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L'histoire de Toulouse

Les dominations romaine et wisigothique

Le nom de Toulouse a été donné à deux localités distinctes, bien que distantes de 13 km. environ. L'une, désignée sous le nom de Vieille-Toulouse depuis le XIIIe siècle, se trouve sur un éperon culminant des collines du Pech-David (239 à 253 m d'altitude), non loin du confluent de l'Ariège et de la Garonne, sur la rive droite de ce dernier fleuve. C'était à l'origine un oppidum celtique, clos de murs de terre, destiné à servir d'abri en cas d'attaque subite aux habitants des villages voisins et à leurs troupeaux, et leur servait probablement de lieu de marché. L'autre était primitivement un de ces villages, qu'auraient fondés des Volques, peuplade avec laquelle négocia Hannibal. Strabon dit de Toulouse, d'après Posidonius, que sa situation à l'endroit le plus étroit de l'isthme entre deux mers, en avait déjà fait une ville remarquable par son commerce, dont les habitants cultivaient la terre et possédaient une organisation politique. 

Capitale des Tectosages, cette ville qui était un emporion, dont la Garonne drainait le commerce, ne pouvait pas être sur les collines. Les Tolosates passèrent de la domination des Arvernes sous celle des Romains, lorsque ceux-ci constituèrent la province Narbonnaise; mais Toulouse ne fut pas érigée en colonie, elle fut simplement ville alliée; au moment de l'invasion des Cimbres (107 av. J.-C.), elle secoua le joug, jetant en prison sa garnison romaine. Q. S. Coepion la reprit, grâce à une trahison, et pilla les trésors de ses temples; les malheurs de ce général firent dire que l'or de Toulouse lui avait porté malheur. La ville avait dans sa rébellion un chef, Copillus, que Sylla vainquit et fit prisonnier; elle retomba sous la domination romaine; écrasée par les impôts du gouverneur Fonteius, elle prit part à l'accusation portée contre lui devant le Sénat romain. Elle fournit des soldats à Crassus contre les Aquitains (56 av. J.-C.). Sous Jules César ou sous Auguste, elle reçut le droit latin.

Au Ier siècle ap. J.-C., Martial parle de la gloire intellectuelle de Toulouse (Tolosa Palladia). Galba y aurait fait construire un capitole et un amphithéâtre. Vers 250, saint Sernin (Saturninus) vint évangéliser la ville et y fut martyrisé : attaché à un taureau furieux, précipité du haut du Capitole. Les écoles de Toulouse étaient célèbres au temps d'Ausone, les trois frères de l'empereur Constantin y furent éduqués. La ville tenait à cette époque le quinzième rang parmi celles de l'Empire et le troisième parmi celles de Gaule, ses murs enfermaient cinq quartiers. Les Toulousains subirent les persécutions de l'empereur arien' Constance, qui exila Rhodanius, leur évêque (356). L'église de Saint-Sernin fut élevée par les évêques Sylvius et Exupère; celui-ci défendit la ville assiégée par les Vandales (début du Ve siècle). Toulouse fut prise par Ataulphe et ses Goths (413). Wallia y établit en 419 la capitale du royaume wisigoth, l'empereur Honorius lui ayant cédé l'Aquitaine, de Toulouse jusqu'à l'Océan. Le général romain Litorius ne put reprendre cette ville sur Théodoric (439); elle fut enrichie des dépouilles des Suèves par Théodoric Il qui y avait fait prendre la pourpre à Avitus (453-456).
 

Toulouse sous les Mérovingiens et les Carolingiens

En 508, Clovis prit Toulouse sans résistance, car les habitants étaient catholiques, il s'y empara des trésors d'Alaric. Cette ville importante et le pays environnant furent possédés successivement par Clotaire ou Childebert (511-561), Caribert, Chilpéric (567-584) et Gontran, comme tuteur de Clotaire Il. Au milieu du VIe siècle, Toulouse renfermait les basiliques de Saint-Vincent, dont il n'a plus été fait mention depuis Grégoire de Tours, de Notre-Dame de la Daurade, qui servit de refuge à la malheureuse Rigonthe, fille de Chilpéric, de Saint-Sernin, qui fut reconstruite vers 570 par le duc Launebode. Le territoire conquis sur les Wisigoths semble en effet avoir été constitué en duché, occupé par l'aventurier Gondovald, repris par le roi Gontran (vers 585), possédé par Clotaire II (613-630) et érigé en royaume d'Aquitaine par Dagobert pour son frère Caribert (630-632). Ce pays est alors réuni à ses Etats par Dagobert, qui le rattache à la Neustrie, laissée par lui à Clovis Il (639-657). L'indépendance de l'Aquitaine s'accentue à cette époque, et le sort de Toulouse reste obscur jusqu'à la guerre de Pépin le Bref contre le duc d'Aquitaine Waïfre, successeur des ducs Hunald et Eudes, qui dominait sur Toulouse (759). Pépin triompha et soumit Toulouse (767), qui, après avoir appartenu à Carloman, revint à Charlemagne (771). 

