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Le duché d'Athènes |
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Lors du partage de l'Empire romain entre les deux fils de Théodose, en 395, Athènes, comme le reste de la Grèce, avait été comprise dans l'empire d'Orient. Après la prise de Constantinople par les croisés, en 1204, Athènes forma avec Thèbes, une seigneurie, vassale du royaume de Thessalonique, fondé par Boniface, marquis de Montferrat, qui créa Othon de la Roche duc d'Athènes. Ce duché devint ensuite vassal la principauté d'Achaïe qui appartint successivement aux seigneurs de La Roche et aux Brienne, qui en restèrent en possession jusqu'en 1312, où il fut conquis par des aventuriers aragonais et catalans (les Almogavares), venus en Orient pour se mettre à le solde de l'empire grec. En 1326, les nouveaux maîtres du duché se soumirent au roi de Sicile, Frédéric II. Vers 1370, Renier Acciajuoli, de Florence, conquit ce duché à l'aide des Vénitiens et d'Amurat I (Mourad I), mais en 1456 Mehmet II le dépouilla de ses possessions (L'Empire Ottoman d'Osman à Bayézid II). Depuis ce temps Athènes resta aux Turcs jusqu'à l'insurrection de 1821. | ||
Au commencement de l'année 1205, à la suite de la prise de Constantinople par les Croisés, Athènes, conquise par Boniface de Montferrat sur l'archonte grec Sgouros, devint l'apanage d'un des chevaliers de l'armée française, Othon de la Roche, sire de Ray, fils aîné de Pons de la Roche-sur-Ougnon, en Franche-Comté. Cet apanage qui comprenait les anciens territoires de l'Attique, de la Béotie et de la Phocide, fut peu de temps après désigné comme la première des hautes baronnies de la principauté de Morée (Achaïe), sans que l'on définît bien nettement quel était, au point de vue féodal, l'état respectif de la baronnie athénienne et de la principauté moréote. Cette omission, volontaire ou non, donna lieu dans la suite à de graves contestations entre les princes de Morée et les ducs d'Athènes, qui refusèrent de leur rendre hommage. Le domaine d'Othon de la Roche fut organisé féodalement. La population grecque ne paraît pas avoir été réduite à une condition inférieure; elle continua à posséder des terres et à vivre tranquillement à côté des conquérants, qui, tout en la soumettant à certains devoirs féodaux, ne lui imposèrent ni leur législation ni leurs rites. Athènes, au moment de la conquête, était le siège d'un archevêché grec, à la tête duquel se trouvait Michel Acominatus, frère de l'historien Nicetas. On remplaça immédiatement ce personnage par un archevêque latin, Bérard, auquel l'antique Parthénon servit de cathédrale, sous le vocable de Notre-Dame. En 1206 (27 novembre), le pape Innocent III conféra au nouveau titulaire la même juridiction ecclésiastique qu'avait eue son prédécesseur, et, dans une bulle datée du mois de février 1209, il assigna à l'archevêché les onze suffragances de Nègrepont et de Karystos en Eubée, des Thermopyles, de Salona, de Mégare, de Daulis, de Keronia en Béotie, de Zitouni en Phthiotide, d'Aulona, de Rhéa et des îles d'Andros, de Scyros, de Zéa, d'Egine et de Cithnos. Thèbes devint également le siège d'un archevêché latin. Les années tranquilles. Le nouveau mégaskyr abandonna la résidence d'Athènes pour celle de Thèbes et, en 1240, il partagea la seigneurie de cette dernière ville avec le sire de Saint-Omer qui avait épousé une de ses soeurs, Bonne de la Roche, veuve du roi de Salonique. De 1225 à 1256, Guy de la Roche paraît avoir vécu très paisiblement dans sa seigneurie, car, sauf deux expéditions auxquelles il prit part, l'une pour aider le prince d'Achaïe à prendre la ville de Malvoisie, l'autre pour soutenir le despote d'Epire contre l'empereur de Nicée, on ne signale de lui aucun acte militaire digne de remarque. En 1256, cependant, cette tranquillité fut sérieusement troublée. Guy, en effet, ayant déclaré qu'il ne voulait plus rendre hommage au prince de Morée pour les territoires qu'il possédait en dehors du Péloponnèse, était entré dans une ligue qui s'était formée à l'instigation des Vénitiens contre Guillaume de Villehardouin, dont la grande puissance devenait un danger pour l'indépendance des seigneuries voisines. Cette