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La Guerre de Sécession I - Le déclenchement des hostilités |
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L'encerclement du Sud | Les grandes batailles |
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Le
parti républicain
Le bill du Kansas, au nom du principe nouveau de la Squatter Sovereignty (souveraineté du pionnier), laissait à la population des deux Territoires le soin de décider si l'esclavage serait établi ou non dans le Kansas et le Nebraska. Aussitôt les efforts des deux partis se portèrent sur le peuplement du Kansas, le Nebraska, situé plus au Nord, étant en fait hors de cause. Le territoire fut envahi par des maîtres d'esclaves du Sud et par des Yankees de la Nouvelle Angleterre et des États du Nord-Ouest. Une guerre civile éclata, localisée dans le Kansas, et se termina par la victoire des gens du Nord qui demandèrent l'admission du Kansas comme État avec une constitution interdisant l'esclavage (1856). De 1854 à 1856, la lutte étant rouverte entre les deux causes de la liberté et de l'esclavage, le parti anti-esclavagiste se reconstitua avec de nouveaux adhérents enlevés aux deux partis nationaux sous le nom de « parti républicain ». C'est à cette époque (20 mai 1856)
que Sumner au Sénat fut assailli et à moitié assommé à coups de canne
par Brooks de la South Carolina, que tout le Sud acclama comme un héros.
Le nouveau parti réussit à faire élire un de ses membres président
de la Chambre des représentants en 1855-56.
Quant Ă la masse du parti whig, elle se fondit dans une organisation
nouvelle, appelée le « parti américain » parce qu'elle avait pour objet
la lutte contre les influences étrangères et spécialement contre l'influence
du catholicisme, connue aussi sous le nom de « parti Know Nothing»
à cause de ses allures de société
secrète. Pour l'élection présidentielle de 1856,
trois candidats se trouvèrent en présence, Buchanan pour le parti démocrate
(avec le programme de 1852 et l'exaltation
de l'act du Kansas-Nebraska), Fillmore pour le « parti américain » (même
programme plus adouci) et Fremont pour le «
parti républicain », avec un programme proclamant la nécessité absolue
de la suppression dans les Territoires de ces deux vestiges de la barbarie,
la polygamie et l'esclavage (la polygamie Ă©tait en usage chez les Mormons,
établis depuis quelques années dans le Territoire d'Utah). Buchanan fut
Ă©lu par 174 voix contre 114 Ă Fremont et 8 Ă Fillmore. Le scrutin populaire
donnait 1838 000 voix Ă Buchanan, 1 341 000 Ă Fremont et 874 000 Ă Fillmore.
Ce n'était pas encore le succès pour le parti républicain, mais c'était
pour les démocrates l'annonce d'une défaite prochaine. Les chefs de l'aile
extrême des sudistes le comprirent et se préparèrent à la sécession,
devenue, selon eux, inévitable. Buchanan, avec les voix de tous les États
esclavagistes, avait encore obtenu celles de la Pennsylvanie, de l'Indiana,
de l'Illinois et de la Californie.
James Buchanan. Fremont avait
en celles de onze des États libres. Deux nouveaux États libres furent
admis dans l'Union, le Minnesota (1858)
et l'Oregon (1859), et la controverse
sur l'esclavage continua de faire rage au Kansas, dans le Congrès, dans
la presse, dans toutes les réunions publiques, dans les législatures
de tous les États. Elle inspira la Case de l'oncle Tom de Harriet
Beecher Stowe (1857). Un grand
nombre de législatures dans le Nord votèrent des lois locales pour empêcher
l'action de la législation fédérale sur les esclaves fugitifs, comprise
dans le compromis de 1850. Ces lois,
appelées personal liberty laws, furent déclarées nulles par une
décision que rendit le chief justice de la cour suprême, Taney, dans
l'affaire du Noir Dred Scott (1857).
Le parti démocrate se divisa, sur ces entrefaites, à propos d'un bill
proposant l'adoption d'une nouvelle constitution rédigée à Lecompton
(Kansas) par une minorité esclavagiste de la population du Territoire.
