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Sous
la botte macédonienne
La Macédoine
était restée jusqu'au IVe
siècle mal organisée; elle
ne s'était guère trouvée en contact avec la Grèce.
Mais le roi Philippe sut en faire
un grand État . Il constitua une forte armée à l'intérieur,
débarrassa ses frontières de ses voisins barbares, refoula
les Illyriens ,
les Thraces et conquit les villes grecques de la côte. De cette Macédoine
pacifiée et fortifiée, Philippe sortit pour soumettre la
Thrace, puis la Thessalie ,
enfin l'Hellade. Les victoires de Philippe, qui en firent le fondateur
d'un grand empire, furent dues à son habile politique et à
la supériorité de l'armée macédonienne. Cette
supériorité provenait surtout de l'organisation de la phalange,
qui resta presque invincible jusqu'à l'arrivée des Romains.
Le roi de Macédoine, après s'être donné une
armée permanente, commença par s'ouvrir l'accès de
la mer, dont le séparaient les colonies grecques, en particulier
celles qui remplissaient la riche presqu'île de Chalcidique .
La principale était Olynthe qui succomba en 347.
La guerre sacrée (355-346)
fournit au roi un prétexte pour franchir le seuil de la Grèce.
Une querelle des Thébains
et des Phocidiens en était la cause.
Condamnés à des amendes excessives pour avoir labouré
des terres consacrées au dieu de Delphes,
les Phocidiens furent excommuniés par le conseil amphictionique.
Ils s'emparèrent du temple de Delphes et soldèrent des armées
de mercenaires qui résistèrent victorieusement à leurs
ennemis. Ceux-ci, surtout les Thébains et les Thessaliens, leur
faisaient une guerre d'extermination. Ils appelèrent Philippe qui
soumit la Thessalie, s'empara des Thermopyles,
extermina les Phocidiens, devint le président des jeux Pythiques
et du conseil des Amphictyons (346).
Quelque temps la vigilance de Démosthène,
réveillant les Athéniens, le tint en échec dans la
mer Égée. Il y avait à Athènes
même un parti macédonien; dans le Péloponnèse ,
les ennemis de Sparte (Argos ,
Messène, Mégalopolis) y adhéraient. En 338,
le conseil des Amphictyons, condamnant la cité d'Amphissa,
attire en Grèce le roi de Macédoine. Les armées d'Athènes
et de Thèbes se réunirent pour la lutte suprême; elles
perdirent la bataille de Chéronée.
C'en était
fait de la liberté de la Grèce. Thèbes
fut abaissée, Athènes réduite
à son territoire plus Samos ,
Lemnos et la Chersonèse ,
Sparte réduite à la Laconie .
Un congrès des députés de la Grèce, convoqué
à Corinthe, nomma Philippe généralissime
des Grecs contre les Perses .
Seuls les Spartiates s'abstinrent (337).
La mort de Philippe retarda à peine l'entreprise. Elle fut exécutée
par son fils Alexandre. Vainqueur d'abord
des barbares du Nord, il réprima l'insurrection de la Grèce
par la destruction de Thèbes (335).
Il exécuta ensuite son grand projet. Concentrant les forces helléniques,
il les conduisit contre l'ennemi héréditaire et conquit l'empire
des Perses. Durant cette colossale expédition, l'or de Darius
lui procura de nombreux mercenaires grecs et suscita même une diversion.
Le roi de Sparte prit les armes, entraînant les Achéens, les
Eléens et la plupart des Arcadiens .
Ils furent défaits par le régent macédonien Antipater
(330).
Une dernière tentative, après la mort d'Alexandre, n'eut
pas un meilleur succès. Démosthène
et Léosthène soulevèrent les Athéniens, auxquels
se joignirent les Locriens, les Phocidiens ,
les Étoliens, les Thessaliens ,
les Argiens ,
les Épidauriens, les Eléens, les Messéniens. La guerre
lamiaque, ainsi nommée parce que les coalisés s'exténuèrent
au siège de Lamia, finit par la défaite de Crannon (322).
La démocratie athénienne fut déportée; la plupart
des villes importantes reçurent une garnison macédonienne.
La perte de l'indépendance était consommée.