ligue se composait non seulement de la plupart des grands barons de la Grèce' continentale, et des possesseurs des îles de la mer Égée (Les îles grecques au Moyen âge), mais encore de plusieurs seigneurs moréotes, comme par exemple Guillaume de la Roche, frère du sire d'Athènes, seigneur de Veligosti et de Damala. La guerre éclata dès 1256 dans l'île d'Eubée où Guillaume de Villehardouin voulut se saisir du domaine tombé en déshérence de l'un des seigneurs tierciers. Elle s'y poursuivit les deux années suivantes, sans que ni les troupes du prince d'Achaïe, ni les seigneurs Limiers, secondés dès le début par les Vénitiens et depuis l'année 1257 par le duc d'Athènes, remportassent d'avantages décisifs. Les Moréotes firent des incursions jusque sous les murs d'Athènes; Guy, de son côté, envoya des corsaires infester les côtes de Morée. La guerre des latins. Othon s'était trouvé à la bataille avec les chevaliers de sa seigneurie, et que l'armée impériale avait pénétré jusqu'à Thèbes et l'avait pillée (novembre 1259). Les barons du Péloponnèse l'invitaient à venir se mettre à leur tête, et lui offraient la régence de la principauté. Il partit aussitôt pour la Grèce où, dès son arrivée, il s'occupa des moyens de résister à la puissance grandissante de l'empire de Nicée, qui, après avoir absorbé toute l'Asie Mineure, la Macédoine et la Thessalie, menaçait Byzance. Guy réussit à faire conclure la paix entre les Vénitiens et les Lombards d'Eubée et la principauté d'Achaïe (1261). Mais l'accord des Latins n'empêcha pas la chute définitive de la capitale de l'empire franco-vénitien. Byzance, assiégée en1260 par l'armée de Michel Paléologue, et sauvée cette fois encore grâce à l'énergie de ses défenseurs, fut surprise l'année suivante par l'un des généraux de l'empereur de Nicée, et enlevée pour toujours à la domination latine (25 juillet 1261). Nouvelle donne. L'histoire du duché d'Athènes sous le règne du duc Jean est intimement mêlée à celle de l'empire grec de Constantinople. On sait qu'en 1274 se termina le grand schisme d'Orient. L'empereur Michel Paléologue consentit à reconnaître l'autorité du pape et exigea que les ecclésiastiques de son empire en fissent autant. Mais les populations grecques ne se laissèrent pas aisément convaincre. Un grand parti d'opposants se forma, à la tête duquel se plaça un bâtard de Michel Comnène, despote d'Epire, Jean Ducas, sébastocrator de la Mégalo-Vlaquie ou Thessalie, appelé par les Latins "duc de la patre" parce qu'il résidait dans le château de Néo-Patras en Phthiotide. Une première expédition envoyée par l'empereur contre ce personnage ayant échoué, Michel Paléologue en organisa une seconde 1275, l'assiéger dans sa ville de Néo-Patras. Mais une nuit, Jean Ducas sortit clandestinement de la place, traversa heureusement les lignes ennemies et courut à bride abattue jusqu'à Thèbes pour implorer l'aide du duc d'Athènes, auquel il offrit sa fille Hélène en mariage avec une riche dot. Jean de la Roche, malade de la goutte, refusa de se marier; mais il accepta pour son frère puîné, Guillaume, seigneur de Livadla, la main de la jeune princesse, qui apportait en dot les villes de Gravia, de Siderokastron et de Zitoûni (Lamia), dans la contrée située entra le mont Parnasse et la Thessalie. En même temps, il permit à Jean Ducas d'emmener avec lui les chevaliers français qui seraient disposés à l'accompagner. Il s'en présenta de trois à quatre cents, avec lesquels le sébastocrator tomba inopinément sur l'armée impériale qui le croyait encore enfermé dans Néo-Patras et qui fut mise en pleine déroute. Trois ans plus tard, en 1278, Jean de la Roche se mit en personne à la tête d'une expédition destinée à protéger l'Eubée contre les empiétements de Michel Paléologue. Mais vaincu et fait prisonnier dans une bataille livrée à l'armée impériale aux alentours de la ville de Négrepont, il fut emmené à Constantinople. Guillaume de la Roche prit alors le gouvernement du duché d'Athènes au nom de son frère captif. Ce dernier fut d'ailleurs très bien traité par Michel Paléologue, qui désirait obtenir son alliance et le séparer surtout des deux plus dangereux rivaux de l'empire, le despote d'Epire, Nicéphore