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L'Angleterre au XIXe siècle La Fédération britannique |
C'est l'aristocratie anglaise qui avait vaincu Napoléon. Les tories refusèrent de prendre formellement part au pacte de la Sainte-Alliance; mais quand éclatèrent les troubles d'Italie et d'Espagne, ils laissèrent les gouvernements absolutistes de l'Europe faire la police dans les petits Etats. II y avait d'ailleurs suffisamment à faire en Angleterre, même pour occuper l'activité et toutes les ressources des hommes d'Etat britanniques : une dette énorme, une crise industrielle d'une violence inouïe, et, pour achever, une véritable guerre de classes. Les propriétaires fonciers sont maîtres du gouvernement et entendent s'en servir dans leur propre intérêt. Le régent Georges est le plus cynique et le plus dégradé des princes de l'Europe. Aussi quand la lutte extérieure eut cessé d'absorber toutes les forces du pays, un parti puissant demande des réformes politiques et sociales. Les tories repoussent avec énergie ces prétentions. En 1815 ils votent la loi sur les céréales (Corn law), où la fureur protectionniste allait jusqu'à la prohibition. Ils déchargent en même temps la propriété de la taxe foncière, abolissent l'impôt sur le malt. La loi protégeait les forts et enrichissait les riches. La misère est intense dans les grandes villes et dans les campagnes où les ouvriers laboureurs sont réduits à des salaires de quelques shillings par semaine. Une émeute éclate dans Londres (1814), un attentat contre le prince régent donne lieu à une sorte de frénésie réactionnaire. L'Habeas Corpus est suspendu, des conflits perpétuels mettent aux prises le gouvernement et le jury. Les whigs(Tories et Whigs) prennent pour drapeau la réforme électorale. Birmingham, la grande ville qui n'était pas représentée au parlement, prend l'initiative de meetings monstres contre les bourgs pourris. A Manchester une bataille s'engage entre la police et les manifestants. Le massacre de Manchester (août 1819) fit croire à l'imminence d'une révolution pire que la Terreur en France. - Un café politique en Angleterre au début du XIXe siècle. (Gravure de Fertier). Les règnes de Georges IV et de Guillaume IV. Situation de l'Angleterre au début du XIXe siècle. Le roi fut effrayé par toutes les réformes proposées par ses ministres et fit appel à sir Robert Peel. C'est à cette date que les tories changent de nom et s'intitulent le parti conservateur (conservative party). Ils se vouaient à la défense des privilèges sociaux. Mais ils voulaient aussi épargner à l'Angleterre une révolution, et par une étrange décision du sort, ce sont leurs ministres qui par la suite ont fait voter la plupart des lois de réforme et de progrès qu'ils avaient repoussées tout d'abord. Le ministère de sir R. Peel, ayant dissous le parlement, fut battu et forcé de résigner ses pouvoirs. Lord Melbourne (1834), compose un cabinet qui prend la tête du nouveau parti libéral (anciens whigs) et qui fait voter comme . complément au Reform bill, la réforme des municipalités. Ce fut le dernier acte capital du règne de Guillaume IV. Ce prince mourut le 20 juin 1837 et fut remplacé par la reine Victoria. La conséquence immédiate de cet avènement fut la séparation dynastique du Hanovre et de l'Angleterre. Le Hanovre, érigé en royaume en 1815, après la disparition du royaume de Westphalie, ne pouvait pas avoir de reine. La couronne passa au cinquième fils de Georges III, Ernest, duc de Cumberland. Il est impossible de ne pas se demander en passant ce que serait devenue, en 1866, l'oeuvre d'absorption de l'Allemagne du Nord par la Prusse si le souverain d'Angleterre était resté roi de Hanovre. Le couronnement de la reine Victoria à Westminster (28 juin 1838), par G. Hayter. L'Angleterre victorienne. Du moment que l'Angleterre, le Royaume-Uni et ses colonies ouvraient leurs ports au commerce étranger, et transformaient en lois de l'Etat les théories de l'école de Manchester, il ne pouvait plus être question d'imposer une tutelle plus ou moins étroite aux établissements fondés outre-mer par les sujets anglais. La politique traditionnelle ne disparaît pas sur-le-champ, on en vit la preuve dans la