chèvre d'un côté, et le Serpent du Serpentaire de l'autre (Hésiode, Théon). Ce monstre symbolique fut formé dans les mêmes principes que Cerbère; aussi le disait-on né des mêmes parents (Hésiode). ellérophon avait son tombeau à Corinthe, près du temple d'Aphrodite Mélanie et du tombeau de Laïs (Pausanias). C'étéit Athéna, qui avait rendu le Pégase souple à la volonté de Bellérophon (Pausanias). On faisait ce héros fils de Poséidon et d'Eurynome (Hyginus), nymphe qui emprunte ses formes du Poisson austral, sur lequel est Pégase, et qui précède le Cocher dans son lever. Bellérophon était fameux dans les traditions de Trézène, comme le Cocher céleste, connu sous le nom d'Hippolyte, en ces lieux (Pausanias). Ceux de Trézène montraient chez eux une fontaine d'Hippocrène, à l'imitation de celle de Béotie; et qu'on disait également avoir été ouverte par un coup de pied du Pégase, que montait Bellérophon, lorsqu'il vint dans ces lieux demander en mariage Aethra, fille de Pithée, et mère de Thésée. Bellérophon était honoré dans ces lieux, sous le nom d'Hippolyte fils de Thésée, que ces peuples plaçaient dans la constellation du Cocher céleste, et à qui ils sacrifiaient tous les ans. On trouvera, dans Apollodore, l'histoire de Bellérophon et de la Chimère, ou du Soleil, peint avec les attributs du Cocher céleste, et voyageant dans la partie septentuionale du monde. On lui attribue les mêmes aventures qu'à HippoIyte; car il fut accusé par Sthénobée, épouse de Praetus, d'avoir voulu lui faire violence, comme Hippolyte l'avait été par Phèdre, épouse de Thésee; quoiqu'il eût rejeté les avances que lui avait faites cette femme, qui en était devenue éperdument amoureuse, et qui, outrée d'un refus, avait employé contre lui les armes de la calomnie pour le perdre. Le Cocher avait, sous son nom d'Hippolyte, des tombeaux à Athènes et Trézène (Pausanias). Son temple n'était pas éloigné, dans cette première ville, de celui d'Asclépios ou d' Ophiucus nourri par la Chèvre que tient le Cocher, et qui porta aussi le nom de Thésée, père d'Hippolyte (Théon) Ce jeune infortuné avait été; traîné par ses chevaux, effrayés, comme ceux de Phaéton, autre nom du Cocher, par la vue d'un monstre redoutable. On voyait aussi à Trézène la maison et le stade où Hippolyte faisait courir ses chevaux, lorsque Phèdre en devint amoureuse (Pausanias). Le tombeau de Phèdre était à peu de distance de celui d'Hippolyte. D'autres auteurs y ont placé la plupart des héros, qui ont passé dans l'Antiquité pour avoir inventé les chars à quatre chevaux, ou pour s'être signalés dans l'art de les conduire , tels que Péléthronius (Hyginus), Phaéton, fils du Soleil, Oenomaüs, fils d'Astérie, une des Atlantides; Amphiarüs , fils d'Oïchus; Salmonée, etc. Mais, parmi tous ces noms, le plus fameux est celui de Phaéton, fils du Soleil et de Clymène, célèbre par sa chute des cieux dans le fleuve Eridan, où il fut précipité au moment où ses chevaux furent effrayés par la vue, du Scorpion céleste , lequel par son lever fait toujours coucher le Cocher et l'Eridan céleste. Le cycle du Cocher et l'interprétation mythologiqueDupuis explique le mythe de Phaéton en se servant de la constellation du Cocher. Lorsque cette constellation était placée dans les limites équinoxiales, elle marquait par son lever héliaque l'équinoxe du printemps, le retour de la lumière et de la chaleur , le commencement de l'année et de la végétation. Elle fut adorée souvent, comme renfermant la nourrice de Zeus ou du dieu de la foudre; nous ne la considérons ici que comme un génie fameux par ses malheurs, et connu sous le nom de Phaéton ou d'astre brillant du jourPhaéton était fils du Soleil
et de Clymène; d'autres disent de la Rose ou de Rhodê; ou
même de l'Aurore. Ayant eu une dispute.
