|
. |
|
De Maximilien Ă la RĂ©volution |
![]() |
![]() |
Alors
que l'Espagne et l'Angleterre s'étaient retirés, début 1862.Napoléon
III afficha ouvertement ses ambitions sur le Mexique.
Il souhaitait y fonder au un empire latin, catholique, qui
pourrait contrebalancer l'influence des États-Unis. Il désigna Maximilien
d'Autriche empereur, qui pris possession du trĂ´ne en 1864.
La guerre avec les Mexicains avait déjà commencé, elle allait
encore durer trois ans. Mais les Francais, détournés
des affaires mexicaines par la menace prussienne (Bismarck)
se retirèrent du pays et abandonnèrent Maximilien, qui finalement est
vaincu et fusillé par Benito Juarez. La république
fut rétablie en 1867.
Le Mexique se relève relativement bien de tous ces événements. En 1876, quatre ans après la mort de Juarez, une autre figure de premier plan accèdeau pouvoir, Porfirio Diaz. Il sera président jusqu'en 1880, puis de nouveau entre 1884 et 1911. Sous sa dictature, déguisée en démocratie moderniste, le pays connaît une certaine propérité. Mais la chappe de plomb qui pèse sur lui finit par provoquer l'insurrection, à partir de 1910. Inspirée par Francisco Madero, et conduite par hommes tels que Pancho Villa, Emiliano Zapata ou Alvaro Obregon, cette révolution chasse Porfirio Diaz du pouvoir. Mais les rivalités des qui opposent les vainqueurs entretiennent une période de trouble qui durera au moins jusqu'en 1923. La vie politique du Mexique sera largement dépositaire de l'héritage de cette révolution. Aussi bien le parti au pouvoir entre 1929 et 1997, le PRI (= Parti révolutionnaire institutionnel), que la guerilla la zapatiste qui a agité le Chiapas à la fin des années 1990 s'en réclameront. Dates-clés :1864 - Maximilien, empereur du Mexique. |
|
![]() |
«
L'Empire latin d'Amérique »
Napoléon
III poursuivit sont projet d'Empire d'accord avec le parti conservateur
clérical. Et, le 16 avril 1862, les
Français publiaient un étrange manifeste où ils déclaraient être venus
au Mexique pour faire cesser les divisions du pays. C'Ă©tait la guerre.
On comptait sur une révolution conservatrice qui n'eut pas lieu; Almonte,
Miramon ne groupèrent autour du camp étranger que 5000 adhérents; pas
une ville n'ouvrait ses portes. Juarez décrétait
la levée en masse des hommes de vingt et un à soixante ans et menaçait
de mort quiconque prĂŞterait son concours Ă l'ennemi. Le 28 avril, de
Lorencez força à Cumbres le passage des montagnes, et le 5 mai il attaqua
Puebla que Zaragoza défendait avec 12 000 hommes; il fut repoussé et
perdit 476 soldats. Le 18 mai, une défaite des Mexicains à Banancaseca
par les Français et le chef réactionnaire Marquez compensa cet échec.
![]() Prise de Puebla par les Français en 1863. L'armée française demeura à Orizaba, maintenant péniblement ses communications avec Veracruz. Elle reçut bientôt des renforts sous un nouveau commandant, le général Forey, qui débarqua en août avec 30 000 hommes, monta lentement vers Orizaba, où il commença par dissoudre le pseudo-gouvernement organisé par Almonte (octobre 1862). Il établit solidement sa ligne de communications avec Véracruz, et le 16 mai 1863 commença le siège de Puebla; Zaragoza était mort; Ortega défendit la place avec 11 000 hommes, tandis que Comonfort couvrait Mexico. Le siège fut terrible; il fallut prendre une à une chaque cuadra (carré de maisons); malgré le choléra et le typhus, les assiégés tinrent trois mois; enfin le 8 mai l'armée de Comonfort fut dispersée à San Lorenzo par Bazaine : le 17, Ortega se rendit après avoir encloué ses 150 canons, brisé ses armes et fait sauter la poudrière; 26 généraux, 1000 officiers, 11 000 soldats étaient prisonniers. Juarez sortit de Mexico le 31 mai se retirant à San Luis de Potosi; Bazaine entra dans la capitale le 7 juin. L'expédition française fit à Mexico une entrée triomphale, aux acclamations du peuple; une assemblée de trente-cinq notables conservateurs fut réunie et remit l'autorité au triumvirat d'Almonte, de Labastida, archevêque de Mexico, et du général Marianno Salas, ancien lieutenant de Santa-Anna; ceux-ci appelèrent à délibérer deux cent cinquante notables sous le nom d'Assemblée constituante et firent voter le 10 juillet par cette réunion illégale et sans mandat la résolution suivante : « La nation mexicaine adopte pour forme de gouvernement la monarchie tempérée et héréditaire, sous un prince catholique ; le souverain prendra le titre d'empereur du Mexique, la couronne impériale sera offerte à l'archiduc Maximilien d'Autriche pour lui et ses descendants. »Les circonstances parurent d'abord favorables à la combinaison napoléonienne. Forey, nommé maréchal, rentra en France, laissant le commandement à Bazaine (1er octobre. 