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L'Angleterre au Moyen-âge II - Les Plantagenêts |
Les premiers Plantagenêt Les chartes et les parlements. Henri II et l'archevêque de Canterbury, Thomas Becket. Miniature d'un manuscrit des lois de Henri II (British Musem). L'ordre le plus minutieux est introduit dans l'administration des revenus royaux. On est frappé d'étonnement quand on examine dans le détail le jeu de ces rouages si compliqués en apparence, si simples en réalité. Quand ce roi maltôtier monta sur le trône le revenu royal n'était que de 22.000 livres sterling. Il le releva rapidement en reprenant les provinces du Nord perdues pendant les guerres civiles, du règne précédent. Il lève, sous le nom de scutage, un impôt de guerre sur tous les fiefs dont les titulaires ne se présentent pas à l'armée. Il peut ainsi équiper des armées mercenaires. Les comtes se révoltent, le roi écrase l'insurrection en 1174. Par les assises de Northampton (1176), il divise le territoire anglais en six circonscriptions ou circuits dont chacun est assigné à trois juges qui vont de comté en comté rendre la justice. Ce sept les itinérant justices, et cette organisation subsiste encore dans ses traits essentiels. Ranulf Glanville, justicier d'Angleterre, écrit le Liber de legibus Angliae, dans lequel il codifie les coutumes saxonnes et les lois normandes. Dans la dernière année du règne, le revenu régulier de la couronne monte à 48.000 livres sterling. Richard Coeur de Lion, Jean sans Terre et Henri III. Jean sans Terre (1199-1216) avait été le favori de son père Henri II et de sa mère. Il se fit élire roi au détriment de son neveu Arthur de Bretagne. Il s'empare du jeune prince et le fait disparaître; a-t-il été cité pour ce fait devant la cour des Pairs, par le roi Philippe-Auguste; a-t-il refusé de comparaître; a-t-il été déclaré en état de forfaiture et condamné à mort comme on l'a répété pendant plus de sept cents ans? Cela semble douteux; en tous cas, il est certain qu'il perdit la Normandie et l'Anjou en 1203, le Maine et la Touraine en 1204, une grande partie du Poitou l'année suivante. Philippe-Auguste fut aidé, il est vrai, par la trahison, il le fut aussi par la force des choses. L'Angleterre se lassait de payer des armées pour garder des territoires d'où venaient sans cesse à la cour des intrus qu'il fallait pourvoir. Cet acte est, sans contredit, un des plus importants de l'histoire constitutionnelle de l'Angleterre. Les rois précédents avaient, sans doute, à plusieurs reprises, accordé à leurs sujets des chartes garantissant les antiques libertés anglaises; mais aucun de ces documents n'avait l'ampleur et la précision de la grande charte. Les circonstances mêmes dans lesquelles le roi avait été contraint de la signer en faisaient un traité de paix solennel entre la royauté et la nation. Ce traité de paix ne fut pas exécuté. Les barons restèrent en armes, et appelèrent Louis le Lion, fils aîné de Philippe-Auguste. Malgré cette intervention Jean sans Terre maintint son autorité dans la plus grande partie de son royaume, parvint à ramener ses ennemis dans Londres, et fit une grande expédition dans le Nord où se trouvaient les domaines de ses principaux adversaires. ll mourut dans cette expédition (octobre 1216). Son fils, Henri III, avait neuf ans. Il eut un règne aussi long que troublé (1216-1272). Dans son enfance, ses ministres et ses tuteurs, qui réussissent à chasser les Français de Londres, ne peuvent se mettre d'accord. Les légats du pape draînent une partie des ressources du royaume au profit de la cour de Rome, la Grande charte est foulée aux pieds. Devenu majeur (1227), le jeune roi, par son despotisme incohérent et sa diplomatie aventureuse, se rend odieux à tout le monde. On lui reproche de s'entourer de Français et de Poitevins. L'Angleterre se lasse d'être traitée par les Latins en pays conquis. Louis IX, provoqué par Henri III, envahit le Poitou et gagne les victoires de Saintes et de Taillebourg. Ces défaites que ne compensent pas de médiocres chevauchées dans le pays de Galles, encouragent les barons à revendiquer l'exécution de la charte. Ils forment des parlements et mettent à leur tête Simon de Montfort, comte de Leicester, beau Frère