Douglas devint le chef d'une des deux fractions du parti, Breckinridge
celui de l'autre fraction, représentant les idées extrêmes du Sud. En
1859,
John Brown, anti-esclavagiste du Kansas, fit une tentative armée contre
l'arsenal fédéral de Harper's Ferry et appela les esclaves à la liberté.
Arrêté par les autorités de Virginie, il fut condamné et pendu le 2
décembre 1859. On sait l'immense sensation
causée dans tout le pays et en Europe par cette exécution. L'administration
de Buchanan ne vit pas la fin de l'imbroglio du Kansas, qui ne se dénoua
qu'en janvier 1861, par l'admission
du Kansas comme État libre.
Les derniers moments de John Brown (1800 -1859). Tableau de Hovenden, Metropolitan Museum of Art, New York. La Confédération
sudiste.
« l'Union existant actuellement entre la Caroline du Sud et les autres États, sous le nom d'États-Unis d'Amérique, est dès à présent dissoute ».La résolution était fondée sur divers considérants, entre autres sur l'affirmation que quatorze États avaient formellement refusé, depuis de longues années, de remplir leurs obligations constitutionnelles (loi sur la reddition des esclaves fugitifs). Les autres États esclavagistes suivirent bientôt l'exemple de la Caroline du Sud. Le Mississippi sortit de l'Union le 9 janvier 1861 la Floride le 10, l'Alabama le 11, la Géorgie le 19, la Louisiane le 26, le Texas le 1er février. Dans tous ces États, les douanes, les arsenaux, les forts et tous autres établissements fédéraux furent saisis par les séparatistes. Quelques forts seulement, comme celui de Sumter à Charleston, restèrent aux mains des garnisons fédérales. Le 4 février 1861 un Congrès séparatiste, composé de délégués de la Caroline du Sud, de la Géorgie, de la Floride, de l'Alabama, du Mississippi et de la Louisiane, se tint à Montgomery (Alabama) et choisit pour président Howell Cobb, ex-ministre des finances de l'Union. Ce Congrès forma une constitution pour les « États confédérés d'Amérique ». La constitution sudiste ne différait que par quelques points de l'instrument fédéral; les ministres, ou premiers agents des départements du pouvoir exécutif, pouvaient siéger dans les deux Chambres. Il était interdit au gouvernement d'établir aucun droit à l'importation pour encourager ou protéger une branche d'industrie. Jamais il ne serait porté atteinte, dans aucun des États confédérés, au droit de propriété sur les esclaves. L'institution de l'esclavage était de droit dans les nouveaux Territoires. Le président de la constitution, élu pour six ans par le Congrès confédéré, ne serait pas rééligible. Le Congrès élut, à l'unanimité, pour président, Jefferson Davis, et pour vice-président Alexandre H. Stephens. Cette élection avait eu lieu immédiatement après l'adoption de la constitution provisoire, et Jefferson Davis était installé le 18 février, quinze jours avant son rival du Nord, Abraham Lincoln. Les ministres furent Toombs, Memminger, Walker, Reagan, Mallory, Benjamin. Une armée confédérée fut organisée et placée le 3 mars sous le commandement du général Beauregard. Les
premiers combats
Le 17 avril, une Convention réunie à Richmond votait la sécession de la Virginie qui avait hésité jusqu'alors. Des miliciens et des volontaires virginiens marchèrent aussitôt sur l'arsenal de Harper's Ferry (Potomac) et sur le port militaire de Norfolk (Elisabeth River, baie de Chesapeake), deux postes fédéraux que leurs garnisons abandonnèrent après avoir tout incendié ou détruit. Le gouvernement fédéral n'était plus séparé de la rébellion que par le Potomac. Il faillit même se trouver bloqué à Washington. Le 19 avril, en effet, les autorités de Baltimore, favorables aux sudistes, coupèrent les ponts du chemin de fer et les fils du télégraphe. Les communications furent interrompues pendant huit jours entre Washington et le Nord; le président Lincoln était prisonnier des ennemis de la République, dont fourmillait la capitale fédérale. Butler dénoua cette situation dangereuse en débarquant le 25 avril des régiments du Massachusetts à Annapolis. Il s'empara de Baltimore sans coup férir, et, dès le 15 mai, la ville de Washington, occupée par des troupes suffisantes, était à l'abri d'un coup de main. Le gouvernement sécessionniste, voulant se rapprocher de la capitale fédérale, s'était transporté de Montgomery à Richmond que 120 km à peine séparaient de Washington; la capitale de la Virginie devint la capitale de la Confédération du Sud, et le Congrès de la sécession y fut convoqué