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Les
Aulerci ou Aulerques est un nom générique appliqué
à différents peuples celtiques
du Nord-Ouest de la Gaule. Sous cette dénomination
générale, presque toujours accompagnée d'une épithète
déterminative, on comprend communément :
• les
Aulerci Cenomani,
• les Aulerci Eburovices,
• les Aulerci Diablintes;
• les Aulerci Brannovices.
Les auteurs anciens,
toutefois, ne sont pas d'accord à ce sujet. Dans Tite-Live
et dans César, le nom d'Aulerci se trouve
quelquefois sans épithète; le premier l'applique tout particulièrement
aux Cénomans, tandis que le second
emploie ce terme pour désigner indistinctement les Eburovices et
les Cénomans. Ptolémée
(II, VIII; [VII] 7) est le seul auteur qui restitue aux Diablintes leur
nom d'Aulerci. Pline, de son côté,
ne connaissant ni les Brannovices, ni les Diablintes, dit que les Aulerques
sont surnommés les uns les Eburovices, les autres les Cénomans.
Desjardins, pour expliquer la désignation, civitas maritima,
appliquée par César (De bel. gal., II, 34) aux Aulerques,
quoique leurs territoires ne soient pas près de la mer, propose
de faire également entrer dans la grande famille aulerque un peuple
du littoral de l'océan Atlantique,
qu'il localise dans l'Avranchin, et que César nomme Ambibares, suivant
d'autres versions Ambivariti, tandis que Pline, Ptolémée
et la Notice des provinces le mentionnent sous le nom de Ambrincatui
(civitas Abrincatum). Cette explication paraît au savant géographe
d'autant plus admissible qu'un des membres, séparé de la
grande famille, les Aulerci Brannovices, qui étaient allés
chercher fortune en Bresse, chez les Eduens,
dont ils étaient devenus les clients, se trouvaient voisins des
Ambarri, dont le nom est donné
par plusieurs manuscrits sous la forme Ambivariti. Il faut admettre que
les Aulerci Brannovices ont été accompagnés en Bresse
de quelque peuple voisin des sources de la Mayenne et des bords de la Sélune,
et que ce peuple, également d'origine aulerque, portait le nom d'Ambivariti
(Ambibari, Ambarri). Le tableau suivant, dressé par E. Desjardins,
donnera une idée de la composition de la nation aulerque, et des
territoires respectifs que les différents peuples de cette famille
occupaient en Gaule :
-
Souches
principales |
Essaims |
Nom
des peuples |
Territoires |
Nom
des peuples |
Territoires |
Aulerci
Cenomani
Aulerci
Eburovices
Aulerci
Diablentes
[Aulerci]?
Ambivariti
(plus
tard Ambrincatui) |
Maine
oriental
Pays
d'Evreux
Maine
occidental
Avranchin |
[Aulerci]?
Cenomani
.....
Aulerci
Brannovices
[Aulerci]?
Ambivariti ou Ambarri |
Milanais
.....
Département
de l'Ain
Bresse |
Les différentes
tribus de la nation aulerque, qui n'ont pas émigré, paraissent
avoir occupé le pays composé aujourd'hui du département
de l'Orne
et d'une partie de ceux de la Sarthe,
de l'Eure,
de la Mayenne
et peut-être de la Manche.
Les Aulerques, l'un
des peuples les plus anciennement connus de la Gaule, faisaient partie,
d'après Tite-Live, de l'expédition
de Bellovèse en Italie.
Le même auteur (V, 36) raconte qu ' « une autre troupe de Cénomans,
sous la conduite d'Elitovius, protégée par Bellovèse,
suivit les traces de ce dernier, passades Alpes
au même endroit, et se fixa dans les lieux où sont maintenant
Brescia (Brixia) et Vérone ».
Ils refoulèrent les Etrusques
dans les Alpes, fondèrent une ville qu'ils nommèrent Mediolanum
(Milan), nom que portait en Normandie
la capitale des Aulerci Eburovices (Evreux),
et formèrent dans le Nord de l'ltalie la grande nation des Cenomani.