de Henri III. Le Parlement d'Oxford (1258) réclame l'institution d'une régence. La bataille de Lewes fait tomber le roi entre les mains des rebelles et Simon de Montfort, régent du royaume, appelle à lui les chevaliers des comtés et les représentants des villes (janvier 1265). Il est battu et tué à Evesham, ses partisans sont traqués dans l'Angleterre. Le roi d'Angleterre Henri III et la reine revienne de Gascogne (entre 1250 et 1259). - Manuscrit des Chroniques de frère Mathieu Paris. Les dernières années de la vieillesse du roi Henri ont aussi été ensanglantées par des proscriptions, des assassinats; le bon plaisir et les exactions du roi et du légat contrastent avec la sage administration de Louis IX. Et cependant, malgré ces secousses et ces convulsions, l'Angleterre ne cesse de grandir. Elle commencé à exploiter les mines quasi-inépuisables de son territoire. Sa marine marchande entretient plus de relations avec la Normandie et la Gascogne que du temps de Henri II. La richesse matérielle s'accroît. Les défaillances sont passagères, les progrès sont constants et définitifs. La civilisation ne s'épanouit pas en Angleterre avec autant d'aisance et de noblesse qu'en France et qu'en Italie; mais le XIIIe siècle, de l'autre côté du détroit comme sur le continent, a laissé dans l'art des chefs-d'oeuvre qui attestent la vitalité de la société anglaise de ce temps. La période de la guerre de Cent ans Le siècle des trois Edouard. Edouard Ier devant le Parlement (vers 1278). Le règne d'Edouard ler offre certaines ressemblances avec celui de Philippe IV au point de vue religieux. Comme son voisin et son ennemi, il entreprend de mettre un terme aux empiétements du clergé. Comme lui, il s'appuie sur la nation pour résister à l'Eglise. Edouard Ier est le véritable créateur du parlement anglais, qui devient, sous son règne, la réunion des trois ordres clergé, noblesse et communes. Le parlement qui se rassembla à Westminster, le 20 novembre 1295, peut être regardé comme le parlement modèle. Les deux Chambres, haute et basse, sont constituées définitivement. L'organisation judiciaire prend, sous son règne, la forme qu'elle a à peu près gardée jusqu'à l'époque contemporaine. La cour de la chancellerie (court of chancery), la cour des Common pleas, celle du banc du roi (king's Bench) et celle de l'échiquier se partagent les procès. La charge de grand-justicier est abolie; à sa place sont créés les chiefs-justices dont la liste s'est prolongée sans interruption jusqu'à l'époque contemporaine. Le roi et ses principaux ministres fondent à Oxford et à Cambridge des collèges qui florissent encore. Enfin, l'armée et la marine sont réorganisées. L'amirauté anglaise date aussi d'Edouard Ier. Toutes ces créations sont d'autant plus remarquables qu'Edouard était d'instinct un prince absolu; c'est par un effort continu de volonté qu'il s'astreignit lui-même à développer les institutions de son royaume en suivant la tradition. L'histoire détaillée de ce règne est fort dramatique à cause de cette lutte continuelle entre la passion et la raison. Edouard II (1307-1321) est faible, couard, cruel; il n'a d'énergie que pour défendre ou venger ses favoris. L'indépendance de l'Ecosse est assurée par la victoire de Robert Bruce à Bannockburn (1314). La scandaleuse faveur du Gascon Gaveston, puis des deux Despensers, père et fils, soulève le mécontentement de toutes les classes de la nation. Le parlement de 1327 dépose Edouard II, qui est remplacé par son fils Edouard III et assassiné dans sa prison d'une manière atroce. C'est la reine Isabelle de France, fille de Philippe V, et son favori Mortimer, qui avaient fait tuer Edouard II. Ils gouvernent quelques années au nom du jeune Edouard III. Mais celui-ci se délivre de cette infâme tutelle, fait périr Mortimer, enferme Isabelle dans un couvent (1330). Sceau d'Edouard II. - Les "Castilles" figurées sur le sceau rappellent que le roi est fils d'une princesse castillane, Eléonore, fille de Ferdinand III. Aussitôt libre, Edouard se tourne contre l'Ecosse, lui impose Edouard Balliol, le jeune roi David se retire à la cour de France et les Anglais expérimentent sur les Ecossais la supériorité de leur armement et de leur discipline. L'intervention du