pour le 20 juillet. Les États-Unis ne possédaient que 15 000 hommes de troupes régulières, dispersées sur les points extrêmes du territoire, et dont une grande partie se joignit au mouvement sudiste. Aussi, les confédérés, au début de la lutte, semblaient-ils avoir de nombreux avantages, les meilleurs officiers, une population habituée aux armes, une grande abondance de matériel et de munitions, grâce à la trahison du ministre de la guerre, Floyd, et du ministre de la marine de Buchanan. Ils avaient pris possession de plus de 40 millions de dollars de propriétés fédérales, et mis eu campagne environ 20 000 hommes, dont plus de la moitié en Virginie, sur une ligne irrégulière, de Harper's Ferry à Norfolk. Jefferson Davis envoya en Russie et en Belgique deux délégués (Mason et Slidell) pour demander la reconnaissance du nouvel État américain, fit éteindre tous les feux sur les côtes depuis Hampton Roads (embouchure de la James River) jusqu'au rio Grande, et délivra des lettres de marque pour faire la course contre la marine fédérale. Dès le 15 avril, Lincoln avait appelé sous les armes 75 000 miliciens, et convoqué le Congrès en session extraordinaire pour le 4 juillet. Le général Scott, âgé de soixante-quinze ans, fut nommé commandant en chef de l'armée fédérale, qu'il dut organiser avant de songer à la conduire à l'ennemi. Tout était à créer on plutôt à recréer; l'administration militaire existait à peine, les arsenaux et magasins du Nord étaient démunis, les états-majors faisaient défaut, un assez grand nombre des officiers sortis de l'école militaire de West Point étaient allés offrir leur service au gouvernement confédéré (200 environ sur 950), parmi eux, le colonel Lee, chef d'état-major de Scott, Virginien comme son chef, et l'un des officiers les plus distingués de l'armée américaine. Les milices du Massachusetts et de la Pennsylvanie, avec des volontaires organisés à la hâte dans les États du Nord, formèrent le noyau de l'armée fédérale. Le 3 mai, une nouvelle proclamation de Lincoln appela 82 000 volontaires (64 000 pour l'armée de terre et 18 000 pour la marine) dont l'enrôlement devait être fait pour la durée de la guerre. La forteresse de Monroe (baie de Chesapeake) fut ravitaillée, les ports du Sud déclarés en état de blocus. A cette même date, Beauregard, appelé au commandement de l'armée sudiste, occupait, en Virginie, des positions faisant face à Washington avec 25 000 hommes. A la fin du mois, les troupes fédérales commencèrent à franchir le Potomac, occupant les hauteurs d'Arlington, Alexandria, sur la rive droite du fleuve, et bientôt Centreville et Fairfax, à quelque distance au Sud. Ces troupes étaient commandées par le général Mac Dowell, Scott gardant la capitale et son camp retranché. Les unionistes, dès le début, avaient attaché une grande importance à la possession de la partie de la Virginie située au delà des montagnes, à cause du chemin de fer Baltimore and Ohio, qui commandait les communications entre l'Ouest et Washington. Le colonel Kelley, avec une troupe de fédéraux, tenait Wheeling en mai. Là se réunit, à l'automne, une Convention qui décida la séparation entre cette région restée fidèle à l'Union et la Virginie sécessionniste. Le vote populaire ratifia la séparation, une constitution fut rédigée, et la Virginie occidentale fut admise comme État dans l'Union en juin 1863. Le premier combat, en rase campagne, de la guerre civile, fut livré à Philippi, où le colonel Kelley battit les confédérés, ce qui le rendit maître du chemin de fer (3 juin). Les confédérés furent encore battus à Romney le 11 juin; ils durent évacuer Harper's Ferry et reculer à Winchester, où Joseph C. Johnston vint se mettre à leur tête. Patterson, avec 14 000 fédéraux, traversa le Potomac et s'établit à Martinsburg; Mac Clellan et Rosecrans infligèrent encore quelques défaites aux sudistes; au milieu de juillet, les troupes du Sud avaient évacué le territoire de la Virginie occidentale. Cette suite de succès allait être bientôt effacée par le premier revers important des fédéraux. La 4 juillet, le Congrès fédéral se réunit à Washington; on connaissait déjà les déclarations de neutralité de l'Angleterre (mai) et de la France (juin). Le Congrès approuva l'appel de milices et de volontaires fait par le président, et l'autorisa à constituer une armée de 500 000 hommes. Toutes les propositions financières du secrétaire du Trésor, Chase (impôts et emprunts), furent adoptées. Bull's Run.