1863). Celui-ci mena rapidement les opérations avec le concours des bandes conservatrices de Marquez et de Mejia. Les armées libérales étaient dissoutes; il ne restait guère que des guérillas renforcées par les débris des troupes de Comonfort et les évadés de Puebla; le noyau de l'armée régulière était formé d'Indiens enrôlés d'autorité et servant presque indifféremment sons n'importe quel drapeau; ant aux guerillas formées de bandes de volontaires ou vaqueros groupés autour de leurs propriétaires, elles se partageaient entre libéraux et réactionnaires. Les deux principaux chefs de la résistance étaient Juarez dans le Nord et Porfirio Diaz dans le Sud Bazaine groupa les Mexicains en deux colonnes, sous les généraux Douai et Cartagny, et fit organiser des contre-guérillas par le colonel Dupin. San Luis de Potosi fut pris le 25 décembre; Guadalajara le 5 janvier, et Zacatecas ![]() L'archiduc créait un corps de 7500 volontaires autrichiens et un régiment de 2000 Belges. Les frais à rembourser à la France étaient arrêtés à 270 millions au 1er juillet 1864; ensuite 1 000 F par soldat et par an. Un emprunt de 190 millions avait été ouvert par les Français; il n'y eut que 102 600 000 F de souscrits, dont près de 7 millions absorbés par les courtages, 27 payés aux créanciers anglais, 8 remis à l'archiduc, le reste remis à la France ou déposé en garantie de deux ans d'intérêt. L'intermède de
Maximilien.
L'effondrement du nouvel empire du Mexique
fut rapide. Il n'avait jamais été reconnu par les États-Unis qui n'avaient
cessé de traiter Juarez comme le chef du pouvoir
légal. Dès le 4 avril 1864, le Congrès
de Washington Le chevaleresque Maximilien
refuse d'abdiquer, ne voulant pas abandonner ses partisans aux représailles
des vainqueurs. Le 11 mars 1867, les
derniers soldats français se rembarquent; les Belges, la plupart des Autrichiens,
étaient partis. Les événements se précipitent; les bandes d'Apaches
et d'Opatas, qui avaient arboré le pavillon impérial, sont écrasées
au Nord; au Sud, les Impériaux sont vaincus dans le Yucatan Porfiriat et Révolution L'oeuvre de régénération du Mexique
fut plutôt activée que retardée par cette terrible crise. Le parti réformateur
se trouva délivré des cléricaux qui avaient appelé l'étranger. Quelques
soulèvements, notamment celui de Santa-Anna
au Yucatan, furent aisément comprimés par Juarez,
auquel Ortega se rallia franchement. En avril 1869,
il put faire voter une amnistie politique à tous les indigènes. Réélu
en 1871, il mourut le 18 juillet 1872;
le pouvoir passa au président de la cour suprême, Sébastien Lerdo de
Tejada, pour jusqu'au 31 juillet 1874.
Il se fit réélire, mais ne put se maintenir. La grosse difficulté était
la question financière qui avait provoqué l'intervention étrangère.
La dette publique comprenait l'ancien emprunt anglais 3%, soit 250 millions,
et 175 millions de dette intérieure à 6 %, une dette espagnole réglée
en 1851 et 1853
à environ 24 millions, une dette aux États-Unis de 6 millions (convention
du 4 juillet 1868); celles résultant
des actes de la faction conservatrice et de l'empire qu'elle avait soutenu
: fonds de 3 % créé en 1864 pour
régler les coupons arriérés de l'emprunt anglais (121 620 000 F; emprunt
anglo-français 6 % de 1864 (309 125
000 F); emprunt Ă primes 6% de 1865
(250 millions), créances admises des résidents étrangers (150 millions);
sommes dues Ă la France (325 millions). C'Ă©tait, au temps de Maximilien,
un total de près de 4 600 000 000 portant près de 100 millions d'intérêts
annuels. Juarez refusa naturellement de reconnaître les emprunts contractés
par ses adversaires, ce qui retarda le rétablissement des relations diplomatiques
avec les États européens, qui presque tous avaient reconnu Maximilien.