Le Toulousain fut organisé en comté, dont le chef avait aussi le titre de duc, parce qu'il défendait toute l'Aquitaine contre les Gascons. Le royaume d'Aquitaine ayant été constitué en faveur de Louis le Pieux, fils de Charlemagne (778), Toulouse en fut la capitale, et les assemblées du royaume s'y tenaient. Le comté de Toulouse était érigé en marche ou duché contre les Sarrasins et les Gascons le comte Chorson (778-790) fut pris par ces derniers, et déposé; Guillaume, dit de Gellone, qui le remplaça, augmenta la marche par ses conquêtes (790-806); Béranger (mort en 835) lui succéda, puis Ecfrid ou Acfred, révoqué après la prise de Toulouse par Charles le Chauve (844), ensuite Frédelon (845-852) et son frère Raimond (mort en 864), comte de Limoges, desquels descendent les comtes héréditaires, connus sous le nom de dynastie des Raimond (Raymond). 

Vers 848, les Vikings prirent Toulouse; le bourg de Saint-Sernin se formait auprès de la cité, qui renfermait dans ses murs le monastère' bénédictin de Notre-Dame de la Daurade, situé près de la Garonne. Bernard, fils de Raimond et comte de Toulouse (mort en 875), eut des démêlés avec Hincmar, archevêque de Reims, pour avoir pillé les biens de son église, qui étaient en Aquitaine. La marche de Toulouse, réduite à peu près au Toulousain, après avoir eu plusieurs maîtres, surtout Charles le Chauve, fut réunie au royaume par l'avènement de Louis le Bègue (877), mais resta au comte Eudes (mort en 918), frère de Bernard, qui possédait héréditairement les comtés de Rouergue et de Quercy et en bénéfice le Carcassès et le Razès. Par mariage, il acquit l'Albigeois. En 880, le comté de Toulouse passa sous la domination de Carloman.
 

Toulouse sous ses comtes

Le roi Eudes fut reconnu en 888 par le comte Eudes, qui a souscrit l'acte de fondation de Cluny par Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine (910). Le comte Eudes s'associa son fils Raimond Il, qui lui succéda, après avoir eu des différends avec Benoît, vicomte de Toulouse. En 918, Raimond devint marquis de Gothie en indivis avec son frère Ermengaud, tous deux restèrent fidèles à Charles le Simple (922), Raimond combattit les Sarrasins qui arrivèrent jusqu'à Toulouse (920) et les Hongrois (923) (Les Invasions au Moyen âge). Raimond III Pons son fils, qui lui succéda en 924, ne reconnut pas Raoul comme roi; il acquit l'Uzège et le Vivarais, intervint dans la vicomté de Narbonne, et mit en déroute les envahisseurs hongrois il fonda une abbaye à Thomières en l'honneur de saint Pons. Raimond et Ermengaud, en se soumettant au roi Raoul, reçurent le duché d'Aquitaine (932), qui leur fut confirmé par Louis IV d'Outre-Mer (944), mais sortit de leur famille, à la mort de Raimond-Pons (950). Le comte Guillaume III Taillefer, son fils, fit un partage avec Raimond Il, descendant d'Ermengaud; Raimond ll, comte de Rouergue, Quercy et Albigeois, fut la tige des comtes de Saint-Gilles (vers 975). Guillaume, par son mariage avec Emme, acquit une partie de la Provence, il mourut vers 1037. Son fils Pons, qui lui succéda, lui était associé dès 1004; il unit l'abbaye de Moissac à l'ordre de Cluny. 

