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Les Carnutes
(Carnutae, Carnuti) sont un puissante nation
celtique de la Gaule centrale. Leur territoire
s'étendait sur les deux rives de la Loire,
entre le Cher, l'Eure et la Seine;
à l'époque de la conquête romaine, il touchait vers
le Nord aux Aulerci Eburovices, vers l'Ouest aux Aulerci Cenomanni et aux
Turoni, vers le Sud aux Bituriges Cubi
et vers l'Est aux Senones et aux Parisii.
Leur pays, couvert de forêts réputées sacrées,
était considéré comme le vrai milieu de la Gaule,
et il était devenu le contre religieux et politique de la grande
famille des nations celtiques.
«
Là, dit César, chaque année, à jour fixe, les
druides se réunissent dans un lieu consacré; tous ceux qui
ont des procès s'y rassemblent et se soumettent aux arrêts
de l'assemblée. »
Leur capitale était Autricum, qui au
Ve siècle échangeant ce nom
contre celui de la population, devint la civitas Carnutum, dont on a fait
Chartres. Parmi les villes carnutes on cite
encore Cenabum (Orléans), tôn
Karnoutôn emporion, dit Strabon et Genabum (Gien),
si toutefois ces deux dénominations désignent deux localités
différentes.
Tite-Live cite
les Carnutes parmi les peuples qui, sous la conduite de Bellovèse,
ont entrepris une expédition en Italie.
César qui en 57, après sa deuxième
campagne, plaça chez eux ses légions
en quartier d'hiver, nous apprend qu'ils étaient à cette
époque les clients des Remi. A cette occasion, il leur imposa comme
roi un certain Tasgetius, descendant d'une famille princière détrônée,
connu par une médaille au type d'Apollon avec l'inscription : TASGIITIOS.
Trois ans plus tard, ce prince, que les
Carnutes regardaient comme usurpateur, fut tué. César comprima
ce mouvement en envoyant dans le pays la légion de Plancus.
Au printemps de 53, les Carnutes n'envoyèrent pas de députés
au consilium que César avait convoqué à Samarobriva.
Quand le proconsul s'avança vers leur pays pour y briser toute tentative
de résistance, ils se soumirent après avoir prié les
Remi d'intercéder auprès de lui en leur faveur.
C'était une soumission apparente
: dès l'année suivante, ce furent les Carnutes qui donnèrent
le signal de l'insurrection générale en massacrant et eu
jetant à la Loire tous les négociants romains qui avaient
leurs comptoirs dans la vile commerçante de Cenabum. Pour venger
ce crime, César, après la prise de Vellaunodunum, vint surprendre
cette place, avant que les Carnutes eussent eu le temps d'y jeter du secours.
La population essaya de s'enfuir par le
pont de la Loire; mais tandis qu'elle s'entassait aux abords de cet étroit
débouché, les Romains s'emparèrent
de la ville, la brûlèrent, tuèrent tous les habitants
ou les emmenèrent comme esclaves. Pendant la guerre d'indépendance
de 52, 12,000 Carnutes combattirent et succombèrent
sous Vercingétorix.
Peu de temps après la bataille
d'Alésia, les Carnutes attaquèrent
les Bituriges Cubi, pour les punir d'avoir traité avec l'ennemi.
César, pour venger la nation amie des Bituriges, vint saccager le
territoire de leurs agresseurs, força une partie d'entre eux à
émigrer et soumit les autres.
Sous Auguste,
les Carnutes, l'un des vingt-deux peuples de la Lyonnaise, furent élevés
au rang de civitas socia ou faederata; en cette qualité,
ils conservèrent toutes leurs institutions et ne durent à
l'empereur que le service militaire et quelques redevances qui se rapportaient
à ce service.
Jusqu'au IIIe
siècle, Autricum était la capitale des Carnutes, dont le
territoire forma plus tard les trois évêchés de Chartres,
d'Orléans et de Blois. En 275, l'empereur
Aurélien vint élargir et reconstruire
l'enceinte de Cenabum, la détacha de la cité des Carnutes,
dont elle n'avait été qu'un vicus, l'érigea
en cité et lui donna son nom : Aurelianum ou Aureliani. Aussi, dans
la Notice des Provinces, nous trouvons parmi les sept cités
de la Lugdunensis IVa une civitas Aurelianorum
(Orléans), à côté de la civitas Carnotum.
A l'époque mérovingienne,
la civitas Carnotum était divisée en huit pagi ou
comtés, dont six : le Pincerais, le Dreugesin, le Chartrain, le
Dunois, le Vendomois et le Blaisois, correspondaient aux six archidiaconés
primitifs de l'ancien diocèse de Chartres, tandis que le comté
de Merey dépendait de la cité de Sens et l'Etampois de la
cité d'Evreux. (L. W.). |
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