roi de France Philippe VI dans les affaires d'Ecosse, les intrigues des Flamands entraînent Edouard et l'Angleterre dans la guerre de Cent ans. Au moment où commence cette période, désastreuse surtout pour la France, l'Angleterre, couverte de villes populeuses et commerçantes, admirablement cultivée, est arririvée au terme de la grande lutte pour les chartes et les libertés. Elle a son parlement régulièrement convoqué par le roi, dès qu'une grosse dépense est nécessaire. Les classes commerçantes regorgent de richesses, dans les campagnes vivent à côté des nobles opulents de riches fermiers qui fournissent de laine les filatures de Flandre. La vie est large, joyeuse et libre dans tous les rangs de la société. La Guerre de cent ans, côté anglais. Grand sceau dont usa Edouard III de 1327 à 1340, jusqu'au jour où il prit le titre de roi de France et d'Angleterre avec un écu écartelé (fleurs de lis et léopards. On remarquera dans le champ, de chaque côté du trône, une fleur de lis. C'est la première manifestation du prétendant au trône de France. Edouard III remporte sur la flotte française la bataille de l'Ecluse (1340), prend le titre de roi de France, bat à Crécy (1345) son rival Philippe VI, et s'empare de Calais, ce pendant que sa femme Philippa de Hainaut, restée en Angleterre, arrêtait une invasion de David Bruce et faisait prisonnier cet allié de la France. La grande supériorité des armées anglaises consistait dans la forte organisation de leur infanterie composée d'archers fournis par les comtés de l'Ouest. L'incapacité militaire de la chevalerie française est prouvée une fois de plus par la défaite du roi Jean II, à Poitiers (1356). Tandis que le roi de France est envoyé prisonnier à Londres et que les provinces françaises du Nord sont désolées par la Jacquerie, les Anglais s'emparent de l'ancien domaine des Plantagenets, et le traité de Brétigny (1360) reconstitue la principauté d'Aquitaine, avec le droit reconnu à Edouard de l'ériger en royaume. Jusqu'à ce moment les Anglais ont toujours pris l'offensive. La guerre est dynastique en ce sens qu'Edouard III revendique la couronne de France; elle est populaire, en ce sens que les Anglais y apportent une passion farouche et font un énorme butin. Le traité marque le point culminant de la grandeur anglaise pendant cette première période. L'Ecosse, mise à feu et à sang par Édouard, dans cette expédition qu'on appela la Chandeleur brûlée (Burned Candlemas), paraissait définitivement domptée. La Bretagne était, par le traité de Guérande, laissée au comte de Montfort, protégé de l'Angleterre. Le prestige du nom anglais était énorme. Mais le prince de Galles, nommé gouverneur d'Aquitaine, se laisse entraîner à une guerre en Espagne, au profit du roi Pierre le Cruel, détrôné par Du Guesclin (1365-1360). Les dépenses de cette guerre contraignent le prince anglais à lever de lourdes taxes sur les provinces de son gouvernement. Le mécontentement, excité par les manoeuvres habiles de Charles V, devient universel. Le prince Noir brûle Limoges révoltée (1370); mais les Français reprennent l'offensive et adoptent une nouvelle tactique; refusant toute bataille rangée, ils font aux Anglais une guerre d'escarmouches et de surprises qui les démoralise complètement. Le prince de Galles, épuisé et mourant, retourne en Angleterre. Du Guesclin et ses compagnons, en dépit des invasions de Robert Knolles et de Lancaster (1374), reprennent une à une les forteresses d'Aquitaine. L'irritation est profonde en Angleterre. Le Bon Parlement d'avril 1376 oblige le roi à se séparer de l'aimable Alice Perrers dont il subissait aveuglément l'influence. Le ministre Latimer est décrété d'accusation. Le Parlement décide même la question de successibilité à la couronne. L'Angleterre n'a pas seulement perdu ses possessions du continent, sauf quelques villes, elle a presque totalement perdu l'Irlande, et le brigandage sévit même dans le royaume. Il faut renouveler le statut de Winchester de 1285 qui ordonnait d'abattre arbres et buissons sur une bande de 200 pieds de chaque côté des routes. L'Angleterre souffre autant que la France des ravages des grandes compagnies (La criminalité au Moyen âge). Le règne de Richard II est aussi désastreux que