Jefferson Davis ne fit pas poursuivre ce grand succès. Peut-être ne le pouvait-il pas, les provisions et toute organisation administrative faisant encore défaut. La capitale fédérale serait peut-être tombée sans combat entre les mains de Beauregard, s'il avait pu franchir le Potomac à la suite des fuyards. Tout au moins le président sudiste, qui avait assisté à la fin de la bataille, envoya-t-il dans les États sécessionnistes un message pompeux de victoire qui excita un enthousiasme extrême dans toute la Confédération. La campagne de
la James River.
Johnston, dès le 9 mars, évacua les lignes de Menassas et se replia sur Richmond. Il avait reçu avis du projet de Mac Clellan, de transporter la plus grande partie de son armée au sud de cette ville, sur la rive droite de la James River. Mac Clellan fit immédiatement embarquer ses troupes à Alexandria pour Fort Monroe, poste fédéral situé à l'extrémité de la presqu'île du York et de la James. Le plan primitif comportait une attaque directe sur Richmond par une flottille remontant la rivière James, tandis que les troupes s'avanceraient sur les deux rives. Mais comme le Merrimac, ancienne frégate fédérale que les confédérés avaient recouverte de fer et armée de canons de gros calibre, venait de couler deux frégates dans la rade de Hampton Roads et n'était rentré à Norfolk que devant l'apparition du Monitor, petit bâtiment cuirassé à tourelle appartenant à la flotte fédérale, Mac Clellan résolut de tenter une opération par la rive septentrionale de la James. L'armée fédérale s'ébranla le 4 avril, franchit le 4 mai, après un mois de siège, les retranchements de Yorktown, et, le lendemain, délogea, de Williamsburg, après un très vif combat, l'armée confédérée qui dut se replier sur Richmond. Mac Clellan établit ses troupes (16 mai) sur les deux rives du Chickahominy (affluent de la rive gauche de la James River). Il avait donné rendez-vous en ce point à trois corps fédéraux convergeant de trois directions différentes, Fremont des montagnes virginiennes, Banks de la vallée de Shenandoah et Mac Dowell de Fredericksburg. Mais le général confédéré Stonewall Jackson portait en ce moment même l'épouvante dans le Nord par une pointe d'une extrême hardiesse qui remit un moment en ses mains Harper's Ferry. Mac Dowell fut appelé à la défense du Potomac, les deux autres colonnes tenues immobiles. Jackson, au contraire, put se dérober, échapper aux forces qui le cernaient, et arriver à temps sur le champ de bataille où Mac Clellan et Johnston étaient aux prises. Johnston avait fait évacuer Norfolk et
tous les postes détachés en aval de Richmond. Le 31 mai, il livra une
bataille furieuse à l'aile gauche de l'armée fédérale, à Fair Oaks.
