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Clouet

Les Clouet. - Peintres français du XVIe siècle. La famille des Clouet parait être d'origine flamande. Les comptes du duc de Bourgogne nous révèlent du moins l'existence d'un Jehan Clouet ou Cloet qui vivait à Bruxelles en 1475, et qui exécuta pour le duc divers travaux de peinture. Ce premier Clouet, dont les oeuvres sont inconnues, ne semble pas avoir quitté son pays. On ignore si quelque lien de parenté a pu exister entre lui et un certain Gabriel Clouet, également peintre, qui travaillait à Cambrai aux premières années du XVIe siècle et qu'un ancien document nous montre en 1500, comme l'auteur du modèle d'une châsse en or et en vermeil dont le clergé de la cathédrale se servait pour abriter dans les processions l'image de Notre-Dame de Grâce.

Jehan Clouet, de Bruxelles, le peintre du duc de Bourgogne, eut un fils qui porta le même prénom que lui. Ce Jehan II Clouet, qu'on suppose être né vers 1485, vint, à une date qu'il n'est pas possible de préciser encore, s'établir en France. Il se fixa à Tours, qui était alors un centre très actif pour le luxe et les arts et où la cour résidait convent. Il s'y maria avec Jeanne Boucault, fille d'un orfèvre et bourgeois de la ville. On n'a pas la preuve, qu'il ait travaillé pour Louis XII, mais on sait par une quittance du 22 décembre 1518 que, dès cette époque, il était déjà peintre ordinaire de François Ier, et qu'il avait substitué à son prénom celui de Jehannet, sous lequel il continua d'être connu. Un acte notarié, en date du 6 juin 1522, nous montre le second des Clouet habitant encore Tours et achetant, de concert avec sa femme, une rente payable en froment, en seigle et en avoine. Cet acte lui donne les titres de « peintre et valet de chambre ordinaire du roi ». Les comptes nous indiquent le montant de ses gages annuels. Presque toujours, cette mention est très sobre, mais un registre de 1528 nous fournit un renseignement intéressant, car on voit Jehan Clouet toucher 102 livres 10 sous « pour plusieurs ouvraiges et portraictures qu'il a cy-devant faicts de son mestier et faict encore présentement ». Un autre compte mentionne aussi « plusieurs portraits et effigies au vif qu'il a faicts ». Il semble résulter de ces textes que Jehan II Clouet était essentiellement portraitiste.

Jehannet avait quitté Tours et il habitait Paris. Ce détail nous est connu par un compte d'août 1537 qui montre le roi faisant payer 45 livres à Jehanne Boucault, «-femme de maître Jehannet, peintre du roy, en don, à cause du voyage qu'elle a fait de Paris à Fontainebleau pour apporter et monstrer audit seigneur aucuns ouvrages dudict Jehannet ». Ceci semble dire qu'en 1537 le peintre était vieilli et fatigué : il ne se déplaçait pas aisément, car il ne pouvait plus faire le facile voyage de Fontainebleau. Un acte du mois de novembre 1541 nous apprend qu'à cette époque l'artiste avait cessé de vivre. Comme valet de chambre du roi, il avait été le camarade de Clément Marot, et il est possible, sinon certain, que le poète ait fait allusion à son talent dans l'Epistre au roy sur la traduction des psaumes de David, imprimée en 1541. Cette question n'est cependant pas résolue, car à ce moment Marot a pu célébrer aussi bien Jean Clouet que son fils François.

Les passages des comptes où il est parlé des « portraictures et des effigies au vif » ont naturellement provoqué l'attention des curieux. On s'est demandé si Jehan Clouet ne serait pas l'auteur du portrait de François Ier (musée du Louvre), ou le roi, jeune encore, apparaît somptueusement vêtu d'un justaucorps de satin blanc à bandes de velours noir. La peinture, très précieuse, très délicate, garde quelque chose des méthodes flamandes et elle est bien contemporaine du moment où Jehan Clouet était au service du roi, mais, faute de preuves certaines, cette attribution doit être considérée comme conjecturale. Les mêmes doutes existent en ce qui concerne le François Ier à cheval que conserve le musée des Offices à Florence. Ici le roi n'est plus très jeune; quelques poils gris se mêlent à sa barbe; l'oeuvre, jadis attribuée à Holbein, est très finement miniaturée, mais il est difficile de la dater exactement et de dire si elle est du père ou du fils. Dans ces conditions, nous restons en présence d'hypothèses plus ou moins ingénieuses et il nous est impossible de caractériser avec précision le talent du second des Clouet. La vérité, c'est que l'artiste, qui avait conservé la nationalité flamande, a commencé la gloire de sa maison.