Le titre de vicomte de Toulouse était porté vers 940 par Aton, vers 961 par Adhémar, par un autre Adhémar (1050) et son frère Armand (1074). A la mort de Guillaume III, l'aîné de ses fils, Guillaume IV, devint comte de Toulouse; le cadet, Raimond, épousa l'héritière du comté de Provence, hérita des domaines en Rouergue de la branche cadette. Guillaume IV, en donnant le fief du Lauragais au comte de Barcelone, reçut son hommage féodal (1071); en 1056, un concile provincial réuni à Toulouse prit des décisions disciplinaires importantes. Le duc d'Aquitaine Gui Geoffroi s'empara de Toulouse (1079). Guillaume IV fit des concessions à l'abbaye de la Daurade qu'il choisit pour lieu de sépulture des comtes, il régularisa le chapitre de la cathédrale de Toulouse; ses deux fils étant morts, il légua le comté de Toulouse au comte de Saint-Gilles, Raimond, son frère, et mourut en 1093 pendant son pèlerinage à Jérusalem.

Le bourg de Saint-Sernin existait en 1077, la nouvelle église collégiale y fut consacrée par le pape Urbain II (1096) (L'église de Saint-Sernin). Le comte Raimond IV prit la croix et partit pour Jérusalem, laissant ses domaines à son fils Bertrand; il prit une part brillante à la première croisade, avec ses chevaliers, aux sièges de Nicée, d'Antioche, de Jérusalem, refusa la couronne de Jérusalem, conquit pour lui le comté de Tripoli, où il mourut (1105) et où son neveu Guillaume-Jourdain lui succéda. Guillaume IX d'Aquitaine, qui avait épousé Philippa, fille du comte Guillaume IV, revendiquait le comté de Toulouse, il s'empara de cette ville et l'occupa de 1097 à 1100. Le comte Bertrand partit pour la Terre Sainte (1109) où il mourut (1112), laissant le comté de Toulouse à son frère Alphonse-Jourdain, né en 1103 en Palestine, qui fut chassé de sa capitale (1114-1119) par Guillaume IX d'Aquitaine. En 1120, les Hospitaliers de Jérusalem fondèrent le prieuré de Saint-Rémi, à Toulouse. 

Dans cette ville, Alfonse-Jourdain créa autour du Château-Narbonnais, sa résidence, une salvetat. Il guerroya contre le duc d'Aquitaine et le comte de Barcelone; un traité avec ce dernier régla le partage de la Provence (1125) entre les maisons de Toulouse et de Barcelone. Alphonse étendit son influence sur Carcassonne. Il accorda aux Toulousains, parmi lesquels saint Bernard vint prêcher contre les hérétiques, leurs premières franchises (1141 et 1147) et exemptions d'impôt. Il mourut à la croisade, empoisonné à Césarée (1148). Le comte Raimond V, son fils, était très puissant, il épousa Constance, soeur du roi Louis VII.

En 1152, les Toulousains ont un conseil commun, qui promulgue un petit code pénal et commercial, et un conseil plus étroit appelé capitulum. Une ligue formée contre Raimond V par le comte de Barcelone fut soutenue par le roi d'Angleterre' Henri II, qui assiégea Toulouse, mais se retira devant Louis VII entré dans la ville pour la défendre (1159). Raimond V reçut les hommages des vicomtes de Carcassonne, de Nîmes, du comte de Melgueil; sa cour était fréquentée par les plus brillants troubadours. Depuis 1166 jusqu'à sa mort, il lutta contre le roi d'Aragon' Alphonse II, sans pouvoir lui enlever la succession de Provence, contre Henri II d'Angleterre et son fils Richard Coeur de Lion, qui menaça Toulouse d'un siège (1188). 

Toulouse, en 1175, avait douze capitouls, six pour la cité et six pour le bourg, qui l'administraient et rendaient la justice au civil et au criminel. L'abbé de Cîteaux y vint prêcher contre les hérétiques albigeois, déjà très nombreux, dénoncés par le comte (1177). Raimond VI, qui lui succéda (1194), réunit à ses domaines le comté de Melgueil, le Quercy, la vicomté de Nîmes, reçut les hommages du seigneur de Montpellier et du vicomte de Narbonne, reçut en gage les vicomtés de Millau et de Gévaudan. La ville de Toulouse également augmentait en puissance : ses consuls obtenaient par les armes de leur milice des exemptions de leudes et de péages des seigneurs de Lomagne, de Villemur, de villes de Rabastens, Gaillac, Saverdun (1202-1204). 

L'organisation communale se complétait par les mesures bienveillantes du comte, qui, de 1181 à 1182, avait pacifié les esprits, en confirmant les règlements de police des consuls. Depuis 1181, il y avait vingt-quatre consuls. Les progrès de l'hérésie des Albigeois à l'égard desquels Raimond VI était très tolérant attirèrent l'attention de la papauté, secondée par l'évêque Folquet de Marseille (1206); le meurtre du légat Pierre de Castelnau, qui avait excommunié le comte, provoqua la prédication de la croisade. La défaite de Raimond VI et ses alliés à Muret (1213), laissa Toulouse sans défense, et Simon de Montfort y entra (1215), il y établit un châtelain qui rendait la justice, assisté de quatre prud'hommes nommés par le conquérant. Les Raimond n'avaient pas donné de privilèges formels à leurs fidèles Toulousains, Montfort en profita pour supprimer le consulat. Le concile de Latran dépouilla Raimond VI, ne laissant à son fils que Nîmes et le marquisat de Provence.