Le premier qui les rouvrit fut la Confédération de l'Allemagne du Nord,
en 1868; la France les reprit en 1882
et l'Angleterre en 1883, après règlement
de sa dette et des arrérages pour une inscription globale de 430 millions;
les créanciers réclamaient plus de 2 milliards.
Sous l'impulsion énergique de Porfirio Diaz, le pays s'est transformé. Il a constitué une armée permanente assez forte et disciplinée pour clore le régime des pronunciamentos. Il a établi une sécurité comparable à celle des États européens. Il a rendu à l'administration son autorité morale et effective. Lui-même a été strict observateur de la légalité constitutionnelle. La situation politique affermie, il a amélioré, dans une mesure inrroyable, la situation économique. La sécurité rétablie a naturellement provoqué l'essor de l'industrie et du commerce. Celui-ci fut décuplé par la construction d'un vaste réseau de chemins de fer, Une politique douanière nettement protectionniste a donné d'aussi bons résultats qu'aux États-Unis d'autant que la répression de la corruption en a assure tous les bénéfices au Trésor. Dès 1880, le budget se réglait en excédent, et on pouvait aborder le règlement de la dette extérieure. Tant pour cet objet que pour l'établissement des moyens de transports, de nouveaux emprunts furent contractés à des conditions relativement favorables en 1888, 1889 (chemin de fer de Tehuantepec), 1890 et 1893. La dépréciation de l'argent, dont le Mexique était un grand producteur, a été gênante, en réduisant à moitié la valeur du dollar mexicain (l'adoption en 1905 du monométalisme or permettra cependant de stabiliser la situation). Les observateurs étrangers sont alors très impressionnés. Le gouvernement se donne une allure démocratique. Inspiré par les idées d'Auguste Comte, il se veut laïque et résolument pacifique; il s'occupe, semble-t-il, d'améliorations matérielles intérieures. Le Mexique au début du XXe siècle apparaît au moins au niveau de pays comme l'Australie ou l'Algérie à la même époque. Les progrès sont réels. Le Porfiriato ne peut cependant se résumer à cette vision angélique. Le régime de Porfirio Diaz est en réalité une dictature. Les élections sont systématiquement truquées, les opposants éliminés physiquement. Le pays, sur lequel pèse une chappe de plomb, doit son développement économique aux capitaux américains et européens, ce qui a un corrolaire : ses principales richesses passent rapidement entre les mains de compagnies étrangères. A terme, le régime ne peut que se lézarder et tomber. Le sang de la
RĂ©volution.
Dès novembre, une insurrection est conduite dans le Morelos par Emiliano Zapata, un paysan aux idéaux socialistes; en mars de l'année suivante, un autre soulèvement a lieu, sous la conduite de Pascual Orozco. Madero fait appel au général Huerta pour mater ces mouvements. Mais Huerta s'allie bientôt aux nostalgiques de Porfirio Diaz, soutenus en sous-mains par les États-Unis. Huerta fera assassiner Madero le 21 février 1913. Le Mexique entre alors dans une longue phase d'instabilité. Les troupes légalistes, autour du général Alvaro Obregon, que rejoignent pour un temps Emiliano Zapata et Pancho Villa, qui entrent à Mexico en novemmbre 1914 et parviennent à chasser Huerta et les porfiristes, et finiront par porter au pouvoir en 1917 Venustiano Carranza. Le 5 février, une nouvelle constitution, inspirée de celle de 1857, est proclamée. Des droits nouveaux sont accordés (salaire minimum, droits syndicaux, etc.). Et la révolution semblerait finalement avoir triomphé, si ce n'avait été des luttes intestines entre les nouveaux dirigeants : Zapata est assassiné en 1919 par un sbire de Carranza, Carranza et Villa seront assassinés respectivement en 1920 en 1923 sur l'ordre d'Obregon. La révolution est alors terminée. Pas nécessairement les désordres et les tragédies. (J. Gautier et A. Métin). |
. |
|
|
||||||||
|