celui de Charles VI. Wycliffe prêche des doctrines qui sont condamnées par la cour de Rome, mais protégées par le gouverment. Wat Tyler soulève les misérables du comté de Kent et s'empare de Londres. On ne peut se débarrasser de lui que par trahison. C'est la première explosion, en Angleterre, des haines sociales. La réaction s'étendit aux partisans de Wycliffe, les Lollards, qui sont persécutés. Autographe de Richard II. Devenu majeur, Richard gouverne si mal que le parlement lui impose une commission à peu près analogue au gouvernement des Marmousets en France, à la même époque. Le Parlement Admirable (Wonderful Parliament) condamne les partisans du roi (1388) et oblige Richard à prendre un conseil dont il se débarrasse dès qu'il peut. Après la mort de la bonne reine Anne il épouse Isabelle de France (1396) et se débarrasse par trahison des chefs de l'opposition. Sa tyrannie provoque la révolte du duc Henri de Lancastre, son cousin, qui débarque à Ravenspur (juillet 1399), s'empare du roi, l'oblige à abdiquer et l'enferme au château de Pontefra. Richard y mourut quelques mois après (février 1400). Le mariage de Richard II et d'Isabelle de France. - dans un camp situé entre la ville française d'Ardres et la ville anglaise de Guines, Charles VI remet, le 30 octobre 1396, sa fille Isabelle au roi Richard II. (British Museum). L'avènement de Henri de Lancastre (1399-1413) était une menace à l'adresse de la France; mais les difficultés intérieures furent telles que ce roi fut contraint de différer ses projets d'invasion. Il avait été élu régulièrement par le parlement; mais il fut considéré néanmoins comme ayant usurpé la couronne non seulement sur le roi Richard, mais encore sur ses cousins de la Marche et d'York; aussi des révoltes éclatent sur tous les points de l'île : le Gallois Owen GIyndwer, les Percy, les Mortimer, au Nord, se soulèvent, l'Écosse invente un faux Richard II. La bataille de Shrewsbury (1407) affermit la maison de Lancastre sur le trône, Percy est tué, et, pour faire diversion aux haines nationales, Henri IV songea à intervenir en France entre Armagnacs et Bourguignons. Il est en coquetterie réglée avec les deux partis, surtout avec celui de Bourgogne. Ses projets passent avec sa couronne à son fils aîné. Henri V de Lancastre n'a régné que neuf ans (1413-1422). Ce temps lui a suffi pour se classer parmi les grands conquérants. Energique, orthodoxe, il écrase une nouvelle insurrection du Nord, extermine les Lollards et réclame la couronne de France. Il s'empare de Harfleur le 25 octobre 1515, par la victoire d'Azincourt, gagnée sur les Armagnacs, par la prise de Caen (1417), de Rouen (1419), devient maître de la Normandie. L'assassinat de Jean sans Peur, à Montereau, lui donne tout le royaume. Le traité de Troyes (21 mai 1421) lui donne, avec la main de Catherine de France, la succession de Charles VI. Mais il meurt quelques années avant le vieux roi dément, laissant un fils âgé de quelques semaines. Il faut scinder le conseil de régence. Humfroi de Gloucester gouverne l'Angleterre tandis que le duc de Bedford fait face, en France, au roi de Bourges. La victoire de Castillon (1453) termine la guerre de Cent ans. La même année, Henri VI devenait fou et la naissance d'un prince de Galles, exaspérant l'ambition déçue du duc d'York, donnait le signal de la guerre des Deux Roses. Pendant ce long siècle de luttes extérieures et de luttes intestines, l'esprit politique de l'Angleterre et sa condition sociale avaient subi de profondes transformations. Les levées incessantes avaient épuisé la forte classe des hommes libres. Les gains immenses des expéditions en France avaient enrichi outre mesure les grands seigneurs et les bourgeois des villes. Une nouvelle féodalité s'était constituée, belliqueuse, oppressive et sanguinaire. L'Angleterre était mûre pour la guerre civile. De toutes ses conquêtes elle ne gardait plus sur le continent que la seule ville de Calais. La guerre des Deux Roses La maison de Lancastre descendait de Jean de Gand, troisième fils d'Edouard III. Lorsque Henri IV avait déposé Richard II, la couronne, d'après les lois de succession, aurait dû être donnée au comte de la Marche, descendant de Lionel de Clarence, second fils du même