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La Guerre de Sécession III - Les grandes batailles |
| | L'encerclement du Sud | Les grandes batailles | |
Fredericksburg. En novembre 1862, les troupes de l'Union se trouvant concentrées devant Fredericksburg, prêtes à agir, le commandement fut tout à coup enlevé à Mac Clellan (que le parti démocrate dans le Nord désignait déjà pour son futur candidat à l'élection présidentielle de 1864), et donné à Burnside. Mac Clellan recevait l'ordre de se retirer avec son état-major dans le New Jersey. Burnside devait agir immédiatement et chercher à déloger l'ennemi de la forte position qu'il avait prise à Fredericksburg (rive droite du Rappahaunock). Il conçut l'héroïque folie d'aborder de front cette position couverte d'une triple ligne étagée d'artillerie, et de l'enlever à la baïonnette. Il s'obstina dans cette tentative pendant toute la journée du 13 décembre et subit des pertes énormes. Le soir, il dut repasser sur la rive droite de la rivière. Désespéré de son insuccès, il envoya aussitôt sa démission. Hooker, son successeur, se contenta pendant quatre mois d'observer l'ennemi et réorganisa son armée où de grands vides étaient à combler. Pendant le cours de cet hiver de 1862 à 1863, la général Banks et Farragut commencèrent le siège de Port Hudson, et Grant décida une attaque contre Vicksburg; il en chargea Sherman qui, de Memphis, réunit 40 000 hommes à Helena, et fut porté avec ses forces, sur la flottille de transports de l'amiral Porter, au confluent du Yazoo et du Mississippi, à peu de distance de Vicksburg. Joe Johnston défendait la forteresse confédérée. Sherman tenta le 29 décembre une attaque de vive force qui échoua, lui coûtant 2 000 hommes. L'armée se retira à cinq milles en amont, et Grant remplaça Sherman par Mac Clernand. Celui-ci se retira vers Memphis avec l'amiral Porter, entra dans la rivière Arkansas et s'empara des postes confédérés, fort Hindman et fort Saint-Charles (janvier 1863). Murfreesboro. Vicksburg. « La confédération du Sud, dit-il, est une coquille vide. »Grant crut le moment venu d'agir; de Memphis il fit suivre à son armée, forte de 60 000 hommes, la rive droite du Mississippi, jusqu'en face de Grand Gulf, en aval de Vicksburg, cette forteresse n'étant pas abordable par la rive gauche à cause du Yazoo et de ses innombrables bayous et marais. La flottille bombarda Grand Gulf le 29 avril. Les défenseurs de ce poste l'abandonnèrent, et toute l'armée put passer sur la rive gauche. Grant la dirigea alors, abandonnant toute communication avec le fleuve, vers l'armée de Johnston établie entre Vicksburg et Jackson, capitale de l'État de Mississippi. Après un vif combat à Raymond, la ville de Jackson tomba entre les mains de Mac Clernand et de Sherman (14 mai), et Johnston se trouva rejeté au delà de cette ville vers l'Est. Vicksburg n'avait plus pour défense que sa garnison commandée par Pemberton. Celui-ci fut battu à son tour à Champion Hill et enfermé dans Vicksburg le 24 mai. Un assaut général, livré le 22, échoua sur tous les points. Il coûtait à l'Union des pertes qu'un génie militaire empreint d'humanité eût aisément épargnées. C'est par milliers que les existences humaines furent inutilement sacrifiées ce jour-là au simple besoin de tenter la fortune, de sonder le hasard. Ce carnage devait être le premier d'une série de semblables hécatombes qui n'étaient pas nécessaires et dont reste tachée la biographie de Grant. Le siège régulier commença. Banks devant Port Hudson avait comme Grant procédé à l'investissement, puis livré un assaut infructueux. Là aussi un siège en règle était nécessaire. Les tentatives de diversion extérieure, faites sur la rive droite par Mac Culloch, Marmaduke et Price, et sur la rive gauche par Johnston, restèrent sans résultats. A la fin de juin, la place était à bout de vivres et déjà à peu près détruite par le bombardement. Pemberton se décida à traiter sans attendre l'assaut final; il capitula, et l'armée fédérale entra le 4 juillet dans le « Sébastopol de la rébellion ». Les prisonniers confédérés étaient au nombre de 18 000. Port Hudson, à la nouvelle de la chute de Vicksburg, se rendit le 8 juillet avec 8 000 hommes. Chancellorsville. Malgré cette perte qui allait être bientôt fatale à l'armée confédérée, le général Lee voulut profiter de l'avantage que lui donnait un succès comme celui de Chancellorsville pour tenter une