avec Epaphus, fils d'Io, celui-ci lui reprocha de
n'être pas fils du Soleil, comme il s'en vantait. Phaéton
s'en plaignit à sa mère qui lui conseilla seilles d'aller
trouver son père, et de le prier de lui confier la conduite de son
char. Le père consentit à cette de mande, quoique avec peine,
et lui mit en main les rênes de ses chevaux. Mais le jeune imprudent,
après avoir conduit quelque temps le char du Soleil, ne, put contenir
ses coursiers, qui effrayés par le Scorpion, approchèrent
si fort de la Terre qu'elle fut embrasée. Phaéton périt
lui-même au milieu des foudres, précipité dans l'Eridan,
et ses soeurs les Héliades furent métamorphosées en
peupliers. Ce mythe est raconté fort au long dans Ovide.
La constellation du Cocher dans l'atlas d'Hévélius (1690). On doit se souvenir que l'équinoxe de printemps était regardé, comme le commencement du règne de la lumière et du feu, et qu'on célébrait cette époque de la nature comme la plus importante, celle où le Soleil venait échauffer et comme embraser la Terre. La chaleur était un embrasement pour les poètes. Ainsi Manilius nous peint l'été sous des traits aussi forts que les mythologues nous peignent l'embrasement de la Terre par Phaéton. On peut trouver ailleurs cette idée exprimée allégoriquement par le flambeau allumé, qui accompagne le Taureau équinoxial. C'est aussi la même idée, qu'on peut identifier dans la mythe de Persée, qui fait descendre la foudre, aux flammes de laquelle il allume le feu sacré. Pythagore pensait que le monde avait commencé par le feu. C'était à l'entrée du printemps que le pontife à Rome allait prendre le feu nouveau sur l'autel de Vesta : Adde quod arcanâ fieri novus ignis in aede dicitur, et vires flamma refecta capit (Ovide).Et Macrobe : Ignem novum Vestae aris accendebant, ut anno incipiente cura denuo servandi novati ignis inciperet.C'était à l'équinoxe, qu'on allumait en Syrie des feux, où les peuples venaient de toutes parts, suivant le témoignage de Lucien. Les fêtes du Norouz ou du printemps sont les plus fameuses de la Perse. Enfin le jour de l'équinoxe, en Egypte, on célébroit une fête, suivant saint Epiphane , en mémoire du fameux embrasement de l'univers, que nous allons expliquer. Voici le passage de cet auteur : Quia et oviculae in Aegyptiorum regione mactatae adhuc apud Aegyptios traditio celebratur, etiam apud idolatras. In tempore enim, quando Pascha illic fiebat (est autem tum principium veris, cum primum fit aequinoctium), omnes Aegyptii rubricam accipiunt per ignorantiam, et illinunt oves, illinunt ficus et arbores reliquas, praedicantes, quod ignis in hâc die combussit aliquando orbem terrarum : figura autem sanguinis ignicolor, etc.Le sang, dont on marquait les arbres et les troupeaux, était donc le symbole du feu céleste, qui fécondait la nature, à la fin de l'ancienne période ou de l'année révolue, et au retour du Soleil à l'équinoxe, au lever héliaque du Bélier. Cette tradition et cette fête se conservèrent jusques chez les Romains ces peuples célébraient une fête pastorale, sous le nom de Palilies, au lever du Bélier et à l'entrée du Soleil dans le Taureau (Ovide, Fastes), dans laquelle l'eau et le feu étaient honorés d'un culte particulier. On purifiait le berger et ses brebis par le feu : Ignis cum duce purgat oves; et pour cela, continue Ovide, on le faisait passer a travers les flammes : Moxque per ardentes stipulae crepitantis acervosParmi les différentes raisons qu'on donnait de cette fête, il en est une qui est la même que celle qu'en donnaient les Egyptiens : Sunt qui Phaétonta referriLorsque l'équinoxe était au Taureau, l'entrée