Edouard. Après les défaites de la guerre de Cent ans, Richard d'York, descendant par sa mère, Anne Mortimer, de Lionel de Clarence, revendiqua les droits de sa succession. Il commence par se faire proclamer protecteur du royaume pendant la folie de Henri VI, fait arrêter et exécuter le favori du roi et de la reine Marguerite, Somerset (1454). Revenu à la santé, Henri VI essaie de secouer la tutelle, mais, à la bataille de Saint-Albans, il est fait prisonnier (1455). Ce fut la première bataille de la guerre des Deux Roses. Les partisans d'York prennent pour emblème une rose blanche, ceux de Lancastre arborent la rose rouge. Le vrai chef de la faction d'York est d'abord le duc d'York lui-même, puis Warwick, le faiseur de rois. La cause de Lancastre est soutenue avec une énergie désespérée par la Française Marguerite d'Anjou. Vaincu à Ludlow (1459) et forcé de s'enfuir à Calais, York reprend l'offensive, gagne la victoire de Northampton et se fait proclamer héritier présomptif; à la bataille de Wakefield il est écrasé par le nombre, tombe mort sur le champ de bataille; sa tête tranchée est exposée avec une couronne en papier à la porte de sa ville ducale. Mais son fils Edouard, comte de la Marche, est vainqueur à la Croix de Mortimer (1461); entré dans Londres, Henri VI est déposé. La bataille de Towton l'oblige à se réfugier en Écosse et le parlement, fidèle au parti victorieux, proclame Edouard IV roi d'Angleterre. Le mariage romanesque de ce jeune prince avec Elisabeth Wydeville irrite Warwick qui conspire avec le duc de Clarence, frère d'Édouard, se réconcilie avec Marguerite au traité d'Angers (1470). Edouard IV défait à Barnet le comte de Warwick (1471). Cette victoire sera suivie de celle de Tewkesbury sur le prince de galles. (Miniature du manuscrit original de Philippes de Commynes; musée Dobrée, Nantes). Edouard IV est forcé à son tour de se réfugier en Hollande. Le duc de Bourgogne lui donne le moyen de retourner dans ses Etats. Edouard débarque à Ravenspur comme avait fait Henri de Lancastre; Clarence revient à son frère, Warwick est tué à Barnet et la grande bataille de Tewksbury anéantit les dernières ressources de la Rose rouge. Le jeune prince de Galles, fait prisonnier, est égorgé par l'immonde Richard, duc de Gloucester. Henri VI est assassiné dans la tour de Londres. Edouard VI règne sans contestation mais non sans trouble jusqu'à sa mort (1483). Edouard est proclamé roi, mais Richard de Gloucester, nommé tuteur des jeunes princes et protecteur du royaume, se débarrasse d'abord des parents de la reine-mère, fait tuer lord Hastings, enferme ses pupilles à la Tour et les fait déclarer bâtards. Une tourbe ameutée par ses agents l'acclame roi. Il accepte la couronne et le parlement le reconnaît. Mais la tyrannie de Richard III est si odieuse que son complice Buckingham se révolte contre lui, et qu'un nouveau rival réclame le trône, Henri Tudor, duc de Richmond, descendant, par sa mère Marguerite, du premier duc de Lancastre. Buckingham est tué et Richmond se réfugie en France. Anne de Beaujeu lui donne des secours et, le 22 août 1485, à la bataille de Bosworth, il bat et tue Richard III. L'avènement de Henri Tudor met fin à la guerre des Deux-Roses. Il épouse Elisabeth, fille d'Édouard IV, et réunit ainsi les droits des deux maisons rivales. La longue série de batailles, de secousses dynastiques, avait trop profondément ébranlé l'Angleterre pour que le besoin de repos ne fût impérieusement ressenti. La noblesse avait été décimée, le parlement déshonoré par ses palinodies et ses rares protestations ne rencontraient pas d'écho. La situation des classes agricoles, ruinées par les ravages des gens de guerre, était devenue légalement une véritable servitude. Des statuts du parlement avaient interdit aux ouvriers agricoles de quitter leur comté. L'habitude de l'illégalité et des juridictions exceptionnelles avait été prise. La torture, inconnue à l'ancienne loi anglaise, s'était sournoisement introduite dans les moeurs judiciaires. Pour l'Angleterre comme pour la France, l'Italie et l'Allemagne, la fin du XVe siècle a été une des époques les plus atroces qu'ait traversées l'Europe. (Louis Bougier). |
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