Saint Dominique fonda son ordre à Toulouse (1215) (Les Dominicains). Simon de Montfort, violant son serment, fit raser les fortifications de Toulouse, excepté le Château-Narbonnais, où il établit son gouvernement, et leva sur la ville une amende de 3000 marcs d'argent, exila en outre les principaux bourgeois. Aussi Raimond VI, revenant d'Aragon avec des troupes, fut-il accueilli avec joie par les Toulousains (1217), qui, par un effort héroïque, fortifièrent leur ville démantelée, ainsi que le faubourg de la rive gauche, du nom de Saint-Cyprien (San Subra), et soutinrent un long siège, où Simon de Montfort trouva la mort (1218). Raimond VI reprit alors l'avantage, et Toulouse résista au siège fait par le prince Louis de France (1219). Le comte (mort en 1222), reconnaissant, accorda à sa ville des exemptions et franchises considérables; en 1223, Raimond VII, son fils, reconnut aux habitants le droit d'élire leurs vingt-quatre consuls, deux par quartier ou partida; voici les noms des quartiers : dans la cité, la Daurade, le Pont-Vieux, la Dalbade, Saint-Géraud (plus tard la Pierre), Saint-Etienne et Saint-Rome; dans le bourg, Saint-Pierre-des-Cuisines, Las Croses, Arnaud-Bernard, Pouzonville, Matabiau, Villeneuve. 

Les consuls avaient l'administration des finances et de la justice, ils nommaient les gardes de nuit, les surveillants des marchés, les peseurs publics. Raimond VII commença les négociations pour sa réconciliation avec l'Eglise, mais le légat, cardinal de Saint-Ange, lui était très hostile, et il détermina le roi Louis VIII à se mettre à la tête d'une nouvelle croisade contre le comte excommunié (1226); Toulouse ne fut pas prise, les armes de Raimond ne furent pas constamment malheureuses, le concile de Meaux (1229) lui accorda l'absolution, mais il dut céder ses domaines au roi de France, détruire les murailles de Toulouse et de trente villes et châteaux, et entretenir pendant dix ans des maîtres de théologie, droit canon, philosophie et grammaire. Ce fut l'origine de l'Université de Toulouse, constituée (1245) par l'adjonction de professeurs de droit civil et de médecine; elle était organisée démocratiquement, comme celle de Bologne, car l'assemblée générale des maîtres et écoliers nommait ses administrateurs, sous le contrôle du chancelier du chapitre de la cathédrale, chargé de surveiller les croyances religieuses. 

En outre, l'Inquisition fut établie dans la ville réconciliée avec l'Eglise (1229). Les capitouls furent excommuniés, lorsque les Toulousains eurent chassé leur évêque et les inquisiteurs (1235). Raimond VII, chargé de la répression de l'hérésie, fut plusieurs fois excommunié quand son zèle faiblissait; il essaya en vain, par sa diplomatie, de faire et préparer des obstacles à l'exécution du traité de 1229. Des commissaires royaux firent prêter serment au roi par tous les Toulousains (1243) ; le droit de nomination des consuls que ceux-ci avaient transféré à Raimond VII en 1241 leur fut rendu par lui (1248). Raimond VII avait différé le voyage en Palestine, qui lui était imposé jusqu'au moment de sa mort (1249). Ses domaines : le comté de Toulouse, une partie de l'Albigeois, le Rouergue et le Quercy, l'Agenais et le marquisat de Provence passaient à sa fille unique Jeanne, femme d'Alphonse, comte de Poitiers, au nom duquel des commissaires royaux reçurent au Château-Narbonnais les serments des chevaliers de ces domaines et des consuls et habitants de Toulouse. Ce prince venu du Nord trouvait exagérée l'indépendance de cette ville, il la combattit dès 1254, réduisant à douze le nombre des capitouls, qu'il prétendit nommer. Le débat durait encore à l'époque de sa mort (1271).
 