du Soleil dans cette constellation, ou son arrivée au point équinoxial , était annoncée par le lever du Bélier, de la Chèvre et du Cocher. C'était le passage des ténèbres à la lumière et à la chaleur, et conséquemment une époque trop intéressante pour que le lever du génie, ou de l'agent céleste, ne fût pas observé et célébré, dans les hymnes sacrés et les allégories poétiques sur les cycles de la nature. On appliqua a l'année les mêmes fictions, que l'on faisait sur les grandes périodes, qui restituent les mêmes événements sublunaires, et qui ramènent un nouvel ordre de choses; ce qui arrive tous les ans au printemps, lorsque la nature renaît de ses cendres. L'astre bienfaisant, qui annonçait ce renouvellement, était en quelque sorte le génie créateur ou régénérateur de la nature, le dieu de la Iumière; on l'appela Phaéton, c'est-à-dire brillant, nom que le Cocher céleste a longtemps retenu dans quelques livres d'astronomie. Non seulement on célébra
le génie conducteur du Char du Soleil, dans son retour vers nos
régions, mais on chanta aussi le signe équinoxial, ou le
Taureau céleste, d'où le Soleil était censé
commencer sa course. C'était ce même Taureau, dans lequel
Io avait été placée, après sa métamorphose
: aussi le mythe de Phaéton suit-il immédiatement
Nunc Dea Niligenâ colitur celeberrima turbâ (Ovide, Métamorphoses);et ailleurs, en parlant du Taureau céleste (Fastes), Hoc alii signum Phariam dixêre juvencam, quae bos ex homine est, ex bove facta dea.Ce n'est donc pas sans sujet, que l'histoire d'Io est liée avec celle de Phaéton, et qu'Epaphus son fils figure dans ce mythe. Cet Epaphus en effet, suivant Hérodote, était le même qu'Apis; et Apis lui-même, suivant Lucien, était le symbole du Taureau céleste. Voilà pourquoi on a suppose, que le génie solaire du Taureau avait été determiné à conduire le char du Soleil, par une suite des railleries d'Epaphus fils d"Io. La filiation de Phaéton a un fondement dans l'allégorie. C'était l'astre du printemps : on lui donna pour mère Rhodê, ou la Rose : il paraissoit le matin à l'Orient, et précédait le char du Soleil : on put donc le faire aussi fils de l'Aurore. Le plus grand nombre lui donnait pour mère Clymène, nom allégorique d'une des Hyades. Nonnus, dans ses Dionysiaques, consacre presque un chant entier à raconter le mariage de Clymène avec le Soleil, et l'aventure malheureuse de Phaéton. Il dit, que l'Ether, d'où Phaéton descendait, célébra sa naissance; que les nymphes de l'Océan en prirent soin, et que toutes les étoiles faisaient la garde autour de son berceau; que l'Océan, pour amuser ce jeune enfant, le jetait en l'air, et le recevait ensuite dans son sein; que devenu plus grand, il se faisait un petit char, auquel il attelait des Béliers; et qu'au bout du timon il y avait mis une espèce d'étoile, qui ressemblait à l'étoile du matin, dont il était lui-même l'image. Il est bien difficile de méconnaître ici l'astre du matin, qui, au lever héliaque du Bélier, précédait le char du Soleil. On fit de Clymène une nymphe des eaux, telles qu'étaient les Hyades. L'équinoxe du printemps étant donc censé être le commencement de l'année, l'astre qui l'annonçait était le génie, qui venait allumer le feu dans l'univers; c'était le porte-lumière. Aussi Nonnus , dans ses Dionysiaques, donne à Phaéton le nom de Porte-lumière, et Platon, dans son Timée, dit qu'on appelait ainsi, non seulement Lucifer ou Venus, mais tout astre, qui précédait le matin le Soleil. Le signe du Bélier, qui se levait alors héliaquement, ainsi que la Chèvre ou le Cocher , durent donc être regardés comme des