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Les
îles des Comores (Grande Comore, Mohéli, Anjouan, Mayotte)
auraient été habitées dès le premier millénaire avant notre ère,
mais les premières populations identifiables sont probablement venues
de la côte africaine (Bantous) et de Madagascar.
Ces premiers habitants étaient des agriculteurs et des pêcheurs, maîtrisant
l'usage de la poterie.
Les migrations austronésiennes ont également joué un rôle essentiel dans le peuplement des Comores. Les Austronésiens, originaires de l'Asie du Sud-Est, ont apporté avec eux des techniques de navigation et de culture, notamment la culture du riz et la domestication du zébu. Ces populations se sont mélangées avec les populations bantoues locales, créant ainsi une société mêlant des influences culturelles et linguistiques variées. À partir du IXe siècle, les Comores commencent à se structurer politiquement avec l'apparition de petites chefferies et de royaumes locaux. Chaque île était divisée en plusieurs principautés dirigées par des chefs locaux (mwalis ou sultans). Les premières cités-États apparaissent, notamment sur les côtes, où les échanges commerciaux se développent. Dès le Xe siècle, les marchands arabes, persans et indiens établissent des comptoirs commerciaux sur les îles, introduisant l'islam, qui se répand progressivement parmi les élites locales. L'islamisation des Comores s'intensifie entre le XIIIe et le XVe siècle. Les sultans locaux adoptent la religion musulmane, ce qui renforce leur pouvoir et leur prestige. L'influence swahilie venant de la côte est-africaine, notamment de Kilwa Kisiwani, est également très forte. Les mosquées en pierre construites à cette époque témoignent de l'importance croissante de l'islam et de l'influence culturelle arabe. La société comorienne
était alors organisée en clans et en lignages. Le pouvoir politique était
souvent partagé entre les chefs traditionnels et les autorités religieuses.
A une époque dont on ignore la date, un habitant arabe de la Grande-Comore qui s'était fait remarquer dans de nombreuses occasions par son intrépidité, se fit donner le titre de chef et ensuite celui de sultan avec des pouvoirs limités. Peu de temps après l'apparition des Portugais dans cette région (XVIe siècle), une riche et nombreuse population de Schiraziens (de Schiraz en Perse), déjà établie sur la côte de Zanzibar et ayant pour chef Mohammed-ben-Aïssa, s'empara de la Grande-Comore, puis des îles Hinzouan (Anjouan) et Mouéli (Mohéli) , et leur donna pour chefs ses deux fils. Ce même Aïssa, ayant entendu beaucoup vanter Mayotte, vint la visiter il y fut accueilli en ami, et quelque temps après, la préférant à Anjouan, il s'y établit et épousa la fille du sultan. A la mort de son beau-père, il lui succéda, et fit bâtir une ville, qui fut appelée Tchinzgomi, sur l'emplacement de laquelle on voit encore aujourd'hui les restes d'une mosquée et un tombeau que l'on dit être celui de Moïna-Singa, la fille du sultan qui lui succéda dans le gouvernement de Mayotte, et dont la postérité directe régna seule à Mayotte, jusqu'à Andrian Souli exclusivement. Voici comment on dispose la liste de ces petits souverains, dont verra plus loin l'histoire : 1° Le fondateur de la dynastique, dont le nom nous reste inconnu;Celui des fils d'Aïssa qui commandait à Anjouan, s'y maria et eut plusieurs enfants. En 1598, lorsque Cornelis Houtman toucha aux Comores, Mayotte était gouvernée par un roi; et Anjouan était aux mains d'une reine, qui ne voulut pas recevoir les Hollandais en sa présence, mais qui les fit traiter avec beaucoup de politesse et d'amitié. On jeta l'ancre devant la ville de Demos (probablement Domoni), "ville aussi grande que Plymouth" affirmaient les voyageurs, et environnée de ruines qui prouvaient son ancienne prospérité. William Jones pense que cette reine était celle que la tradition nomme Halîmah et qu'elle donne comme l'ancêtre du sultan Ahmed, lequel régnait à l'époque du voyage du savant en novembre 1783. Quinze ans après Houtman , quand les capitaines Plyton et Roc touchèrent aux Comores, une vieille sultane régnait à Anjouan, et étendait sa domination sur les autres îles; trois de ses fils gouvernaient Mouèli en son nom. Cinq sultans régnèrent, suivant William Jones , dans l'intervalle de 170 ans qui sépare l'époque où Cornelis Houtman et Plyton trouvèrent, à Anjouan, cette sultane Halîmah, jusqu'à l'avènement du sultan Ahmed, dont le règne paraît avoir commencé vers 1760 et s'être prolongé jusqu'en 1785. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les Comores devinrent le but des incursions des Sakkalavas de Boueni, peuple qui occupe toute la partie nord-ouest de Madagascar. Les Comorois, si puissants à la Grande-Comore, toujours nombreux dans les autres îles, semblaient tout à fait impuissants devant l'audace de ces hardis pirates, et la plupart du temps ils ne voyaient d'autre moyen de leur échapper que de prendre la fuite, en abandonnant tout ce qu'ils possédaient à la discrétion de leurs ennemis. « Les Johannais [habitants d'Anjouan]; disait en 1809 le capitaine Tomlinson, ont dernièrement fait de grandes pertes causées par les Madécasses qui envahissent l'île tous les ans pour s'y procurer des esclaves. Les autres îles Comores, Mohilla [Mohéli] et Mayotte, sont presque dépeuplées par les attaques de ces pirates, et Johanna [Anjouan], de douze bourgades, est réduite à deux. Ils arrivent à la fin de la mousson du sud-ouest, construisent des huttes autour des bourgades murées de l'île, et comme ils ne tentent jamais le passage qu'avec un temps favorable , ils les bloquent ainsi jusqu'à la fin de la mousson du nord-est, ce qui fait un espace de huit mois.Nous ne rappellerons pas ici les événements à la suite desquels le manjaka ou grand chef de Madagascar, Radama, fut entraîné à se déclarer souverain de l'île entière. Qu'il nous suffise de dire qu'après avoir soumis les peuples de la côte orientale et ceux du centre, il tourna ses armes contre les Sakkalavas qui occupent toute la partie nord-ouest et la partie occidentale. Cette conquête fut l'objet de plusieurs expéditions successives ; mais ses efforts et ceux de sa veuve Ranavalo n'ont jamais complètement réussi à dominer les Sakkalavas, dont les chefs ont trouvé aux Comores un important centre de résistance. MayotteCe que nous allons rapporter sur l'île de Mayotte est extrait d'une notice historique, rédigée par un écrivain Arabe, le cheikh Yousouf Ben-el-Moallem-Mousa , sur la demande d'un voyageur français, Victor Noël :« L'île de Mayotte, si l'on en croit les princes d'Anjouan, aurait toujours été vassale des rois de ce dernier pays; mais les Mayottais [Mahorais] paraissent n'avoir prononcé la khot'ba en leur nom qu'en de certains intervalles, et lorsqu'ils y ont été forcés par les événements. Pendant le règne du sultan Ahmed, qui gouverna Anjouan de 1760 à 1785, la puissance des Anjouanais avait déjà considérablement souffert des incursions annuelles des Sakhalavas dans leur île, et leur autorité sur Mayotte n'était plus qu'illusoire. Mayotte était alors dans un état de troubles continuels; sa population essentiellement hétérogène, et la position de Tchingoni, son ancienne capitale, au centre de cette population, laissaient les rois qui y faisaient leur résidence exposés à toutes les conséquences des révolutions que les sultans d'Anjouan ne manquaient pas de provoquer toutes les fois que les premiers prenaient des allures d'indépendance trop significatives. C'est dans ces circonstances qu'une famille arabe de Zanzibar, famille originaire de l'Oman, s'établit à Tchingoni, où elle acquit bientôt une grande considération par l'emploi qu'elle faisait des richesses que lui procurait son commerce. Le roi de Mayotte donna sa fille en mariage à celui de ses membres qui jouissait de la plus grande influence, jeune homme appelé Salih ben-Mohammed ben-Béchir el-Mondzary el-Omany. Le roi de Mayotte étant mort vers 1790, Salih ben-Mohammed abandonna la secte des Ibadhites, qui est celle des Arabes de l'Oman, et embrassa la secte orthodoxe de Chaféy, à laquelle appartiennent les Comorois; toutes les voix le désignèrent alors pour remplacer au pouvoir son beau-père. »Le premier soin du nouveau sultan fut de transférer le siège du gouvernement à Dzaoudzi, îlot sur lequel il fit établir les fortifications que l'on y voit maintenant, et c'est à cette mesure sans doute qu'il faut attribuer la durée, inouïe jusqu'à lui, et la tranquillité de son règne. Néanmoins, les fortifications sont impuissantes contre les trahisons domestiques : Salih ben-Mohammed fut assassiné vers 1815, par les, ordres d'un nommé Mouana-Mâddi, Mayottais qui avait toute sa confiance. « Après quelques années de règne, poursuit Yousouf Ben-el-Moallem-Mousa; Mouana-Mâddi épousa une femme sakkalava de Mouzangaïe, et fit à cette occasion