Comnène, et le sébastocrator de la Mégalo-Vlaquie, Jean Ducas, et qui lui offrit sa propre fille en mariage. Mais Jean de la Roche, souffrant toujours de la goutte, était de moins en moins disposé à prendre femme. Il déclina donc les avances de l'empereur, obtint sa liberté moyennant une rançon de 30 000 sous d'or, conclut un traité avec son vainqueur, puis retourna dans ses États, où il mourut en 1280, laissant le duché à son frère Guillaume. Deux ans auparavant, le 1er mai 1278, était mort Guillaume de Villehardouin prince de Morée, qu'avait suivi de près dans la tombe le prince Philippe de Tarente, mari d'Isabelle de Villehardouin, qui devait succéder à Guillaume dans la principauté d'Achaïe. Charles d'Anjou, père de Philippe et tuteur de la princesse Isabelle, prit alors le titre de prince d'Achaïe et fit administrer le pays par des bailes. L'un de ces bailes fut le duc d'Athènes, Guillaume de la Roche (1286-1287). Le duché d'Athènes sous le règne du duc Guillaume devint l'État le plus puissant elle plus prospère de toute la Grèce. Tandis que la principauté de Morée, amoindrie par les empiétements successifs des despotes grecs qu'y avait établis Michel Paléologue et privée de l'habile gouvernement des Villehardouin, tombait en décadence, le duché d'Athènes restait intact. Une des soeurs du duc Guillaume, Isabelle, avait épousé un des plus puissants barons du Péloponnèse, Geoffroy de Bruyères, sire de Karitena. Devenue veuve, elle épousa en secondes noces, vers 1280, Hugues de Brienne, comte de Lecce, dans la Pouille. Guillaume de la Roche étant mort en 1287, son fils Guy II, encore en bas âge, lui succéda sous la tutelle de la duchesse Hélène sa mère, qui ne tarda pas à se remarier avec Hugues de Brienne, veuf d'Isabelle de la Roche, et qui partagea alors avec son second mari la régence du duché. Quand Florent de Hainaut devint prince de Morée par son mariage avec Isabelle de Villehardouin (12 septembre 1289), il voulut exiger que Hugues et Hélène lui rendissent hommage an nom du jeune duc Guy II. Mais ceux-ci, faisant valoir de nouveau les droits revendiqués par les premiers sires d'Athènes, refusèrent d'accomplir cet acte de vassalité. Ils voulaient bien admettre la, suzeraineté de la maison d'Anjou, mais non la souveraineté directe de Florent. Un long procès s'ensuivit, dans lequel le roi Charles Il d'Anjou soutint les prétentions du prince de Morée. Au moment où Guy Il prit à sa majorité le gouvernement du duché (1294), la querelle était toujours pendante. Cependant en 1296 (1er octobre), sur un ordre formel du roi de Naples, il consentit à reconnaître la souveraineté du prince de Morée. Peu de temps auparavant (probablement en 1294), Hugues de Brienne était reparti pour son comté de Lecce, il mourut, le 9 août 1296, dans un combat contre une armée sicilo-aragonnaise. Un fils, Gautier, qu'il avait eu de son mariage avec Hélène, lui succéda comme comte de Brienne et de Lecce. Ce Gautier devait plus tard devenir duc d'Athènes. A la cour de Guy. En 1308, quand lsabelle de Villehardouin et Philippe de Savoie eurent abandonné leurs droits sur la principauté d'Achaïe à Philippe Ier de Tarente, il fut nommé par ce dernier baile de Morée. Il venait ainsi de réunir dans sa main l'autorité sur une grande partie de la Grèce, lorsqu'il mourut le 5 octobre 1309. Son corps, comme celui de ses prédécesseurs, fut déposé dans le monastère cistercien de Daphni sur la route qui va d'Athènes à Eleusis. Comme il ne laissait pas d'enfants, il avait, peu de temps avant sa mort, désigné comme baile provisoire l'un de ses vassaux, Boniface de Vérone, sire de Karystos et de Gardiki, en attendant l'arrivée de Gautier de Brienne, fils de Hugues de Brienne et de la duchesse Hélène, à qui revenait de droit le duché. Sa femme, Mahaut de Hainaut, ne voulut pas rester en Grèce et alla rejoindre en Occident sa mère Isabelle de Villehardouin. Gautier de Brienne vint donc recueillir la succession de son cousin Guy II, sans que ni les la Roche de Franche-Comté, ni ceux de la branche cadette, descendant de Guillaume, seigneur de Véligosti, dont nous avons parlé plus haut, fissent rien pour lui en disputer la possession. Le temps des aventuriers.
