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La
Croatie
doit son nom Ă une tribu slave (les Chrobates ou Chorbates, actuellement
Hrvati) qui s'y Ă©tablit au VIIe
siècle.
Ces Croates ont laissé leur nom à la grande Croatie au Chrobatie qui
est mentionnée dans les chroniques russes
et qui faisait partie de la Hongrie
actuelle et de certains districts de la Bohème
(République tchèque actuelle). Avant leur arrivée, la Croatie faisait
partie de la Pannonie ;
elle fut occupée au Ve siècle par les
Ostrogoths,
au VIe par les Avars.
Pour tenir les Avars en Ă©chec, l'empereur HĂ©raclius
aurait appelé les Croates congénères des Serbes
qui habitaient probablement la région des Carpates (634-638). Après avoir
été pendant quelque temps soumis aux empereurs byzantins ,
les Croates devinrent indépendants sous une dynastie nationale, dont les
principaux représentants furent le grand joupan Mutimir (892-900), le
roi Tomislav (914-940), Drzislav (970-1161), Pierre Kresimir (1058-1073),
Zvonimir (1076-1089). Le royaume de Croatie comprenait Ă la fin du XIe
siècle toute la Dalmatie
jusqu'Ă Raguse (auj. Dubrovnik).
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La
statue de Tomislav, premier roi de Croatie, Ă Zagreb.
Certains rois portèrent
aussi le titre de roi de Dalmatie .
L'État était divisé en joupanies. En 1097, par la suite de l'extinction
de la dynastie nationale, la Croatie fut rattachée à la Hongrie
par le lien de l'union personnelle. Elle garda d'ailleurs son autonomie
pour toutes les choses de l'intérieur. En 1527, la Croatie reconnut la
dynastie des Habsbourg; elle fut mutilée par
les Turcs
au XVIe siècle; une partie du royaume
prit le nom de Croatie turque. Au XVe siècle,
Venise
s'était emparée d'une partie de la Dalmatie. En revanche, à dater du
XVe siècle, la Slavonie
fut rattachée aux pays croates; elle forma avec la Croatie et ce qui restait
de la Dalmatie le royaume dit triunitaire. La portion du littoral
qui avoisine Rijeka (Fiume) fut considérée comme faisant tour à tour
partie du domaine propre de la couronne (1471 -1746), du royaume de Croatie
(1776-1779) et enfin de la Hongrie. A dater du XVIe
siècle,
certains districts avaient constituĂ© les confins militaires. De 1767 Ă
1777 les trois royaumes formèrent un groupe appelé Illyrie .
Quand Napoléon, en 1809, créa un royaume de
ce nom, il y incorpora toute la rive gauche de la Save sous le nom de Croatie
civile et de Croatie militaire. Les Croates n'ont que modérément souffert
de la domination française qui ne se prolongea pas au delà de 1813.
Associés pendant
de longs siècles aux destinées des Magyars ,
les Croates avaient en général de bonnes relations avec leurs voisins
: ils leur avaient fourni de vaillants généraux qui se distinguèrent
contre les Turcs ,
notamment au XVIIe siècle les frères
Zrinski. La langue latine qui dominait dans la vie publique rendait les
relations faciles entre deux peuples qui tous deux avaient Ă lutter contre
l'absolutisme autrichien .
Au commencement du XIXe siècle, les Magyars
voulurent imposer leur langue aux Croates et provoquèrent chez ceux-ci
un mouvement de réaction qui se fit sentir durablement. Sous l'influence
des patriotes, comme le comte Draskovic, le littérateur Gaj, les Croates
réclamèrent l'usage de leur langue nationale et l'introduisirent dans
la vie politique. En même temps ils commencèrent à tourner les yeux
vers les autres Slaves de la monarchie pour leur demander un concours d'ailleurs
purement moral. Ce mouvement politique et littéraire est connu sous le
nom d'illyrisme. En 1848, ce fut un journal croate qui suggéra
l'idée du congrès slave de Prague : les
Croates refusèrent d'adhérer à la révolution hongroise et leur chef,
le ban Jellacic passa la Drave pour combattre les Magyars; l'insurrection
magyare une fois étouffée, les Croates furent, comme leurs voisins, soumis
à un régime centraliste et germanisateur.