François Clouet, fils de Jehan II, hérita du nom de Jehannet ou Janet que son père avait fait connaître et de sa charge de peintre et valet de chambre du roi. On a dit qu'il était né à Tours vers 1500 : c'est là une pure supposition qu'aucun document positif ne justifie, puisque nous ignorons à quelle époque Jehan Clouet s'est fixé en Touraine, à quelle date il a épousé Jeanne Boucault. François doit être né vers 1510 ou 1515. C'est en 1541 que les pièces retrouvées dans les archives prononcent pour la première fois son nom. A cette date, son père vient de mourir: comme Jean II Clouet n'avait jamais été naturalisé, il n'a pu tester valablement et ses biens ont été dévolus au roi en vertu du droit d'aubaine. Par des lettres signées à Fontainebleau en novembre 1541, François Ier, dérogeant à la règle commune, renonce au bénéfice dont il est appelé à profiter et décide que la succession de Jean Clouet fera retour à son fils François Clouet « nostre cher et bienamé painctre et varlet de chambre ordinaire ». François, qui avait déjà rendu des services, hérita donc, non seulement des biens de son père, mais de sa situation à la cour, de ses titres et de son office. 

Quelques années après, le nouveau titulaire eut l'occasion de montrer son zèle. François Ier, étant mort en 1547, François Clouet dut, en raison de ses attributions, s'occuper activement des obsèques du souverain. Il se rendit à Rambouillet et il se mit en mesure d'exécuter, d'après le cadavre royal, l'effigie officielle qui devait figurer aux cérémonies des funérailles. Il moula le visage et les mains du feu roi et fit confectionner le mannequin destiné à remplacer le corps. Jal donne, d'après un manuscrit de la Bibliothèque nationale, un extrait du compte relatif à la fabrication de cette effigie, qui était en réalité une grande poupée de cire coloriée au naturel, pompeusement vêtue et tenant le sceptre et la main de justice.

Henri II conserva à François Clouet les titres et les fonctions que lui avait conférés le roi défunt. Ses gages de peintre valet de chambre continuèrent à lui être payés par trimestre. Bien que son service l'obligent à s'absenter quelquefois pour suivre la cour, il demeurait à Paris et nous voyons, en effet, qu'en 1549 il y est parrain à Saint-André-des-Arcs d'un fils de Simon le Roy, « painctre et tailleur d'imaiges ». Dans les comptes comprenant les dépenses des années 1551 à 1554, on voit François Clouet occupé de divers travaux décoratifs : il peint notamment sur le chariot branlant, c.-à-d. sur « la coche » ou le carrosse du roi les croissants entrelacés qui constituaient les chiffres de Diane de Poitiers et de Henri II. En 1559, le roi meurt. Le grand écuyer Claude Gouffier est l'ordonnateur principal des obsèques royales; mais François Clouet y remplit son office ordinaire; il fait l'effigie funéraire de Henri II, il enlumine le char sur lequel elle doit être transportée.

La comptabilité relative à ces dépenses a été tenue avec beaucoup d'ordre. Ce document, dont la bibliothèque de Tours possède une copie, a été publié par le comte de Galembert. Le succès de l'école de Fontainebleau et la vogue tous les jours grandissante de l'italianisme ne compromirent en rien la situation de François Clouet. Il restait, sous les successeurs de Henri II, le premier des peintres français. On le savait homme de bon conseil et il est intéressant de voir la Cour des monnaies s'autoriser de son avis lorsqu'il fut question, en 1569, de renouveler le type de Charles IX gravé sur certaines pièces d'argent. L'artiste figure encore en 1570 dans les comptes royaux. En 1572, il touche pour la dernière fois 240 livres; à partir de cette époque, son nom cesse de figurer sur les états des comptables et se trouve remplacé par celui de Jehan de Court. Un document publié par la Revue de l'art français prouve que la date, longtemps douteuse, de la mort de Janet doit être fixée à 1572.

Les extraits des comptes royaux ne donnent qu'une idée incomplète de l'activité de François Clouet. Ils ne parlent pas des oeuvres, infiniment précieuses et rares, qui le recommandent aux souvenirs de l'histoire, c.-à-d. de ses portraits. Les poètes n'ont pas imité la discrétion des comptables, et lorsque les Ronsard, les Passerat, les Du Bellay, célèbrent les mérites de Janet, c'est surtout au talent du portraitiste qu'ils font allusion. Muret, commentateur de Ronsard, écrit : 

« Janet, peintre très excellent, qui, pour représenter vivement la nature, a passé tous ceux de nostre aage en son art. » 
Malgré les recherches des connaisseurs, la question des portraits de F. Clouet reste difficile et il serait malaisé d'en dresser le catalogue. D'après Villot, le Louvre n'en posséderait que deux parfaitement authentiques, celui de Charles IX, où le jeune roi est debout, la main appuyée sur le dossier d'un fauteuil et celui, plus remarquable encore, de la reine Elisabeth d'Autriche, vue en buste, chargée de bijoux et telle qu'elle était au moment du mariage, en 1560. 
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Clouet : Elisabeth d'Autriche.
Elisabeth d'Autriche, par François Clouet.

Ce dernier portrait, qui peut servir de type pour apprécier la manière du maître, est une macre d'une délicatesse infinie. Janet s'y révèle comme fin peintre clair, ennemi des ombres et inspiré par une véracité intraitable. C'est bien un contemporain de Holbein. Ainsi qu'on l'a dit, il y a dans cette manière loyale de représenter le visage humain quelque chose de l'ancienne sincérité flamande. En outre, la technique est très forte et la précision est poussée à l'extrême dans l'imitation des perles et des pierreries dont la poitrine de la jeune reine est constellée. 