La lutte dura deux jours, fut très meurtrière, mais non décisive. Le
2 juin, les deux armées avaient repris leurs anciennes positions. Johnston,
grièvement blessé à Fair Oaks, était remplacé par le général
Robert Lee, le descendant d'une des familles les plus célèbres de la
Virginie, gendre de Custis qui était fils adoptif de Washington. Renforcé
par Beauregard et par Jackson, Lee, le 26 juin, attaqua Mac Clellan sur
le Chickahominy, au moment où le général fédéral préparait une marche
de flanc pour se rapprocher de la James River. L'effort des confédérés
porta, dans cette première journée, appelée bataille de Mechanicsville,
sur l'aile droite de l'armée fédérale, qui fut battue et rejetée sur
Gaines' Mill, où une seconde bataille fut livrée le lendemain 27. Sous
les efforts combinés de Lee, Longstreet, Hill et Jackson, les troupes
nordistes furent complètement battues.
Robert Lee. Mac Clellan opéra cependant une habile retraite, repoussa les confédérés à Savages Station et à White Oak Swamp (29 et 30 juin) et rallia ses troupes à Harrison's Landing sur la James River, où il retrouva l'appui des canonnières fédérales et un ravitaillement facile. Les confédérés avaient tenté encore contre les lignes de Mac Clellan, le 1er juillet, à Malvern Hill, une attaque qui fut aussi sanglante qu'inutile. Lee ramena toutes ses forces dans les retranchements de Richmond. Mac Clellan disposait sur la James River de 24 chaloupes canonnières, de 3 bâtiments cuirassés, d'une flottille à mortiers et de nombreux transports entre Newport News et Harrison's Landing. C'était peut-être l'occasion d'une audacieuse irruption de bâtiments forçant les passages à toute vapeur, et bravant le feu des batteries placées sur les rives. C'est par ces moyens que le Mississippi devait être conquis sur la Confédération; l'entreprise ne fut pas tentée sur la James. A Washington, le gouvernement, effrayé, ne songeait qu'à concentrer toutes ses forces pour la défense de la capitale. Les trois corps de Fremont, de Banks et de Mac Dowell furent réunis en une seule armée sous le commandement du général Pope qui, menacé par Jackson sur son aile droite, recula au Nord du Rappahannock. Mac Clellan reçut l'ordre de ramener son armée sur le Potomac et évacua Harrison's Landing le 16 août. Sur le Rappahannock, Pope, pris entre Lee qui l'attaqua en tête, et Jackson qui, par un détour du côté des montagnes, menaçait le flanc droit et les lignes de communication de l'armée fédérale, Lutta avec vigueur le 28 et 29 août, mais fut écrasé le 30 à la seconde bataille de Bull's Run. Les débris de l'armée fédérale durent chercher un refuge sous les fortifications de Washington, avant abandonné à l'ennemi les approvisionnements et l'artillerie. Mac Clellan, qui venait d'arriver de la baie de Chesapeake, recueillit ces débris dans les rangs de son armée encore solide et vaillante, et reçut le commandement en chef de toutes les forces fédérales. Il lui fallait tenir tête à l'invasion du Maryland tentée par les confédérés après leur seconde victoire de Bull's Run. Lee ne pouvait songer à aborder de front la capitale fédérale; il résolut de la tourner par les vallées du Blue Ridge. Le 12 septembre, Jackson attaqua Harper's Ferry, tandis que les corps de Hil et Longstreet passaient le Potomac et s'avançaient jusqu'à Frederick à 70 kil. de Washington. Mac Clellan avait eu le temps de disposer ses troupes en tel ordre que les généraux confédérés reconnurent la nécessité de rentrer en Virginie. Ils ne purent le faire qu'en repoussant l'assaut violent que leur livra le 17 septembre (bataille d'Antietam) toute l'armée de Mac Clellan. Malgré les résultats indécis de cette journée meurtrière, les confédérés se hâtèrent de repasser le 19 au Sud du Potomac. Mac Clellan établit son quartier général à Harper's Ferry. Le dernier incident de la campagne fut un raid, du général de la cavalerie sudiste, Stuart, le 8 octobre, en Pennsylvanie jusqu'à Mercersburg. La guerre dans l'Ouest. Shiloh Dès le début de la guerre, le gouvernement
sécessionniste, maître de l'embouchure du Mississippi et de son cours
inférieur par la Nouvelle-Orléans et
la Louisiane, fit de grands efforts pour s'assurer le haut cours du fleuve
et gagner à sa cause les trois grands États du Tennessee, du Kentucky
et du Missouri. Les gouverneurs, dans ces trois États, étaient de coeur
avec le Sud, mais non les législatures. Du moins, les opinions étaient
aussi divisées dans la représentation que dans le peuple même. Les milices
sudistes du Tennessee s'emparèrent de Memphis, celles du Kentucky de Columbus,
mais dans le Missouri un coup de main sur l'arsenal fédéral de Saint-Louis
fut déjoué par le général Lyon. Les secours arrivèrent promptement
des États voisins du Nord fidèles à l'Union. Des milices de l'Illinois
occupèrent Cairo; le gĂ©nĂ©ral Ulysses Grant entra dans le Kentucky Ă
la tĂŞte des milices de l'Indiana et de l'Ohio.