Les Aulerques de la Gaule transalpine furent soumis par le jeune P. Crassus,
lieutenant de César, en 57 av. J.-C. (Caes.,
De bel. gal., I.,34.) Sous Auguste les trois
peuples aulerques, les Eburovices, les Cénomans et les Diablintes,
faisaient partie des 22 cités de la Celtique
comprise entre le Belgium, la Loire et la
Province, tandis que les Ambivariti (Ambibari, Ambrincatui) formaient une
des neuf civitates armoricae de César.
1°
Aulerci Eburovices. L'étendue et les limites du pays des Aulerci
Eburovices sont représentées par le diocèse moderne
d'Evreux. Ils avaient pour voisins au Nord les Lexovii et au delà
de la Seine
les Veliocasses, à l'Est les Parisii,
au Sud, les Carnutes et les Aulerci Cenomani
et à l'Ouest les Esuvii (Cf. Desjardins, Géogr., Il., pl.
6.). Leur capitale fut Mediolanum qu'il faut chercher à Saint-Aubin
ou Vieil Evreux, à 6 km au Sud-Est d'Evreux.
En 46 avant notre
ère, lorsque Q. Titurius Sabinus arriva chez les Unelli, commandés
par Viridovix, les Aulerci Eburovices, de même que les Lexovii, leurs
voisins, dans leur ardeur belliqueuse, massacrèrent leurs propres
sénateurs, sous le prétexte qu'ils n'étaient pas assez
chauds partisans de la guerre, fermèrent les portes de leurs villes
et se joignirent à Viridovix pour attaquer les Romains.
Cette attaque échoua (V. Caes., De bel. gal., III, 17-19).
2° Aulerci
Cenomani. Ils habitaient au Sud du territoire des Aulerques Eburovices.
César ne les mentionne qu'une fois (VII, 75) à propos du
contingent de 5000 combattants auquel ils furent taxés en 52. Leur
capitale Vindinum (Le Mans) n'est citée
que par Ptolémée (Il, VIII, 9)
et par la table de Peutinger (Segm.,
I, B, r), où la nom est altéré en Subdinum, et leur
territoire est représenté par la partie orientale du Maine.
3° Aulerci
Diablintes. La partie occidentale de la même province était
occupée par les Aulerci Diablintes, dont le territoire peu considérable
formait presque une enclave dans la cité des Cenomans; il était
limité à l'Ouest par le pays des Redones et celui des Curiosolitae.
Les Diablintes n'étaient donc pas un peuple du Belgium, comme pourrait
le faire croire un passage de César qui, dans l'énumération
des clients des Venètes, place les
Diablintes entre les Morins et les Ménapiens (De bel. gal., III,
9). On a retrouvé leur capitale Noeudunum ou Noviodunum à
Jublains près de Mayenne, où
l'on a découvert beaucoup de vestiges gallo-romains.
4° Aulerci
Brannovices. Ce peuple quitta son pays d'origine pour aller se mettre
sous le patronage des Eduens (Caes. De
bel, gal., VII, 75); mais il n'est pas facile de retrouver le pays
dans lequel il s'est établi. Dans le titre de clientes Aeduorum
que leur donne César, Longnon ne voit pas une raison suffisante
de le localiser dans la vaste cité des Eduens. La commission de
la topographie des Gaules retrouve avec D'Anville,
Walckenaer et Ukert, le nom des Brannovices
dans le pagus Brionnensis, et, sur la carte celtique, elle l'inscrit autour
de l'archiprêtré de Semur (département
de Saône-et-Loire)
en Brionnais, tandis que E. Desjardins,
comme on l'a vu plus haut, établit les Brannovices en Bresse;
sur sa carte (Géograph. Il, pl. 6.) ils occupent avec les
Ambarri l'angle de terre formé par le Rhône et la Saône.
(Louis Will)..
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