Mais en même
temps les Grecs voyaient s'ouvrir devant eux un champ immense. La pensée
fondamentale d'Alexandre, la fusion de
l'Orient et de l'Occident, fut réalisée après sa mort.
La longue lutte des Hellènes et des Perses
finissait par la victoire totale des premiers. La conquête de l'Asie
occidentale et de l'Égypte
leur livrait des pays vingt fois plus étendus que le leur, les foyers
des plus vieilles civilisations. A cette situation nouvelle correspondaient
des formes politiques nouvelles. Le cadre de la cité ne pouvait
contenir le nouveau monde hellénique ou hellénisé.
Nous n'avons pas ici à suivre l'histoire de l'hellénisme
dans les royaumes orientaux, Bactriane ,
Syrie, Egypte ptolémaïque ,
pas même dans ceux de l'Asie Mineure, Pergame ,
Pont, etc. Nous nous contenterons de résumer ici les événements
qui intéressent la Grèce proprement dite.
-
Le siècle
d'Alexandre
De grands hommes
avaient encore, dans le siècle de Philippe
et d'Alexandre, ajouté au patrimoine
de gloire que leurs prédécesseurs avaient formé. Praxitèle
(360-280), le plus gracieux des sculpteurs grecs, et le peintre Pamphile
qui fut le maître d'Apelle, avaient succédé
à Phidias, à Polyclète,
à Zeuxis. Pourtant, déjà,
l'art fléchit; le goût est moins pur, le style moins sévère.
On donne trop à la grâce; on parle plus aux yeux qu'à
la pensée.
Si l'art montre des
symptômes de défaillance, l'éloquence et la philosophie
n'en ont pas. La tribune d'Athènes
retentit des accents passionnés et virils de Démosthène,
de Lycurgue, d'Hypéride
et d'Hégésippe. Eschine,
le rival de Démosthène, y apporte le mouvement et l'éclat
de sa parole; Phocion, sa vertu, qui pour l'orateur est aussi une arme
puissante.
Après la mort
de Socrate, ses disciples s'étaient dispersés.
Le plus illustre d'entre eux était cependant revenu dans Athènes
: Platon (429-347) enseignait dans les jardins
d'Académos. Les Grecs, charmés par la grâce incomparable
de son langage, contaient que son père était Apollon et qu'à
son berceau les abeilles de l'Hymette avaient déposé leur
miel sur ses lèvres.
Aristote
(384-322), son élève, son rival et le maître d'Alexandre,
a fixé sur lui par d'autres mérites l'éternelle attention
des hommes. Vaste et puissant génie, il voulut tout connaître,
les lois de l'intelligence humaine comme celles de la nature. La philosophie
suit encore la double voie que lui avaient tracée ces deux grands
esprits : idéaliste avec l'un, rationnelle et positive avec l'autre.
Xénophon, âme douce et conteur
aimable, ne prend place que bien loin d'eux. |
La
Grèce hellénistique
A partir des conquêtes
d'Alexandre, lors de cette période
que l'on appelle hellénistique, La Grèce n'est plus
le principal théâtre de l'activité hellénique
: Alexandrie, Pergame ,
Rhodes ,
égalent Athènes dans l'ordre
intellectuel, la surpassent en prospérité matérielle.
La désunion des cités grecques les avait épuisées
et livrées à la Macédoine .
Incapables de s'entendre au temps de leur splendeur, elles le furent encore
au temps de leur décadence. Elles furent tout d'abord impliquées
dans la série des compétitions entre les héritiers
d'Alexandre. Nous n'avons pas à entrer dans le dédale de
ces intrigues et de ces combinaisons. On sait que l'organisation qu'Alexandre
voulait donner à son empire fut compromise par les rivalités
de ses lieutenants. Ceux-ci se partagèrent les provinces. Des trente-quatre
généraux admis au partage, les principaux étaient
Perdiccas, Ptolémée,
Eumène, Cassandre, Lysimaque,
Antigone,
Antipater, Séleucus.
Tant que les faibles rejetons de la famille royale vécurent, il
fut possible de se rallier à eux et de conserver un semblant d'unité.
Les régents Perdiccas, Antipater et Polysperchon défendirent
la cause des enfants d'Alexandre contre les genéraux. ( Le
Monde hellénistique).