Ulysses Grant. Sur la rive droite du Mississippi, une petite armée de sudistes, formée de volontaires du Missouri, de l'Arkansas et du Tennessee battit les fédéraux; le général Lyon fut tué. Fremont, nommé commandant en chef des troupes fédérales du haut Mississippi, s'établit à Saint-Louis; mais, ayant lancé intempestivement, au jugement des autorités de Washington, une proclamation sur l'affranchissement des esclaves, il fut remplacé par le général Halleck. Prise, chef des confédérés du Missouri, fut aisément contenu et peu à peu rejeté dans l'Arkansas. Sur la rive gauche, le Kentucky servait
de champ de bataille aux troupes des deux partis. Grant, Ă©tabli Ă Cairo
et à Paducah sur le bas Ohio, résolut d'attaquer les forts Henry et Donelson,
qui commandaient les deux rivières de Cumberland et de Tennessee, à peu
de distance de leur confluent avec l'Ohio. Du 6 au 15 février 1862,
il s'en empara avec l'aide d'une flottille de canonnières commandée par
Foote. Les confédérés laissaient 13 000 prisonniers aux mains
des fédéraux, et le Kentucky était conservé à la cause fédérale.
Grant, poursuivant sa victoire, marcha immédiatement vers le Sud, entra
dans le Tennessee et occupa, le 24 février, sans combat, la capitale de
l'État, Nashville. Pendant ce temps, le général sudiste, Polk, ancien
évêque, était obligé d'abandonner Columbus à l'approche des canonnières
de Foote, et de se retirer jusqu'à Memphis, en brûlant partout les provisions
de coton. Beauregard, appelé au commandement de l'armée confédérée
du Mississippi, concentra 60 000 hommes Ă Corinth, au Sud du Tennessee,
centre de chemins de fer, et y établit un camp retranché.
Chute du fort Donelson. Price et les autres généraux confédérés
de la rive droite du Mississippi, repoussés dans l'Arkansas, y furent
battus à Pea Ridge par le général nordiste Curtis. Foote et ses canonnières,
descendant le Mississippi, délogèrent encore les confédérés de New
Madrid (rive droite, au Missouri), mais se trouva (15 mars) arrêté devant
l'île n° 10, qu'il dut assiéger en règle avec l'aide du général Pope.
Il creusa un canal entre les deux extrémités d'une courbe du fleuve,
et put ainsi tourner les ouvrages de l'ennemi. Le 7 avril, les défenseurs
de l'île n° 10 capitulèrent, et les canonnières de Foote furent maîtresses
de tout le cours supérieur du Mississippi jusqu'à Memphis.
Halleck, avant rejoint Grant et Buell, prit le commandement supérieur et bloqua Beauregard dans Corinth. Le général confédéré, craignant de se voir coupé de toutes communications, évacua la place le 30 mai 1862. Une partie de ses troupes fut dirigée sur la place forte de Vicksburg (rive gauche du Mississippi, en aval de Memphis); il emmena le reste à Richmond, où les confédérés étaient vivement serrés par Mac Clellan. Depuis le 10 mai, les canonnières fédérales avaient forcé let confédérés à abandonner le fort Pillow. Le 6 juin, ils durent encore évacuer Memphis après la destruction de presque toute la flottille sudiste, et les canonnières fédérales, descendant le fleuve, ne furent plus arrêtées que par la place de Vicksburg . |
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