nouvelle invasion du territoire resté fidèle à l'Union. De ses quatre lieutenants préférés, Jackson, Longstreet, Hill et Ewell, il lui restait les trois dernier ; il confia à chacun d'eux le tiers de son armée évaluée à 100 000 hommes de troupes aguerries, bien entraînées et disciplinées. La cavalerie, 10 000 hommes, était toute réunie sous les ordres du général Stuart. Le 15 juin, Lee se mit en route, inclinant à gauche vers le Blue Ridge, suivit la Shenandoah et pénétra dans le Maryland et la Pennsylvanie. La victoire de Chancellorsville avait exalté l'orgueil des confédérés. On prétend (si c'est un mot inventé, il dépeint bien l'état des esprits dans le Sud après le 3 mai 1863) que, vers la fin de ce même mois, le général Lee envoyant une demande de rations au comité des subsistances à Richmond, reçut cette réponse : « Si le général a besoin de provisions, qu'il aille en chercher en Pennsylvanie. »Hooker ne connut le mouvement de Lee que quelques jours après qu'il commençait à se dessiner. Il ramena aussitôt son armée du Rappahannock au Potomac, suivant une ligne parallèle à celle de l'ennemi, mais plus rapprochée de la côte et de Washington, le Blue Ridge séparant les deux armées en marche. Les confédérés passèrent le Potomac du 22 au 25 et se concentrèrent à Hagerstown. L'armée fédérale n'acheva le passage que le 28, et ce jour-là elle changeait de commandant en chef. Le gouvernement de Washington, très inquiet du mouvement de Lee, n'avait que peu de confiance dans le vaincu de Chancellorsville, et lorsque Hooker demanda l'abandon de Harper's Ferry et l'adjonction à ses propres troupes des 10 000 hommes composant la garnison de cette place, il n'obtint qu'un refus catégorique. Hooker donna aussitôt sa démission et fut remplacé par le général George C. Meade. Le 28, l'armée fédérale se trouvait à quelques milles au Nord du Potomac, à l'Est d'une rangée de collines, appelée South Mountain, de l'autre côté de laquelle se trouve la vallée de Cumberland où s'avançait vers le Nord l'armée confédérée. Ewell avec l'avant-garde avait dépassé déjà Carlisle et allait atteindre Harrisburg (capitale politique de la Pennsylvanie sur le Susquehanna). Lee, avec les deux autres corps (Long street et Hill), était encore à Chambersburg. Gettysburg. Quant au général Lee, il n'engagea pas cette lutte décisive avec sa précision, sa lucidité d'esprit habituelles, avec l'énergie qui eût emporté tous les obstacles. Ses lieutenants étaient des officiers de grand mérite, mais aucun d'eux ne valait Jackson pour entraîner des troupes et les porter, à travers tous les périls, au point où il leur fallait arriver pour vaincre. Il ne put en outre se servir de sa cavalerie, Stuart s'étant laissé emporter dans un grand mouvement tournant par le Nord et tenant la campagne à l'Est de l'armée nordiste. Enfin il suffisait à l'armée de Meade de tenir bon sur le terrain où son général l'aurait établie, tandis que l'armée confédérée, pour n'être pas vaincue, devait accabler l'ennemi, enlever ses positions, le rejeter sur Washington. La bataille dura trois jours. Le 1er juillet 1863 le choc eut lien entre les deux avant-gardes. Reynolds, un des meilleurs officiers de l'armée nordiste, y fut tué dès le début. Les confédérés, ayant réussi à amener 30 000 hommes sur le terrain, écrasèrent les fédéraux moins nombreux, et leur infligèrent une perte de 10 000 hommes en tués, blessés ou prisonniers. Refoulés en désordre de tous les côtés sur Gettysburg, les nordistes abandonnèrent le soir même le village et prirent position sur les collines situées au Sud, devenues célèbres sous le nom de Cemetery Ridge. Howard avait succédé à Reynolds dans la direction du combat; le soir Hancock vint prendre le commandement et avisa le général en chef que Cemetery Ridge était le vrai point où il fallait livrer bataille. Dès le lendemain 2 juin, Meade portait en bâte toutes ses forces de ce côté. Son arrière-garde, avec Sedgwick, ne put arriver que dans l'après-midi du 2, après une marche forcée de 55 kilomètres. Toute l'armée de Lee donna dans cette journée où les positions fédérales furent tâtées tour à tour, sans qu'aucune d'elles pût être sérieusement compromise. Meade perdit encore environ 10 000 hommes sous les attaques furieuses et répétées qui détruisirent presque son aile gauche. Mais le terrain était conservé sur toute la ligne. Le 3 juillet (troisième jour de bataille), Lee résolut une