signes avant-coureurs, ou même comme causes de la chaleur, que la Terre allait ressentir tout l'été. Aussi voyons-nous, que les Anciens peignaient la chaleur de l'univers, sous l'emblème d'un Bélier, suivant Abnephius. Indicaturicaturi calorem mundanum, Arietem pingunt.Les Hindous ont leur dieu du feu, qu'ils appellent le dieu Agni; on le représente sur un Bélier caparaçonné. Ce dieu a quatre bras, et des flammes s'élancent de sa tête. On trouve cette figure parmi les autres incarnations de Vishnu, dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale : elle est la treizième. Le nom d'Agni, et le Bélier, sur lequel est monté le génie, désignent assez le Bélier céleste, que les Perses appellent l'Agneau; il y a, disent-ils, équinoxe, quand l'Agneau reparait. C'est cet Agneau, que le petit Phaéton attelle à son char, dans Nonnus, c'est-à-dire le Bélier. Nous le voyons répété trois fois sur un monument, qui est dans Montfaucon (L'Antiquité expliquée, pl. 51); il y est trois fois, à cause des trois décans de chaque signe du zodiaque, et il est placé sur trois piles de bois, de dix pièces chacune, nombre égal à celui des degrés de chaque décan. Deux prêtres placés devant le bûcher y sont représentés, le jour de l'équinoxe, allumant le feu sacré aux rayons du Soleil. On nourrissait même des brebis consacrées au Soleil à Apollonie, suivant le témoignage d'Hérodote. Phaéton ou le Cocher fut donc regardé également comme l'astre, qui ramenait la chaleur, et le génie qui devait embraser l'univers. Le jour, où il se le voit héliaquement, était celui de l'équinoxe, jour en Egypte on celébrait une ancienne fête, en mémoire de l'embrasement de la Terre. Le jour où allait commencer le règne du feu qui devait durer tout l'été, le Cocher se trouvait le matin sur l'horizon avec le Soleil; et après avoir conduit son char ce jour là, il se couchait le soir avec l'Eridan, au lever du Scorpion. C'est ce Scorpion dont la vue effraye ses chevaux, qui se précipitent et s'approchent de la Terre, spatio terrae propiore feruntur. Le jeune Phaéton foudroyé périt et tombe dans l'Eridan. Cet Eridan, dont il est ici question, est la constellation de l'Eridan, dont le coucher précède de peu de minutes celui de Phaéton, ou du Cocher, qui est placé au-dessus. Ce fleuve, ou cette constellation, porte encore chez les auteurs le nom d'Amnis phaëtontius, comme on le voit dans Blaeü. C'est cette apparence astronomique, ce coucher du génie du printemps, accompagné de celui de l'Eridan qui se fait le soir, au moment on montent les étoiles du Scorpion, que l'on retrouve dans le mythe du jeune fils du Soleil, dont on pleurait la chute en Italie, comme on pleurait la mort d'Osiris en Égypte, et de Thamuz en Mésopotamie. Barbari ad Eridanum accolentes, dit Plutarque, atris vestibus amicti Phaëtontem lugent.Plutarque, de son côté, trouve cette cérémonie singulière, et ajoute : Magis etiam , puto , ridiculum hocOvide fixe (Fastes) sous le Taureau, au deux des nones de mai, l'apparition de ce terrible Scorpion; et trois jours après le coucher d'Orion, du pied duquel sort l'Eridan, et qui est suivi, dans son coucher, du Cocher, qui se couche peu de temps après. Au bout de cinq jours se lèvent les Pléiades, ou les Héliades, et le calendrier marque le commencement des ardeurs brùlantes de l'été. Le coucher du Cocher est suivi du lever du Cygne, qui figure, comme ami de Phaëton, dans cette constellation. Il est pleuré de ses soeurs. Quelques auteurs font monter le nombre de ses soeurs jusqu'à sept, et les appellent Héliades, dont la première est Mérope, nom d'une des sept Pléiades, qui sont