la connaissance de plusieurs princes sakkaiavas, et entre autres de Tsi-Lévâlou, appelé depuis Andrian Souli. Lors de la conversion de celui-ci à l'islam en 1823, Mouana-Mâddi lui écrivit pour le féliciter à ce sujet, et, peu de temps après, lui proposa une convention dont les clauses principales étaient :Bana-Kombo s'enfuit à Mohéli , auprès du sultan Ramanateka, et le pria de négocier la paix avec son adversaire.Que si l'un des deux chefs mourait sans héritier légitime, son pays appartiendrait, de droit au survivant; que dans le cas où l'un serait forcé d'abandonner ses États, l'autre devrait employer tous les moyens pour l'y rétablir; et que s'il ne pouvait parvenir à ce, résultat, il devrait admettre le prince dépossédé au partage de la souveraineté de son pays, et lui céder la moitié de son. territoire.L'exécution des articles de cette convention était obligatoire pour les successeurs légitimes des parties contractantes. Les circonstances allaient bientôt permettre à Andrian Souli de donner des preuves de sa bonne foi. « Ramanateka devait à la ruse et à la mauvaise foi la position qu'il occupait alors. Parent de Radama, gouverneur de Mouzangaïe dans le pays des Sakkalavas, il avait été obligé de s'enfuir avec soixante officiers et soldats, tous voués comme lui à la mort par Ranavalo. C'était vers la fin de 1832. Les fugitifs abordèrent à Anjouan, et y furent bien reçus par le sultan Abd-Allah, qui leur abandonna le quart de son île. Un an après leur arrivée dans ce pays, l'un des frères du sultan, Seyd-Ali, leva l'étendard de la révolte. Ramanateka, oubliant la généreuse hospitalité d'Abd-Allah, se ligua avec le prince rebelle, auquel sa coopération procura la victoire. Mais peu de temps après, Ramanateka ayant senti que sa présence à Anjouan devenait importune, il se rendit à Mohéli avec tous les siens, s'imposa comme roi du pays aux habitants, stupéfiés de tant d'audace, entoura de murailles Fomboni, la capitale de l'île, se fit musulman ainsi que ses compagnons, et attendit de pied ferme ses ennemis.Tel était l'état des choses en 1841, lorsque Andrian Souli fit cession de l'île de Mayotte à la France. Bana-Kombo, seul prétendant sérieux à sa possession, est mort dans le courant de la même année, ainsi que Ramanateka, qui a laissé le trône à sa fille Sooud ou Soudi (Djoumbe Fatima), qui a alors une dizaine d'années, qui gouverne Mohéli sous la régence de sa mère, ancienne femme de Radama, et qui aura très vite à affronter (en pure perte) les convoitises des Britanniques et des Français, dont la rivalité pour le contrôle des Comores durera jusqu'en 1890. Quant à Seyid-Alaouy, qui, après avoir été vaincu par les meurtriers de son père et par son oncle, s'était réfugié à Mozambique, il mourut en 1842 dans cette ville, en léguant ses droits à son fils Mougnanlaouy ou Seyid-Hamza. Enfin, Andrian Souli est lui-même descendu dans la tombe en 1845, laissant la France maîtresse de la nouvelle possession qu'elle venait d'acquérir dans l'océan Indien. L'affaire remontait à 1840, quand le lieutenant de vaisseau Jehenne avait visita Mayotte et avait été frappé des avantages que présentait la situation de l'île; il les avait signalés à l'amiral de Hell, gouverneur de la Réunion; le 25 avril 1841, le capitaine Passot, envoyé par l'amiral, avait décidé Andrian Souli à signer un traité par lequel il cédait Mayotte à la France moyennant 5000 F (1000 piastres) de rente viagère, la prise de possession eut lieu le 13 juin 1843. Seyid-Hamza a bien formulé une protestation contre l'occupation française, manifestant ainsi, quant à la souveraineté des Comores, des prétentions parallèles à celles de Salim; mais, par la suite, il est venu demander lui-même au gouverneur de la Réunion de l'aider à reconquérir ses droits qu'il revendiquait sur Anjouan, demande qui n'a pas été accueillie. A la fin du XIXe siècle, Mayotte était devenu un point d'appui important des Français dans l'Océan indien. Les paquebots des Messageries touchaient à Mayotte. Il y avait quatre bureaux de postes, et jusqu'en 1896, Mayotte eut un gouverneur, résidant à Dzaoudzi. Le décret du 28 janvier 1896 remplaça le gouverneur par un administrateur dépendant du gouverneur de la Réunion et assisté d'un conseil consultatif (composé du chef du service de l'intérieur, du chef du service judiciaire et de deux notables). L'île était divisée en quatre quartiers. Les chefs de village étaient nommés