Les monnaies toulousaines

Des tiers de sou mérovingiens portant la légende TOLOSA FIT prouvent l'existence d'un atelier monétaire à Toulouse depuis cette époque. Des deniers carolingiens y furent frappés, avec la légende TOLVSA ou TOLOSA CIVITAS, sous Charlemagne, Louis le Pieux, Pépin Il d'Aquitaine, Charles le Chauve ou Charles l'Enfant, Carloman, Charles le Gros et Eudes. Depuis Guillaume III Taillefer (950-1037), la monnaie de Toulouse a porté le nom du comte qui la faisait frapper. A l'origine, l'évêque de Toulouse battait monnaie. La monnaie des comtes eut une grande influence dans tout le Midi sous le nom de deniers raimondins ou tolsas, dont le type est à l'avers une croix. Alphonse de Poitiers introduisit la monnaie tournois, mais en conservant la légende TOLOSA CIVITAS; Philippe III fit de même; il fit frapper à Toulouse des doubles tournois dits toulousains. Sous les rois ses successeurs, l'atelier monétaire de Toulouse frappa toutes sortes de monnaies royales.

Toulouse sous la monarchie française

Toulouse passa, avec l'héritage d'Alphonse de Poitiers, sous la domination du roi Philippe III; ses consuls prêtèrent serment entre les mains du sénéchal de Carcassonne. Les coutumes et privilèges de la ville furent confirmés (1273). Philippe III, en effet, se montra plus conciliant qu'Alphonse, réprima les empiétements et exactions de son viguier, accorda l'exemption de la leude pour les marchandises circulant en gros (1278). Une commission temporaire, tirée du Parlement de Paris, fut instituée à Toulouse (1280) où le roi fit trois séjours en 1280 et 1283. Une ordonnance donna la nomination des 12 capitouls au viguier, mais sur une liste de 24 présentée par les capitouls sortants (1283). Les coutumes de la ville, remarquables sur beaucoup de points, furent rédigées en 1283 et soumises à l'approbation du roi, qui, en ajournant vingt articles, les fit promulguer en 1286. Toulouse fournit à Philippe le Bel un corps de troupes considérable (1294). L'évêché de Toulouse fat diminué par l'érection de celui de Pamiers (1294). 

A cause des plaintes contre l'Inquisition, le roi lui imposa le contrôle de l'évêque (1301-1304) ; pendant le séjour qu'il fit dans la ville (1304), Philippe IV accorda aux consuls la juridiction criminelle, et l'intervention du sénéchal dans leurs conflits avec le viguier. Le pape Clément V passa par Toulouse (1309) et fut pris pour arbitre par les consuls et le sénéchal. En 1317, Toulouse devint siège archiépiscopal; Louis X confirma ses privilèges. Les Etats de Languedoc y furent tenus (1319). Les pastoureaux y massacrèrent tous les juifs (1320). La société de la gaie science, fondée par sept troubadours (1323), y institua les Jeux floraux, que subventionnèrent les capitouls. En 1329, le pape Jean XXII réforma l'Université, autour de laquelle furent fondés, au XIVe et au XVe siècle, de nombreux collèges. Un étudiant, Aimeri Bérenger, qui avait tué un capitoul dans une rixe (1332), ayant été décapité sur sentence des capitouls, le consulat fut supprimé ainsi que la commune. Moyennant 50.000 livres, le roi les rétablit, en décidant que ses officiers choisiraient les 12 consuls sur une liste de 36, dont les deux tiers pour la cité, l'autre tiers pour le bourg. La ville offrit, en 1343, 12.000 livres pour le rachat des infractions monétaires et pour la réforme des monnaies. 

En 1352, la ville fut menacée par les troupes anglaises, le comte d'Armagnac y leva des troupes parmi les habitants, il faillit y être tué par une violente sédition (1357). Le comte de Poitiers y rétablit l'ordre, y réunit les Etats de Languedoc (1358). Toulouse fournit 6000 moutons d'or pour la rançon du roi Jean; elle eut à souffrir de la tyrannie et des exactions du duc d'Anjou qui y fit de longs séjours (1365-1380). Sous prétexte de «-rébellions, désobéissances, tuchineries », Charles VI condamna Toulouse à payer une amende de 184.000 livres qui fut recouvrée au moyen d'une taxe sur la viande (1384) ; il réduisit à 4 le nombre des capitouls, que le réclamations le forcèrent à porter à 8 en 1389 (pendant le séjour qu'il fit à Toulouse) et à 12 en 1400

Les juifs, persécutés en 1322, y étaient revenus cinquante ans après, au nombre d'environ cinquante familles, ils y avaient une école, une synagogue et un cimetière. En 1406, à l'occasion de deux candidatures à l'archevêché de Toulouse, il y eut des troubles graves, où l'Université prit part. Le dauphin Charles accorda aux habitants le privilège de franc-fief, et aux capitouls l'exemption d'impôts, c'est là l'origine de la noblesse conférée aux capitouls par l'exercice de leur charge, et il institua le Parlement de Toulouse (1420).