On est tenté de reconnaître la main de Janet dans un joli portrait d'enfant - le futur François Il - que, conserve le musée d'Anvers. Il existe en outre à Bruxelles un beau portrait de petite dimension que le catalogue du musée, sur la foi d'une ancienne gravure, donne comme une effigie de Thomas More et attribue à Holbein, bien que le caractère de l'oeuvre soit essentiellement français. On a proposé de restituer cette peinture à Janet, dont elle a toute la finesse. Le musée de Vienne possède un portrait de grandeur naturelle qui, d'après l'inscription qu'on y peut lire, serait celui de Charles IX « en l'aage de XX ans, peinct au vif par lannet, 1563 ». Cette inscription est fausse ou elle a été altérée, car le roi n'avait pas vingt ans en 1563. Il n'est pas impossible d'ailleurs que Jarret ait fait des peintures de grande dimension, mais nous n'en connaissons aucune.

François Clouet, dont l'influence fut considérable et qui a presque été le créateur d'un genre, a eu une légion d'imitateurs et de copistes. Le Louvre, le musée de Chantilly, les grandes collections anglaises possèdent de nombreux exemplaires de ces portraits sur fond vert ou bleuâtre qui appartiennent pour la plupart au dernier tiers du XVIe siècle et qu'on range d'ordinaire sous la vague désignation d'« école de Clouet ». Ces portraits, d'un mérite fort inégal, sont dus à des peintres dont nous ne savons pas le nom. Janet a fait aussi des portraits au crayon. Mais, ici encore, il faut être prudent et garder la liberté de la critique, car nous sommes presque toujours en présence d'oeuvres destinées à rester antonymes. Il existe cependant au musée du Louvre un de ces crayons qui a toutes les qualités des peintures de François Clouet et dont l'authenticité ne semble pas contestable. C'est le buste d'un vieillard amaigri, au front chauve, dont l'auteur a étudié la décrépitude avec titi amour passionné pour la vérité et pour la vie au moment de ses manifestations suprêmes. Ce dessin est en mauvais état, mais il est admirable. Le crayon de Clouet a été également reconnu dans le charmant portrait d'Isabelle de la Paix (Chantilly). On suppose, avec une grande apparence de raison, que ce dessin a été fait en 1559, lorsque la princesse quitta la France pour épouser Philippe II

II y a eu un quatrième Clouet, dont l'existence reste assez mystérieuse. Dans une lettre sans date, mais qu'on croit être de 1529, Marguerite de Navarre, soeur de François Ier, écrit au chancelier d'Alençon pour le prier de lui envoyer à Fontainebleau « le peintre, frère de Jannet » que, d'accord avec sou mari, elle a résolu de prendre à son service. Ce frère de Janet n'est pas connu et n'a pas travaillé pour le roi, puisqu'il n'est pas mentionné dans les comptes. Ne serait-ce pas lui qui, sous le nom de Jehan Clouet, peintre, est parrain, à Saint-Jacques-la-Boucherie, en 1532, d'une fille du peintre Guillaume Geoffroy?  (Paul Mantz).

Clouet (Louis). - Chimiste et mécanicien né à Singly (Ardennes) le 14 novembre 1751, mort près de Cayenne le 4 juin 1801. Fils de modestes paysans, il montra tout jeune un caractère rude et indocile et ne put rester au collège. Revenu jeune homme, il suivit avec assiduité les coure gratuits de l'école du génie de Mézières, y acquit rapidement sous la direction de Monge de profondes connaissances en mathématiques et en chimie et y fut nommé quelques années après professeur de chimie. 

Louis Clouet quitta bientôt l'enseignement pour l'industrie, monta une faïencerie, puis se livra à une série de recherches sur la composition des émaux, la fabrication de l'acide prussique, les divers états du fer, et découvrit un procédé pour la transformation du fer en acier fondu. Pendant les guerres de la Révolution, il établit à Daigny, près de Sedan, une fabrique de fer forgé qui, grâce à son industrieuse activité, put fournir aux arsenaux de Douai et de Metz une grande quantité d'armes. Nommé; membre du conseil des arts, il vint se fixer quelque temps à Paris, puis partit pour la Guyane où il voulait faire des expériences sur la transformation des végétaux et ou il mourut de la fièvre coloniale. Il avait conservé durant toute sa vie une simplicité de meurs presque sauvage, couchant sur la paille, confectionnant ses habits et faisant à pied ses voyages de Daigny à Paris. 

Il a écrit un certain nombre de mémoires de chimie, dont plusieurs en collaboration avec, Lavoisier; ils ont été insérés dans le Bulletin de la société philomatique (an VI), les Annales de chimie (1791 à 1800), le Journal des Mines (1796-1803) et le recueil des Savants étrangers de l'Académie des sciences (1786, t. Xl, mém. sur le Salpêtre); il est qualifié dans ce dernier « régisseur des poudres et salpêtres ». (L. S.).

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Dictionnaire biographique
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