Aussitôt les Catalans marchèrent sur Thèbes, dont ils s'emparèrent et qu'ils saccagèrent. Ensuite ils envahirent l'Attique qui fut également dévastée. Puis ils finirent par s'établir dans le pays; ils se saisirent de la plus grande partie des terres et substituèrent entièrement leur domination à celle des Français. N'ayant pas de chef reconnu, ils désignèrent, pour administrer provisoirement leur État, avec le titre de baile, un des chevaliers français qui avaient échappé au désastre du lac Copaïs, Roger Deslor, originaire du Roussillon. En même temps, ils firent demander à leur suzerain, le roi de Sicile, Frédéric II, de leur envoyer un membre de sa famille comme duc. Frédéric Il choisit son fils Manfred; mais comme celui-ci n'était pas en âge de gouverner, il le garda auprès de lui et envoya aux Catalans d'abord un baile, Béranger Estanyol, puis, son propre bâtard, don Alphonse-Frédéric comme représentants du duc titulaire. La domination catalane. Gautier, tâchait en même temps d'intéresser à sa cause la maison d'Anjou, dont ses prédécesseurs avaient reconnu la suzeraineté, et, pour se rapprocher d'elle, il épousa, en 1325, une fille de Philippe ler de Tarente. En 1331, après avoir dirigé une heureuse expédition contre l'Epire pour le compte du roi de Naples, il en dirigea une seconde contre les Catalans et réussit à pénétrer dans le duché avec une grosse armée, composée en majeure partie de chevaliers français. Mais les Catalans, au lieu de se risquer à lui livrer bataille, le laissèrent s'user contre les forteresses du pays dans lesquelles ils s'étaient enfermés. Enfin Gautier, ne pouvant entrer dans aucune place importante, se vit réduit à la retraite et regagna l'Italie. Il ne retourna jamais en Grèce. C'est lui qui, par deux fois, en 1326 et en 1342, fut gouverneur de Florence pour le compte des rois de Sicile. Il mourut le 19 septembre 1356, sur le champ de bataille de Poitiers, où il commandait en qualité de connétable de France. Comme il ne laissait pas d'enfants, ce fut sa soeur Isabelle, mariée à un seigneur de Hainaut, Gautier III d'Enghien, qui hérita de ses titres et de ses droits sur le duché d'Athènes. Ces titres et ces droits passèrent, après la mort d'Isabelle, au second des enfants issus de ce mariage, Sohier (mort en 1367), puis au fils de celui-ci, Gautier (mort en 1381). Ce Gautier n'ayant pas laissé d'enfants, un quatrième fils d'Isabelle de Brienne et de Gautier d'Enghien, Louis d'Enghien, comte de Conversano, recueillit avec sa succession son titre de duc d'Athènes, et le transmit ensuite à sa fille qui, mariée à un membre de la famille de Luxembourg, l'apporta dans cette maison. Un sixième fils d'Isabelle de Brienne et de Gautier d'Enghien, Guy, avait hérité de ses parents des seigneuries d'Argos et de Nauplie, dont la possession avait régulièrement passé des la Roche aux Brienne, et des Brienne aux Enghien. Il alla s'établir à Nauplie (avant 1364) et mourut peu après l'année 1376, en laissant une fille, Marie d'Enghien, qui se maria bientôt avec un patricien de Venise, Pierre Corner (17 mai 1377). Les deux époux résidèrent dans leurs domaines du Péloponnèse. Les Catalans tenaient toujours l'Attique, la Béotie et la Thessalie méridionale sous l'autorité, d'ailleurs purement nominale, de leurs ducs. A Manfred, le premier de ces ducs, dont il a été fait mention plus haut, et qui mourut le 9 novembre 1347, succédèrent son frère Guillaume Il (mort le 22 août 1338), puis un second frère, Jean Il d'Aragon Randazzo (1338-1348), Frédéric Ier, fils de Jean II, Frédéric II, fils de Pierre II, roi de Sicile (ce dernier plus tard roi de Sicile, sous le nom de Frédéric III), et enfin, la fille de Frédéric Il , l'infante Marie. Quand le royaume de Sicile passa à la maison royale d'Aragon, deux partis se formèrent dans le duché d'Athènes, l'un voulant rester sous la suzeraineté de l'infante Marie, l'autre reconnaissant l'autorité du roi d'Aragon. De violentes luttes éclatèrent, qui contribuèrent pour une bonne part à la prompte décadence de la domination catalane en Grèce. Comme nous l'avons déjà dit, les ducs titulaires de la maison de Sicile ne vinrent jamais en personne administrer leur État. Ils en confièrent la direction à deux officiers supérieurs : le vicaire, qui avait le gouvernement politique et l'administration