En Grèce,
la lutte se poursuivit entre Polysperchon et Cassandre, l'ambitieux fils
d'Antipater. Polysperchon, qui combattait au nom du petit roi Philippe
Arrhidée, décréta la restitution aux cités
grecques de leur liberté et de leur autonomie (319).
C'est le premier de ces décrets, comme il s'en rendra beaucoup durant
les siècles suivants et tout aussi creux. Polysperchon voulait
s'appuyer sur la démocratie contre l'oligarchie,
alliée de Cassandre et favorisée par ses garnisons. Il déchaîna
de terribles représailles. Phocion en fut victime à Athènes
où l'on avait restauré la constitution démocratique.
Cassandre y substitua bientôt la tyrannie bénigne de Démétrius
de Phalère; puis, afin de se populariser, il releva Thèbes .
Pendant les années suivantes, Cassandre et Polysperchon se combattent
avec acharnement, courant de la Macédoine
au Péloponnèse ;
le premier l'emporte de plus en plus, mais il est attaqué par Antigone
et Ptolémée, lesquels proclament
à leur tour la liberté et l'autonomie des cités grecques
(313).
La guerre ravage toute la Grèce où la confusion est inextricable.
La famille d'Alexandre disparaît
dans ces conflits. Ses deux derniers fils sont victimes de Cassandre (312
et 309).
On continue de beaucoup
parler de la restauration de la liberté hellénique. Antigone
s'en porte champion. Son fils, Démétrius Poliorcète,
débarque en Grèce avec une grosse armée (307)
et s'installe à Athènes. Les seuls qui se rendent vraiment
libres sont les Rhodiens que Démétrius assiège vainement
(305-304).
Il revient en Grèce et la conquiert presque entièrement sur
Cassandre et Polysperchon (passé à la solde de Cassandre
depuis 309).
Après la bataille d'Ipsus ,
Démétrius Poliorcète se retire en Grèce, et
c'est de nouveau ce malheureux pays qui sert d'échiquier aux Diadoques
(successeurs d'Alexandre). Cassandre étant
mort, Ptolémée suscite contre Démétrius les
Spartiates et Pyrrhus prétendant au trône
d'Épire .
Démétrius quitte le siège de Sparte pour se faire
couronner roi de Macédoine (294).
Il est un moment maître de la Grèce presque entière,
le reste même après qu'il a perdu la Macédoine (288).
Quand cet extraordinaire aventurier eut disparu, les Athéniens qui
avaient deux ou trois fois secoué son joug, s'insurgèrent,
chassèrent les garnisons macédoniennes; le neveu de Démosthène,
Democharès, réussit à rétablir la démocratie
pour une dizaine d'années. Mais le fils de Démétrius,
Antigone Gonatas, conserva la Béotie ,
Mégare, Corinthe
et quelques places du Péloponnèse.
La Macédoine
et la Grèce centrale furent effroyablement dévastées
par une invasion de Celtes (279-277).
Ils pillèrent l'Étolie, forcèrent les Thermopyles ,
mais furent battus près de Delphes. Cette invasion est suivie de
l'accession au trône de Macédoine d'Antigone
Gonatas (277).
L'Épire, qui, dans la décadence générale, semble
plus forte, dispute un moment à la Macédoine l'hégémonie,
mais son roi aventurier Pyrrhus ne tarde pas à disparaître
(272).
Sa mort, laissant Antigone Gonatas maître de la Macédoine,
clôt la période des Diadoques, le demisiècle de guerres
ininterrompues qui avaient sévi dans la péninsule
balkanique
et particulièrement en Grèce, depuis la mort d'Alexandre.
Elles avaient complété l'abaissement des cités grecques,
livrées à tous les hasards des conflits entre les bandes
de mercenaires des chefs macédoniens, vidées de citoyens
par les proscriptions et par le drainage fait au profit des colonies qui
se multipliaient en Asie.
La Grèce du
IIIe siècle
ne ressemble que par les noms à celle du IVe.
Elle est décidément tombée sous le protectorat macédonien.