ici désignées sous le nom d'Héliades. Mais plus communément on ne lui donne que trois soeurs, qui portent chacune un nom fort convenable à une étoile; l'une est Lampetuse, l'autre Lampetie, et la troisième Phaëtuse; peut-être trois étoiles les plus remarquables de l'astérisme des Hyades. En effet, Euripide n'en comptait que trois, dans une tragédie, qu'il avait intitulée Erechtée (Théon), autre nom du Cocher. Les Hyades avaient donc quelque rapport avec l'histoire de Phaéton. Au moins on fait ses soeurs, comme les Hyades, nymphes des eaux; et l'on trouve un monument, dans l'Antiquité expliquée de Montfaucon, ou les soeurs de Phaéton sont représentées versant de l'eau d'une urne, au moment de leur métanmorphose. Nonnus, dans ses Dionysiaques, décrit la chute de Phaéton, et dit positivement, qui a été placé au ciel dans la constellation du Cocher, ou que Zeus l'a mis dans les constellations sous le nom et la forme d'un conducteur de char, ainsi que le fleuve Eridan, dans lequel il avait péri. On donna aussi au frère de Médée, Absyrte, fils d'Aëtès, le nom de Phaéton ; et il est célèbre par ses malheurs, comme l'est le Cocher, sous les noms de Phaéton et d'Hippolyte. La ChèvreOn distingue dans le Cocher, à l'épaule gauche, une belle étoile, appelée la Chèvre (Apollonius de Rhodes, Philostrate), et tout près, à la main gauche, quelques petites étoiles, qu'on dit être ses Chevreaux. Cette étoile est de la première grandeur, et d'une couleur d'or.C'est la fameuse Chèvre Amalthée, si célèbre dans le mythe de Zeus, qu'elle est supposée avoir allaité. On raconte qu'un certain Olenus, fils d'Héphaïstos, comme l'était le Cocher, sous le nom d'Erichthonios, fut père de deux nymphes Aega et Hélice, qui furent les nourrices de Zeus et qui donnèrent leurs noms à deux villes, à Hélice dans le Peloponnèse, et à Aega en Armonie, comme leur père (Hyginus) donna le sien à Olenus en Aulide. D'autres traditions portent, qu'un certain Melissus (Théon), roi de Crète, avait des filles, auxquelles on confia le soin de nourrir Zeus enfant; que n'ayant pas de lait, elles lui firent téter une chèvre, nommée Amalthée, qui l'éleva. Cette chèvre était dans l'usage de mettre souvent bas deux petits, et elle en mit bas effectivement deux, au moment où on lui donna Zeus à nourrir. Le dieu reconnaissant plaça au ciel sa nourrice, et les deux petits chevreaux, connus sous le nom de Haedi, dont l'influence annonce les orages, et le bouleversement des flots (Hyginus). Cléostrate de Ténedos passe pour avoir été le premier, qui ait fait remarquer les Chevreaux. Musée raconte, que Zeus, au moment de sa naissance, fut confié par Ops sa mère à deux nymphes, Thémis (Germanicus) et Amalthée; que cette dernière avait une chèvre, qu'elle chérissait, et qui nourrit Zeus. On voit que Zeus, dieu lumière, qui prenait la forme du Bélier, comme Christ celle de l'Agneau, eut pour nourrice Thémis, ou la Vierge céleste, comme Christ l'eut pour mère; c'est-à-dire que le dieu de l'année et du jour, dont on fêtait la naissance, au solstice d'hiver, lorsque le Soleil était arrivé au Capricorne avec lequel Zeus fut nourri, commençait à minuit sa carrière, au lever de la vierge Thémis, et que ce signe ascendant peut se reconnaître dans la double fiction, d'un dieu à cornes de Bélier nourri par la Vierge, et d'un dieu aux formes d'Agneau, incarné aux chastes flancs d'une vierge. Amalthée, l'autre nourrice, était placée sur l'Agneau du printemps, dont Zeus et le Christ empruntaient la forme, au moment de leur triomphe, l'un sur les Géants aux pieds de Serpent, et l'autre sur le Prince des Ténèbres aux