Aussi les habitants de Toulouse et du Languedoc le soutinrent-ils de leurs deniers ; il confirma les privilèges de la ville (1422). Le Parlement en fut chassé par la peste (1425) et alla à Béziers. Charles VII rendit aux capitouls la justice criminelle (1434), mais leur nombre fut réduit définitivement à huit (1438), et les officiers royaux d'un côté, le Parlement de l'autre, empiétèrent désormais sans cesse sur leurs attributions. Charles VII séjourna à Toulouse (1442-1443) et conserva à la ville son hôtel des monnaies; il y établit définitivement le Parlement. La peste y sévit (1451); un incendie en détruisit les trois quarts (1463), et la peste suivit; aussi Toulouse fut-elle exemptée de tailles pour cent ans, le Parlement quitta la ville et n'y revint, ainsi que la Cour des aides, qu'en 1468. C'est vers 1450 que la tradition place l'existence de dame Clémence Isaure, bienfaitrice de la société des Jeux floraux, mais c'est un personnage imaginaire. 

Peste en 1472, peste et famine en 1474. Toulouse est la quatrième ville de France ou l'on ait imprimé (12 juillet 1476). La Cour des aides de Toulouse est transférée à Montpellier (1477). Charles VIII accorda à Toulouse l'exemption des tailles moyennant 2500 livres par an (1487). Des troubles sanglants y éclatèrent à cause de l'opposition entre l'archevêque élu par le chapitre et l'archevêque nommé par le pape (1493-1494). Toute cette période fut presque continuellement marquée à Toulouse par la peste, qui y enleva 3000 personnes en août 1506. Les capitouls détruisirent toutes les maisons situées hors des remparts qui furent réparés (1525).

La Réforme, introduite à Toulouse par des étudiants étrangers, fit de 1532 à 1538 des progrès dans l'Université. le Parlement commença une énergique répression : le professeur Boissonné, le bachelier Cadurque, l'inquisiteur Rochette furent brûlés en place du Salin. Une bourse des marchands fut créée par édit royal (1349). L'archevêque Odet de Châtillon embrassa le protestantisme. Quatre cents étudiants demandèrent pour la nouvelle religion une église (1560), plusieurs capitouls embrassèrent la Réforme. Entre Catholiques et Huguenots, il y eut une émeute (1561); les réformés, qui exerçaient leur culte, selon l'édit de janvier, hors des murs de la ville, protégés par les hommes d'armes des capitouls, tentèrent de livrer la ville au prince de Condé; ils mirent le siège devant le Palais, où le Parlement prenait la tête du parti catholique, une partie de la ville fut incendiée et pillée par les deux partis en armes, mais les protestants furent forcés de s'enfuir et furent tués en partie (12-15 mai 1562). 

Le gouvernement royal réintégra huit capitouls protestants, condamnés à mort par le Parlement. Les catholiques y formèrent une Sainte ligue (1563). Les difficultés entre les capitouls et le Parlement furent réglées par arrêt du conseil (1566). A la nouvelle du projet des protestants de livrer la ville au prince de Condé, les Toulousains s'armèrent, l'Université et le Parlement se formèrent, les catholiques ligués s'organisèrent en croisade (1567). Condé et Coligny ravagèrent les environs et les faubourgs de la ville, favorisés par l'inertie du gouverneur Damville. Les protestants de Toulouse, emprisonnés par ordre du roi, furent massacrés par un certain nombre de fanatiques, qui pillèrent leurs maisons, malgré la défense du Parlement (1572). Les personnes suspectes de protestantisme furent arrêtées à plusieurs reprises; la peste fit quelques apparitions.

Montmorency, gouverneur du Languedoc, était à la tête de la Ligue à Toulouse; son lieutenant Joyeuse, le Parlement et les capitouls dirigeaient les modérés et les royalistes; les deux partis en vinrent aux armes, mais la Ligue domina, à partir de 1586, dans la ville, au milieu des ravages de la peste. Les ligueurs instituèrent un conseil des dix-huit pour l'administration de la ville, ils assassinèrent le premier président Duranti et l'avocat général Daffis, qui préchaient la soumission au roi (1589), et tinrent à Toulouse leurs états généraux. Le nouvel archevêque, cardinal de Joyeuse, les soutenait; à la mort du duc de Joyeuse (1592), son frère, jusque-là capucin, reprit le titre de duc, et continua la guerre civile. Mais la conversion de Henri IV et ses concessions aux capitouls amenèrent la soumission de la ville ; après une nouvelle tentative de Joyeuse (1595), le Parlement enregistra l'édit de Folembray et proclama la paix (1596), qui ne fut pas troublée en 1620, grâce aux arrêts tolérants du Parlement. 