La Macédoine, dépeuplée par l'émigration et
l'invasion celtique, est très affaiblie, mais les cités grecques
le sont encore plus. Beaucoup se résignent à la vassalité,
sentant qu'elles ont intérêt à ce qu'un État
puissant les couvre contre les Barbares du Nord, les Celtes établis
en Thrace, les Dardaniens, etc. Les Macédoniens continuent la politique
de Philippe, le système du
protectorat garanti par quelques garnisons macédoniennes et aussi
par l'appui donné à des tyrans. Leurs principales forteresses
furent Démétriade ,
sur le golfe Pagasique, Chalcis
et l'Acrocorinthe
qu'on appela les trois entraves de la Grèce. Ils recontrèrent
cependant des résistances, qu'encourageaient les Ptolémées
d'Égypte .
La politique de ceux-ci ne cessa de susciter des difficultés aux
Antigonides; durant un siècle, la Grèce est partagée
entre l'influence égyptienne et l'influence macédonienne.
Elle est le champ de bataille où ces deux grandes puissances (au
sens moderne du mot) se disputent l'hégémonie.
La Grèce conservait
son prestige, et on avait peine à se déshabituer de la regarder
comme le centre naturel du nouveau système politique résultant
des conquêtes d'Alexandre. Il ne saurait plus guère être
question d'une histoire générale des Grecs. L'histoire politique
de la Grèce, même en y comprenant les anciennes colonies d'Asie
et d'Italie, ne comprendrait pas les manifestations les plus éclatantes
de la civilisation grecque; les émigrants, qui, par centaines de
mille, se répandent dans tous les pays de la Méditerranée
orientale, plus tard aussi, après la conquête romaine, dans
la Méditerranée occidentale, n'appartiennent plus à
un peuple unique. Les citoyens des grandes villes grecques qui s'élèvent
en Orient, des Alexandries, des Séleucies, des Antioches ,
ne sont pas des Hellènes comme ceux du VIe
siècle. Les peuples métis
qui représentent la civilisation et la langue hellénique
sont, comme on l'a dit, plus justement qualifiés d'hellénistiques,
suivant un néologisme qui exprime bien la différence : la
science hellénique, la littérature hellénique y fleurissent;
dans ce monde élargi, où les navigateurs grecs s'enfoncent
jusqu'à la Baltique et jusqu'à l'océan Indien, elles
établissent pourtant la conscience d'une sorte de nationalité
hellénique qu'on oppose fièrement aux Barbares. Au-dessus
du particularisme politique qui divisait les Hellènes en une multitude
de petites communautés rivales s'est développée la
notion de cette unité culturelle. Les philosophes contribuent à
la répandre en sapant les bases de l'étroit patriotisme local.
Un Grec se sentait presque autant chez lui à Alexandrie
ou à Marseille qu'à Athènes.
Le
temps du désarroi
Le centre de l'hellénisme
dans cette nouvelle période fut, en effet, l'Alexandrie des Ptolémées.
C'est dire que dans l'histoire de l'hellénisme qui est désormais
l'histoire d'idées plus que d'organismes politiques, la Grèce
proprement dite, la vieille Hellade, ne joue plus le premier rôle.
Elle avait perdu sa liberté politique et sans compensation. Les
cités grecques ne furent pas incorporées à un État
plus vaste pour inaugurer comme parties de ce tout une vie nouvelle; elles
ne furent pas davantage fusionnées. Elles restèrent isolées
dans leur particularisme, divisées à l'intérieur par
les guerres sociales, guerroyant les unes contre les autres, livrées
à tous les périls de l'anarchie. Le protectorat macédonien
aurait peut-être fini par se convertir en domination complète
et par créer un État balkanique élargissant les cadres
de la Grèce continentale. Il n'en eut pas le temps. La rivalité
de l'Égypte
prolongea les résistances de la Grèce, et les confédérations
nouvelles qui y surgirent paralysèrent la Macédoine
jusqu'à l'entrée en scène des Romains. Le nouveau
compétiteur entré en ligne a la fin du IVe
siècle, le royaume d'Epire, ne
tarda pas à disparaître. Après la mort de Pyrrhus,
son fils Alexandre fut confiné dans ses montagnes. Après
sa mort (vers 260)
le royaume des Molosses s'écroula bientôt. Les princes de
la dynastie des Eacides s'entre-égorgèrent et l'Épire
se décomposa : les trois peuples principaux, Molottes, Thesprotes,
Chaoniens ,
formèrent des républiques fédérales troublées
et annihilées par leurs dissensions. Les princes des Athamanes n'étaient
pas plus à craindre.