formes de Serpent également. Car c'est la forme qu'il prit, lorsqu'il vint introduire dans l'univers le mal, que le Christ est censé réparer sous sa forme d'Agneau. Dans ce mythe, le Christ a tous les caractères du Zeus Grec. Cette même chèvre, qui avait nourri Zeus, l'aida à triompher des Géants. En effet, lorsque le Soleil atteint le Bélier, et qu'il prend les formes du Bélier ou de l'Agneau, alors il s'unit à la chèvre céleste; et repassant dans notre hémisphère, il assure aux jours l'empire sur les nuits. Voici quelles sont les traditions à ce sujet. On dit que le, Soleil avait une fille appelée Aega ou la Chèvre (Eratosthène), d'un éclat éblouissant , et d'un aspect effrayant. Sa vue jeta l'épouvante parmi les Titans, qui prièrent la terre, leur mère, de le cacher à leurs yeux (Hyginus). En conséquence, elle la donna à Amalthée, qui la cacha dans un antre de Crète, où par la suite (Germanicus) elle nourrit Zeus. Ce dieu devenu grand entreprit la guerre contre les Titans, et il lui fut répondu que, s'il voulait en triompher, il devait les combattre armé de la tête de Méduse, et couvert de la peau de la chèvre Amalthée, dont il ferait son Egide. Il le fit et il obtint la victoire sur les Titans. Il enferma ensuite les ossements d'Amalthée dans une peau de chèvre; il l'anima , et il en plaça l'image aux cieux (Eratosthène). Il abandonna depuis, à Athéna ou a la déesse qui a son siège au Bélier, les armes dont il s'était servi dans sa victoire sur les Titans. Ce mythe ainsi compris par Dupuis : les Titans sont les génies des tenèbres, ennemis nés du principe de lumière, Zeus. Ce dieu naît au solstice d'hiver et triomphe, comme le Christ, au printemps, en passant dans l'empire de la lumière, ou dans l'hémisphère supérieur , qui est celui que nous habitons, et dans lequel les nuits cèdent à la durée des jours. Ce passage du Soleil ou de Zeus se fait sous Aries (le Bélier), sur lequel sont placées Méduse et la chèvre Amalthée. On faisait d'Aega une nymphe d'Arcadie, laquelle nourrit Zeus, et que le dieu, quand elle fut morte, plaça aux cieux, après s'être lui-même revêtu de sa peau. Il prit là son surnom d'Aegéen et d'Aegiochus (Lactance), et il donna à sa chèvre nourricière, le nom d'Amalthée (Théon). Dans Diodore de Sicile,
Amalthée est l'épouse d'Ammon ou de Zeus à cornes
de Bélier. Ovide en fait une Naïade, qui habitait les sommets
de l'Ida en Crète, laquelle cacha Zeus dans les forêts, où
elle le nourrit , par le secours d'une chèvre qu'elle avait , et
qui était mère de deux chevreaux. Cette chèvre nourricière
se brisa une corne contre un arbre; la nymphe la ramassa, et la remplit
de toutes sortes de fruits, qu'elle présenta à Zeus. Ce dieu
devenu grand plaça aux cieux sa nourrice et la corne d'abondance,
qu'elle lui avait présentée. On dit qu'Héraclès
ou le dieu Soleil chérissait singulièrement Amalthée,
et qu'il porta partout avec lui la Corne d'abondance. On fait aussi Amalthée
fille d'Haemon (altération d'Hammon ou Ammon?), et on dit
que cette Princesse avait une corne de taureau, qui avait la vertu de fournir
à celui qui la possédait tous les aliments qu'il désirait
(Apollodore). On conçoit le lien de ce mythe sur la belle étoile
du Cocher, qui appuie son pied gauche sur la corne gauche du Taureau céleste
(Hyginus), que parcourt le Soleil au printemps, lorsque la terre fait éclore
de son sein tous les biens en abondance. La tête du Cocher, qui porte
Amalthée, n'est pas éloignée de l'Ourse, Hélice,
comme l'observe Germanicus. C'est là, sans doute, ce qui a fait
réunir ces deux constellations , sous le titre de nourrices de Zeus.