La ville s'imposa fortement pour aider le roi au siège de Montauban (1621) et lui fournit de l'artillerie et des munitions peu après. On évalue à 50.000 personnes les victimes de la peste à Toulouse (1628-1630-1631). Louis XIII et Richelieu y vinrent pour obtenir du Parlement la condamnation à mort de Montmorency; le garde des sceaux présida le jugement, la ville fut occupée militairement, et les capitouls furent suspendus jusqu'après l'exécution (1632).
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Blason de Toulouse. Les armoiries de Toulouse, qui dans l'Armorial général de 1690 ont été défigurées, sont : de gueules à une croix cléchée, vidée et pommetée, d'or (la croix dite de Toulouse), en un cercle de même, sur une hampe de même, portée droite par un agneau pascal passant, d'argent, accostée à dextre d'un château d'argent donjonné de même (le château Narbonnais, représentant la Cité) et à senestre d'une église d'argent avec clocher de même (Saint-Sernin représentant le Bourg), au chef d'azur semé de fleurs de lis d'or.

A la fin des guerres civiles, Toulouse était fort appauvrie; or les impôts augmentaient, et elle avait à supporter continuellement les frais d'étape des troupes allant en Catalogne; un bateau chargé de blé y provoqua une émeute (1643). Les capitouls voulurent faire payer la taille aux membres du Parlement, qui laissa supprimer les élections capitulaires par arrêt du Conseil (1644-1645), la résistance de la bourgeoisie fut brisée. Les nouveaux capitouls, nommés par lettre de cachet, entrèrent en conflit, à cause de la taille, avec le Parlement (1645-1646), il y eut de longs troubles. Le consistoire municipal accorda des secours au poète Goudelin. L'abonnement des tailles fut rétabli au profit de la ville (1650); en 1653, la peste sévit; les Etats de Languedoc s'y réunirent, Louis XIV y vint (1659). 

Les dettes de la ville s'élevaient à 2 millions de livres en 1662. Le faubourg Saint-Michel fut dévasté par un incendie qui ruina quatre ou cinq cents familles (1672). Les protestants n'y étaient pas plus de 479, d'après l'intendant d'Aguesseau en 1685. Le Parlement, avec l'appui du roi, était le maître à l'hôtel de ville, d'où les libertés avaient à peu près disparu, malgré le serment prêté par le roi en 1659. Les capitouls, nommés par lettres de cachet, préoccupés seulement d'acquérir l'anoblissement par leur charge, délaissent les affaires municipales, dont s'occupe l'intendant, surtout Lamoignon de Baville, de 1685 à 1717. Le roi se fait livrer les canons de la ville (1685) et se réserve formellement la nomination des capitouls, qui faisaient construire au Capitole la salle dite des Illustres, destinée à renfermer les bustes des plus célèbres Toulousains.

En 1692, la vénalité de la charge de maire est introduite; rachetée en 1699, elle fut ensuite plusieurs fois rétablie, de même que celles des charges de lieutenant, de maire et de capitouls. L'intendant évalue à 18.040 familles la poputation de la ville (1698) où, malgré sa belle situation, le commerce est à peu près nul, parce que les fils de marchands prennent des charges de magistrats ou de capitouls. Cependant, en 1701, une chambre de commerce y fut créée, à la place de l'ancienne bourse; une direction des gabelles y fonctionnait. Les capitouls se plaignirent à l'intendant L. de Bernage de la décadence de la ville (1717), où une inondation de la Garonne fit de terribles dégâts, surtout dans le faubourg Saint-Cyprien (1727). En 1726, le peintre Rivalz fonda une école des beaux-arts sous les auspices des capitouls.