par l'administration française. Il y avait un tribunal de première instance (avec un juge-président, un procureur de la République, un greffier-notaire), deux écoles à Dzaoudzi, une école mixte à Mamoudzou. A Dzaoudzi résidait par ailleurs le supérieur ecclésiastique. (d'Avezac). Les Comores au XXe siècleLes autres îles des Comores sont restées nominalement indépendantes jusqu'en 1904. Avec des nuances, cependant. En 1865, par exemple, Djoumbe Fatima avait vendu une grande partie de Mohéli à Joseph Lambert; et à peu près au même moment, Saïd Ali avait conclut un marché similaire avec Léon Humblot à la Grande Comore. En 1890, un accord entre Britanniques et Français avait entériné le partage de leurs zones d'influence : Zanzibar devait revenir aux premiers, Les Comores (et Madagascar) aux seconds. L'annexion Comores fut officialisée en 1912. La France développe des infrastructures et encourage la production agricole pour l'exportation, notamment la vanille, le girofle et l'ylang-ylang. Toutefois, la population locale ne bénéficie guère de ces investissements, ce qui crée un profond mécontentement.Après la Seconde Guerre mondiale, les mouvements indépendantistes se développent aux Comores, en écho aux revendications similaires dans d'autres colonies françaises. En 1946, les Comores deviennent un territoire d'outre-mer (TOM) distinct de Madagascar, avec une représentation au parlement français. Dans les années 1960, la pression pour l'indépendance s'intensifie. Les partis politiques comoriens, notamment le Mouvement de Libération Nationale des Comores (MOLINACO) et le Parti Vert, militent pour la fin de la domination coloniale. En 1974, un référendum sur l'indépendance est organisé. Trois des îles (Grande Comore, Mohéli et Anjouan) votent majoritairement pour l'indépendance, tandis que Mayotte choisit de rester sous administration française. Les Comores déclarent leur indépendance unilatéralement le 6 juillet 1975. Ahmed Abdallah devient le premier président de la nouvelle république, mais son gouvernement est rapidement renversé par un coup d'État dirigé par Ali Soilih, un leader révolutionnaire socialiste. Ali Soilih mène une politique de modernisation radicale, mais son régime autoritaire et ses réformes controversées provoquent des tensions. En 1978, il est renversé par un autre coup d'État soutenu par des mercenaires européens, dirigés par Bob Denard. Ahmed Abdallah revient au pouvoir et établit un régime autoritaire, s'appuyant sur ces mercenaires pour maintenir son contrôle. Dans les années 1990, les Comores sont confrontées à une série de crises politiques. En 1989, Ahmed Abdallah est assassiné, ce qui plonge le pays dans l'instabilité. Sa succession est marquée par une alternance de coups d'État et de régimes de transition. En 1997, les îles d'Anjouan et de Mohéli tentent de faire sécession, souhaitant réintégrer la France. Cette crise conduit à une intervention de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), qui mène des négociations pour maintenir l'unité du pays. En 2001, un accord est conclu pour créer l'Union des Comores, avec une plus grande autonomie pour chaque île. L'accord de 2001 aboutit aussi à une nouvelle constitution instaurant une présidence tournante entre les trois îles principales. Cette structure vise à réduire les tensions séparatistes. Cependant, la vie politique reste marquée par des rivalités et des tentatives de coups d'État. En 2008, la crise s'aggrave lorsque le président d'Anjouan, Mohamed Bacar, refuse de quitter le pouvoir. Le gouvernement fédéral, avec le soutien de l'Union africaine, intervient militairement pour rétablir l'autorité centrale. Depuis, bien que la situation se soit globalement stabilisée, les Comores continuent de faire face à des défis économiques, à la pauvreté et à des tensions politiques. Les relations avec la France restent complexes, surtout en raison du statut de Mayotte, qui est devenue un département français en 2011, malgré les revendications comoriennes. Aujourd'hui, les Comores dépendent principalement de l'agriculture (ylang-ylang, vanille, clous de girofle) et des transferts d'argent des diasporas. Le pays reste toutefois l'un des plus pauvres au monde, avec des infrastructures limitées et un chômage élevé. L'instabilité politique récurrente, combinée à une corruption endémique, freine le développement économique.
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