Le même auteur fait parler Typhon, et celui-ci, dans son entretien avec Cadmus déguisé sous la forme de Pan, lui promet de placer ses boucs dans la constellation du Cocher. Ce sont effectivement ces Chevraux et leur mère, qui ont fourni à Pan les attributs du Bouc. On donne à la Chèvre l'épithète de Chèvre sacrée (Aratus), et de Chèvre d'Olenus ou Olenia, d'Aglaë, Splendida. On lui donne par excellence le titre de Domina (Ovide, Fastes), qui semble répondre à celui de Despoina chez les Arcadiens (Pausanias). Son influence pluvieuse lui a mérité l'épithète de Pluvialis (Germanicus), de Signum pluviale (Ovide, Fastes) et de Sydus pluviale (Métamorphoses). C'est sans doute par une suite de cette opinion, que l'on disait que Zeus excitait les orages, toutes les fois qu'il agitait l'Égide formée de la peau d'Amalthée (Virgile, Enéide). Ses Chevreaux portèrent le même caractère, et Virgile les appelle pluvieux, pluvialibus haedis. Servius dit, que leur lever et leur coucher provoquent les plus affreuses tempêtes. Il fixe un de leurs levers, sous le Scorpion; c'est alors un lever du soir. Hyginus fait lever le Cocher, qui les porte, au coucher d'Ophiuchus placé sur le Scorpion, et il le fait coucher, au lever du Sagittaire et du Capricorne. Théon en dit autant. On leur attribue,
dit-il, la faculté d'exciter les plus
Columelle fixe, au trois avant les calendes de mai, un lever du matin de la Chèvre, accompagné du souffle de l'auster, et quelquefois de pluie : au huit, au sept et au six des calendes de juin, un lever du matin de la même Chèvre, avec des vents de Nord. C'est la veille de ce jour, où le neuf des calendes, que l'on sacrifiait à la fortune publique (Ovide, Fastes), et on pense qu'elle était invoquée à Rome, comme la Bonne Déesse, pour la prospérité de l'empire et que sa corne était mise entre les mains de la fortune, chez les Grecs, et dans celles de Sosipolis, genie tutélaire de certaines villes (Pausanias). Le même auteur marque, au sept des ides de septembre, la fin du coucher du matin du Poisson Boréal, et le lever du soir de la Chèvre, avec indication de tempête. Il fixe, au cinq des calendes d'octobre, le lever des Chevraux, accompagné du souffle du favonius et de l'auster ter, et quelquefois de pluie. Il place aux nones d'octobre le coucher du matin du Cocher, la Vierge finissant de se coucher. Il marque, pour ce jour là , quelquefois de la tempête. La veille des nones d'octobre est annoncée par le lever du soir des Chevreau. Il fixe au dix des calendes de janvier un coucher du matin de la Chèvre, avec indication de tempête. C'est au neuf des mêmes calendes, qu'il place le solstice d'hiver, suivant le calcul des Chaldéens. La Chèvre se couchait le matin, lorsque Zeus / Jupiter le dieu Soleil était peint, comme le Christ, sous l'emblème, d'un enfant naissant, que la Chèvre Amalthée était chargée d'allaiter, avec le Capricorne, ou Egipan, fils de la Chèvre, frère de lait de Zeus naissant (Hyginus). Voilà, donc