Des troubles éclatèrent à cause de la cherté du blé et de l'exagération des impôts (1747). L'affaire célèbre de Jean Calas s'y passa (1761), Le cardinal-archevêque de Brienne fit construire les quais de la ville. Le Parlement, qui refusait d'enregistrer les nouveaux édits de finances, vit le palais occupé militairement (1764) et dut céder; il fut dissous en 1771, pour l'établissement d'un Parlement Maupeou qui eut à prendre des mesures contre une grave épizootie (1775). La chambre de commerce de la ville obtint des mesures pour l'amélioration du cours de la Garonne où la navigation était devenue très difficile (1776). En 1778, le capitoulat fut réorganisé : un conseil général devait élire quatre commissions permanentes et les quatre officiers de la ville. Le Parlement réclama contre ces mesures. Ses refus d'enregistrement le firent exiler et remplacer par cinq grands bailliages (1788).

Toulouse de la Révolution à 1900

La convocation des Etats généraux de 1789 trouva à Toulouse la désorganisation : les trois ordres demandèrent des réformes, relatives surtout aux impôts. Le 26 novembre 1789, les capitouls prirent l'initiative d'une adresse au roi et à l'Assemblée nationale. Toulouse fut déclarée chef-lieu du nouveau département (1790). La municipalité de Toulouse organisa le 4 juillet 1790 une fête de la fédération (Les Fêtes révolutionnaires) avec les départements du Sud-Ouest. L'archevêque, M. de Fontanges, n'ayant pas prêté serment, le corps électoral élut le P. Sermet (1791), que ses harangues en langue d'oc rendirent populaire. Le tribunal révolutionnaire de Toulouse, créé en novembre 1794, fonctionna pendant 92 jours : un de ses condamnés fut Jean du Barry. Les Toulousains combattirent glorieusement dans la 32e demi-brigade à Lonato.

La ville vota en faveur de Napoléon Ier (1804), qui en 1808 y fit un séjour et décréta des travaux d'utilité municipale. Le 10 avril 1814, bataille de Toulouse entre le maréchal Soult et les Anglais de Wellington. Sous la Restauration, la municipalité royaliste ne put empêcher le meurtre du maréchal de camp Ramel, commandant de la place, par les royalistes exaltés (1815). Les inondations de la Garonne de 1827 et 1835 furent de beaucoup dépassées par celle de 1875 qui dévasta les quartiers Saint-Michel et des Amidonniers et surtout le faubourg Saint-Cyprien.

Toulouse commence à se moderniser dans les années 1920 avec le développement des infrastructures urbaines et des transports. L'industrie aéronautique fait ses premiers pas avec la création de l'Aéropostale en 1927, fondée par Pierre-Georges Latécoère. La ville devient un pôle important de l'aviation civile et militaire. La crise économique mondiale de 1929 a des répercussions à Toulouse, mais l'industrie aéronautique continue de croître. En 1939, l'usine de la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Ouest (SNCASO) s'installe à Toulouse.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Toulouse est occupée par les Allemands à partir de 1942 après l'occupation de la zone libre. La Résistance est active dans la région, où elle peut notamment compter sur le renfort des républicains espagnols réfugiés en France après la victoire du Franquisme outre-Pyrénees. La ville subit aussi des bombardements alliés en 1944.

Après la guerre, Toulouse se reconstruit et connaît une forte croissance démographique et économique. En 1957, l'université de Toulouse est réorganisée pour faire face à l'augmentation du nombre d'étudiants. A cette époque, Toulouse continue aussi son développement de l'industrie aéronautique et un centre majeur pour  cette industrie avec la création de la Société nationale industrielle aérospatiale (SNIAS) en 1970, qui deviendra plus tard Airbus. Parallèlement, l'industrie spatiale se développe avec la création du Centre national d'études spatiales (CNES) dès 1961.

A partir des années 1970, la ville connaît une modernisation importante de ses infrastructures, avec notamment la construction du métro de Toulouse, dont la première ligne sera inaugurée en 1993. De nouvelles zones industrielles et résidentielles sont développées pour faire face à la croissance démographique. La ville s'affirme de plus en plus comme un pôle technologique avec la présence d'entreprises et de centres de recherche dans l'aéronautique, le spatial, et les technologies de l'information. En 1972, la première fusée Ariane est développée par l'Agence spatiale européenne (ESA) avec une contribution importante de Toulouse.

Au début du XXIe siècle, Toulouse continue de se développer économiquement et technologiquement. Airbus devient un leader mondial de l'aéronautique avec son siège social basé dans la ville. En 2007, la deuxième ligne de métro est inaugurée, renforçant le réseau de transport en commun. La ville investit dans la culture et la préservation de son patrimoine historique et est désormais reconnue pour son architecture, ses festivals et ses institutions culturelles. En 2016, le complexe scientifique et culturel de la Cité de l'espace est agrandi pour accueillir un public toujours plus nombreux.

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