attaque de front sur le centre même des positions ennemies. Il la prépara par l'établissement de formidables batteries et l'action s'engagea par un duel d'artillerie entre 120 pièces des sudistes et 80 des nordistes. Mais il était déjà tard dans la journée lorsque Lee tenta sa dernière chance de victoire; et l'armée de Meade était plus solidement établie que la veille ou le premier jour. A trois heures, le général Hunt, commandant l'artillerie fédérale, donna ordre de cesser le feu, pour laisser refroidir ses pièces. Lee crut les batteries de l'Union réduites au silence et fit avancer la colonne d'assaut. Elle se composait de la division Pickett, forte de 14 000 hommes dont moitié furent engagés dans la charge devenue si fameuse. La brigade de tête n'avait pas encore parcourir la moitié de l'espace découvert qui la séparait du front ennemi, qu'elle fut assaillie par le feu de toutes les pièces fédérales. Les sudistes, décimés par ce tir convergent et par la mousqueterie qui éclata à 300 yards de distance, continuèrent de s'avancer, conduits par le général Armistead. Celui-ci atteignit les canons ennemis et tomba côte à côte avec le lieutenant de la batterie, Cushing. Armistead avait atteint le point extrême où la colonne d'assaut pénétra dans les lignes de Meade, 30 yards en dedans du retranchement. Dans le combat corps à corps qui eut lieu sur ce point, les sudistes, trop inférieurs en nombre, furent tués ou pris les uns après les autres; à peine un quart de l'effectif de la colonne put échapper. Cet assaut repoussé, Meade ordonna un mouvement général en avant, et l'ennemi fut sur tous les points repoussé sur ses positions. Lee s'attendait à être attaqué la nuit même par les nordistes vainqueurs. Mais Meade ne voulait pas compromettre le grand succès qui sauvait l'Union. Il tint ses troupes immobiles le 4 juillet, attendant le développement des plans du général confédéré. Lee n'avait guère le choix; n'ayant pu disloquer l'armée ennemie, il ne pouvait plus songer à continuer l'invasion en Pennsylvanie; il lui fallait se retirer. Le 4, il dirigea ses convois et ses blessés sur Hagerstown; le soir même la retraite de l'armée commença. Meade ne la poursuivit qu'assez mollement, et Lee put rentrer en Virginie. La Confédération battue à Gettysburg et le même jour frappée d'un coup terrible dans l'Ouest par la chute de Vicksburg, ne put désormais espérer vaincre les forces du Nord; elle continua de lutter pour l'honneur, presque sans espoir, réduite à la défensive, n'ayant pour subsister que les ressources des quatre États de Virginie, de la Caroline du Nord, de la Caroline du Sud et de la Géorgie, tous les autres étant retombés aux mains de l'autorité fédérale. Politiquement, le grand problème posé par la sécession de 1861 était résolu; l'Union triomphait de l'application de la doctrine de la souveraineté des États. Il ne restait plus qu'à poursuivre par les armes la réduction de quatre États obstinés dans une insurrection que rien ne pouvait plus faire réussir. Chattanooga. Charleston fut attaqué le 7 avril 1863 par le contre-amiral Dupont, commandant l'escadre de blocus de l'Atlantique méridional. En deux heures, tous les bâtiments de sa flottille cuirassée qui s'étaient aventurés dans la rade furent désemparés par le feu des forts (Moultrie, Sumter, Wagner et Gregg). Les avaries étaient si gaves que la lutte ne put être reprise; les monitors étaient vaincus. Dupont se retira à Port-Royal. Les Américains n'aiment pas l'insuccès. Le ministre de la marine, Gédéon Welles, informa le 3 juin l'amiral Dupont qu'il était remplacé dans son commandement par le contre-amiral Foote; bientôt après, Foote, malade, dut céder la place au contre-amiral Dahlgreen. Le même mois Gillmore, avec 12 000 hommes, débarqua dans l'île Folly (au Sud de Charleston), passa de là dans l'île Morris le 10 juillet, et réduisit par un siège en règle (du 18 juillet au 6 septembre) les forts Wagner et Gregg. Un assaut tenté de nuit sur le fort Sumter le 8 septembre échoua. Un peu plus tard, un bombardement d'une extrême violence, continué pendant sept jours, mit le fort en ruine sans réduire ses défenseurs. Une nouvelle tentative d'assaut eut lieu le 23 novembre sans succès. Les nordistes renoncèrent enfin à l'entreprise; Gillmore fut rappelé au commencement de 1864 à Richmond, Dahlgreen resta pour surveiller Charleston . |
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