encore un lien avec mythe qui représente Zeus naissant, monté sur le Capricorne de Cronos / Saturne son père, car ce-dernier y a son domicile. Cette Chèvre était censée produire quelquefois la grêle, et frapper les vignes de sa funeste influence. Aussi Nonnus lui donne l'épithète de Grandinosa. C'est pour détourner ce fléau, que les Phliassiens avaient élevé une Chèvre de bronze doré dans leur place publique, et qu'ils lui rendaient hommage (Pausanias). Prés de là était le lieu où Amphiarüs s'enfermait la nuit, et avait les songes, d'après lesquels il rendait ses oracles. Amphiarüs, comme le Cocher, montait un char, et il était représenté dans la même attitude que le Cocher d'Oenomaüs , etc. Ce sont les mêmes oracles que ceux que Faunus, père de la Bonne Déesse, ou mari de la Chèvre, rendait autrefois dans le Latium (Virgile, Enéide). Un ancien commentateur de Ptolémée appelle la Chèvre Hircus. Cette Chèvre s'appelait chez les Grecs, Aix (Aratus, Germanicus, Théon, Hipparque, Proclus, Pétavius), et ses petits, Eriphoi. La Chèvre
dans les traditions orientales.
Ulugh-Beg appelle l'étoile de l'épaule gauche, ou la Chèvre Aijuk; les Arabes l'appellent Alhatod et Alhaiot, Haiok et Al-Haiok, Ophiultus. Ulugh-Beg nomme celle de l'épaule droite, Menkib dil Inân; et celle du talon gauche, qui lui est commune avec la corne du Taureau, Cab dil Inan. Hésychius la nomme Innê, Aix, ou la Chèvre. La belle étoile de la Chèvre, dit, Hyde, est Al Aiyûk, et après elle on trouve une petite étoile appelée Almaâz , le Bouc; et plus loin deux petites étoiles, nommées Algjedyan, les Chevreaux. Atûd est un jeune bouc. L'étoile quatorzième est Menkib dîl Inân. La onzième, Cab dîl Inân; la première, l'épaule; la seconde, le talon du Cocher. Al Aiûk est une étoile brillante, à la droite de la Voie lactée, et qui suit les Pléiades. Son nom en Syriaque est lyzûtho, et en Hébreu, Aisch ou Asch. Hyde, comme Dupuis, pensait, que c'est la constellation désignée, sous le nom d'Aisch, dans Job. Les auteurs juifs sont partagés d'opinions sur cet Aisch de Job. Les uns, tels qu'Abenezra, prétendent, que c'est l'Ourse qu'il faut entendre. Les Syriens modernes veulent, que ce soit Iyûtho, ou les Pléiades, qui sont désignées par Aisch. Isa Bar Haly confond Iyûtho avec Aiyûk, et il en fait une étoile du Taureau, et même d'Orion, Al Giauza. La proximité de ces constellations a pu être la source de l'erreur. Bar Bahul tombe dans la même méprise. D'autres confondent Aiyûk avec la rouge des Hyades ou avec Aldébaran. Hyde prétend, avec tous les Orientaux , et avec Ulugh-Beg qu'Aiyûk est la belle Etoile de la Chèvre. Il cite l'autorité du Talmud et de Buxtorf. On appelait les Chevreaux en Arabe, Sadateni et Saclateni. Le mulet, qu'y peignaient les Turcs, se nommait Alphecca. Les Chevreaux s'appelaient Graüs (Hésychius). Le Cocher est peint penché ,sur ses chevaux, qu'il fouette (Aratus). (Ch. Dupuis). |
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