Ce furent les Étoliens
qui héritèrent du rôle des Épirotes et firent
contrepoids aux Macédoniens dans la Grèce continentale. Ils
furent naturellement soutenus par l'Égypte. Cependant les Ptolémées
étaient trop loin pour arracher la Grèce aux Macédoniens.
On le vit clairement dès que la guerre s'engagea. Après la
mort de Démétrius Poliorcète, les Athéniens,
redevenus libres, vécurent en bonne intelligence avec l'Égypte.
Ils furent impliqués dans la guerre engagée par Ptolémée
II contre la Syrie et la Macédoine (266).
La Grèce entière y prit part et le général
athénien Chrémonides y eut le premier rôle. Les Spartiates,
les Éléens ,
les Arcadiens ,
les Achéens s'allièrent aux Athéniens et au roi d'Égypte
pour la défense de l'autonomie; le roi d'Épire et les Etoliens
prirent aussi les armes. Corinthe et Chalcis
se rebellèrent. Antigone vainquit pourtant
les coalisés. Il détruisit la flotte égyptienne à
Cos (265),
reprit Chalcis, défit et tua le roi de Sparte Areus. Après
un long siège, Athènes dut capituler (262);
des garnisons macédoniennes furent portées à Salamine ,
à Sunium, dans les ports, d'Athènes, sur la colline du Musée;
bientôt les Longs-Murs furent démolis. Ainsi disparut l'État
athénien; il ne peut plus en être question par la suite en
tant que puissance politique autonome. Mégare,
Épidaure ,
Trézène, Mantinée reçurent également
des garnisons macédoniennes.
La Ligue achéenne
et la ligue étolienne .
Les forces de la
Grèce n'étaient pas cependant tout à fait épuisées.
Ce que des États isolés n'avaient pu réaliser, l'union
des Hellènes, des confédérations, l'essaye. Malheureusement
on retrouve, aux derniers jours de la Grèce antique, le déplorable
dualisme qui avait été la cause la plus efficace de sa ruine.
A la ligue étolienne, fédération des montagnards du
Nord, s'oppose la ligue achéenne, fédération incomplète
des États du Péloponnèse .
La ligue étolienne
avait grandi pendant l'anarchie de la fin du IVe
siècle et de la première
moitié du IIIe
siècle; elle s'était superposée
à l'ancien conseil amphictyonique. Mais le brigandage, les moeurs
de klephtes des Etoliens leur aliènent les villes du Midi.
Celles-ci se rallient
à la ligue achéenne, réorganisée par Aratus
autour de Sicyone ,
très prospère depuis que Démétrius Poliorcète
l'avait reconstruite. La ligue achéenne réagit contre les
tyrans protégés de la Macédoine ,
et s'appuie sur l'Égypte ,
laquelle reprenait le dessus, grâce à l'énergie de
Ptolémée Évergète; elle avait conquis tout
le littoral de la Grèce asiatique, de l'Hellespont à la Pamphylie,
vaincu la flotte macédonienne à Andros
(245).
Aratus s'empare de Corinthe, Mégare, Trézène, Epidaure .
En 239,
la mort d'Antigone Gonatas accentue l'affranchissement du joug de la Macédoine.
Les Étoliens,
d'abord alliés à elle contre la ligue achéenne, s'entendent
avec celle-ci. Le roi Démétrius ne peut conserver que la
Phocide
et la Béotie .
L'Arcadie
occidentale entre dans la ligue achéenne avec Mégalopolis
(234).
puis l'Argolide .
La mort de Démétrius aggrave la crise subie par la Macédoine .
Tout ce que peut faire d'abord le régent Antigone Doson est de résister
aux Barbares septentrionaux. La Thessalie
se détache; l'Attique
est affranchie; mais Athènes n'aspire plus qu'au rôle de cité
universitaire attirant dans ses écoles des étudiants du monde
entier. (A.-M. Berthelot). |