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Samuel de Champlain
est le fondateur de la colonie française au Canada,
né en 1567, mort le 25 décembre 1635. D'après la biographie
saintongeoise, Champlain naquit en 1567 à Brouage
(Charente-Maritime), d'un père capitaine de marine. Le prénom
de Samuel qui lui fut donné laisse à supposer que sa famille
professait à cette époque la religion réformée.
Il entra d'abord dans l'armée et figura en qualité de maréchal
des logis dans les troupes du maréchal d'Aumont qui occupaient la
Bretagne. En 1598, après la pacification complète de la province,
elles furent licenciées, et Champlain demeura sans emploi. C'est
alors qu'il se mit momentanément sous les ordres d'un de ses oncles,
au service de l'Espagne. En 1599, il fit un voyage au Mexique dont il a
tenu un journal détaillé; Brief discours des choses les
plus remarquables que Samuel Champlain a reconnues aux Indes occidentales.
Ce séjour en Amérique se prolongea jusqu'en 1601, et détermina
probablement sa vocation d'explorateur.
Champlain est de retour en France en 1602.
Henri IV apprend à l'apprécier
et le pensionne. Le commandeur de Chaste, qui obtient après la mort
de Chauvin le privilège de la Nouvelle-France, propose à
Champlain de l'y envoyer. Il s'embarque avec Pontgravé à
Honfleur,
et, après une traversée de neuf semaines (mars à mai
1603), prend terre à Tadoussac. Il entre en rapport avec les Amérindiens,
et, dès le premier moment, semble avoir résolument embrassé
le parti des Algonquins contre les Iroquois. Après avoir poussé
sur un bateau léger jusqu'au saut Saint-Louis, Champlain revient
en France. M. de Chaste était mort; mais M. de Monts, son successeur,
ne voulut pas se séparer d'un pareil auxiliaire. En 1604, ils explorèrent
ensemble la côte des Etchemins, c.-à-d. le littoral de la
Nouvelle-Angleterre jusqu'au cap Cod. Ils s'établirent d'abord à
l'embouchure de la rivière Sainte-Croix, et enfin, l'année
suivante en Acadie, à Port-Royal (aujourd'hui Annapolis, Nouvelle-Écosse),
1605.
Cependant, les Basques et les Bretons,
qui se prétendaient ruinés par le privilège de M.
de Monts, l'avaient fait révoquer. Champlain revint en Europe, et
lorsque le monopole de la traite eut été de nouveau concédé
à son protecteur, il lui proposa de renoncer à l'Acadie et
de s'établir sur le Saint-Laurent, d'où l'on pourrait facilement
pénétrer dans l'intérieur du continent. De Monts se
laissa persuader, et en juillet 1608, Champlain, qu'il avait honoré
de sa lieutenance, débarquait à Québec.
«
Je cherchai, nous dit-il, un lieu propre pour notre habitation, mais je
n'en pus trouver de plus commode, ni de mieux situé que la pointe
de Québec, ainsi appelée des sauvages, laquelle était
remplie de noyers. »
-
Samuel
Champlain (1567-1635).
Il se fixe donc à Québec.
Malheureusement le premier hivernage fut particulièrement pénible,
et le scorbut enleva vingt de ses compagnons. Au printemps, il se joignit
à une troupe d'Algonquins et Hurons qui partaient en guerre contre
les Iroquois, et découvrit le lac qui porte son nom. Le 29
juillet, on rencontre l'ennemi, Champlain fait merveille avec son arquebuse
et décide de la victoire. Après un court séjour en
France, il se remet en campagne avec, les Montagnais; les Iroquois sont
encore vaincus. En 1610, il apprend la mort de Henri
IV et les troubles survenus à Brouage, il repasse l'Océan.
C'est alors qu'il conclut un mariage assez extraordinaire avec une enfant
de douze ans, Hélène Boullé. En 1614, il passe quelques
mois en Amérique; en 1612, est nommé lieutenant du comte
de Soissons, et après la mort prématurée de ce dernier,
du prince de Condé, auxquels la reine avait concédé
le gouvernement de la Nouvelle-France.
En 1613, Champlain éprouve une
vive déception. Un Français, Nicolas de Vignau, avait assuré
que le lac où l'Outaouais prenait sa source se déchargeait
dans la mer du Nord; Jeannin, Sillery et Brissac avaient décidé
que Champlain vérifierait la chose en personne. Au printemps, il
remonta la grande rivière jusqu'à l'île des Allumettes
sans résultat, et de Vignau fut obligé d'avouer sa supercherie.
Une puissante compagnie commerciale s'était enfin formée
pour l'exploitation de l'Amérique française et les principaux
marchands de Dieppe, de Rouen et de Malo en
faisaient partie; elle confia ses intérêts à Champlain.
Celui-ci se préoccupait des intérêts religieux de la
colonie, et s'adressait aux Récollets pour la conversion des indigènes.
En 1615, il emmena avec lui le père Jamay, le père Dolbeau,
le père Le Caron et le frère du Plessis.
-
Fondation
de Québec par Samuel Champlain en 1608.
Tableau
d'Ambroise Louis Garneray (1848).