guerre de Crimée (1854-1856), mais au traité de Paris les plénipotentiaires anglais acceptèrent les principes de la nouvelle loi internationale maritime, qui semblait la négation des anciennes prétentions britanniques à la suprématie des mers. Les articles de cette loi, favorisant en résumé le commerce des neutres, étaient à l'avantage de l'empire nouveau de la plus Grande-Bretagne. La répression de la révolte, en Inde, des Cipayes (1857) et la guerre de Chine affermirent la domination anglaise en extrême Orient. Tandis que la métropole, obligée de faire face aux complications intérieures et de maintenir son influence en Europe, hésite entre la politique de non-intervention et la politique de protestation, les colonies prennent un développement extraordinaire. Le ministère Palmerston conclut avec la France le traité de commerce de 1860, dû surtout à l'influence personnelle de Richard Cobden sur Napoléon III. Le cabinet conservateur Derby-Disraeli faisait voter aux conservateurs la nouveau bill de réforme électorale (1867), et engageait l'Angleterre dans l'expédition d'Abyssinie, entreprise pour venger quelques citoyens anglais retenus prisonniers par Théodoros. Le cabinet Gladstone (10 décembre 1868) abolissait en Irlande la suprématie de l'Eglise anglicane et essayait de donner en outre satisfaction aux partisans de la loi agraire par l'Irish Land Bill (1870); la loi sur l'instruction primaire, votée le 9 août 1870, donnait une impulsion vigoureuse à l'éducation du peuple. Mais l'abstention systématique de l'Angleterre dans la guerre franco-allemande fut punie par la déclaration de la Russie qui reprenait le droit d'avoir des arsenaux dans la mer Noire. Le traité de Washington, qui mettait fin à la question de l'Alabama, était une nouvelle humiliation pour le gouvernement de la reine et la ligue du Home Rule causait en Irlande des troubles Inquiétants. Gladstone fut alors renversé et Disraeli devint premier ministre (21 février 1874). La politique impérialiste, inaugurée par ce chef des conservateurs, donna à l'Angleterre un éclat incontestable. Ce nouveau gouvernement trouvait en face de lui un nouveau parti fortement organisé, les Irlandais qui réclament le Home Rule, et, par le système de l'obstruction, paralysent le jeu du système parlementaire. Les assassinats de Dublin, la révolte des métis du Canada (1884), les empiètements de la Russie en Afghanistan (1885) effacent l'impression favorable produite par l'éviction de la France en Egypte et la victoire de Tell-el-Kébir. Le désastre de l'expédition de Gordon à Khartoum (L'histoire de la Nubie et du Soudan Oriental) est suivi de la chute de Gladstone. Le ministère conservateur de lord Salisbury (juin 1885) reprend les traditions de lord Beaconsfield, fait échec à la Russie dans la question de l'insurrection rouméliote, mais tombe à son tour sur la question irlandaise. Après un court passage aux affaires, Gladstone voulant imposer au parti libéral le vote d'une loi qui rend à l'Irlande son autonomie, est renversé (1886), et les nouvelles élections donnent aux conservateurs une faible majorité relative qui leur permet de reprendre le gouvernement, avec l'appui des libéraux dissidents. Manifestation travailliste à Londres, à l'époque du ministère Salisbury. Le vote de la loi électorale de 1885 avait consacré les progrès de la démocratie; au début de 1886, les colonies d'Australie se groupaient en une fédération comprenant plus de 2 millions d'habitants, et, en réponse à la conquête du Tonkin par les Français (L'histoire du Vietnam), le gouvernement de l'Inde s'emparait de la Birmanie. Appuyée sur cet immense empire étendu sur plus de 20 millions de km² et comptant 220 millions d'habitants, maîtresse de la plupart des points stratégiques commandant l'entrée des mers, en position par son commerce et son industrie de défier toutes les concurrences, l'Angleterre est devenue peu à peu une puissance essentiellement pacifique, car si sa marine s'est accrue,dans des proportions inouïes depuis le commencement du XIXe siècle, le développement des points vulnérables de son empire a été plus prodigieux encore. (Louis Bougier). |
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