intérieure, et le maréchal qui commandait l'armée. Plus tard, probablement en 1371, époque de la mort du maréchal Roger de Lhuria, les deux offices paraissent avoir été réunis entre les mains du vicaire. Sous l'autorité du vicaire ou du maréchal se trouvait, dans chaque ville, un viguier, un châtelain ou un capitaine, titres et charges qui parfois étaient réunis sur un seul personnage. Ces gouverneurs locaux jouissaient de droits et de privilèges assez importants; ils formaient une sorte de conseil du vicaire; c'était en présence de leur assemblée que celui-ci jurait fidélité au duc. Ils étaient généralement nommés par le vicaire; cependant , dans certains cas, c'était la commune ou réunion des citoyens de chaque ville qui les désignait. En cas de nécessité, ils pouvaient assumer le gouvernement du duché et même élire un vicaire général. L'office de vicaire, depuis don Alphonse-Frédéric (mort en 1338), paraît être resté, sauf quelques interruptions, dans la ligne bâtarde de Sicile. De 1356 à 1365, nous le voyons occupé par un fils de don Alfonse, Jacques ou Jaime, comte de Salona et seigneur de Lidorikion; de 1375 à 1381, il est entre les mains d'un neveu de don Alfonse, Louis-Frédéric. Ce dernier embrassa avec ardeur la cause de la maison d'Aragon et fit, en 1380, proclamer le roi Pierre IV, à Thèbes, comme duc d'Athènes. Il mourut en 1382. L'Attique et la Béotie, sous la domination catalane, n'atteignirent jamais à la puissance et à la prospérité qu'elles avaient eues sous les derniers ducs de la maison de la Roche. L'ardeur guerrière des Catalans s'évanouit peu à peu; ils se laissèrent amollir par le luxe et les habitudes d'ivresse, et s'affaiblirent par leurs querelles intestines. Ils repoussèrent cependant par deux fois les attaques des Turcs qui, en 1333 et en 1367, vinrent attaquer Athènes par mer. En 1380 , ils eurent à combattre une invasion d'aventuriers navarrais appelés en Grèce par l'empereur titulaire de Constantinople, Jacques de Baux, pour soutenir ses droits sur les anciens États français de la Grèce continentale et de la Morée. L'Attique fut dévastée par cette bande; les Catalans, vaincus dans une bataille, sous les murs d'Athènes, s'enfermèrent dans l'Acropole jusqu'à l'arrivée de secours demandés au roi d'Aragon et grâce auxquels ils purent repousser les envahisseurs. Enfin, en 1383, le Florentin Nerio Aceiaiuoli, seigneur de Corinthe, qui déjà, en 1374, leur avait enlevé Mégare; réussit à s'emparer de toutes leurs possessions. Les restes de leur armée se réfugièrent encore une fois dans l'Acropole et y tinrent jusqu'en 1387. Enfin ils durent capituler. Venise s'en mêle. Les Turcs attaquent. A sa mort, survenue en 1454, Nerio Il laissa le duché à son neveu Franco (fils de son frère Antonio, qui lui-même paraît avoir porté le titre de duc d'Athènes de 1439 à 1441 sans que l'on sache bien à la suite de quelles circonstances), sous la tutelle de sa femme. Celle-ci s'étant remariée avec un jeune Vénitien, Bartolomeo Contarini, fils du gouverneur de Nauplie, partagea la régence avec son nouvel époux qui chercha à supplanter Franco et à se faire nommer duc titulaire par le sultan. Mais ce dernier n'y consentit pas, et confirma la possession du duché à Franco pour lequel il avait, dit-on, une affection tout orientale. Franco ne se borna pas à prendre la place de la régente, sa tante, il la fit de plus mettre à mort (1454). Aussitôt le sultan, prenant prétexte de ce meurtre pour lui déclarer la guerre, envoya le pacha de Thessalie, Omar, assiéger Athènes (1456). Franco se défendit bravement dans l'Acropole, pourtant il fut bientôt obligé de se rendre. Athènes fut alors placée sous la domination directe de la Porte ottomane (1458). La Béotie avec Thèbes resta seule à Franco. mais, en 1462, le sultan fit tuer le malheureux duc, qu'il accusait d'avoir conspiré contre lui, et réunit à son empire ce dernier reste du duché d'Athènes. Des deux villes d'Argos et de Nauplie qui avaient longtemps relevé en fief des sires et des ducs d'Athènes, la première fut enlevée aux Vénitiens par les Turcs en 1463; la seconde, après avoir défié pendant plus d'un siècle toutes les attaques des Musulmans, fut cédée volontairement à la Porte par la République vénitienne en 1540. (Ch. Kohler). |
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