C'est l'époque la plus féconde
en découvertes. Champlain remonte une seconde fois la rivière
des Outaouais, découvre le lac Nipissingue, la baie Géorgienne,
le lac Simcoe, et traverse le lac des Entonoronons qui fut plus tard le
lac Ontario. Il recommence la lutte contre les Iroquois, échoue
devant un de leurs forts, est même blessé, et passe l'hiver
au pays des Hurons. A la belle saison, il revient à Québec
et augmente les fortifications de la place. En 1617 et 1618 il est en France;
en 1619, il ramène quatre-vingts colons. En 1620, le duc de Montmorency
qui a remplacé Condé le confirme dans sa lieutenance. Cette
fois, il retourne à Québec avec sa jeune femme qui devait
y séjourner quatre ans. Champlain fait travailler à l'habitation,
au fort et au château Saint-Louis, et s'allie étroitement
avec les Montagnais. A Montmorency a succédé le duc de Ventadour
sans que la situation de Champlain soit modifiée. Il essaie de réconcilier
les Iroquois et les Algonquins, non sans espérance de succès,
mais une dernière épreuve plus terrible que les précédentes
lui était réservée.
En 1628, la guerre éclatait entre
la France
et l'Angleterre
appelée à la rescousse par les rebelles Rochelois. David,
Louis et Thomas Kertk, nés à Dieppe d'un père écossais
et d'une mère française, se chargèrent de détruire
les établissements Français au Canada.
Le 10 juillet, leur flotte parut devant Québec, et se retira devant
l'héroïque attitude de Champlain, Ils revinrent l'année
suivante. Cette fois la petite colonie qui ne recevait plus de secours
et qui était épuisée par la famine, n'était
pas à même de leur opposer la moindre résistance. Le
19 juillet 1629, Champlain capitula; il fut transporté à
Londres et de là en France. Depuis que les Anglais avaient pris
possession de Québec, les jours lui semblaient des mois, pour nous
servir de ses propres expressions. Il agit auprès de Richelieu avec
tant d'énergie, qu'à la paix de Saint-Germain (1632) la cour
de France exigea la rétrocession du Canada. Richelieu fit mieux,
il organisa pour l'exploitation de l'Amérique française une
puissante compagnie, la compagnie des Cent associés. Champlain en
fut tout naturellement le représentant, et en 1632, il revint à
Québec avec deux cents personnes tant marins que colons. La colonie
française était définitivement fondée. Les
Jésuites
prenaient en main l'oeuvre de conversion des Amérindiens, et Champlain
créait en amont de Québec le poste de Trois-Rivières.
(Émile Salone).
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Caroline
Montel-Glénisson, Champlain,
la découverte du Canada, Nouveau Monde Éditions,
2004. - Alors que l'on s'apprête à
célébrer le 400e anniversaire de la découverte du
canada par Samuel Champlain, ce personnage reste encore un quasi-inconnu.
L'homme est discret, voire réservé. Nous ne savons rien de
sa vie privée. On ignore quand il est né et où il
est enterré. Nous en sommes réduits à imaginer les
relations qu'il entretint avec la très jeune femme de douze ans
qu'il épousa vers la quarantaine. De ses fatigues, maladies, blessures
ou découragements, il n'est jamais question dans les rares archives.
En revanche, nous savons tout des déplacements de ce cartographe
génial, de cet explorateur infatigable qui a passé les trois-quarts
de son existence en voyage. Dans ses journaux de voyage, il livre tous
les détails de sa vie aventureuse et mouvementée. Il traverse
l'Océan près de vingt fois, parcourt à pied ou en
canot près de 3500 km² des immensités canadiennes, cherche
à traverser le continent pour gagner le Pacifique, fonde Québec,
s'allie aux Amérindiens Hurons et Montagnais, lance des campagnes
guerrières contre les Iroquois, et travaille inlassablement à
la colonisation du Canada.
Marc
Lescarbot, avocat et écrivain, Gabriel Sagard, Récollet,
Paul Lejeune et Jean de Brébeuf, tous quatre jésuites,
se sont trouvés au Canada entre 1603 et 1635. Tous les cinq ont
côtoyé Champlain, été fascinés par le
Canada et ses habitants amérindiens qu'ils ont observés avec
curiosité et décrits avec minutie. Leurs journaux de voyage
complètent celui de Champlain et nous donnent une vision la plus
complète possible des premières années de la colonisation
canadienne. Palliant la faiblesse des sources, ils permettent d'approcher
un personnage singulier et méconnu, à l'origine du lien spécial
entre la France et le Québec, et qui mérite aussi d'être
redécouvert comme l'un des auteurs de la littérature du voyage.
(couv.).
En
bibliothèque - Champlain nous
a laissé d'intéressants mémoires publiés successivement
en 1603, 1613, 1619 et 1620, 1632 et 1633. - Les Oeuvres de Champlain
ont été publiées sous le patronage de l'université
de Laval, par l'abbé C.-H. Laverdière (Québec, 1870,
6 vol.).
Notes
pour servir à l'histoire, à la bibliographie et à
la cartographie de la Nouvelle-France, 1545-1700, par Harrisse. |
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