Lorsqu'en 1867 le
régime dualiste fut institué ( l'histoire
de l'Autriche ),
les Croates réclamèrent aux Hongrois
le maintien de leur autonomie séculaire. Pour vaincre leur résistance
le ministère hongrois fit modifier le régime électoral de la Croatie;
la Diète issue de ce nouveau régime conclut avec le Parlement hongrois
un accord (nagodba) qui fut rĂ©visĂ© en 1873 et qui rĂ©git jusqu'Ă
la Première Guerre mondiale les relations
des deux parties. Cet accord laisse Ă la Croatie une autonomie restreinte
et lui assure l'usage de sa langue nationale. La Croatie Ă©tait, jusqu'Ă
la formation de la Yougoslavie, le seul pays de l'État hongrois qui ait
une situation privilégiée; mais certains patriotes réclamaient une autonomie
plus complète et la réannexion de la Dalmatie
qui faisait alors partie de la Cisleithanie .
Au lendemain de la
Grande guerre, en 1918, les Croates, les Serbes et les Slovènes formèrent
un royaume connu après 1929 sous le nom de Yougoslavie. Après la Seconde
Guerre mondiale, la Yougoslavie est devenue un État communiste fédéral
indépendant composé de six républiques socialistes sous la main forte
du maréchal Tito (nom de naissance : Josip Broz).
(L. LĂ©ger).
La Croatie depuis
1991.
La Croatie a déclaré
son indépendance de la Yougoslavie le 25 juin 1991, mais il a encore fallu
quatre années avant qu'elle soit effective. La guerre d'indépendance
croate, Ă©galement connue sous le nom de Guerre de la Patrie (Domovinski
rat) a opposé les forces croates et l'Armée populaire yougoslave
(JNA), soutenue par des Serbes de Croatie. Elle se caractérise par des
combats intenses, des sièges, et des nettoyages ethniques. En 1995, les
Accords de Dayton mettent fin au conflit en
Bosnie, tandis que l'Accord d'Erdut, signé en novembre 1995, établit
un plan pour la réintégration pacifique de l'Est de la Slavonie, une
région occupée par les Serbes.
En 1995, les opérations
militaires comme OpĂ©ration TempĂŞte (Oluja) permettent Ă
la Croatie de reprendre le contrôle de la majorité de son territoire
occupé. En 1998, la réintégration de l'Est de la Slavonie est achevée
pacifiquement. Franjo Tuđman, premier président de la Croatie indépendante,
dĂ©cède en 1999. Sa mort marque la fin d'une ère et ouvre la voie Ă
des changements politiques.
Les Ă©lections de
2000 voient la victoire de la coalition de l'opposition dirigée par le
Parti social-démocrate (SDP). Cela met fin à la domination de l'Union
démocratique croate (HDZ). Stjepan Mesić devient président. Le nouveau
gouvernement entreprend des réformes pour moderniser l'économie, renforcer
la démocratie, et aligner la Croatie sur les normes européennes. Les
réformes incluent la privatisation, la lutte contre la corruption, et
la réforme du système judiciaire.
Les négociations
pour l'adhésion à l'Union européenne commencent en 2005. La Croatie
travaille intensivement pour satisfaire aux critères d'adhésion. Ceux-ci
concernent des réformes judiciaires et la coopération avec le Tribunal
pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Le 1er
juillet 2013, la Croatie devient officiellement membre de l'Union
européenne. Entre-temps, la Croatie a rejoint l'Organisation
du traité de l'Atlantique nord (OTAN) en avril 2009, renforçant ainsi
ses liens avec l'Occident. Depuis, la Croatie a continué de faire face
à des défis économiques (taux de chômage élevé, croissance économique
lente et nécessité de moderniser son économie pour concurrencer
sur le marché européen).
La crise migratoire
de 2015-2016 affecte la Croatie, qui devient une route de transit pour
les migrants cherchant Ă atteindre l'Europe de l'Ouest. Le gouvernement
doit gérer les flux migratoires tout en respectant les obligations humanitaires
et les exigences de l'UE. La scène politique croate reste polarisée,
avec des alternances entre le HDZ et le SDP. Les élections présidentielles
de 2015 voient la victoire de Kolinda Grabar-Kitarović (HDZ), tandis que
les élections de 2019 portent Zoran Milanović (SDP) à la présidence.
La pandémie de covid,
qui commence en 2020, a un impact significatif sur la Croatie, tant en
termes de santé publique que d'économie. Le gouvernement met en place
diverses mesures pour gérer la crise sanitaire et soutenir l'économie.
En décembre 2020, un puissant séisme frappe la région de Sisak-Moslavina.
Il cause des destructions importantes et des pertes humaines. La reconstruction
et l'aide aux victimes deviennent une priorité nationale. |
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